Aline Shannon
Sujet: Travail de deux semaines, respect ! Sam 9 Oct 2010 - 21:42 | |
| Bon, je sais, c'est long, mais il faut se rassurer : je fais normalement des chapitres encore plus gros. J'attends des avis, sur "est-ce que ça ressemble à un livre que vous avez déjà lu", car moi, je ne vois pas mes erreurs, vu que j'écris. Bref, est-ce un peu une fan-fiction ou une fiction tout court ? Bonne lecture ! (Je vous conseille de lire quand vous avez le temps... Pas quand vous avez que trente secondes. Enfin vous verrez...) - Spoiler:
C comme cachette Ana se levait péniblement, comme à son habitude. Elle mettait toujours son réveil très tôt, car en comptant le temps de réveil, elle mettait bien un bon quart d'heure, enfin les bons jours où elle était motivée de se lever, comme aujourd'hui. Elle l'avait décidée. Elle demanderait à Alex de sortir avec elle. Elle avait mis quinze jours pour se décider, redoutant un « non ». Elle aimait Alex, ce grand garçon aux cheveux bouclés ensorcelants, et aux yeux bleus si pénétrant quand il la regardait : cela ne lui était arrivé qu'une fois, et il ne l'avait regardée qu'une seconde, où son cœur battait si vite qu'elle se demandait s'il tiendrait sans exploser. Il était en cinquième, et elle en sixième, donc pas trop de différence d'âge, même si l'élu de son cœur avait redoublé son CP. Elle s'était renseignée sur lui, en interrogeant sa copine Nana (elle était d'origine japonaise, et c'était pourquoi elle avait ce nom) qui habitait juste à côté de Lui. Il était si beau, ce grand blond ! Elle voulait absolument sortir avec lui, ce qui le rendrait sa quatrième conquête. Elle pourrait sortir un an ou deux, avant de le laisser tomber pour un autre, plus beau encore. C'était le mois de septembre, avec ses pluies journalières, un des mois les moins secs, mais comme Ana aimait, ou plutôt adorait, la pluie, c'était un de ses mois préférés, contrairement à Alex qui semblait détester l'humidité quand il pleuvait dans la cour, et préférait le soleil à l'ombre quand il faisait chaud. Mais les différences attirent. Elle voulait aller tout de suite au collège, même si à cause de l'absence de Mr Frère, son prof d'histoire-géographie, elle commençait à dix heures et il n'était que six heures et demi. Elle décida de faire deux heures de permanence, pour pouvoir le croiser à huit heures et à neuf heures où il irait de sa classe de français à son cours de technologie, où elle lui ferait remettre un petit mot où elle lui dirait ses sentiments pour lui. Même si elle serait seule en salle de permanence, sans ses copines Nana, Aline et Oméga. En vérité, Oméga ne s'appelait pas Oméga, c'était son surnom, car elle n'aimait pas son vrai prénom, Juliette. Tout le monde l'appelait comme ça, et même certains professeurs, tels Mr Frère et Mme Rigal, sa professeure de français, qui étaient les meilleures professeurs qu'elle avait à son goût, car ils expliquaient très bien leur cours et appréciait un peu d'humour de la part des élèves dans leur cours (enfin pas trop non plus). Ana elle aussi avait un surnom, car en réalité elle avait comme prénom Anabella, mais le trouvant trop long, elle l'avait raccourci en Ana, Elle signait Ana, et tous les profs l'appelaient ainsi. Apparemment, les professeurs l'appréciait plus qu'Oméga, qui parlait tout le temps durant les cours, ce qui dérangeait parfois Ana, surtout en mathématiques, où, n'étant pas très forte, elle avait besoin de toute sa concentration pour pouvoir le suivre et avoir la moyenne. Ana pensa à Alex, et son portrait en trois dimensions se présenta dans son esprit. Elle dévisageait sa tête, si bouclée avec tous ses cheveux qui partaient dans tous les sens. Il n'était pas très studieux, mais avait la moyenne facilement en raison d'une bonne écoute en classe, d'après Nana qui l'avait demandé à un de ses meilleurs potes. Et elle l'aimait. Lui. Ana se leva brutalement du lit, et courut à la salle de bain, se douchant avec ses cheveux mi-long bruns très foncés, qui s'alliaient avec des eux un peu plus clairs mais à peine... Elle mit ses boucles d'oreilles, son plus beau slim avec un tout simple tee-shirt blanc (tout de fois le plus décolleté qu'elle avait) et une chemise à carreaux bleus, sa préférée. Elle prit ses talons pour être à la même hauteur (à vrai dire un peu plus bas... Alex était si grand...) qu'Alex et mit un soutien-gorge en montrant ses bretelles, même si elle n'en avait pas vraiment besoin. Mais plus elle serait sexy, mieux cela sera. Elle ne prit pas de petit-déjeuner. Elle n'avait pas faim ; elle pensait à Alex, et quand on aime quelqu'un, on a pas tellement faim. Peut-être qu'il serait sien ce soir. Si ce n'était pas ce soir, ce serait demain. Mais de toute façon, il serait sien. Il n'avait pas le choix, parce qu'elle l'aimait. C'était un mardi. Gris, maussade, la pluie y était même prévue. C'était décidée : elle embrasserait Alex sous la pluie. Ce serait tellement romantique ! Elle l'embrasserait même avec