C'est fou comme le bruit que fait une casserole peut attirer l'attention...

La grande Tatris soupirait, les deux têtes synchrones. Dans le grand magasin, elle était seule. Elle s’ennuyait à crever, et voulait de l’action. Et vendre des armes, malgré la nature de la marchandise, n’était pas très exaltant. La tête de gauche soupira puis demanda :

- Bon, Heï, ce n’est pas que je m’emmerde mais c’est tout comme. On fait quoi ? Maître ne nous a donné aucune mission et là un tak mort serait plus actif que nous !
-Ouais, je sais. On pourrait peut-être aller en ville ?
-Quoi ? Avec ces cons épris de ces pitoyables couleurs vives, de cette joyeuse ambiance, de tout ça ! Nan mais sans blague, tu déconnes, répliqua Lana d’un air sous-entendu.
-Et, ça va hein, pas besoins de me gueuler dessus. Et puis, ça peut être sympa de visiter la ville.
-Quoi…

Avant que Lana ne puisse protester, Heïna prit le contrôle de leur corps. Elle se leva d’un bond pour se diriger d’un pas ferme vers la porte.

***

Non mais, pourquoi Heïna prenait le contrôle de notre corps sans mon accord ? J’avais encore tous mes droits pour avoir la moitié de ce foutu corps, que malheureusement je partageais avec ma sœur !
Enfin, je ne réagis pas, curieusement. Je sentis que nous marchions vers la porte de sortie. Nos mains fermèrent à l’aide d’une incantation discrète la porte après avoir mis la pancarte sur « closed ». Nous partîmes alors vers le centre, ne savant pas quoi faire. Là, je décidai de reprendre un peu du contrôle de ce foutu corps, contrôle qui ne fut pas bloqué. Oh, et puis pourquoi pas ? Après tout, on n’avait rien à foutre, et puis tout plutôt que de rester dans cette salle, seules.
Je regardai un peu autour de moi. Partout il y avait diverses races et divers âges, tous individus se mêlant à chacun. Sur le marché, je vis des artisans vendre leurs produits. Quand je vis un marchand d’armes, j’eus un rire ironique. Il roulait tout simplement un client qui semblait peu à l’aise avec les armes. Je me rapprochai sensiblement de l’homme, intriguée, surprenant Heïna.

***

J’étais encore à regarder avec envie une Miam rouge et caramélisée (oui, ma seule faiblesse culinaire) d’un marchand quand Lana me surprit à aller près d’un marchand d’armes, volant son client. Hoho, je la sens venir à mille à l’heure. J’essayai de réfréner son contrôle sur ses pas, mais je ne parvins qu’à la ralentir, et non faire demi-tour. Résignée, je la vis se concentrer sur le client, juste derrière lui. Celui-ci se retourna et sursauta. Lana eut un faible rire dédaigneux. Elle annonça d’une voix blasée :

-Dites, vous comptez vraiment acheter cette imitation d’arme ? Non, parce que vous ne risquez pas fort de blesser quelqu’un, là. Regardez…

Ma chère sœur prit l’arme, à savoir  un poignard, et, sans plus de façon, entreprit de plier l’arme, avec nos mains. Dès qu’elle força un tout petit peu, l’arme se fendit en un petit clic.

-De la camelote, ce marchand. Allez plutôt chez de vrais vendeurs d’armes. Comme nous, par exemple.

Sans plus de façon, nous nous écartâmes du vendeur tout d'un coup ennuyé et du client furieux, notre pas accéléré par mon fait. Déjà que beaucoup de badauds avaient assistés à la petite scène, je ne voulais pas attirer plus l'attention . Je lui grognai, mécontente :

-Non mais t’es conne ou t’es conne ?
-Oh, ça va, hein, on s’est faite un client.
-Mais il ne sait même pas quel est notre magasin !

Nous continuâmes ainsi quelques minutes et bientôt le silence se fit entre nous deux.

