Phase 2 - Destruction de l'orbe

Candice monte à l'étage supérieur pour infiltrer les quartiers de Magister. Ce faisant, elle déclenche sans le savoir une alarme silencieuse qui prévient le Maître des Sangraves.

Elle doit trouver l'orbe et la briser de la manière qu'elle le souhaite, le plus rapidement possible.

Spoiler:

Tu grimpes quatre à quatre les marches qui te séparent des quartiers interdits, fantasmés, trop longtemps restés secrets. La force de la louve comme une carapace, tu t'aventures silencieusement dans le vestibule. Ça sent le froid, le vide, ça sent la peur aussi, celle que t'essayes de planquer comme tu peux derrière un sourire bravache. T'es seule au monde dans un endroit trop grand et trop petit à la fois, les murs gris semblent se refermer sur toi. Tu prends une grande inspiration. T'as mieux à faire que flipper.

Tu déambules dans les couloirs, ignorant les portes imposantes et visiblement protégées par la magie jusqu'à tomber sur ce que tu cherches. Un pan de mur en apparence anodin, mais à travers duquel filtrent des émanations démoniaques. Si tu en crois ton sens de l'orientation, enfoncer le mur résulterait en une chute du quatrième étage, potentiellement mortelle. La pièce n'était accessible que grâce à un sortilège, détenu seulement par quelques hauts gradés. Qui restent accessoirement très cons et manipulables. C'est fou ce qu'un bout de chair et quelques potions bien choisies peuvent faire. Toujours est-il que tu avais récupéré le foutu sort quelques heures plus tôt en laissant le pauvre con dans les vapes, en espérant que la playlist de sons érotiques que tu avais mis à fond dans sa chambre dissuaderait quiconque de le déranger.

Tu sors la pierre ensorcelée de ta poche et la presse sur le point de magie le plus important, priant intérieurement pour que ça fonctionne. Après quelques secondes d'attente interminables durant lesquelles tu aurais eu le temps de faire trois crises cardiaques, une porte apparaît enfin, et tu la pousses dans un soupir. Tu refermes soigneusement derrière toi, pour faire face à l'étrange pièce secrète de Magister.

La pièce est petite et étouffante. Des bibliothèques remplies à craquer tapissent les murs. Des pils de livres côtoient un bureau en bois sombre sur lequel trône une orbe violette, protégée par une cage en diamant.

Il semble au premier abord ne pas y avoir de dispositif de sécurité, si ce n'est des spasmes étranges qui agitent l'orbe de façon aléatoire.

Spoiler:

Tu grognes. La louve n'est pas à l'aise dans les endroits étroits, et toi encore moins. Tu dévisages le dispositif d'un air découragé. Foutue magie. Foutu Magister. Foutu plan de merde. Tu te rapproches lentement, attentive aux pulsations de l'orbe. T'as l'impression qu'elle pourrait t'électrocuter sans prévenir.

Tu fronces le nez. La magie démoniaque empeste la pièce, te fait tourner la tête. Ton instinct te hurle de te barrer, mais tu campes sur tes positions, le dents serrées. Quelque chose te dis que ça va barder.

La cage a l'air solide, tu te vois mal la casser simplement avec ta force. En revanche, l'orbe a l'air instable, elle devrait céder facilement sous la pression. Tu fais un pas en arrière, absorbée par tes pensées. Tu percutes une pile de livres sans faire exprès. Soupires. Bordel, quelle idée de foutre autant de livres dans cette foutue pièce. Tu sais que Magister est un foutu intellectuel, mais tout de même, il aurait pu les parquer autre part que dans une pièce secrète avec une orbe démoniaque.

A moins que...

Et soudain ça t'apparaît comme une évidence. L'orbe est un putain de leurre. Si ça se trouve tu vas exploser rien qu'en touchant la cage, et la vraie orbe sera toujours à l'abri, cachée parmi les livres. La pièce empeste tellement la magie démoniaque que tu ne saurais dire si l'un des bouquins sent plus que l'autre. En revanche, tu saurais retrouver l'odeur du Maître à des kilomètres à la ronde. Si tu arrivais juste à te concentrer un peu, oublier l'odeur désagréable qui t'emplit les narines depuis plusieurs minutes.

Pas le choix, il va falloir l'amplifier. Dans un grognement rauque, tu laisses tes os se briser et se reformer lentement, tandis que ta taille augmente de façon conséquente. Tu ouvres tes yeux devenus jaunes, tandis que tes pattes arrières s'enfoncent légèrement dans le sol. Les odeurs explosent à tes narines, et tu retiens un grognement de dégoût. Tu te concentres sur l'odeur familière, le parfum de haine qui flotte dans l'air. Tu le suis jusqu'en haut d'une étagère, enfoui dans un livre de contes, au creux de pages soigneusement découpées pour former un recueil. Et là, au milieu de ce tombeau de papier, une version miniature de l'orbe gît. Triomphante, tu la coinces entre tes pattes et la presses de toutes tes forces.

Elle explose dans tes mains en même temps que toi.

Quelqu'un est entré dans tes quartiers. Tu te lèves sans un mot, écartant d'un geste les fidèles qui te barrent la route. Une colère froide te saisit peu à peu tandis que tu gravis les marches pour te rendre à tes appartements. Tu laisses la magie couler de tes doigts, glisser le long des murs à la recherche de l'intrus. Mais les tentacules démoniaques reviennent bien vite, s'agitent, frustrés de leur échec. Tu fronces les sourcils. L'intrus n'as pas pu sortir, l'étage s'est verrouillé dès l'instant où il a posé le pied dans le vestibule.

Agacé, tu parcours les couloirs, ta magie prête à frapper, jusqu'à ce que tu arrives devant la Salle. Tu as un instant d'hésitation. C'est impossible. Il n'aurait pas pu entrer ici. Tu serres les dents. Tes subordonnés sont des incapables. Lentement, tu actives l'entrée secrète. La porte s'ouvre, te laissant apercevoir une chose blonde perchée sur tes étagères. Ton sang ne fait qu'un tour. Tu projettes une décharge de magie sur le lycanthrope, qui tombe à terre.

Trop tard. L'orbe est déjà brisée. Tu pousses un rugissement de haine pure, furieux contre lui, contre toi, contre tous ceux qui t'ont trahi. Et dans le même temps, tu lâches un puissant Carbonus contre le loup, le brûlant à vif. Tu le laisses à sa souffrance tandis que tu scelles la Salle. La guerre va commencer.

Spoiler:

Tu te sens tomber en arrière. Aucun son ne parvient pas à franchir tes lèvres tandis que la douleur irradie ton corps. Tu percutes le sol avec fracas, un sourire suffisant sur les lèvres en découvrant le masque rougeoyant du Maître. Visiblement, tu as accompli ta mission. Tu n'as même pas le temps de te relever qu'il te lance un Carbonus.

Tu as un dernier sourire tandis qu'il disparaît. Tes hurlements ne sortiront jamais de cette salle, mais tes pensées accompagneront tes amis bien après ta mort. L'odeur de chair brûlée est insoutenable, mais déjà tu la sens s'effacer, comme un mauvais rêve. Un dernier souvenir.

Les lunes se lèvent, il est temps de mourir.