la langue. Elle ne ferait que ça durant les récrés. Elle mangerait avec lui. Elle se mettrait à côté de lui à la cantine. Elle le soutiendrait pour son nouveau contrôle de Physique-chimie. Et il la remercierait en l'embrassant. Il l'embrasserait doucement, tendrement, amoureusement. Toujours des baisers. Toujours et amour des baisers. Sans fin autre que la sonnerie annonçant le début des heures de cours. Elle n'arrêterait pas de penser à lui, n'écouterait pas en cours. Alex valait mieux que les matières de sixième. Il était inestimable. Il valait toutes les étoiles du ciel (c'était Aline qui lui avait appris cette expression si follement romantique...) et tout le bleu les entourant. Bref, elle ne pourrait le vendre à personne. Il serait sien, et uniquement à elle. Elle ne le lâcherait pas, son grand blond (enfin si, mais tellement longtemps après...). Elle l'aimait. Elle ne l'avait pas choisi, c'était comme ça, il lui avait tapé à l'œil à cause de sa si belle tête bouclée. Il était si mignon... Son air un peu rebelle, un peu studieux. Si beau. Il avait dû être frappé par un sortilège étant petit, ou alors avoir un très bon coiffeur (ce ne devait pas être Manon, sa coiffeuse), car ses boucles était si bien mise en valeur... Pourquoi diable était-il si attirant ? Et pourquoi ne l'avait-elle pas remarqué plus tôt ? Elle devait être aveugle avant, et sourde à sa si joli voix, entre le grave et le aigu, à cause de sa mue de voix. Elle avait toutes ses chances. Elle était la plus populaire parmi ses meilleures amies, Aline, Oméga et Nana le lui avait confirmé. Elle fera la conquête d'Alex. Il le fallait. Ses anneaux comme boucles d'oreilles rondes la rendait plus « femme ». Plus attirante. Même quelques quatrièmes l'avait remarqué et avait demandé si elle voulait sortir avec eux. Elle avait répondu non, bien sûr, car son cœur n'était pas à tout le monde. Seulement à Alex. Ils pouvaient toujours rêver, ces pauvres garçons qui ne rêvaient que de l'embrasser. Mais tout le monde a le droit de rêver. Elle répondait tout bêtement un « peut-être plus tard ». Seul Alex ne heurterait pas à cette réponse. Car il avait, inconsciemment, la clé de son cœur si convoité. Seul lui l'avait, il n'y avait pas de double (cette expression, elle l'avait découverte toute seule). Le cadenas état solide, personne ne pouvait le forcer pour accéder à ses sentiments. Elle n'était libre que de ses sentiments, alors il fallait comprendre qu'elle les garde protégés par un cadenas solide du dernier modèle (petit, simple et efficace). Elle était protégée. La cour d'Aymeric ne lui avait rien fait, malgré son air « gentleman ». Seule la cour d'Alex ferait chavirer son cœur. Elle le savait. Personne au collège ne battrait Alex. Il était destiné à elle, et elle à lui, durant son année de sixième. Après, ils verraient bien si leur couple dure. Si oui, tant mieux, si non, tant mieux aussi, elle pourra draguer d'autres garçons. Elle entendit sa mère l'appeler de son bureau. Elle n'avait jamais connu son père. Celui-ci avait laissé Monique, sa mère, seule avec le bébé avant même sa naissance. Mais sa mère n'était pas maman poule du tout, et ne l'appelait que rarement. Enfin... Presque jamais. Elle faisait son travail à la maison, avec son ordinateur portable, car l'endroit destiné au travail dans son entreprise était sale, et elle aimait pouvoir travailler sans l'œil d'un supérieur la regardant et la draguant. Elle était une forte tête, ne s'était jamais remariée. Elle faisait énormément de sport en club, mais Ana n'avait pas hérité de sa force physique, surtout pas en endurance. Ana décida de sortir de sa chambre où elle préparait son sac de classe pour répondre à son appel : « Quoi maman ? Pourquoi m'as-tu appelé ? » Elle dévisagea sa mère. Elle tremblait et pleurait en sanglotant très fort. Une lettre était ouverte sur la table. Ana se rapprocha de sa mère, inquiète. Avait-elle été licenciée ? Ou avait-elle appris la mort d'une de ses vieilles dames avec qui elle avait sympathisé. « Mais qu'est-ce que tu as, maman ? » Sa mère ne répondit pas. À la place, elle se cacha les yeux, et gémit. Ana devint très, très inquiète. Cela devait être grave. Sa mère ne pleurait jamais, c'était une forte tête. Alors la voir pleurer lui bouleversait le cœur. Elle allait avoir elle aussi l'envie de pleurer. Les larmes lui montaient déjà aux yeux. Elle ne tardèrent pas à tomber. « Arrête de pleurer, maman ! C'est contagieux ! Et pourquoi pleures-tu ? » Sa mère renifla et répondit, tout en pleurant encore, d'une voix désespérée, comme si personne ne pouvait y changer : « C'est... snif... ton père... ce salaud... celui qui m'a... » Et elle repartit pour une crise de larmes. Son père ? Elle ne l'avait jamais vu. Pourquoi diable sa mère l'évoquait-il dans son récit ? Il voulait revenir ? « Qui m'a larguée... reprit sa mère. Il... Il veut avoir ta garde... Il veut te prendre chez lui ! » Quoi ? Son père avait laissé sa mère car il ne voulait pas