Planet, sweet planet

Rappelons les origines de ce qu'il s'est passé :

Mourmur, dans le laboratoire Omoisien, fais du bidouillage dimensionnel. Rien de bien dangereux normalement.

Dans un univers parallèle, des T'sliches, qui dominent leur Gwendalavir (A), tentent de rejoindre une autre dimension (B), celle dans laquelle Ewilan et ses amis ont triomphés.

Pas de bol, les deux expériences entrent en résonance, et des failles se créent alors que le tissu dimensionnel se déchire. Des alaviriens se retrouvent sur Autremonde, et inversement.

Après les péripéties de chacun dans ces univers inconnus, Mourmur parvient, en se rendant à l'épicentre de cette soupe dimensionnelle, à stabiliser un portail pour le Gwendalavir B, et à l'aide d'un signal broadcast amplifié par la magie de Tara, contacte chaque Autremondien sur Gwendalavir B pour leur indiquer le point de rendez-vous pour être rapatrié.

Cependant, le point de rendez-vous est aussi la tête de pont T'sliches, et après un affrontement (un poil sanglant), ils se replient vers leurs univers (A), en capturant Amber, contre qui le destin s'acharne salement (il n'y aucune autre raison particulière à sa capture, tout le monde le sait).

Ainsi, vous passez le portail pour être accueilli par Tara, Jar, Mourmur et un détachement complet de l'armée Omoisienne (ce qui est foutrement classe, avouez)...

Vous êtes donc tous au milieu d'une clairière, que certain pour reconnaître comme la jungle du territoire Edrakin.

Eh bah putain, vous en aurez mis du temps à rentrer. En plus c'était même pas drôle, on t'a traité comme un vieux tout du long et t'as dû buter des cochons. T'es pas venu sur AutreMonde pour qu'on te prenne pour un fermier putain ! T'as autre chose à foutre que t'énerver sur des animaux un peu trop gros.

Tu lances un regard mauvais à votre comité d'accueil. La Courgette nationale, un (vrai) vieux à l'air psychopathe et des foutus gardes. Eh quoi, ils ont peur que vous les confondiez avec les cochons ? Enfin bon, c'est pas le moment de te faire remarquer. T'as pas confiance en eux, et t'as pas envie qu'ils s'intéressent à toi. Ce serait un poil emmerdant.

Tu cherches du regard ta blonde. Tu la trouves à deux pas, l'air non plus constipé mais irrité. Elle non plus aime pas les pégus présents. M'enfin elle aime pas grand-monde de base. Tu paries qu'elle va pas tarder à ouvrir sa grande gueule pour se plaindre et leur cracher à la gueule. Franchement, ta vie serait bien chiante sans elle.

Bon, c'est pas tout mais y a la môme qui s'est faite capturer par les sauterelles, donc si tu connais bien la Courgette, elle va se lancer comme une conne à travers la faille, niquer quelques mères et revenir avec un sourire niais en rapportant la fillette. Impec. Toi tu vas te faire une sieste.

Tu pousses un soupir las. Les voyages dimensionnels sont officiellement l'un des moyens de transport les plus chiants et fatigants que tu aies jamais vu. Tu jettes un œil aux personnes qui vous encerclent. Grogne. Foutue Courgette et son vieux de merde. C'est sûrement à cause d'elle que tu t'es retrouvée dans ce monde d'arriérés entourée d'abrutis finis. Tu fais lentement craquer tes doigts. Tu lui aurais bien éclaté la gueule mais ton instinct te rappelle que t'as plus de chances de finir en pâtée pour chat que de poser le petit doigt sur elle. Foutue Mary-Sue de merde.

Tu fais un petit tour d'horizon. Ta nouvelle pote de bitchage, Maeko, a l'air tranquille. Sûrement son sang de démon qui l'immunise aux voyages chiants. Et pas loin tu vois Alex, qu'a l'air encore plus ronchon que d'habitude. Ça te fait rire. Vous vous en êtes bien sortis, et c'est pas grâce à lui. Même que vous avez rien appris d'intéressant. Pas étonnant qu'il soit frustré. Enfin bien sortis... Apparemment la connasse avec laquelle il a grimpé à cheval s'est faite enlever, mais bon, tu t'en bas les seins. Ta seule préoccupation pour le moment c'est de gueuler un bon coup. Eh bien, je vois que vous êtes toujours aussi inapte à protéger votre peuple. Rassurez-vous, la mort de vos sujets a été aussi ridicule que votre personne, ils ont été tué par des cochons.

