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 Si tout était à recommencer... [Mag' x Selena]

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Muffy


Muffy


MessageSujet: Si tout était à recommencer... [Mag' x Selena]   Si tout était à recommencer... [Mag' x Selena] Icon_minitimeLun 20 Sep 2010 - 3:23

Si tout était à recommencer... [Mag' x Selena] Hu1r2f

Chapitre I : … je changerais mon attitude envers toi.



    Selena regarda sans appétit la viande de chose posée dans son assiette, à côté de… ce qui ressemblait à des pommes de terre. La nourriture était vraiment louche, ici. Depuis qu’elle avait atterrie dans cet endroit, du moins. Un endroit gris, froid, mauvais… Le Mal lui-même concentré ici. La brunette détestait cette Forteresse. Car c’en était bien une. Après trois ans passés ici, elle l’avait bien compris. Si elle pouvait partir, elle l’aurait fait depuis belle lurette. Si seulement il n’y avait pas ce maudit sort mortifère… Par tous les dieux d’AutreMonde ! Elle donnerait cher pour s’en délivrer. Sauf que c’était limite impossible. Le seul à pouvoir le faire ne le ferait pas. Ne le ferait jamais. Son ennemi. Celui qui lui avait presque tout pris. Son mari, l’homme dont l’absence lui faisait l’effet d’un coup de poignard en plein cœur. Sa fille n’avait pas encore trépassé – elle espérait bien fort que non, en tout cas – mais se trouvait… quelque part. Elle ignorait où. Jour après jour, elle souhaitait ardemment recevoir de ses nouvelles. Et sa famille… Isabella, sa mère. Manitou, son grand-père de labrador. Les reverrait-elle seulement un jour ? Impossible de le savoir. Au moins, Selena n’était pas tout à fait seule. Elle avait toujours Sambor, son Familier puma. Ils étaient ensemble. Tous deux prisonniers. Prisonniers de l’étau de la captivité. Cela pesait. Cela était un cauchemar éternel.

    Le jour tirait sa révérence, en cette journée pluvieuse. Les nuages, dehors, s’amoncelaient, cachant les deux lunes satellites. La clarté du jour cédait sa place à l’obscurité de la nuit. L’ambiance était macabre, lugubre. On se serait cru à un enterrement. Et peut-être était-ce le cas. Car des gens semblaient perdre la vie et ce, à chaque jour ici. Les… sortceliers gris, appelés aussi Sangraves, s’en fichaient bien. Une vie de plus, une vie de moins : aucune différence. On s’efforçait de ne pas mourir le lendemain. C’était tout. Quelle sombre vie ! Aucune joie sur les visages… enfin, sur ceux qui n’étaient pas masqués. Car oui, les Sangraves, pour la plupart, dissimulaient leur identité derrière un masque miroitant, changeant au gré de leurs humeurs. C’était très étrange. Tous mangeaient silencieusement. Des Nonsos se promenaient avec crainte autour des longues tables, faisant le service. Selena était seule à sa table. Elle fuyait, en fait, les autres Sangraves. Elle les trouvait trop assoiffés de pouvoir, trop sadiques, trop effrayants. Elle était carrément inutile dans cet endroit. Alors pourquoi son ennemi juré se plaisait-il à la garder prisonnière et… en vie ? En effet, les boulets, on s’en débarrassait vite, ici. Selena était presque un mystère aux yeux des autres.

    Puis, enfin, l’homme apparut. Masqué, bien évidemment. Il l’était tout le temps. Son corps musclé était vêtu d’une longue robe grise, presque noire. Et sur son torse était dessiné un cercle rouge, parfait et malsain. Un rouge très vif. L’homme était grand. Il dominait ainsi tout le monde. Et tout le monde se tut à son arrivée. En silence, il traversa la salle spacieuse et se dirigea… droit vers elle. Oh non. Encore. Elle était désolée pour lui, mais il allait derechef essuyer un autre refus. L’homme, dont le masque avait viré au bleu pâle, s’enquit, une fois devant elle :

    - Ma douce, permets-tu que je m’asseye près de toi ?
    - Non, répliqua-t-elle, agacée.

    En fait, depuis quelques semaines, l’homme commençait vraiment à s’imposer. Où que Selena aille, le pot de colle masqué la suivait. Elle essayait de lire tranquillement un livre à la bibliothèque ? Impossible, l’échalote noire la dérangeait en lui parlant. Il n’avait pas encore osé pénétrer dans sa chambre, mais elle sentait que cela allait arriver bientôt. Elle ne savait pas pourquoi… Une simple intuition, comme ça.

    - Merci, répondit-il de sa maudite voix de velours liquide, en s’asseyant à sa table.