d'enfant, et maintenant, il la demandait ? C'était trop fort ! Elles iraient toutes les deux voir le juge, et l'affaire serait vite réglée, illico presto, comme pour les pizzas. Elle voulait rester avec sa mère. Absolument. Elle devait rester avec sa mère, car elle était sa seule famille, n'ayant pas de grands-parents. Et puis, pourquoi irait-elle chez un inconnu ? Après tout, elle ne le reconnaîtrait pas : sa mère avait brûlé toutes photos, lettres, preuves de leur amour. Seuls les souvenirs de sa mère restaient. Et encore, elle faisait tout pour l'oublier. Il avait détruit ses rêves de vie commune. Elle le haïssait maintenant, le traitant de tous les noms. C'était son seul point faible. Alors si elle la perdait, elle estimerait qu'il était encore pire que ce qu'elle imaginait. Et elle craquerait. Elle serait capable de fouiller ciel et terre pour la retrouver et le tuer, tellement sa haine était grande. Alors, il fallait que son père évite de la provoquer. « Ne t'inquiète pas maman, on ne se laissera pas faire ! On sait mordre, nous aussi ! Il ne m'emmènera pas ; je resterai avec toi ! Tu es ma mère et je t'aime, il est mon père et je le haïs ! Il est logique que je reste avec toi ! Il peut toujours rêver, je ne viendrai pas chez lui ! Jamais ! C'est chez toi que je vis, pas chez lui ! Sa maison ne sera jamais la mienne, et tu le sais. Tu sais que je reste souvent sur mes décisions, celle-là est irrévocable ! » Sa mère essuya ses pleurs. Elle l'enserra dans ses bras. Ana sentait qu'elle avait besoin de réconfort. Elle resta immobile, pendant que sa mère l'étranglait à moitié. Après deux minutes, elle demanda, tout doucement : « Euh... tu peux me mâcher, s'il-te-plaît ? » Elle avait peur qu'en se dégageant toute seule, elle la blesse dans son amour-propre, alors elle avait préféré le lui demander gentiment. Mais sa mère ne fit que la serrer plus fort, dans une crise de larmes. Il semblait qu'elle croyait que c'était la dernière fois qu'elle la voyait. Ana s'inquiéta. Et si son père l'emmenait réellement chez lui ? Et si elle devait quitter sa mère, forcé par son père qui lui était encore inconnu. Mais plus pour longtemps, lui souffla une voix dans sa tête. Elle sursauta, se détachant involontairement de sa mère. Ce n'était pas elle qui avait pensé cette phrase. Elle ne supportait pas quand cette voix lui parlait, depuis toute petite. La première fois, c'était pour lui dire qu'Alexandre, en CP, ne voudrait pas sortir avec elle. Elle l lui avait demandé quand même, mais il avait refusé. La voix avait tout le temps raison. Alors si elle lui disait que bientôt elle allait voir son père, elle devait avoir raison. Elle maudit la voix, et se reconcentra sur sa mère : « Maman, pourquoi crois-tu que j'irai avec mon père ? Il n'y a aucune raison. Je ne veux pas. Je ne peux pas. Je pourrai le voir, mais c'est tout. Pas lui parler. » Sa voix lui souffla qu'elle mentait. Elle préféra l'ignorer. Sa mère ne parlait pas. Elle se cachait les yeux. Tout d'un coup, Ana remarqua que sa mère ne pleurait pas des larmes. Mais du sang. Ana s'inquiéta. Dix secondes avant, elle était normale. Mais maintenant, ce n'était plus la même. Elle pleurait du sang. « Maman ? Demanda-t-elle. Tu vas bien ? Pourquoi pleures-tu du sang ? » Sa mère ne répondit pas, mais s'effondra littéralement sur son fauteuil. Ses mains quittèrent son visage, et Ana put apercevoir... Du sang. Que de cette substance, sortant de tout son visage. Ana comprit qu'on ne pouvait rien faire pour elle. Elle n'avait pourtant pas de couteau pour se suicider. Alors comment était-elle morte. Les larmes inondèrent son visage. Elle prit la lettre, sur le bureau, et essaya de la lire, en vain car ses larmes empêchaient la lecture. Elle se sécha ses yeux, devenus tous rouges. Elle prit un mouchoir du packet sur la table et se moucha, car son nez était devenu tout rouge en pleurant. Elle put enfin lire, malgré quelques larmes rebelles. La lettre était courte. À peine quelques lignes. Monique, Je viens prendre ma fille. Dis-lui de préparer ses affaires. Je pense qu'il est temps pour elle de me rencontrer, et d'aller à l'USF. Je me chargerai de ses affaires scolaires. Qu'elle ne laisse rien qui pourrai lui être utile, je ne repasserai pas deux fois ici, quand à elle, je ne pense pas qu'elle reviendra avant longtemps ici. Si tu ne lui dis pas qui je suis, les raisons pour lesquelles je viens la chercher à ta fille, je suis en regret de te dire, je n'ai pas le choix, que tes secondes seront comptés (300 exactement, j'aime les chiffres ronds). Le compte à rebours a commencé quand tu as ouvert la lettre, alors dis-lui vite la vérité. Sa vérité. Et ne tâche pas de la garder avec toi, ce serait dangereux et pour toi et pour elle. Je passerai à dix heures, donc ne l'emmène pas au collège. P.S. : Je te fais confiance, donc dis-lui la vérité. Niddle Ride (Hervé) Pourquoi son père signait-il Niddle Ride au lieu de son vrai prénom, Hervé ? Après tout, il ne