partie 2

Non mais sérieux, c'était quoi leur délire avec les extrêmes ? Ils pouvaient pas choisir un endroit sympa pour se voir, non, fallait que ce soit au putain de Pôle Sud ! Tu comprenais même pas la logique. Il aurait pu se déplacer, aller autre part, mais non, MÔSSIEUR avait un truc à faire là-bas du coup il fallait que VOUS vous déplaciez. Quelle idée à la con. Tu l'aimais bien hein - après tout il vous avait donné plein de pognon - mais franchement, il était un peu barré. Etudier les coutumes des habitants du Pôle Sud mon cul. Il était juste camé à la neige ou un truc du genre. Plume, ça avait pas trop l'air de la déranger. Elle t'avait quand même ramené avec elle, histoire de. Tu comprenais même plus ton utilité. Heureusement que ton familier était là pour te tenir compagnie.

Bien au chaud dans ta bulle d'eau, tu jettes un oeil à E'liah. Le pauvre elfe râlait silencieusement. Tu lui avais fait subir bien des choses dernièrement, il méritait des vacances. Le Pôle Sud était un endroit bien singulier, mais tu comprenais les motivations de la demoiselle. Elle menait plusieurs missions de front, et faisait visiblement au mieux.

Apercevant au loin une silhouette frêle, tu lui fis de grands signes. Il ne manquerait plus que vous vous ratiez. Loup approchait lentement, visiblement heureuse, emmitouflée dans une bonne demi-douzaines de polaires. Réflexion faite, tu te demandais comment tu avais pu la trouver frêle. Les peaux lui donnaient l'apparence d'un petit grizzli. Maladroit et très souriant, mais un grizzli quand même.

Tes pas s'enfoncent doucement dans l'océan de neige. Tes coéquipiers t'attendent non loin, probablement frigorifiés. Tu leur es reconnaissante de s'être déplacés jusqu'ici. Tes interactions avec les habitants portent leurs fruits. Tu commences à discerner un même schéma sociologique et psychologique que chez les habitants terriens. C'est une découverte capitale pour toi, et tu ne peux l'abandonner si facilement.

Arrivant sur place, tu salues chaleureusement les inhumains. Merci d'être venus, tu murmures joyeusement. Cela représente beaucoup pour toi. Ils sont la figure de proue de ton navire. Sans eux, tu ne pourrais rien accomplir. Il te faudra les remercier dûment. Avisant leurs corps tremblants, tu érigeas magiquement un petit igloo, et les invita à s'y reposer. Ils semblèrent soulagés.
    

OH TROP COOL IL A VOUS A FAIT UN IGLOO. Pourquoi vous y avez pas pensé ? Vous êtes un peu cons en fait. Bref du coup vous rentrez tous au chaud. Enfin au moins froid. Tu sors les micro Transmitus de ta poche et les donne tranquillement à Loup. Normalement y a tout, on a compté. Pis on les a réglés pour la Base. Histoire que vous finissiez pas au Pôle Nord. T'auras au moins eu le mérite de le faire sourire.

Tu te grattes la tempe. Et euh la bouffe est prête. Enfin on a les ingrédients et dès que tu pars on prépare tout. Donc, euh, voilà, t'inquiètes pas quoi. Il hoche la tête. Bon, il a l'air de vous faire confiance, c'est plutôt cool. De toute façon t'es avec Plume donc ça peut que bien se passer. Pas vrai ?

Elle a l'air confiante. Et reconnaissante. Comme toujours, E'liah babille, véritable moulin à paroles. Parfois tu te demandes s'il est capable de s'arrêter. Mais pour une fois, lui-même ne sait plus quoi dire. Il n'y a pas grand-chose à ajouter, sans doute.Loup... Tu es sûre de toi ? tu demandes, inquiète. Son plan, bien que louable, te paraît bien trop simple pour fonctionner. Et puis elle risque tant... Si... S'il t'arrives quoique ce soit, annule tout d'accord ? Ta sécurité passe avant. Et si tu es blessée, tu viens me voir. Je pourrais t'arracher à Thanatos en un clin d'oeil ! tu lances, bravache. Loup aimait bien quand tu faisais référence à sa mythologie. Elle comprenait bien mieux quand tu faisais des analogies grecques que chaman, ce qui était, tu supposes, normal.

Ils sont vraiment adorables. S'inquiètent pour toi, beaucoup trop. Presque instinctivement, tu poses tes mains sur leurs têtes. Ne vous inquiétez pas, tu souffles, tout ira bien. C'est naturel, pourtant, que de se soucier des personnes auxquelles on tient. Mais cela te réchauffait toujours étrangement le coeur de savoir que tu faisais partie de ces êtres chers.

Tendrement, tu les raccompagnes jusqu'à la porte de Transfert, leur rappelant la date du début de la fin. Cela sonnait extrêmement dramatique, ce qui te plaisait grandement. Un large sourire aux lèvres, tu les salua jusqu'à ce qu'ils disparaissent.
    

Oui ben c'est bien gentil de vous dire de pas vous inquiéter mais franchement, ça empire le truc. En plus il s'est pris pour un daron à vous tapoter la tête comme à des gamins. Même si c'est vrai que ça t'a bien plu. Il a empoché les gadgets sans broncher, pis il vous a raccompagné jusqu'à la Porte. Tout ce voyage pour pas grand-chose. Pour la bonne cause. T'as même pas pu voir d'ours polaires par contre, et ça, c'est hyper triste. Peut-être la prochaine fois. Ça te donne une bonne raison de revenir ça. A cette pensée, Lily se tend direct, pas contente du tout. Elle se les caille grave ici, alors revenir juste pour voir des bêtes, berk. T'essayes de la gronder un peu, mais elle veut rien entendre. Quelle tête de mule.

Inquiète, tu regardes le visage familier se découper dans l'azur. Son sourire est calme, comme à son habitude. Tu es certaine qu'elle sait ce qu'elle fait, mais tu ne peux t'empêcher de douter. Elle est jeune, elle a déjà fait des erreurs par le passé, et bien que celle-ci soit de la plus pure des intentions, tu as peur des conflits que cela va générer. Cela n'a pas l'air de tourmenter la dragonne. Elle assure connaître les risques et les conséquences.

Le coeur au bord des lèvres, tu serres le plus fort possible la main d'E'liah dans la tienne, espérant que tout se passera bien pour elle.

Les yeux rivés sur la voûte céruléenne, tu mesures ton inconscience. C'était une chose que de participer à une guerre, c'en était une autre d'en commencer une. Tu avais toujours vécu dans l'ombre, ne souhaitant pas influer la vie alentours, trop effrayée de laisser ta marque dans ce monde de souvenirs. Tu avais failli à ta règle une fois, malgré toi, et tu t'en étais mordu les doigts. Toi qui célébrait la vie, on a tué pour toi. Toi qui n'était qu'amour, on a haï pour toi. Tu n'aurais de cesse de te fustiger pour cela. Mais il n'est plus temps de rêver aux uchronies. Ta croisade commence aujourd'hui.