Problème de Transfert ou la joie du camping sauvage improvisé [Pv. Harmonie A. de Rosen]

❝ Problème de Transfert ou la joie du camping sauvage improvisé ❞

Pv. Harmonie A. de Rosen

Aaaah Travia... La charmante, la calme, la douce Travia. J'aime tant cette ville, tellement différente de ma Tingapour habituelle. Quelque soit le motif de mes venues dans la capitale lancovienne, j'ai toujours l'impression d'être en vacances tant c'est tranquille...

Oh et le Château Vivant, une merveille ! Siúcra n'aime pas son humour depuis qu'il lui à fait une mauvaise blague mais je le trouve adorable avec ses fresques animées et ses paysages idylliques...

Maman, surchargée de travail, m'avait envoyée ici pour que j'apporte une composition florale magnifique, très odorante et... Rose, mélange de fleurs terriennes et autreMondiennes pour le mariage d'une jeune bourgeoise.

J'en avait profité pour faire quelques emplettes dans un quartier commerçant où j'avais trouvé un magasin très intéressant... Une boulangerie plus précisément, où j'avais eu le plaisir d'acheter un merveilleux sandwich au pain de blé provenant de Terre, au beurre et au fromage de balboune et au jambon de crouiccc (c'est bien connu, j'ai un énorme faible pour cette viande, j'en mange une fois par jour au moins !).

En passant sur le marché sur le chemin du Château, j'étais tombée en admiration sur des Vlirs, les plus belles que je n'avais jamais vus, encore plus belles que celles de Maman. J'en avais pris une demi-douzaine que j'avais ajoutée dans le sac hermétique de mon sandwich (hors de question que ma nourriture ne s'abîme dans me poches sans fond !).

Une fois arrivée au Château, je marchais lentement, contemplant avec délices les féeriques paysages d'AutreMonde... Les plaines bleues du Mentalir, les montagnes aux neiges oranges éternelles du Tasdor, les côtes rocheuses omoisiennes, la Forêt verte des Trolls...

Manquant tomber en percutant Siúcra, réduit à la taille d'un gros chien, je décidai de me concentrer sur mon objectif, la Porte de Transfert. Je réduis mon Familier encore pour que je puisse le porter dans mes bras comme une peluche pour enfants et progressait dans les couloirs animés d'un bon pas.

J'atteignis enfin mon but mais l'intendant, un cyclope roux très nerveux, discutait avec une femme accompagnée d'une jeune fille. Résolue à attendre mon tour, je commençais à la détailler. À la vue de sa taille, elle devait avoir sensiblement le même âge que moi, si ce n'est plus. Ses cheveux d'un blond pâle encadraient son visage fin et doux à la peau claire. Ses yeux... Je ne les voyais tout simplement pas, cachés comme ils l'étaient derrière des lunettes noires. Des lunettes noires ? En intérieur ?

Mais avant que je ne puisse me poser plus de questions, je fus la malheureuse victime de l'accrochage qui avait lieu depuis quelques secondes dans le couloir. En effet, un courtisans pressé avait par inadvertance percuté une damoiselle qui s'était affalée de tout son long... Sur moi !

Propulsée en avant vers le cercle de transfert, je tentai de m'accrocher à la jeune fille mais cette dernière, totalement prise au dépourvu, tomba avec moi.

La Porte s'activa sous les cris mêlés de la jeune fille, de sa mère, du cyclope et des badauds et nous nous retrouvâmes... Ailleurs.

Harmonie était debout là. Attachée au bras de sa mère, elle écoutait cette conversation si ennuyeuse d’elle et d’un cyclope. Il fallait avouer qu’Harmonie avait toujours trouvé les conversations des gens de plus de vingt-cinq ans, mortelles. Elle se demandait comment se sortir de là mais il semblait que la situation était désespérément désespérée. Elle ne savait pas ce qui la retenait de se téléporter chez elle, sûrement sa mère, qui se serait mise à crier n’importe comment ; Mais ce n’était pas pour autant que la sortcelière abandonnerait, elle tira doucement le bras de sa mère qui ne réagit pas vraiment. Elle le tira une seconde fois, interrompant la conversation des deux autremondiens. Harmonie ne voyait pas mais elle était sûr que le cyclope la fixait, elle se contenta de ne rien dire, histoire de ne vexer personne. Sa mère se tourna vers elle et lui demandait ce qu’elle avait, cette dernière ne détourna pas le visage et resta neutre. Elle lui répondit d’une voix assurée et calme :

