Partenaires particuliers [à moitié M]

L'odeur fraîche de la nuit les accueillit alors qu'ils pénétraient dans les jardins de l'incroyable demeure de la sirène. À l'intérieur, le salon s'était transformé en boîte de nuit. Ils entendaient encore la musique s'échapper des fenêtres ouvertes. L'ilne ne s'en était pas rendue compte lorsqu'elle gambadait dans la villa, mais il y régnait une chaleur d'enfer. Elle embrassa l'air frais avec bonheur.

Leurs vêtements étaient trempés et ils auraient grelotté si l'air avait été moins bon. La mousse les assaillaient de partout : ils en avaient plein les cheveux, et même sur le visage depuis l'attaque furtive de Laara. Après un essai infructueux de s'en débarrasser avec les mains, Anthony lança un sortilège qui les rinça tous les deux. Ah ! loup et magicien avec ça. Mordu ou bien issu de parents des deux branches ? À vrai dire, ce soir elle s'en moquait.

Il s'approcha d'elle, s'emparant de son visage avec ses mains. Leurs peaux étaient humides, moitié la faute à l'opération Mousse, moitié au sortilège. Ce soir il n'était rien qu'à elle et elle n'était rien qu'à lui. Oubliée la bande de singes qui se trémoussait pourtant grâce à elle dans le salon envahi. Ce soir ils n'étaient plus que tous les deux. Il l'embrassa sauvagement. Une bouffée de rire l'envahit à l'évocation du terme ; pourtant il convenait à merveille. Elle n'avait pas embrassé de loup depuis si longtemps qu'elle ne se souvenait presque plus de ce que cela faisait. Eh bien elle était servie. Oubliés douceur, romantisme et autres bêtises. Ce soir ils étaient des loups, des vrais. Il lui dévorait la bouche et elle s'en donnait à cœur joie.

Elle se détacha de lui en jetant un coup d'œil aux fenêtres. Elle se demanda furtivement ce que dirait Leyla si elle les trouvait batifolant dans un de ses buissons, puis elle songea qu'elle préférait ne pas l'imaginer. Elle se doutait que son lycan regrettait déjà de ne plus lui avaler les lèvres (ou en tout cas d'essayer) et sans mentir elle aussi. Elle lui sourit, les yeux pétillants.

-Mais enfin mon bon monsieur, pas ici, nous empiétons la propriété de Mademoiselle D'el Mar ! chuchota-t-elle d'un ton choqué tandis que ses sourcils faisaient un bond.

Elle se retint de lui empoigner de nouveau la main, car même s'il n'était pas loquace, elle commençait à se demander si se faire se trainer dans tous les sens n'agaçait pas un petit peu Monsieur Tony. Peut-être un tout petit poil. Elle lui glissa donc un : « Viens ! » avant de s'élancer en conquérante. Elle sautillait presque tandis qu'ils traversaient les jardins de Mademoiselle D'el Mar. Le moins qu'on pût dire, c'était qu'elle aimait les fleurs et le chic. Elle nota dans un coin de sa tête de lui demander l'indicatif de boule de cristal de son jardinier. Si elle gagnait à la loterie un jour (ou plus probablement, si elle tombait par un heureux hasard sur la grotte secrète d'un dragon un jour), elle l'engagerait.

Ils quittèrent le jardin au bout d'une longue marche de plusieurs heures (peut-être exagérait-elle légèrement la durée) au cours de laquelle elle envisagea sérieusement de jeter Leyla et ses contrariétés à la poubelle parce qu'ils n'avaient tout de même pas toute la nuit et que ces jardins étaient vraiment immenses, à bien y penser. Et puis ne feraient-ils pas parfaitement l'affaire ? Mais ils atteignirent finalement le bout de la villa. Là-bas languissait un garage où flottaient paisiblement une dizaine de tapis. Comme s'ils les attendaient. Elle approcha l'un d'eux et il descendit tout naturellement à son niveau, comme pour l'inviter à monter. Elle s'appuya contre le tissu jusqu'à rencontrer le côté d'un siège contre lequel s'adosser.

Les airs n'étaient la propriété de personne, n'est-ce pas ? Nul ne viendra interrompre leur nuit.

-Tu sais conduire... Anthony ?

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Une caresse effleura sa peau. Elle frémit de plaisir tandis que son esprit émergeait peu à peu des brumes du sommeil. Elle se souvenait avoir fait un rêve merveilleux. Mais il s'échappa dès qu'elle tenta de se rappeler des détails. Où était-elle ? Elle n'en avait aucune idée, mais elle s'y sentait bien. Elle n'avait aucune envie de quitter ce petit paradis. Ces bras chauds, ce corps blotti tout contre le sien... Elle se souvenait désormais d'avoir passé une nuit plus merveilleuse encore. Comment s'appelait ce garçon ? Elle l'ignorait aussi, mais elle s'en moquait. Il respirait le loup. Rien ne valait une nuit passée auprès d'un lycan.

Ses paupières s'ouvrirent doucement. Il faisait encore nuit. Les sièges du tapis volant s'étaient retirés pour former une banquette ma foi confortable. La mémoire lui revenait petit à petit. Un sourire naquit sur ses lèvres tandis qu'elle dévorait son homme des yeux. Elle se pencha pour l'embrasser dans le cou. La fête ne devait pas encore être finie. Son regard dériva vers l'hor du tapis. Non, minuit était à peine passé. Combien de temps avaient-ils dormi ? Cela aussi, elle l'ignorait. Et combien de temps avaient-ils fait l'amour ? Elle sourit de nouveau. Il serait dommage de perdre ce cher Anthony de vue une fois la fête terminée. Son prénom lui était revenu. Elle se blottit contre lui de plus belle et ses doigts coururent sur son torse.

-Tu veux qu'on y retourne ? murmura-t-elle à son oreille.

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