Glaciale, tu t'étais directement adressée à la Courgette. Cette connasse te donnait de l'urticaire. Elle aura sûrement une réponse calme ou pacifiste ou une merde du genre, et ça te donne encore plus envie de la frapper. Si elle savait que t'es super importante et sur le point de la débarrasser de ses emmerdes (vu qu'apparemment elle est infoutue de le faire seule), elle serait forcée de te traiter comme la reine que tu es.

« YES ! »

Lisa ne put retenir son cri de joie tandis qu’elle passait de l’autre côté du portail. Enfin, ils étaient chez eux, sur leur planète, leur belle AutreMonde et ses paysages pittoresques, ses habitants farfelus et cette grande Courgette blonde qui leur faisait office d’Héritière Impériale. Home, sweet home. Si elle avait eu les couilles, elle aurait couru vers la princesse blonde et lui aurait sauté au coup. Bon, on l’aurait certainement prise pour une folle. Puis avec l’armée entière qui se tenait aux côtés de la jeune Héritière, ce n’était probablement pas une super idée. Mais elle était tellement heureuse et soulagée d’être rentrée ! Elle avait presque perdu espoir, et les grimoires poussiéreux remplis de jargon scientifique exposés dans la bibliothèque d’Al-Jeit ne l’avait pas vraiment rassurée.

Enfin, ils étaient rentrés. L’aventure touchait à sa fin. Il était temps. Elle allait pouvoir retrouver son petit cottage, respirer, prendre enfin le temps de se remettre de toutes ses émotions. S’éloigner de Keylo aussi, tant qu’à faire. Non parce que, bon, certes, elle ne le considérait plus comme un ennemi, mais c’était pas comme s’ils étaient potes non plus. Malgré ce que la bière de trop avait pu lui faire dire. Quelle bière, me direz-vous ? Eh bien, celle qu’elle ira prendre dans une taverne dès qu’Ewen aura répondu, pardi ! Bref, elle avait donc décidé qu’il ne méritait pas sa haine. Qu’au fond, genre, vraiment au fond, c’était peut-être un type bien. Mais bon sang, il n’en restait pas moins casse-couilles.

Quoiqu’il en soit, Lisa était bien trop heureuse actuellement pour penser à autre chose qu’au cottage douillet qu’elle allait bientôt retrouver. Elle dégagea l’entrée du passage et se hissa sur la pointe des pieds, passant la tête par-dessus la foule pour tenter d’obtenir la meilleure vue possible sur leur incroyable comité d’accueil. Eh, d’ailleurs, elle avait Mara Duncan avec elle ! Avec un peu de chance, elle pourrait être présentée. Mara dirait quelque chose du type « Salut la frangine regarde c’est mon AMIE la géniale Lisa Grey » et hop, elle aurait une bonne réputation à la cour, et elles feraient des sorties entres amies toutes les trois, puis même avec Lisbeth tant qu’à faire, et elle serait VIP, elle passerait à la télé, elle aurait des fans, elle serait acclamée, et tous les autres seraient jaloux d’elle, parce qu’elle est VIP, et Keylo serait encore plus impressionné, et pourquoi je parle de Keylo non je voulais dire August, évidemment, August et elle se marieraient et ça ferait la une des jourstaux, et Keylo serait jaloux, et merde non je voulais pas dire ça, et

Ok ok je me tais. Contentons-nous juste de rentrer à la maison, pour le moment.