« J’aimerais bien qu’on rentre à la maison. »

Mais sa mère n’eut même pas la politesse de lui dire qu’elle était trop occupée à blablater avec son ami le cyclope. Quelle plaie ! Etant de bonne famille, l’éducation de la blondinette l’obligeait à ne pas faire un scandal, mais il fallait avouer que c’était le cadet des soucis de tout ceux qui étaient dans la salle. En effet, on ne pouvait même plus compter la longue fille d’attente qui se dressait derrière les deux sortcelières. Ca aussi, c’était une chose qu’Harmonie savait, elle avait pu entendre une femme se plaindre de la lenteur du Cyclope. Mais ça, Hortense s’en fichait royalement. Quand cette femme avait décidé de parler, rien ne pouvait l’en empêcher. Sous le choc de l’ennuie, la jeunette se mit à compter les spatchounes, intérieurement.

Qu’est-ce que c’était désagréable pour elle. Elle étouffa une remarque désobligeante à sa mère et continua de garder son calme olympien. Malheureusement, ce ne fut pas très utile. Elle fut forcée de se détacher du bras de sa chère mère pour être emportée par une fille un peu maladroite. « Maladroite, le mot est faible. », se disait Harmonie. Entraînée dans la Porte de Transfert on ne savait où, Harmonie ne put contenir un cri. Bah oui, quand on tombe, on crie. Elle était maintenant étendue dans l’herbe.

Elle sentait sur son visage que ses lunettes n’étaient plus avec elle. Brolk, elles étaient sûrement tombés quelque part. L’adolescente se leva et tata le sol pour trouver ses lunettes, en vain. Elle se rappela ensuite qu’elle était une sortcelière et qu’elle pouvait très bien ramener ses lunettes avec un lévitus. Après tout, elle était une sortcelière !! Mais avant ça, elle ne put se retenir et laissa échapper une phrase particulièrement poli par rapport à la gravité de la situation :

« J’espère que vous êtes fière de vous ! Par votre faute, nous avons attéris Dieu sait où !

Elle prononca ensuite une incantation et amena à elle ses lunettes qui n’étaient en faite pas si loin que ça. Elle les mirent et ouvrit les bras sur le côté et se mit à sourire durement.

« Pas de panique, je vais rentrer chez moi, je vais rentrer chez moi. Par le transmitus, que je disparaisse d’ici et retourne chez moi pour enfin quitter ce terrible endroit. »

Sa magie s’estompa juste au creux de ses mains. La pleine aux as retenue un grognement de colère.

« De toute manière, je n’ai jamais aimé les transmitus ! Par le téléportus ! Que … Que … Que .. Rho ! Je sais même pas quoi dire !! On est perdu dans une forêt !! Tout ca c’est de votre faute ! On va mourir ! JE SUIS TROP JEUNE POUR MOURIR !

Harmonie était tournée vers la jeune fille. Elle avait entendu le gros bruit qu’elle avait fait en tombant, c’était largement suffisant pour la situer dans l’espace pour une fille quia apprit à utiliser son ouïe mieux que personne.

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Pv. Harmonie A. de Rosen

Je m'écrasai dans l'herbe à côté de la jeune fille. Je me redressai en grognant de douleur et m'enquis mentalement de l’état de mon Familier. Il m'envoya une onde apaisante et je pus me concentrer sur ce que faisais ma compagne de mauvaise fortune. Elle tâtait le sol à la recherche de ses lunettes noirs qui étaient tombées un peu plus loin. C'est alors que je compris la raison de ces lunettes. La jeune fille était aveugle et elle cachait ses magnifiques yeux émeraudes délavés sous ces verres noirs. Je m’apprêtait à les lui tendre lorsqu'elle lâcha une remarque désobligeante qui me laissa abasourdie.

