TABLE DE NEELA

Cela faisait déjà quelques lunes qu’elle avait rejoint Autremonde, et qu’elle commençait à en découvrir les différents visages. Elle s’en retrouvait bien heureuse. Bien qu’elle ait dû en raison de sa nature de sirène quitter la planète où elle avait grandit, de nouveaux horizons s’ouvraient déjà à elle. Maints hommes l’avaient déjà remarquée pour son incroyable beauté. Hélas, aucun d’entre eux n’avaient su s’attirer sa sympathie. Elle était si accoutumée à ce que la gente masculine la courtise, qu’elle abordait cela avec une indifférence des plus glaciales. Certes, elle dût bien s’agiter de quelques soucis afin de trouver un lieu où loger – ce qu’elle parvint à faire sans grand mal - mais il était bien hors de question que la situation restât ainsi.

C’est pourquoi, elle se laissa tenter par l’invitation de cette brochure, et se rendit au Lancovit. Tout d’abord, s’abaisser à cette organisation de Speed-dating lui parut bien indigne pour sa personne. Puis finalement, elle se résolut à y participer, avec l’espoir de trouver un homme qui pourrait l’entretenir comme il se devait. Alors elle se posa, sur ce trône de corail et attendit patiemment. Lorsqu’un homme parut à son champ de vision, elle se mit aussitôt à l’estimer. Lorsqu’il la complimenta sur son visage, un fin sourire s’esquissa sur ses lèvres charnues.

« Bonjour, dit-elle avec une voix suave, je vous remercie du compliment. Longtemps, on me surnomma Corail, mais je préfère de loin que l’on m’appelle Neela. Ravie de faire votre connaissance. »  

Intéressée, elle balaya sa chevelure à l’arrière de son oreille afin de mieux pouvoir le contempler.

« Comment se passe votre soirée ? Je ne serais pas étonnée qu’un homme aussi charmant ait déjà fait quelques belles rencontres, et se soit fait remarquer aux yeux de plus d’une. »

« Vous allez me faire rougir avec toutes ces flatteries. »

Neela leva les sourcils à l’entente de ses propos. Elle fut quelques peu amusée, de constater que tout comme elle, certaines n’y allaient pas de mains mortes. Bien qu’elle préférait s’assurer un succès garanti grâce à sa voix séraphique.

 « Oh ? A en juger votre expression et votre intonation, cela semble vous avoir laissé un goût bien déplaisant. Mais je ne suis pas étonnée, et j’imagine qu’elle ne cherchait qu’à exprimer son attirance. »

Mais elle se rendait bien compte que cela devait être assez incommodant. Elle reprit ensuite la parole, avec une voix venimeuse, méprisante envers les autres qui l’avaient auparavant abordée.

« La mienne jusqu’avant votre arrivée fut des plus fades, heureusement est-elle loin d’être achevée. Car je ne rencontrai ce soir personne qui en valu la peine. »