Bon c'est pas trop tôt. C'était marrant, mais rien ne vaut les bons gros bestiaux d'AutreMonde, les méchants sangraves (qui ont beaux être ridiculement faibles, sont bien plus marrants à abattre que des porcs ou des sauterelles) et les flics loup-garous un peu vénères. A chaque fois je me dis qu'ils doivent bien se faire chier sur leur planète de petites natures. Et puis surtout raaah tous ces nonsos ! Vivement que je retrouve la beauté des elfes, ça m'a manqué, ce séjour était beaucoup trop long ! Les seuls beaux gosses qu'on y croise sont soit gay soit trans' !
Je bondis donc dans le portail (si ça se trouve ça va nous apporter dans un endroit pire encore, ou me couper en deux, mais bon ce sera toujours mieux qu'ici). Bon, j'avoue que l'endroit où je débarque est pas tellement mieux (omg j'espère que les gardes vont pas me reconnaître, j'veux pas retourner à l'asile tout de suite ; c'est pas que j'aime pas Maurice mais bon). Oh tiens la courgette est là, coucou Courgette ! C'est qui le petiot à côté d'elle ? Bon osef, il a l'air un peu trop vénère pour moi de toutes façons. Ah par contre le vieux fou je le connais bien lui ! Je suis même sûre du coup que c'est à cause de lui qu'on est là, mais peu importe ! je veux qu'il m'apprenne des trucs ! Ah non c'est vrai, je peux pas courir vers lui, y'a plein de gardes, faut pas attirer l'attention. Surtout qu'ils doivent bien se rappeler de mon séjour dans leurs prisons (mouéhéhé).
Je range donc discretos ma hache dans ma poche, et je marche en tentant de planquer plus ou moins efficacement mes tresses bleues qui descendent jusqu'à mes pieds. Jolie clairière, non ?

Isy

Planet, sweet planet

"Enfin! » C’était le premier mot que la jeune Héritière aurait voulu crier en sortant du portail et en voyant sa soeur, son frère et Mourmur (qui ne devait pas être innocent dans l’histoire, de toute façon quand quelque chose explosait où se passait mal c’était soit de la faute de sa soeur, soit de la faute de Mourmur…là, en cet instant précis, Mara se disait que c’était plus la faute de l'ingénieur timbré que de quelqu’un d’autre). Elle avait certes passé un très bon moment en compagnie d’Ewilan, de Keylo, de Lisa et d’Ewen mais elle était heureuse d’être rentrée à la maison. « Enfin! » Se répéta-t-elle inlassablement dans la tête. Le problème de cette sortie était qu’elle avait pris pleinement conscience des responsabilités qu’elle avait en tant qu’une des Héritières. Et c’était vraiment difficile, stressant et fatiguant! Durant tout le voyage elle avait eu constamment peur pour ses deux acolytes et avait eu du mal à se séparer du groupe de départ. Etant la seule Héritière avec le groupe d’AutreMondiens, elle s’était sentie responsable de tout ce petit monde et cela était véritablement stressant. Il n’y avait pas d’autre mot. Elle se rendait un peu plus de compte des responsabilités qu’avait Tara et sa Tante et sans vouloir être méchante elle était bien contente de ne faire que figure secondaire! « Je t’aime bien Tara mais reste l’Héritière s’il-te-plait » pensa-t-elle silencieusement.

Elle leva la tête et soupira de soulagement en voyant Lisa qui avait l’air heureuse d’être ici et qui avait dit tout haut ce qu’elle pensait tout bas, puis Keylo qui n’avait pas encore dit un mot. Savoir ses amis impliqués eux aussi dans le trajet à Al-Jeit en bonne santé lui donna du courage. Elle n’avait pas faillis à sa mission en fin de compte, elle avait réussis à ramener son petit groupe sur AutreMonde! (Enfin c’est pas vraiment elle qui avait réussi à les ramener mais ce que Mara sous-entendait c’est qu’elle avait réussi à ne pas décevoir ses deux amis et à ne pas les traumatiser…enfin c’est pas vraiment ça qu’elle voulait dire mais…bref, elle était contente de ne plus avoir toutes les responsabilités qu’elles s’étaient mise sur Gwendalavir).