***

Alors que la Tatris continuait sans but précis sa traversée de Travia, Lana aperçut un bout de crinière, et elle fut convaincue que ce n’était pas un familier quelconque d’un de ces ridicules humains. Elle se rapprocha un peu plus de ladite crinière, curieuse. Quand Heïna s’aperçu que ses jambes ne lui répondaient plus vraiment, elle fut anxieuse que Lana refasse un de ses tours à un pauvre marchand. Lana, elle, découvrit que la crinière appartenait à une Salterens.

-Regarde, Heï, une Salterens.
-Heu… et qu’est-ce que ça me fait, sérieux ? T’as jamais vu un Salterens ?
-Si, mais jamais dans la réalité.
-Rhô, on dirait un goss de six ans, sérieux.

Lana ne prit pas en compte ses remarques et se rapprocha de ladite Salterens. Elle se mit derrière et fit tout en bouquant avec une des casseroles d’un marchand, obligeant presque tout le monde à se tourner vers elles. Lana, elle, fut ravie de voir le visage de plus près de la Saltenrens, bien qu’elle ne le montre pas comme une idiote, et Heïna fut exaspérée. Nan mais après on s’étonne qu’elle ait envie de trucider sa sœur ! Et en plus, pour la discrétion, c'était raté.

Toi, je t'ai à l'oeil.

Lana se sentait flouée.
Quoi? Comment ose-elle me parler ainsi? Non mais, c'était inadmissible! Et dire que j'étais curieuse envers cette boule de poil!, se disait elle. Elle allait prendre son sabre mais ne put, empêchée par la pensée de sa foutue soeur, Heïna. La rousse leva les yeux, prodigieusement agacée, pour ensuite apostropher la Salterens:

- T'as de la chance que ma sœur soit là, t'aurais déjà rejoint tes p'tis ancêtre chats. Quand on ressemble plus à une boule de poil pleine de petites dents-dents cariées, on la ramène pas devant quelqu'un qui a deux têtes, et donc deux fois plus d'intelligence, deux fois plus de bouches pour incanter. D'ailleurs, je me demande encore pourquoi j'ai accordé la moindre importance  à ta piètre personne, aussi poilue soit-elle. Allez, on se casse, n'a déjà trop passé de notre temps précieux en cette insuffisante compagnie. Nous avons à faire avec bien plus intéressant.

Sa sœur regarda assez bizarrement Lana mais celle-ci l'ignora purement et simplement, ayant de puis longtemps l'habitude.

Lana entreprit de se retourner pour continuer leur visite, qu'elle pensait inintéressante. Avant cela, Heïna jeta un regard désolé, malgré sa dignité, à la Salterens.
Pourquoi fallait-il que cette fille qui était pour leur malheur commun soit greffée à elle? Où alors, c'était elle, la brune qui était greffée.Où... enfin, ça n'avait pas d'importance.
La rousse avait la certitude que la Salterens, vu son comportement, soit aussi humiliée et reviendrait à la charge. C'était ce qu'elle espérait, car elle voulait de l'action, comme elle l'avait dit à sa sœur un peu plus tôt.
Ne prenant pas la peine de regarder où elle allait, Lana était rêveuse.
Heïna, elle, voulait surtout éviter de foncer dans les gens, même si elle ne faisait pas non plus attention à l'endroit où elle allait.
Bientôt, elles débouchèrent dans une petite ruelle sombre, beaucoup moins prise par les passants, la ruelle n'ayant comme seul accès une porte donnant accès à l'arrière boutique d'un magasin miteux et d'un vieux bar à moitié infesté de rats. La ruelle parfaite pour Lana. Bientôt, des pas se firent entendre.
Lana eut un sourire cruel et annonça à Heïna à mi-voix:

- Heï, je te supplie, aie l'air dangereuse.

Heïna soupira mais se surprit à obéir. Mais, elles n'étaient même pas sûres que c'était bien la Salterens qu'avait insultée Lana qui venait.