    Selena se retint de crier de rage. Trop puéril. Mais remarquez, cela lui aurait fait du bien. Mais pour qui se prenait-il, celui-là ? Il avait beau être le chef ici, elle ne se laisserait pas faire. Elle le DÉ-TES-TAIT. Tout en lui la dégoûtait. Il était terriblement cruel. Il prenait un plaisir pervers à jouir des souffrances d’autrui. Il aimait dominer. Il était l’exact contraire de Danviou. Et cet homme démoniaque avait tué Danviou. Et elle n’avait rien pu faire ! Impuissante avait-elle été. Et toujours impuissante elle était. C’était si injuste !

    - Magister ?
    - Oui ?
    - Dégage, allez.

    Il ne réagit pas. Et tous les autres les observaient, les entendaient. Les épiaient. Super. Un moment passa.

    - Je ne vois pas pourquoi je ferais une telle chose, répondit-il enfin. Il n’y a pas d’autres places ailleurs, ma douce.
    - Tu sais très bien que je ne veux pas de toi. Va-t-en, je te dis.
    - Pas sans toi, Selena, ma douce ! s’exclama-t-il en se levant soudainement.

    Sans avertissement, il la prit fermement par le bras, l’entraîna à l’extérieur de la salle, lui faisant abandonner un repas qu’elle n’aurait de toute façon pas mangé. La traînant toujours par le bras, il l’amena loin de la salle des repas… pour s’arrêter dans un couloir sombre. Un couloir un peu en retrait. Selena ne se débattit pas. Cela aurait été inutile. Elle le savait bien. L’homme soupira d’exaspération en la plaquant brusquement contre le mur de pierre, ses deux mains gantées posées contre ses avant-bras à elle.

    - Selena, si je te dis que je suis désolé pour tout ce que j’ai fait, pour tout ce que je t’ai fait, cesseras-tu de te comporter ainsi avec moi ? demanda-t-il enfin, la suppliant presque.

    Pathétique. La brunette était certes surprise. C’était la première fois qu’il lui demandait une telle chose, aussi directement. Mais la réponse était évidente.

    - Tu n’es jamais désolé, cracha-t-elle. Ignores-tu donc ma présence lorsque tu tortures ces pauvres Nonsos ? Lorsque tu tues sans en éprouver le moindre remord ? Je te vois agir !

    Magister, une fois de plus, demeura silencieux. Elle n’avait pas tort, bien sûr. Il torturait et tuait, oui, mais parce qu’il n’avait pas tellement le choix. C’était le seul moyen de se faire obéir, ici. Et puisqu’il avait le pouvoir, on le respectait. Il la lâcha soudainement, une grimace sur le visage. Selena massa ses avant-bras, soulagée.

    - Pourquoi me… me persécutes-tu donc ainsi ? s’enquit-elle, à la fois curieuse et furieuse.
    - Je ne te persécute pas ! rétorqua-t-il, presque outré. Je ne fais que te suivre…

    Il se tut, conscient de la stupidité de ses paroles. Selena en profita pour ironiser :

    - Et ce n’est pas de la persécution, ça ? De la protection, peut-être ?
    - Tais-toi, grinça-t-il.

    Le masque avait noirci. Oups, mauvais signe. Mais elle, elle en avait marre. Elle voulait quitter cet enfer. Enfin, se défouler, plutôt, parce qu’elle ne risquait pas de quitter ledit enfer en disant ce qu’elle allait dire :

    - Je te déteste, tu ne peux pas savoir à quel point ! QUI t’aimerait, hein, dis-moi ? Tu fais du mal aux autres sans relâche et je te hais pour tout ce que tu as fait et tout ce que tu es, t’entends ?

    Elle vint pour le gifler, pour lui montrer à quel point sa colère et sa haine étaient grandes, mais il fut plus rapide. Il leva la main et la gifla, elle. Violemment. À tel point qu’elle vacilla, manquant de chuter. La joue rouge, elle le regarda, surprise. La main encore dans les airs, Magister siffla :

    - Moi aussi, je te hais. Continue de me défier, Selena, et bientôt, tu pourras rejoindre ton bâtard d’époux !

    Il tourna les talons, la laissant plantée là. Quoi ? C’était tout ? Il ne la faisait pas souffrir pour cet affront ? Pas qu’elle s’en plaignait, remarquez. C’était juste inhabituel. La jeune femme massa sa joue endolorie – il n’y était pas allée de main morte – puis se releva lentement. Projetait-il vraiment de l’éliminer, comme il l’avait implicitement menacée ? Cela semblait… impossible. Car si c’était bien le cas, pourquoi ne pas lui avoir administré la correction de sa vie ? Pourquoi avait-il passé l’éponge cette fois ? Peut-être voulait-il se montrer gentil. Ah, et puis non ! Cela ne collait pas ! Magister, gentil ? Ha, ha !