Soudain un sentiment de déchirement envahi sa poitrine. Un sentiment de profonde entaille lui taillada le coeur. Elle aurait voulu se plier en deux pour empêcher ses larmes de dévaler sur ses joues. Comment avait-elle pu laisser faire ça? Pourquoi n’avait-elle pas pu aider? Pourquoi ne l’avait-elle pas aidé? Elle se sentait comme coupable. Une coupable qui avait laissé sa meilleure amie entre les pinces d’espèces de Menthe-Relieuses bizarres! Elle n’avait pas pu la retenir, elle n’y était pas parvenue. Elle s’en voulait. Comme elle s’en voulait. Un gémissement imperceptible s’échappa de sa gorge. Elle revoyait la vision d’horreur qui s’était emparé d’elle au moment où ils étaient partis! Elle revoyait sa meilleure amie entre les pinces de ces monstres qui l’ont emmené sans ménagement alors qu’elle n’avait rien fait! Où étais-tu Amber? Que t’ont-ils fait? Elle aurait voulu un retour tranquille, tout le monde paraissait bien heureux. Elle aussi aurait voulu rigoler, pourquoi pas blaguer avec Jar, dire merci à sa soeur et foutre un coup de pied dans le tibia de ce vieux fou qui les avait envoyé là-bas sans défense. Mais elle ne le ferait pas, elle avait espérer le faire mais il n’y avait plus qu’un sentiment de douleur et de peur dans sa poitrine. Elle se précipita vers sa famille. Elle se ficha complètement des autres, elle ne pensait plus qu'à son amie enlevé par ces bêtes. Elle ignora superbement "Blondie" (Candice si vous aviez pas compris) et foudroya Moumur du regard en bonne et due forme, s’empêchant de lui balancer ses quatre vérités et ce qu’elle avait sur le coeur. Elle n’échangea même pas un sourire avec son jumeau, il n’eut seulement besoin que d’un regard pour comprendre que quelque chose n’allait pas pour sa soeur. Les émotions de Mara étaient bien vite perceptible sur son visage, surtout avec son jumeau. Ils ne devaient pas être au courant. Alors Mara se précipita vers sa soeur. Elle aurait voulu l’étreindre pour la remercier pour lui faire comprendre qu’elle avait eut peur et qu’elle a toujours peur. Vraiment peur. Pour Amber.

« Ils ont enlevé Amber! Oh Tara! Ils ont enlevé Amber sous mes yeux! Je n’ai rien pu faire! »

Codage par Libella sur Graphiorum

Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour sa petite soeur.

Tara fut soulagée de voir qu'ils étaient plutôt nombreux à revenir. Elle ne connaissait pas vraiment Gwendalavir, mais elle avait compris qu'il y avait des endroits pas forcement recommandable. Elle fut surprise de voir sortir du portail Myakko, enfin, un de ses alter ego, mais celle-ci lui fait leur signe de main particulier, pour que l'héritière puisse la reconnaître si l'elfe le souhaitait. Au moins, elle savait qu'elle aurait un rapport détaillé et méthodique sur le voyage de son mentor.

C'est Mara qui finit par apparaître. C'était Jar qui s'était rendu compte de sa disparition et c'était pour cela qu'il était ici avec eux. Soulagée de la voir revenir, elle n'eut que le temps de répondre à la remarque acerbe d'une blonde rescapée :

"Je déplore que ceux qui ont succombé en Gwendalavir n'aient pas eut une capacité à survivre à la hauteur de votre habilité à cracher du venin. Mais si vous souhaitez y retourner, nous nous ferons une joie de vous ouvrir la porte."

Et sa petite sœur était sur elle, tout du moins, plantée devant elle, la panique dans le regard et dans le cœur. Tout ne s'était pas passé aussi bien que Tara l'aurait voulu. Soit. Elle n'allait pas laisser une amie de sa sœur dans les griffes de mantes religieuses reptiliennes, ou elle ne s’appelait pas Tara'tylanhnem Duncan. Elle sera doucement Mara contre elle:

"Doucement. Ne t'inquiètes pas. Ils vont regretter très bientôt leur geste. Et je te la ramènerai."

Elle s'était préparé à ce scénario. Pas forcement pour la meilleure amie de sa petite sœur, mais en cas d'intervention du troisième monde. Mourmur avait donc préparé de quoi réagir. Elle se tourna vers Jar

"Jar, je te laisse les commandes. Si on te pose des questions, tu diras que je suis folle et que tu t'es formellement opposé à ce qui va suivre. Je te fais confiance."

Ou presque hein. Elle était pas vraiment folle non plus. Elle croisa le regard de Myakko qui leva immédiatement les yeux au ciel, l'air de dire "il n'y que toi pour faire ça". L'elfe s'approcha ensuite :

"Votre altesse, puisque vous êtes décidée à affronter ces créatures..."