s'agissait pas de son vrai nom, car en réalité il s'appelait Hervé Gulliard. Rien à voir avec ce nom anglais qui n'existait dans aucun annuaire, elle en était certaine. Ana ne comprenait pas. Sa mère ne lui avait jamais rien appris de lui. Elle ne lui connaissait que son vrai nom. Mais maintenant qu'il surgissait dans sa vie, elle devait comprendre pourquoi. Mais pas question de venir à lui comme ça ! Elle irait au collège, et si jamais on l'appelait à la vie scolaire, elle n'y irait pas. Alex était totalement sorti de son esprit mais elle irait en permanence, car si son père venait en avance, elle se ferait piéger. Elle serait en retard d'un quart d'heure et devrait attendre une bonne demi-heure avant que les portes ne rouvrent à neuf heures. Elle irait de l'autre côté du collège pour attendre la réouverture des portes de son collège, caché derrière deux murs. La Cachette avec son C majuscule. La cachette des filles de sixième D. Assez petite, pas très large, Ana y allait souvent, car elle y rencontrait toutes les filles de sa classe et elle pouvaient bavarder en secret. Et si elle y restait toute la journée ? Son père se douterait qu'elle serait allée au collège, et dans la Cachette, elle serait en sécurité. Mais seule, malheureusement. Enfin... Nana accepterait de sécher les cours, même si en dépit de leur très grande amitié, Ana ne lui dirait pas pourquoi elle séchait (pour la première fois) ce jour précis. Les autres filles refuseraient de ne pas aller en cours pour se faire crier le lendemain par les professeurs et le soir par les parents. Mais Ana n'avait malheureusement rien à craindre de sa mère. Elle ignorait de quoi elle était morte. Cela semblait de la magie. Elle ne comprenait pas sa mort, alors que quelques secondes elle vivait bien. Elle ne voulait pas appeler les pompiers, car elle pourrait être jugée coupable. Elle avait peur de la justice comme des araignées. Elle en avait la phobie, en fait. Elle avait peur d'aller croupir en prison à cause d'une mauvaise note suite à qu'elle n'avait pas bien appris sa leçon. Elle préférait donc se taire au sujet de la mort de sa mère, même devant ses meilleures amies. Après tout, ce n'était pas leur affaire mais celle entre elle et son père. C'était tout. Elle n'avaient pas le droit de savoir. Après tout, elles aussi lui cachaient bien des secrets. Ana sortit de sa maison, prenant les clés et fermant la maison à double tour, sachant bien que cela n'arrêterait pas son père, au contraire, cela le rendrait plus enclenché dans sa recherche. Elle alla au collège en marchant, faute d'y pouvoir aller en voiture, le plus vite possible. Elle n'avait pas des chaussures de sport mais des ballerines, qui lui faisaient des ampoules car elle marchait vite. Son slim et sa veste sur son T-shirt lui faisait chaud, à la vitesse où elle avançait. Elle aurait dû mettre un short avec un débardeur et laisser sa veste dans son sac, mais elle ne voulait pas s'arrêter et perdre ici quelques précieuses secondes à mettre sa veste à carreaux dans son sac. Elle se pressait et elle n'avait jamais marché si vite. Elle devait battre tout les records, là ! Elle se rapprochait du collège et reconnut la Cachette, qui était sur le chemin, à cent mètres à peine du collège. Elle y alla. Il n'y avait personne, comme elle s'y était attendu. Elle posa son sac. Pourquoi l'avait-elle pris ? Cela l'avait dérangé sur le trajet. Et pour sécher, elle n'en avait pas besoin. « Tu n'en auras plus jamais besoin, lui souffla la voix. Tu n'entreras plus dans ce collège pour travailler. Ni pour autre chose » La voix ne lui disait que des choses désagréables. Elle aurait bien aimé s'en passer. Après tout, pour ça... Elle n'en avait pas besoin. Elle la chassa de son esprit et... attendit. Elle n'avait que ça à faire. À neuf heures, personne ne vint. Elle dut attendre dix heures pour qu'arrivent les filles de sa classe. Olivia, cette peste à côté d'elle en arts plastiques, qui était la fille la plus collante de tout son collège. Elle discuta un peu avec elle, car Olivia lui posait des questions pour savoir comment elle la trouvait, avec ses bottes noires à talons, mais à regret, voulant l'assassiner, elle avec ses discours incessant monologues. Quand ses meilleures amies arrivèrent, elle annonça sa décision de sécher les cours. En entendant qu'elle allait ne pas aller en cours pour la première fois, Olivia lui annonça qu'elle resterait avec elle toute la journée dans la cachette, vu que Nana ne voulait pas la suivre dans sa « bêtise ». Et puis, Olivia prétendait qu'elle avait déjà séché des cours qu'une fois, l'année dernière, en classe de CM2, alors elle pensait que le refaire au collège serait différent et qu'être plusieurs les rassureraient un peu contre les punitions le lendemain, quand ils se présenteraient au collège. C'est à ces moments là où Ana avait envie de l'étrangler, car elle avait manqué beaucoup de cours, contrairement à ce qu'elle prétendait. : la Cachette en avait