- J’espère que vous êtes fière de vous ! Par votre faute, nous avons atterris Dieu sait où !

Je la regardais récupérer ses lunettes avec un Levitus, les yeux ronds comme des soucoupes. Non mais pour qui elle se prenait celle là ? Comme si c'était de ma faute ! Comme si ça me plaisait d'être perdue en pleine forêt avec une parfaite inconnue. Aveugle en plus, comme si ce n'était pas déjà assez difficile comme ça ! Mais avant que je n'ai pu lui répondre, elle se mit à parler pour elle même.

- Pas de panique, je vais rentrer chez moi, je vais rentrer chez moi. Par le Transmitus, que je disparaisse d’ici et retourne chez moi pour enfin quitter ce terrible endroit.

Je la regardais, une pointe de compassion dans le cœur. Cette jeune fille ne devais pas avoir l'habitude de se retrouver dans une telle situation et je comprenais parfaitement qu'elle s’affole un petit peu, surtout que sa magie venait de crachoter lamentablement dans la paume de ses mains. Elle grogna de colère et tenta un Téléportus en vain. Se tournant vers moi, me fixant de ses yeux morts derrière ses lunettes, elle m'apostropha.

- On est perdu dans une forêt !! Tout ça c’est de votre faute ! On va mourir ! JE SUIS TROP JEUNE POUR MOURIR !

Perdant tout à coup mon calme, je lui répondis sur le même ton. De toute façon, dans cette foutue forêt, personne ne nous entendrai !

- C'est fini là ? Vous en avez pas marre de passer vos nerfs sur moi sous prétexte que je suis la seule personne à proximité ? Pour votre gouverne, damoiselle, j'ai été bousculée dans le couloir et j'ai tout simplement tenté de me rattraper à vous, comme toute personne l'aurait fait à ma place ! Bien, maintenant que vous savez que ce n'est pas de mon fait que nous sommes perdues ici mais le résultat d'un malencontreux accident, on va pouvoir parler calmement.

Je me levai doucement, m'approchai d'elle et m'emparai de sa main que je serrait avec sympathie.

- Enchantée, mon nom est Rosaleen Stoker et voici Siúcra, mon Familier. C'est un ours polaire donc je l'ai miniaturisé.

J’appelai mentalement mon frère d'âme, le pris dans mes bras et posa la main de mon interlocutrice sur le poil blanc et doux. Pendant ce temps, j'écoutais le silence de la nature. J'entendais au loin des cours d'eau ce qui me rassura grandement : l'eau nous permettrai de survivre. J’entendais aussi des oiseaux perchés dans les frondaisons colorées des arbres. Je ne me faisais plus de soucis. Je savais que nous arriverions à nous sortir de ce nid de blurps et à rentrer chez nous par la porte de Transfert la plus proche.

- C'est fini là ? Vous en avez pas marre de passer vos nerfs sur moi sous prétexte que je suis la seule personne à proximité ? Pour votre gouverne, damoiselle, j'ai été bousculée dans le couloir et j'ai tout simplement tenté de me rattraper à vous, comme toute personne l'aurait fait à ma place ! Bien, maintenant que vous savez que ce n'est pas de mon fait que nous sommes perdues ici mais le résultat d'un malencontreux accident, on va pouvoir parler calmement.

Harmonie se raidit face à cette phrase complètement démesurée. Harmonie se disait que si jamais la fille lui donnait un seul coup, elle lui balancerait un carbonus au moment où elle s’en attendrait le moins. Harmonie est aveugle mais pas faible.

- Enchantée, mon nom est Rosaleen Stoker et voici Siúcra, mon Familier. C'est un ours polaire donc je l'ai miniaturisé.