Elle lui donna alors toutes les informations qu'elle avait pu recueillir sur les T'sliches et leurs compétences, ainsi que leurs sous-fifres. Tara en profita pour lui signifier que si elle ne revenait pas, elle ne devait pas faire tuer Jar pour autant. Et oui, malgré tout, il y avait une différence entre faire trucider son frère parce qu’il ne respecte pas sa part du marché et faire trucider son frère parce que l’on est une casse-cou écervelée et téméraire prête à se jeter dans une autre dimension pour récupérer ~~sa meilleure futur femme~~la meilleure amie de sa sœur.

sifflote ♥

Planet, sweet planet
feat. les rescapés de Gwenda

Les poings dans les poches et des cernes sous les yeux, je tente de me faire le plus discret possible parmi la petite foule des rescapés de Gwendalavir. J'vous cache pas que le comité d'accueil me fait un peu flipper. Tous ces soldats en uniforme, comme parés à ouvrir le feu au moindre mouvement de trop - sans compter l'Héritière impériale... Ma pauvre carcasse d'ennemi de l'Empire aurait intérêt à pas se faire remarquer. D'ailleurs si tu pouvais arrêter de faire la conne, Candice, ça nous arrangerait. J'avais aucune idée de leur présence en Gwendalavir, à Alex et elle. Ces planqués. Je les ai retrouvés au point de rendez-vous indiqué par l'Héritière. Heureusement qu'elle nous a contactés, en passant. Sans son efficacité, on serait encore à Halle Jet avec sa jeune soeur. Je commence à vraiment apprécier la famille impériale, mine de rien. On leur doit énormement, aujourd'hui. Raison de plus pour espérer qu'ils n'apprennent jamais qui je suis.

Quelqu'un pourrait au moins nous dire où on est ? C'est une jungle, d'accord, mais ça m'aide pas beaucoup. Faut pas trop qu'on traine ici, nous. On a un vétéran des Sangraves dans la cave, et on a pas trop intérêt à ce qu'il s'en échappe. Peut-être qu'une fois toutes ces questions réglées, cette interminable journée pourra prendre fin. Aujourd'hui j'ai voulu jouer au héros, j'ai failli entrainer une innocente avec moi dans une mort très douloureuse, j'ai arrêté un gars beaucoup trop dangereux pour moi sans en retirer le mérite que j'espérais. J'ai détruit la vie de sa gamine, j'ai brisé la confiance d'une femme en son modèle, j'ai probablement conduit à la torture et à la mort prochaines de ce dernier. Puis j'ai traversé les dimensions, j'ai vu des contrées et des peuples dont personne ne connaissait l'existence, j'ai fait connaissance avec l'une des personnalités les plus haut placées de mon monde. J'ai fait l'expérience de formes de magie inédites, j'ai combattu des monstres inconnus, j'ai vu des gens mourir. Peut-être alors qu'enfin j'aurai droit à un peu de repos.

Ce que j'ai entendu à la taverne ? C'était rien. L'alcool et la fatigue, rien de plus. Et puis j'ai d'autres affaires à régler pour le moment, sérieux.

L'enlèvement de l'autremondienne par les monstrueux lézards-insectes géants a dévasté la petite princesse impériale. Nous on assiste de loin à son échange avec notre Héritière, leur étreinte touchante, puis la réaction admirable de l'ainée. J'espère que la fille qu'elle s'en va sauver reviendra saine et sauve. Ça doit être beau, d'avoir une vie de héros.

Quand la faille qui l'a emportée disparait, je finis par retourner à contrecoeur à la réalité. Il faut que je profite du hasard de la présence du vieux con. Mais avant, il y a quelqu'un à qui je dois parler.

- Votre Altesse Impériale, je tiens à vous remercier de ce que vous avez fait pour nous dans l'autre univers. Je sais que je suis personne, mais sans vous et votre famille, on serait pas là maintenant. Alors merci.

Je m'incline comme j'ai vu faire les gens à la télécristal, pendant les audiences au palais. Puis je m'éloigne un peu honteusement. Je sais bien ce que les autres vont dire, comme quoi c'est ridicule, mais à ce stade je m'en balance. La petite le mérite. Ensuite je glisse un mot à Alex.

- Je sais pas trop ce que vous avez foutu de votre côté mais tant mieux si vous êtes vivants. Faut pas qu'on s'attarde, y a quelqu'un qui nous attend.

❝She's the apple of everybody's eye with an angel voice, devil in disguise❞
Toi & Moi

Et encore un changement de monde inattendu… Maeko n’avait pas vraiment la moindre idée de ce qui était en train de se passer depuis un petit moment – et pourtant elle était loin d’être bête, la demoiselle. Mais ce monde était définitivement très compliqué (plus encore que les Limbes, il fallait le faire). Sans doute qu’avec leur héritière de pacotille, les autremondiens étaient habitués à ce type de bizarreries. Voilà que le petit groupe dont faisait partie la jeune politicienne se retrouvait dans une clairière dont elle ne savait rien. Les visages qui l’entouraient étaient pour la plupart inconnus, si ce n’était celui de sa partenaire temporaire – la blonde avec une insolence de démon – et la fameuse (ou l’infameuse) héritière d’Omois.