été témoin. Durant ces moments de séchage de cours, elle décorait la Cachette avec des œuvres d'arts qui les faisaient éclater de rire, une fois tout le monde revenu à la Cachette. Elle changeait régulièrement la décoration, toujours en scotchant ses magnifiques dessins dignes de maternelle aux murs qui formait la Cachette. Ana n'aimait pas Olivia, mais elle adorait ses dessins avec leur sens de l'humour. Alors quand elle avait dessiné un zèbre avec un crayon vert et jaune, elle n'avait pas pu retenir son fou rire. Nana fut très méchante avec elle jusqu'à la sonnerie où elle et les autres partirent dans le collège, ne lui adressant pas son habituel « Ba-bye ! », préférant lui faire une grimace, Elle lui voulait qu'elle n'aille pas en cours et préfère sécher avec Olivia. Comme si elle avait voulu qu'il y ait Olivia ! Elle était la seule à être restée, à son plus grand désespoir. Elle aurait préféré être vraiment seule qu'avec elle, qui lui racontait sa vie sans aucune gêne, racontant la mort de son chat, qui lui faisait rappeler celle de sa mère. Elle ravala sa salive et s'empêcha de pleurer, réfléchissant à ce qu'elle ferait ce soir. Elle devrait aller chez Aline, car elle la prendrait sans téléphoner chez elle. Or si elle se rendait compte que sa mère ne téléphonait pas, elle se dirait qu'elle la cherchait, elle, sa fille, et la renverrait chez elle (à pied, en plus). Elle voulait dormir chez elle, alors, ça dérangerai un peu le plan qu'elle téléphone chez elle. Et peut-être qu'il y aurait son père... Elle frissonna. Elle écoutait d'un air vague Olivia, qui, remarquant qu'elle ne répondait qu'en murmurant, préféra raconter des choses autres que la mort de son chat. « Finalement, il vaut mieux aller en cours, ici, on s'ennuie quand on n'est que deux. » Surtout avec Ana, qui restait immobile, devait-elle penser. Elle était insensible au monde qui l'entourait. Une parfaite statue. « Comment on mangera ce midi ? Je n'avais pas prévu que j'allais rester avec toi, tu aurais pu l'annoncer hier, et j'aurai pris un peu d'argent. On mangera quoi ? Tu as des sous avec toi ? » Non, elle n'avait rien emporté, et de toute façon, c'était soit téléphone soit argent de poche et elle avait choisi d'avoir son propre téléphone portable, donc elle n'avait pas d'argent à elle chez elle. Elle aurait pu piquer de l'argent à sa mère, mais elle n'y avait pas pensé. Et elle n'allait pas rentrer chez elle avec Olivia, d'une part, il devait y avoir son père, d'autre part, Olivia ne devait absolument pas voir le... cadavre de sa mère. « Non, je n'ai rien pris à manger et je n'ai pas d'argent sur moi. Tu peux rentrer en cours à midi pour pouvoir manger à la cantine, moi je reste ici. » Olivia la regarda en faisant exprès de loucher. Ana ne put s'empêcher de rire. Elle était drôle, mais tellement bavarde ! Elle n'avait qu'un seul muscle qu'elle ne savait pas contrôler : sa langue ! Ana pouffa. Olivia sourit, et se lança dans un long, très long monologue sur les poubelles aux collège, et le gaspillage à la cantine. Ana répondait avec des « oui» et des « non ». Elles avaient discuté ainsi pendant deux heures et même plus, et elle n'avait même pas remarqué l'ouverture des portes du collège à neuf heures, ni même à dix heures, car la voix d'Olivia lui faisant oublier le bruit des élèves entrant dans le bâtiment. Olivia avait une voix... hypnotique. Comme un serpent, une fois choisie, la proie subissait son influence, qu'elle le veuille ou non. Ana ne pouvait s'empêcher d'écouter, même si elle ne le voulait pas. Olivia lui posa tout-à-coup une question hors-sujet, qu'Ana aurait voulu ne pas entendre : « Ana, pourquoi tu sèches aujourd'hui précisément ? Je pense que tu n'avais pas prévu. - Comme ça, mentit Ana d'un trait. J'ai le droit, non ? Après tout, je ne t'ai pas poussé à rester avec moi. C'est toi qui a insisté pour rester. » Ana se mordit la langue. Elle n'aimait pas mentir. Elle évitait de dire des mensonges, mais là, elle ne pouvait pas lui dire la véritable raison ; elle ne voulait pas qu'Olivia ne tombe dans les pommes de sa faute. Après tout, elle ne saurait pas expliquer la mort de sa mère à Olivia. Elle ne voulait pas. Pareil pour toutes les autres filles qu'elle connaissait. Elle ne le dirait même pas à un psy. Après tout, ça ne les concernait pas. Cela ne la regardait qu'elle. Et son père. Olivia la regardait d'un œil soupçonneux. Que lui voulait-elle ? La raison qu'elle n'aille pas en cours ? Elle l'avait. Enfin, elle avait le mensonge et devrait s'en contenter. « Ana, pourquoi tu mens ? » demanda-t-elle enfin, après vingt secondes de silence. Ah ah. Elle avait remarqué que ce n'était pas la vérité. Et bien, tant pis, elle n'en saurait rien. Elle était libre de ses réponses, c'était dans ses droits. Alors elle ne saurait rien. Elle voulait lui répondre mais elle aperçut une petite voiture grise. Ce devait être son père. Elle ne voulait pas sortir de la Cachette le demander au conducteur, car la