Avait elle dit après avoir pris la main d’Harmonie et d’ensuite l’avoir posé sur le pelage de son animal. Et puis d’abord, qu’est-ce qu’elle en avait à faire de ce stupide animal !! Harmonie aurait bien voulu un familier, mais ce jour béni n’a jamais frappé à sa porte. En fin de compte, elle aimait bien les animaux, mais avait l’impression que les animaux, eux, ne l’aimaient pas. C’est pourquoi, elle eut un reflex défensif, elle retira sa main brusquement. Qui savait ce qu’un ours polaire pouvait avoir en tête ? Si ça se trouve, lui et cette fille étaient de dangereux assassins dont l’ours bouffait les victimes. Non, il ne faut pas être paranoïaque, de toute manière, Harmonie savait que cette fille était une humaine. Après qu’elle lui ai serré la main, elle put rapidement détailler les traits de sa main. Ses lignes sont plus arrondis et plus marquées, c’était donc bel et bien une humaine. Elle avait aussi déduis que c’était une fille, pas très grande à en juger la proportion de ses mains. Néanmoins, ca existait les gens grands avec des mains minuscules. En tout cas, cette fille n’était pas vraiment une ennemie, vu la douceur qu’elle avait fait preuve pour prendre la main d’Harmonie. Ce qu’elle était bête celle là ! Elle avait une occasion de toucher un ours polaire, mais elle, elle a enlevé sa main. Mais enfin mais.. Cette fille ne réfléchit pas assez. Après avoir réagis ainsi, la fille recula légèrement, toujours assise par terre. Elle se leva doucement et fit un pas un avant. Elle se rappela qu’elle n’avait pas son sac, avec sa canne dedans. Re Brolk, comment allait elle pouvoir marcher maintenant ? Elle se rappela qu’elle pouvait en faire apparaître une, mais plus tard. Elle allait faire comme si elle ne pouvait pas, ainsi elle verrait si cette fille était avec elle ou contre elle.

« Vous .. Vous avez raison … Je suis désolée je n’aurais pas du m’emporter ainsi, je vous demande pardon, Mademoiselle l’humaine. »

Harmonie se demanda ensuite si celle qui lui faisait face était dangereuse. Après tout, c’était une bonne idée. Elle lui demanda avec une approche subtile et légère.

« Vous savez vous battre ou avez un quelconque talent pour la magie ? Parce qu’en terre inconnue …

Elle s’interrompit elle-même. Elle trouvait le vent qui venait un peu sec. Pourtant, elle avait bien vu que les plantes aux alentours étaient en très bon état, comme si… Comme si le vent n’était pas vraiment d’ici. Elle eut ensuite une impression de chaleur, dans l’air. Une chaleur légère, mais présente. Elle se rappela une chose. Il n’y avait pas des tonnes d’endroits avec un air sec, sur Autre Monde. Peut être est-ce le désert de Saltérens ? Oui, sans doute.

« Je crois qu’on est pas loin du Désert de Salterens. Vous avez une idée d’où aller ? Le vent est un peu sec, ça veut dire qu’on est pas loin de la frontière et que de l’autre côté il doit y avoir le désert. »

Elle se tourna et pointa du doigt la direction du vent. Puis elle se retourna une seconde fois et pointa du doigt la direction où aller, celle où le vent allait.

« Nous devrions aller par là, si nous ne voulons pas atterrir dans un lieu particulièrement hostile. »

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Pv. Harmonie A. de Rosen

La jeune fille retira vivement sa main, comme si le contact du poil de Siúcra l'avait brûlée. Il envoya dans mon esprit des ondes d'incompréhension et de tristesse face au rejet de la brunette. Je lui expliquai mentalement que c'était normal pour elle de se méfier et de nous rejeter, lui et moi. Je relevai les yeux sur ma compagne alors qu'elle se levait. Elle prit la parole d'une voix douce et mal assurée.

- Vous .. Vous avez raison … Je suis désolée je n’aurais pas du m’emporter ainsi, je vous demande pardon, Mademoiselle l’humaine.

J'éclatai de rire. Mademoiselle l'humaine ? Je venais de lui donner mon prénom ! Elle reprit d'une voix que je sentais légèrement teintée de méfiance.