Des histoires sur Tara Duncan, Maeko en avait entendu des tas. Des rumeurs. Des secrets. Des moqueries. Des sottises en tout genre. Le comportement de la jeune héritière semblait susciter problèmes sur problèmes, et à vrai dire, Mae n’aurait pas tenu compte de ce que les gens disent si elle n’avait pas eu elle-même l’envie de détester Tara Duncan. Elle se souvenait très bien de sa venue dans les limbes ainsi que de l’ambiguïté constante entre la sortcelière et le prince des démons. C’était suffisant pour provoquer la jalousie de la jeune femme aux cheveux roses, qui avait depuis longtemps perfectionné son regard destiné aux démones s’approchant un peu trop de son meilleur ami et protecteur.

Mais Maeko n’était pas sur Autremonde pour des enfantillages. Elle était venue pour accomplir une mission politique d’importance. Aussi, elle aurait préféré retrouver le palais omoisien plutôt que de faire un pique-nique dans l’herbe à discuter de l’enlèvement d’une gamine dont elle ne se souvenait même plus du nom.

Une minute. Ce n’était pas encore fini cette histoire ?

Mae avait presque sorti un bouquin en attendant qu’on la ramène à sa suite, mais il semblait que les plans de retour avaient été bousculés. L’héritière du trône allait sérieusement se jeter à nouveau dans la mêlée pour sauver la peau de… De qui au juste ? Argh, mais ils étaient insupportables ces autremondiens !

Planet, sweet planet

ft les frangines & la plèbe

La journée avait été longue pour Jar'tylanhnem Duncan. Inutile de préciser qu'il se faisait un sang d'encre depuis qu'il avait constaté la disparition de sa soeur jumelle. Au fur et à mesure que la journée avançait, plus ils en apprenaient sur cette curieuse histoire de voyages interdimensionnels, et moins il maitrisait ses nerfs.

D'abord il y avait eu cette intrusion inattendue en plein coeur du palais impérial, par des étrangers qui prétendaient venir d'une autre dimension. (Ce qui n'avait rien de rassurant. Les seuls individus provenant d'une autre dimension que Jar connaissait, c'étaient les démons.)

Ensuite, il avait appris que son arrirère-grand-oncle Mourmur était comme par hasard lié à l'affaire (et donc à la disparition de Mara). Pendant son exil forcé chez Isabella, quand Jar avait cohabité avec ce très dangereux phénomène, il s'était déjà promis de le bouter hors du palais dès qu'il monterait sur le trône. Eh bien, il avait changé d'avis. Quand il serait sur le trône, il saisirait la première occasion pour le balancer aux cachots, avec les crocodiles, et on n'en parlerait plus. (Oui, il avait décidé qu'il aurait des crocodiles quand il serait empereur. Au cas où Tara l'embêterait.)

Puis Tara avait décidé de tous les raccompagner gentiment DANS UNE FOUTUE JUNGLE D'HOMMES-CHATS CANNIBALES. D'accord, ils n'avaient peut-être pas le choix, mais tout de même, Jar préférait pactiser avec les démons plutôt qu'avec ces fous furieux d'Edrakins. Ils allaient emmener Mara là-dedans. Leur soeur était folle. Parfois (souvent), Jar songeait à pratiquer des tests pour vérifier s'ils avaient vraiment ne serait-ce que le moindre gène en commun.

C'est donc un Jar tout feu tout flammes qui avait attendu ~~patiemment~~ que les autremondiens réapparaissent sur leur planète d'origine. Le calme de la clairière avait été à peine brisé par l'inquiétude de servir d'appât aux plantes carnivores, ou par la présence d'un détachement complet de l'armée omoisienne (qui ajoutait pas mal de prestance au comité d'accueil Duncan, il faut le dire).

Quand le portail s'activa, Jar n'accorda que peu d'attention aux quelques plébéiens qui les rejoignaient dans la clairière touffue. Il ne vit que sa soeur. Mara qui traversait le portail, échevelée mais joyeuse. Mara qui courait vers eux, vers lui, et tout de suite son soulagement se changea en angoisse sourde. Il y avait un problème. Elle était à deux doigts de pleurer.