Voix lui disait que c'était bien lui. Son père. Elle ne revit pas la petite voiture grise aller d'en l'autre sens, et s'inquiéta. Si elle ne le voyait pas, soit il continuait dans la direction qu'il avait prise, ce qu'elle ne croyait pas, vu que la petite route serpentait jusqu'à la décharge, ou alors il la cherchait dans tout le collège. Et s'il devinait qu'elle se cachait juste à côté ? Ana eut envie de vomir. Olivia se remit à parler : « Ana ? Tu vas bien ? Tu veux que je t'emmène au collège voir l'infirmière ? » Ana frémit. Surtout pas ! Elle voulait l'emmener dans la gueule du loup ou quoi ? Son père devait, enfin était là-bas, et si elle entrait dans le collège, ce serait la dernière fois. Et puis, la Voix avait dit qu'elle n'entrerai plus jamais dans le collège, et elle avait toujours raison. Il ne fallait pas la contrarier, et rester sage quand on l'entendait, pour éviter de se prendre un râteau, ou de recevoir une tarte de la part de sa mère (un monsieur d'une trentaine d'année allait souvent chez sa mère, sa Voix lui avait dit qu'il était l'amoureux de sa mère mais qu'il ne fallait pas lui demander, mais un soir qu'il était invité à dîner, elle le lui avait demandé, et sa mère l'avait giflée). Sa mère... était morte. Elle pouvait faire tout ce qu'elle voulait, cela ne changerait pas.. Elle se remit en forme, voulant qu'Olivia arrête ses soupçons avant qu'elle soit démasquée : « Ça va, Olivia. Ne t'inquiète pas. C'est déjà passé » Olivia la dévisagea durant une longue minute, puis lâcha : « Des fois, tu es vraiment bizarre, Anabella. » Quand on l'appelait Anabella, c'était pour l'énerver, car Ana n'aimait pas son long prénom. Elle aurait préféré s'appeler Nana, comme sa copine, même si elle n'aimait pas vraiment ce prénom, trop... fille. Elle fit comme si elle n'avait pas entendu. Après tout, elle n'allait pas se mettre en colère pour si peu. Elle pouvait ignorer Olivia, il suffisait juste de boucher ses oreilles, et hop ! Plus de discours incessant de sa part. Elle serait enfin dans un profond silence. Mais Ana voulait le sens de l'ouïe pour savoir quand sortirait du parking du collège la petite voiture grise. Elle ne regardait que dans cette direction, l'entrée de la Cachette. Mais elle ne voyait que des voitures allant dans l'autre sens, et cela ne l'intéressait pas. Il était bientôt onze heures, et des filles de quatrième discutait à l'entrée de la Cachette de leurs chaussures de marque, de dernière mode. Cela l'agaça prodigieusement, car cela la déconcentrait des voitures qui arrivaient et partaient. La sonnerie annonça l'ouverture des portes pour les élèves commençant à onze heures. Tout le monde entra, et le boucan partit. Elle voyait les voitures des parents s'en aller petit à petit, mais pas celle de son père. Elle sortit la tête de la Cachette et l'aperçut sur le parking. Il n'y avait aucune autre voiture. Seulement celle de son père. Elle voulait s'approcher, vérifier qu'il s'agissait bien de celle-là, mais elle pensait que cela la ferait suspecte pour Olivia. Elle décida de l'emmener avec elle au parking. « Viens », dit-elle à Olivia. Olivia sortit, et Ana se dirigea vers le parking, surveillant l'entrée du collège. Olivia ne l'avait pas suivie, mais la regardait faire le chemin la séparant du véhicule. Elle lui demanda « Qu'est-ce que tu fais ? » mais Ana ne lui répondit pas. Elle criait très fort et aussi très aigu. Ana ne courait pas, mais elle marchait le plus vite possible. Olivia devait se demander pourquoi. Elle avait des yeux interrogateurs mais ne la suivait toujours pas. Elle était rentrée dans la Cachette. Ana soupira. Elle s'arrêta, lui fit signe de venir, mais Olivia fit non de la tête. Elle ne viendrait pas. Tant pis, ou plutôt tant mieux. Elle ne la gênerait pas, avec ses bavardages incessants, pire que toutes les filles du collège réunies. Ana atteignit enfin la voiture, et étudia l'habitacle. Confortable, même s'il s'agissait d'un vieux modèle de voiture. Ana aurait bien voulu échanger la très vieille voiture des années quatre-vingt de sa mère contre cette voiture. Même si elle n'aimait pas cette couleur grise, qui lui rappelait la voiture de sa mère même si la couleur de sa voiture était plus claire, mais de toute façon, cela pouvait se repeindre, et même se taguer. Elle vit qu'il n'y avait rien sur les sièges avant et arrière, et on ne voyait pas ce que contenait le coffre. Elle essaya de l'ouvrir, mais elle était fermée à clé. Olivia avait fini par se lasser de la regarder et était revenue au fond de la cachette. Elle devait s'impatienter. Ana ne devait pas être trop longue, et elle sut qu'Olivia la bombarderait de questions si elle restait plus longtemps. Elle prit donc le chemin du retour, en courant cette fois. Elle ne regardait pas le portail du collège, et n'avait pas vu pas une personne avec la même couleur brune de cheveux en sortir et courir en sa direction. En revanche, elle sut très bien que quelqu'un la retenait par sa main.