- Vous savez vous battre ou avez un quelconque talent pour la magie ? Parce qu’en terre inconnue…

Je la regardai, l'air moqueur. Avec quoi croyait-elle que je miniaturisais mon Familier ? Soudain, elle se tendit, comme concentrée sur quelque chose d'invisible. Je savais que les aveugles, du fait de la perte d'un de leur sens, sur-développaient les autres et j'en déduis donc qu'elle devait essayer de percevoir des choses. Je m’obligeais à ne pas bouger, ne voulant pas la distraire. De toute façon, l'humus de cette forêt était particulièrement confortable. Après quelques instants, elle déclara :

- Je crois qu’on est pas loin du Désert de Salterens. Vous avez une idée d’où aller ? Le vent est un peu sec, ça veut dire qu’on est pas loin de la frontière et que de l’autre côté il doit y avoir le désert. Nous devrions aller par là, si nous ne voulons pas atterrir dans un lieu particulièrement hostile.

Oui, le désert c'était vraiment pas mon trip. Je me levai donc et, appelant le pouvoir au bout de mes doigts, psalmodiai :

- Par le Normalus, que Siúcra reprenne sa taille car pour nous deux il n'y a qu'elle qui lui aille !

Je m'avançai ensuite vers la brunette, tendant les main pour prendre les sienne.

- Je pense que nous sommes à Viridis puisque le désert est au nord. Donc je suis de votre avis pour partir vers l'est. Cependant, chère Damoiselle dont j'ignore toujours le prénom, je constate que vous êtes aveugle et je me permet de vous proposer de monter sur mon Familier. Ainsi vous économiserez vos forces et ne risquerez pas de vous étaler dans la mousse à tout bout de champ ! Et puis je crois que je vais vous tutoyer, j'ai l'impression de parler à ma grand-mère ! Enfin, est-ce-que tu acceptes ?

J'avais prononcé tout cela un grand sourire aux lèvres, sachant qu'il se ressentirai dans ma voix en y ajoutant de la chaleur. J'attendis sa réponse. Je la sentais tendue et j’espérais que tout les efforts que je faisais pour qu'elle se détende fonctionnerai. Mon frère d'âme s'approcha de moi et je déposai la main de la brunette sur son museau, souhaitant que ce serai pour elle l'ultime argument qui la convaincrai de mes bonnes intentions.

- Par le Normalus, que Siúcra reprenne sa taille car pour nous deux il n'y a qu'elle qui lui aille !

Avait elle dit avant de s’approcher de la blondinette pour lui prendre les mains. Rosaleen dit ensuite d’un ton clair et rassurant.

- Je pense que nous sommes à Viridis puisque le désert est au nord. Donc je suis de votre avis pour partir vers l'est. Cependant, chère Damoiselle dont j'ignore toujours le prénom, je constate que vous êtes aveugle et je me permet de vous proposer de monter sur mon Familier. Ainsi vous économiserez vos forces et ne risquerez pas de vous étaler dans la mousse à tout bout de champ ! Et puis je crois que je vais vous tutoyer, j'ai l'impression de parler à ma grand-mère ! Enfin, est-ce-que tu acceptes ?

Harmonie resta silencieuse pendant quelques secondes. Elle se souvint qu’elle était en terre inconnu et qu’il ne fallait pas qu’elle se la joue trop, non plus, parce que cette fille pourrait bien en avoir d’elle et la laisser là, lamentablement. Rosaleen s’approcha ensuite et lui prit la main pour la déposer vers le museau de son familier. Harmonie trouva ça plutôt marrant en fait. Elle se calma et fit le tour de l’ours tout en gardant sa main sur lui. Elle avait l’air … Un peu ridicul. Mais bon, elle s’en fichait, c’est pas tout les jours qu’on croise un ours polaire ! Même si on peut en faire apparaître un avec de la magie ! Chuuuut ! Elle répondit d’un ton calme à Rosaleen.

-C’est trop mignon les ours ! Il faut absolument que ma mère n’en achète un. . . Sinon je veux bien monter sur lui.

Elle se souvint ensuite que la jeune fille ne connaissait pas son prénom. Elle hésita à lui dire mais l’informa finalement.

-Au fait ! Moi c’est Harmonie !

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Pv. Harmonie A. De Rosen

Cela sembla fonctionner. Elle se détendit, sourit, et fit le tour de Siúcra, ses doigts se perdant dans la fourrure blanche. Elle semblait extatique. Je me remémorai ma rencontre avec mon frère d'âme.