Amber Dumont avait beau être une pauvre plébéienne, Jar fut réellement peiné d'apprendre son enlèvement. Après tout, elle avait aidé Mara quand il n'avait pas été là pour elle, elle avait pris le relais, en quelque sorte. Peut-être même qu'elle avait été sa première véritable amie, et pour ce soutien, Jar lui en était reconnaissant. Et puis, il se sentait un peu (un tout petit peu) coupable par rapport à ce qu'il s'était passé entre eux. Alors il préférait qu'elle ne meure pas dévorée par des mantes religieuses lézardesques géantes.

La réaction de Tara était prévisible, mais tout de même exaspérante. Ils avaient des soldats dont c'était le métier de s'occuper de ce genre de situations, elle n'était pas obligée d'y aller toute seule comme une idiote... mais oui, bien sûr, laissez-la faire, de toute façon on ne demandait jamais son avis à Jar dans cet empire, c'est toujours la grande sauveuse en chef d'Autremonde qui s'attire toute la gloire et puis d'abord elle n'était même pas si forte que ça et non il n'était pas jaloux, simplement elle ne le méritait pas, même que...

- Jar, je te laisse les commandes.

...Quelle admirable personne, tout compte fait.

Une fois que l'admirable Tara eut déguerpi (qu'elle ne se presse pas pour revenir non plus), Jar crut bon de s'adresser à ses sujets. Je veux dire aux tout aussi admirables plébéiens qui lui faisaient face.

- Autremondiennes, Autremondiens. Au nom de l'empire d'Omois, je tiens à vous adresser nos regrets les plus sincères quant aux épreuves terribles que vous avez subies aujourd'hui. Ceux qui sont tombés en Gwendalavir ne seront pas oubliés, mais leurs noms seront honorés par chacun d'entre nous. Bravo pour votre courage et votre résistance. Mes soeurs et moi avons fait de notre mieux pour vous ramener ici sains et saufs, et je me félicite de vous voir aussi revenir nombreux malgré les dangers auxquels vous avez fait face.

Les compliments de l'espèce de campagnard blond ridicule n'étaient pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Peut-être que Mara avait fini par se souvenir d'où elle venait, et qu'elle avait retrouvé sa force d'antan.

Il donna des ordres pour que la moitié des soldats les raccompagne tous jusqu'au bateau qui reliait l'île de Patrok au continent. Mara et lui attendraient le retour de leur soeur (et d'Amber, avec de la chance) seuls avec le reste des soldats.

Quand tout ce petit monde quitta la clairière, Jar s'autorisa un sourire de joie sincère. Toute l'inquiétude, la pression, l'angoisse de cette trop longue journée se relâcha. Lui qui exprimait très peu ses sentiments, il étreignit sa soeur jumelle avec force, longtemps.

Planet, sweet planet

Tout n’était pas perdu. Tout n’était pas perdu. Amber allait bien et allait vite revenir. C’est ce que ne cessait de se répéter la jeune fille au fond de ses pensées pour se calmer, pour se persuader que tout allait bien. Tout allait bien, maintenant. L’étreinte que lui avait prodiguée sa soeur la calma quelque peu. Sa soeur l’avait prévenu et elle avait tenu parole. En même temps ce n’était pas étonnant de la part de la grande Tara Duncan, mais Mara ne pensait plus comme ça, plus maintenant. Si sa soeur allait sauver Amber, c’était d’une part (parce que sinon y’aurait pas eu le super Tamber) car elle ne laisserait jamais personne dans le besoin et en danger, mais aussi car la jeune fille était sa meilleure amie. Sa soeur lui avait promis qu’elle l’aiderait dès que Mara en aurait besoin et elle le faisait. Un petit courant chaud traversa Mara des pieds à la tête. Sa soeur était la meilleure personne dans cette situation à appeler et elle était sûre que Tara retrouverait Amber et la ramènerait entière. Enfin elle l’espérait. C’est à peine si elle réagit et qu’elle se rendit compte que Tara avait laissé le commandement à son jumeau. De toute façon, il n’y avait personne d’autre que Jar qui aurait pu régler la situation à ce moment. Moumur? A part faire sauter des trucs de partout, envoyer les AutreMondiens dans une dimensions parallèle bizarre et aider des créatures vertes immondes à capturer sa meilleure amie que faisait-il d’autre? Mara serra les poings…le vieil inventeur allait en entendre parler et pendant longtemps. Et elle? Non. Elle n’aurait jamais pu. Surtout après avoir perdu la trace d’Amber. Qu’aurait elle fait à part paniquer, leur dire de rentrer chez eux, de se brosser les dents et de faire dodo? Certainement rien de plus. Elle était paniquée, complément terrifiée et irréversiblement inquiète.