Ana s'arrêta. On la tenait par la main, ou plutôt le poignet, et elle ne savait comment réagir. Elle voulut lui crier de la lâcher, mais l'homme la devança en lui demandant : « C'est bien toi, Anabella ? » Ana déglutit. Cet homme, c'était donc son père. Il la tenait fermement, et n'avait pas l'intention de la lâcher. Elle ne savait que répondre. Si elle lui mentait, que se passerait-il ? Il la laisserait saine et sauve ? Elle ne savait pas quoi dire. « Oui, c'est bien toi, répondit à sa place son père. Je reconnais les traits de ta mère, et nous avons bien la même couleur de cheveux, comme elle me l'avait bien dit. » Ah bon ? Sa mère lui avait parlé d'elle après sa naissance ? Mais il s'était perdu de vue bien avant ! Son père tenait son poignet moins fort, suite à ses paroles. Mais Ana, impassible, elle ne laissait aucun trait d'émotion lui traverser le visage, malgré la peur qui la traversait. Elle était une parfaite statue, semblant ignorer les paroles de son père. Sa découverte semblait enthousiasmer son père. Il souriait, il se mit même à rire. Ana n'appréciait guère ce genre de réaction. Elle n'avait pas prévu que son père réagirait ainsi. Elle pensait qu'il la forcerai en entrer dans la voiture, mais il était aux anges. Cela l'agaça prodigieusement, encore plus que lorsque Olivia ouvrait la bouche. Elle se retint de lui tirer la langue. Il n'aimerait pas. Il la lâcha, mais Ana ne s'enfuit pas. Elle était intriguée. Son père avait trente-quatre ans, sa mère l'avait eu à vingt ans. Ses parents étaient donc redoutablement jeunes, comparée aux parents d'Aline, qui avaient déjà la cinquantaine. Il paraissait être encore un étudiant. Il avait des yeux verts dont elle n'avait pas hérité. Ses cheveux, qui contrairement à elle étaient bouclés, lui formaient une cascade : ils allaient bien jusqu'à ses épaules. Ils n'étaient pas attachés mais laissés livrés au vent. Il avait une veste bleu marine et un simple jean. Ses chaussures étaient en cuir, et semblaient faites pour des cérémonies telles que mariage ou enterrement. Cela devait être du sur-mesure. Il s'était mis sur son trente-et-un, car Ana remarqua que dessous sa veste il portait une cravate, difficile à remarquer du fait qu'elle était de la même couleur que sa veste. Ana se dit qu'il ressemblait à Alexandre, le père d'Oméga. Splendide et jeune. Son père était même plus jeune qu'Alexandre. Et il mesurait dans les deux mètres. Il avait un physique de sportif. Ana regretta de ne pas avoir hérité de sa force, car il semblait capable de porter une tonne sans problème. Même beaucoup plus. Son père se dirigea vers la petite voiture grise et l'ouvrit. Ana se demandait ce qu'il fallait qu'elle fasse. Accepter son invitation d'entrer dans la voiture, et à l'intérieur, discuter tranquillement, ou alors rester dehors et exiger des explications ? Elle se dit que tôt ou tard elle serait dans la voiture et entra. La voiture était basse, et elle se demanda comment son père arrivait à conduire, avec ses deux mètres passés. Allait-il baisser la tête ? Il démarra, et il se mit vite dans la route du retour, se dirigeant vers chez elle. « Où va-t-on ? » Son père ne répondait pas. Il semblait détester rouler lentement, car il se mit à ronchonner contre les embouteillages. Ana pouffa. Il n'y avait qu'un apprenti conducteur devant, et il ne roulait pas trop lentement comparé à d'autres. Son père ignora le fait qu'il était interdit de doubler et passa devant. Comme il n'y avait plus personne, il se mit à foncer à quatre-vingt-dix kilomètres-heures, ignorant le fait qu'il était en ville. Certes, il n'y avait pas de piétons souhaitant traverser, mais Ana n'aimait pas du tout le fait qu'il roule le plus vite possible en ville, avec des policiers juste deux rues plus loin. Il freina brutalement devant un dos-d'âne, grommelant des paroles pas très poli contre lui. Son père semblait se moquer prodigieusement des limitations de vitesse, et Ana retrouva sa maison deux fois plus vite que d'habitude, son père garé devant chez elle. « Tu t'occupes de prendre tes affaires. Ta mère les a fait durant ton absence. Après, tu prendras tes affaires dans ta chambre. » Sa mère ? Mais elle était censée être morte ! La porte n'était pas fermée à clé, et elle entra sans devoir sortir la clé de son cartable. Elle le posa dans l'entrée, suivant son habitude. Elle vit sa mère venir, tirant deux valises à la fois. Ana