Je n'avais que treize ans et, en voyage au Canada, sur Terre, j'avais entendu dans ma tête une voix m’appeler. Je l'avais suivie, sortant du chalet ou nous logions, mes parents et moi, pour m'enfoncer dans la forêt de sapin qui en faisait presque le tour. Et là, j'étais tombée nez à nez avec un ours polaire GIGANTESQUE ! J'étais tétanisée tellement j'avais peur et je tremblais de tous mes membres. Et quand il avait fait mine d'approcher son énorme museau de moi, j'avais hurlé à m'en arracher la gorge. Et puis il m'avait léché tout le visage et je m'étais mise à pleurer. Mes parents étaient arrivés en courant, le feu de leurs magie dansant au bout de leurs doigts et m'avaient trouvé là, agenouillée dans la neige, pleurant de joie, les bras entourant le cou d'une peluche blanche. Grosse, la peluche.

La brunette me sortit de mes pensées en s'exclamant :

- C’est trop mignon les ours ! Il faut absolument que ma mère m’en achète un... Sinon je veux bien monter sur lui.

Je souris. Cette jeune fille était malgré tout courageuse. Elle venait d'être arrachée à sa mère, plongée dans l'inconnu avec une fille qu'elle ne connaissait absolument pas, mais même avec toute sa méfiance, elle réussissait à me faire confiance. Je ressentit alors une grand élan de sympathie pour elle. Elle reprit :

- Au fait ! Moi c'est Harmonie !

Son nom était étrange mais je me retint de tout commentaire. Après tout, Rosaleen c'était étonnant aussi ! Et puis il lui allait à merveille.

J'ordonnai mentalement à Siúcra de se coucher. J'allais me placer à côté d'Harmonie et l'aidai à monter. Je montai devant elle et prit ses mains pour les poser sur ma taille. Pas question qu'elle ne tombe ! Mon Familier se releva et commença à avancer dans la direction indiquée par Harmonie quelques minutes plus tôt.

Pendant le temps que dura le voyage, je ne vis rien qui pouvait trahir une présence humaine. Nous devions être dans une parti reculée de le forêt.

Mon compagnon d'âme me retransmettait ses sensations. Il y avait bon nombre d'animaux dans cette forêt, bien que je ne les vois pas.

Le soleil plongeait vers l'horizon tandis que la température chutait lentement mais sûrement. Je frissonnai et entendit un bruit qui m'épouvanta. Mon ventre gargouillait. Harmonie devait elle aussi avoir faim, même si elle ne m'en avait fait part à aucun moment durant nos petits bavardages. Alors que dans ma tête défilait déjà les images de racines ou d'herbes sauvages, mes emplettes du matin me revinrent en mémoire.

Mais oui ! Mon sandwich ! Je fouillais frénétiquement dans mes poches, à la recherche de ma nourriture. Je saisis l'objet de toutes mes convoitises, le sortit de son sachet et le huma avec délice. Oh la la que c'était bon ! Je me retournai et le brandis sous le nez de la blondinette.

- T'as faim Harmonie ?

Harmonie était maintenant à dos d’ours. C’était plutôt intéressant. Elle aimait beaucoup cet ours en fait, même si elle ne le connaissait que depuis aujourd’hui.
Elle se demandait ce qu’un ours pouvait bien manger. Pendant une seconde elle pensa qu’ils mangeaient les humains puis se résonna. Si cet ours mangeait les humains, il aurait déjà bouffé cette fille. Cette Rosaleen. C’est cool comme prénom, Rosaleen. Toujours dans ses pensées, Harmonie réfléchissait quand tandis que Rosaleen entama la conversation.

- T'as faim Harmonie ?

Elle sentit ensuite une drôle d’odeur. Ca devait sûrement être un sandwich, puisque logiquement, cette fille n’est pas assez folle pour se promener avec de la viande dans sa poche.

« Heu .. Oui un peu, mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? »

Harmonie ne mangeait que très peu de viande et autre, sa mère l’élevait à la diete, elle ne mangeait que presque des légumes, Hortense étant végétarienne.