Cela ne s’arrangea pas quand sa grande soeur passa par la faille pour aller retrouver Amber. Et si jamais il lui était arrivé quelque chose? Et si jamais il arrivait quelque chose à Tara? Si jamais Mara envoyait sa soeur dans un terrible piège remplit de dangers? Si jamais il leur arrivait quelque chose à toutes les deux? La respiration haletante, Mara se força à respirer doucement pour calmer ses vertiges. Si elle continuait à retenir sa respiration ou à respirer de la sorte, elle ne pourrait même pas voir sa soeur revenir avec sa meilleure amie. Parce qu’elles allaient revenir. Il ne pouvait en être autrement. Elles allaient revenir saines et sauves toutes les deux.

Elle écouta le discours de son grand-frère pour se vider l’esprit et remarqua, sans surprise, qu’il était un très bon orateur. Il savait quoi faire, il savait quoi dire. Mara était impressionnée par les aptitudes que son frère pouvait avoir quand ils s’agissaient de diriger un peuple. Et il y arrivait tellement bien! D’un côté, même si Mara ne le dirait peut-être pas à son frère, elle était fière de lui. Son regard balaya la foule de gens qui s’était amassé ou retourné pour écouter son jumeau et son regard se posa sur Keylo. Elle sourit doucement se rappelant les remerciements du jeune homme. Pour la première fois, elle avait l’impression d’avoir bien fait, d’avoir servi à quelque chose. Keylo n’avait peut-être pas compris tout ce que cela signifiait pour Mara mais il lui avait fait plaisir. Il lui avait fait plaisir et cela faisait chaud au coeur de savoir qu’elle avait été utile sur l’autre monde pour les autres AutreMondiens. Et Keylo n’avait pas tout à fait raison, il n’était pas personne. Elle n’avait presque pas menti de l’autre côté même si elle ne le connaissait pas encore, mais comme tout ce qu’elle avait aidé et qui l’avait aidé dans cette aventure, Mara le considérait comme un ami. Peut-être pas un ami comme tout ceux qu’elle a parce qu’elle ne le connaissait pas assez, mais le fait du mettre le nom d’ami sur la tête de Keylo ne la dérangeait pas car c’est comme si elle le considérait comme tel.

Quand tout le monde disparut avec les gardes, Mara se tourna une nouvelle fois vers son frère en se tordant les mains. Quelle ne fut pas sa surprise quand celui-ci vient l’étreindre longuement et avec force. La jeune fille ne resta pas stupéfaite longtemps et avec un sourire elle serra son jumeau dans ses bras en retour. C’était tellement bon de savoir qu'il serait toujours là pour elle, pour la soutenir, pour lui remonter le moral. Sans avoir besoin de mot, sans avoir besoin de long discours mais juste avec des regards et des gestes très significatifs pour eux. Quand ils se séparèrent, Mara esquissa un triste petit sourire

« Joli discours frérot! Tu m’impressionneras toujours pour ce genre de truc, tu sais. Je suis désolée si je t’ai inquiété je ne voulais pas, mais je ne pouvais pas t’envoyer quelque chose là-bas, tout était coupé. Cette journée est sans doute la plus longue de toute ma vie, je suis contente de te revoir. »

Elle rendit son sourire à son frère. Et se tourna une nouvelle fois vers le portail. Elle s’en approcha et le regarda pensive. Elle avait envie de pleurer. Elle avait envie de se jeter à l’intérieur mais elle ne le ferait pas parce que cela ne ferait qu’aggraver les choses. Alors elle soupira, impuissante. Elle se sentait impuissante et elle ne pouvait rien y faire. Elle se tourna de nouveau vers Jar, l’inquiétude ayant reprit son masque sur son visage.

« Tu crois qu’elles vont y arriver? J’ai tellement peur pour elles…Pourvu qu’elles ressortent vite de ce portail…toutes les deux »

Codage par Libella sur Graphiorum

» Sweet nothing ~ (Mae & Charlie)
» Home, sweet home. . . [PV: Deino, Sai, Naomie, Milla]
» Home, sweet home . . .