sauta de joie. Elle était tellement contente que sa mère soit encore vivante. « Maman ! Tu n'es pas... » Ana ne put entendre la réponse de sa mère, car son père, qui l'avait suivie sans qu'elle s'en aperçoive, lui dit : « Ne t'occupes pas de ça, finalement je les prends. Va chercher les affaires à qui te tienne au cœur dans ta chambre. Tout ce qu'il y a dans ces valises, tu l'utiliseras plus tard. Je t'attends dans l'entrée. Dépêche-toi, s'il-te-plaît. » Ana remarqua qu'il était poli. C'était une bonne chose. Après tout, s'il était poli, c'est qu'il la considérait bien, et n'avait pas de mauvaises intention avec elle, du moins pas de la forcer à travailler comme certaines familles le faisaient pour leurs enfants. Après tout, c'était mieux qu'il soit poli que méchant, ou sadique. Elle avait la phobie du sadisme, et pouvait faire des nuits blanches rien que d'y penser. De plus, elle exagérait toujours les défauts des gens, la rendant très... mesquine. Nana et elle s'entendait très bien, car elle aussi avait peur des inconnus qui semblaient « avec de mauvaises intentions ». Mais à sa différence, Nana ne le montrait pas, et affrontait ses préjugés, alors qu'elle ss'y enfermait. Mais Ana n'était pas aussi forte, et préférait éviter toutes ces personnes qui lui semblaient « mauvaises ». « Ana, dépêche-toi ! Il faut qu'on soit chez moi pour le repas de midi, même avant, vu qu'il y aura des invités. » Ah bon ? Il ne devait pas habiter loin et sa cuisine à faire devait être rapide, vu que l'aiguille de l'horloge de l'entrée indiquait déjà onze heures et demie. Déjà. Elle courut à sa chambre, faisant sa valise à la va-vite, réfléchissant. Elle ne faisait pas attention aux affaires qu'elle choisissait, mettant même le pull bleu fluor qu'elle détestait tant. Et après ? Que se passerait-il après ? Reverrait-elle sa mère ? Où habitait-son père ? Ses questions restant sans réponse, elle implora la Voix de l'aider, mais celle-ci restait muette. Peut-être ne le savait-elle pas. Cela était possible, sinon elle l'aurait sûrement un peu plus renseignée. Mais la Voix était si imprévisible, prédisant toujours des malheurs, ignorant la joie. La valise de dessous son lit fut remplie pour la première fois depuis... Pour la première fois tout court. Elle regardait son bagage tout noir. Il se portait en bandoulière, et n'avait pas de roulettes. Elle le mit donc sur son épaule droite et rejoignit son père. Il discutait avec sa mère, mais sa mère n'ouvrait pas la bouche. Elle ne faisait qu'écouter, refusant de répondre. Elle aurait aimé savoir ce que son père lui disait, mais son père se tut quand il la vît, peinant sous ses affaires. Il lui prit son sac, en plus des autres valises, et sortit. Il se retourna une fois dehors, salua sa mère, et fit signe à Ana de le rejoindre. Ana voulait rester, car elle ne savait pas ce que deviendrai sa mère après. Elle voulut lui faire une bise d'adieu, mais elle était déjà repartie dans son bureau. Ana entendait le bruit des touches du clavier. Elle renonça en soupirant à aller lui dire au revoir, et rejoignit son père.
Son père était déjà à la voiture, et lui avait ouverte la porte du passager arrière, car la place de devant était celle de son sac. Elle monta sans réfléchir, se préparant à affronter la vitesse de sa conduite. Mais son père ne mit pas les clés sur le conteur. Il sortit un miroir de sa poche, et murmura quelques paroles, si faibles qu'Ana ne put les distinguer. Tout à coup, le miroir s'agrandit, jusqu'à faire plus d'un mètre sur environ soixante-quinze de largeur. Ana fit les yeux ronds à son père, mais il ne la regardait pas. Il sortit de la voiture, avec le miroir. Celui-ci s'agrandit encore, jusqu'à faire une surface en forme rectangulaire de six ou sept mètres carré, dont deux et demi de large. Il le plaça sur la voiture qui était devant, en prenant soin que le côté reflétant ne soit pas caché, mais miroitant au soleil. Le miroir était juste devant la voiture, tel un mur infranchissable. Son père entra dans la voiture, et démarra. Ana était inquiète, très inquiète. Elle ne parlait pas, mais elle avait la chair de poule. Surtout quand son père fonça sur le miroir.
Ah ah, je me venge de Bella, j'aime pas ce prénom, alors Anabella se fait appeler Ana, c'est mieux non ?
Dernière édition par Aline Shannon le Lun 15 Nov 2010 - 21:38, édité 4 fois |
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