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Pv. Harmonie A. de Rosen

La blondinette eut un mouvement de recul et me dit, dubitative :

- Heu .. Oui un peu, mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?

Je le regardai, amusée, et lui répondit :

- C'est un sandwich au pain de blé terrien, au beurre et à la crème de balboune et à la viande de crouiccc. Et en dessert, il y a des Vlirs. Ne t'en fait pas, c'est délicieux ! Bon, la nuit tombe, on va dormir ici.

Siúcra s'arrêta et se coucha pour nous aider à descendre. J’attrapai Harmonie par les avant-bras et l'assis entre les racines d'un énorme arbre. J'ordonnai à mon Familier de se coucher à côté d'elle et dis :

- Je vais aller chercher un peu de bois sec, j'ai peur que si j'en fais apparaître, il disparaisse pendant la nuit et que les animaux sauvages en profitent pour s'approcher. Je reviens tout de suite, Siúcra te protège.

Je m'éloignai un peu d'elle, jetant tous les trois pas un coup d’œil en arrière. Je trouvai rapidement ce que je cherchai, ce n'était pas ce qui manquait le bois mort dans cette forêt ! D'ailleurs, elle était immense. Nous avions fait plusieurs heures de chemin et nous ne voyions pas le bout de cette étendue monotone. Les arbres étendaient leurs branches vers le ciel, culminant à plusieurs dizaines de mètres de haut. Les oiseaux chantaient leurs dernières notes de la journée, cachés dans les frondaisons des arbres bleus et rouges. Le coucher de soleil nimbait les troncs de doré, les rendant violets. Puis la grande jaune et la petite rouge disparurent derrière l'horizon, laissant la place aux deux lunes, Tadix et Madix et plongeant la forêt dans des ténèbres inquiétants et glacials.

Je frissonnai un grand coup et décidai de retourner auprès d'Harmonie. Je m'assis en face d'elle, mit le petit paquet de bois entre nous et incantai :

- Par le Flammus, je veux du feu et pas qu'un peu !

Des flammes se mirent à danser au milieu du bois, nous réchauffant et éclairant nos visages. Je dupliquai mon sandwich et en tendit un à Harmonie. Ensuite, je sortis la tranche de viande et la dupliqua une bonne dizaine de fois et en trois fois plus grosse et les donnai à mon frère d'âme. Le repas se déroulai silencieusement, le calme seulement brisé par le crépitement du feu et par les bruits des volatiles nocturnes.

Harmonie portait une robe brodée à manches longues qui lui arrivait aux genoux. Une large ceinture noir barrait sa fine taille et des perles paraient son haut. Elle était très jolie mais n'en savait rien...

Je baissai les yeux alors que la curiosité me rongeait. Pourquoi cachait elle ses yeux, ils étaient beaux pourtant ! Et comment était-elle donc devenue aveugle ? Ça ne devait pas être de naissance, elle avait encore quelques réflexes de voyante. Mentalement, Siúcra me dit que poser ces questions était totalement indiscret et tout à fait déplacé. Mais que si je me confiais à elle, peut être qu'en retour, elle se confierai à moi.

Je levai les yeux de mon sandwich déjà bien entamé pour fixer le visage éclairé par les flammes la blondinette. Ses longs cheveux couleur de blé flottaient légèrement dans le vent doux de la nuit. Je pris alors mon courage à deux mains et entamais la conversation.

- Nous nous connaissons seulement depuis quelques heures mais vous avez l'air sympathique et je pense que nous allons rester ensemble quelques temps alors... Pourquoi ne pas apprendre à se connaître un peu mieux ? Je suis Omoisienne, je vis dans une petite maison de banlieue avec mes parents. Aujourd'hui, j'étais au Lancovit pour livrer une composition florale de ma mère – elle est botaniste et fleuriste – à une noble lancovienne pour son mariage. Et vous ?

Je n'étais pas vraiment mal à l'aise mais j'avais peur de la réaction de la jeune fille. Peut être n'était-elle absolument pas du genre à s'ouvrir à d'autres personnes que sa famille ?

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