    Elle longea le corridor, décidée à passer la soirée confinée – rien de bien nouveau là-dedans – dans sa chambre. Comme Magister était parti dans la direction opposée, elle ne risquait pas de le croiser. Heureusement. Puis, elle arriva dans ses appartements situés… eh oui, juste à côté de ceux de Magister. Génial. La soirée allait être sympa. La jeune femme, soupirant, se coucha sur son grand lit, éreintée. Finirait-elle par s’échapper de ce calvaire ? Cela semblait tellement… utopique. Peu à peu, ses paupières s’alourdirent. Elle plongea dans les bras de Morphée. Puis
    rêva.
***

    Elle se trouvait dans une foule. Une foule dense et compacte. À Omois ? Au Lancovit ? Aucune idée. Il ne s’agissait que d’une grosse foule de gens qui piaillait comme des pies. Pfft. La jeune femme brune s’avança, perdue. Désorientée. Puis, soudain, elle le vit. Un grand homme blond. À une dizaine de pas d’elle. Oh, elle le reconnut aussitôt. De longs cheveux blonds, fendus d’une mèche blanche, trahissant clairement ses origines. De beaux yeux bleu clair. Et une peau qu’on avait envie de toucher, de caresser… Elle sut de qui il s’agissait rien qu’en voyant sa silhouette. Danviou. Selena, folle de joie, vint à sa rencontre, en hurlant comme une dingue :


    - Danviou, Danviou, mon chéri ! C’est moi ! C’est moi, Selena !

    Mais lorsqu’elle arriva près de lui, Danviou la regarda, avec un regard horriblement haineux. Il cracha, furieux :

    - Maudite sois-tu, Selena Duncan !
    - Mais… ? s’étonna la brunette, blessée par le comportement de Danviou.
    - Je te hais, pauvre idiote. Qui donc t’aimerait? Tu es si faible. Si naïve.

    Selena recula, choquée. Mais que lui disait-il là ? Il ne l’aimait donc plus ? Elle ne comprenait pas. Elle étouffa un gémissement de douleur. Meurtri, son cœur était meurtri. Elle se recroquevilla sur elle-même, résistant à la tentation de tomber à genoux, ce qui ne faisait pas très digne. Puis, enfin, le rêve prit fin.

***



    Selena ouvrit les yeux. La nuit était maintenant fort avancée. Ou, du moins, le pensait-elle. La jeune femme se dressa sur son séant, perdue. Ce n’était qu’un rêve. Un songe. Un cauchemar. Mais qui lui avait fait comprendre l’étonnante vérité : Magister l’aimait. Voilà pourquoi il ne l’avait pas « châtiée » pour ses dures paroles. Voilà pourquoi il la suivait partout. Il l’aimait. Follement. Aveuglément. Désespérément. Quant à elle… Partageait-elle ses sentiments ? Pas vraiment. Elle le détestait. Mais entre l’amour et la haine, disait-on, il n’y avait qu’un pas. C’était vraiment mélangeant. Vers qui pouvait-elle se tourner ? Personne. Sambor, qui avait passé la journée dans la chambre, dormait à présent. Il ne pouvait pas la réconforter et elle ne voulait pas le réveiller. Que faire ?

***



    Hésitante, elle finit par se lever. Puis sortit hors de sa chambre. Ses longs cheveux bouclés étaient dépeignés. Elle n’avait guère fière allure. Mais elle s’en moquait. C’était le cadet de ses soucis. Ce qu’elle avait à faire… était assez difficile. Oserait-elle le faire ? Il lui avait fallu une bonne heure pour le comprendre. Mais, au fond, avait-elle le choix ? Tout était de sa faute, d’une certaine façon. Sa bonne nature, si gentille et généreuse, lui dictait d’aller parler à Magister, d’essayer de se faire pardonner. Et c’est ce qu’elle ferait. Certes, cet homme lui déplaisait au plus haut point. Mais elle avait été méchante avec lui. Elle ressentait donc la nécessité d’avoir une bonne conversation avec lui. Et s’il l’aimait vraiment, il l’écouterait. La jeune brunette arriva devant la porte des appartements de Magister. Les géants qui guettaient cet endroit de la Forteresse la connaissaient, aussi la laissèrent-ils faire ce qu’elle voulait. Selena, donc, cogna à la porte, puis s’annonça :

    - Selena Duncan souhaite parler à Magister !

    Un inquiétant silence tomba. Chiotte. Était-il là, au moins ? Les géants ne parlaient jamais, ce qui n’était pas pratique, pratique. Au moment où la mère de Tara allait rebrousser chemin, des bruits de pas se firent entendre, derrière la porte. Ah, ha ! Puis, la porte, doucement, s’ouvrit, mais pas en entier. Seule la tête masquée de Magister apparut. Selena s’attarda sur ce masque. Bon sang, comment pourrait-elle aimer un jour cet être immonde ? Elle grimaça, étrangement gênée, puis le salua, en baissant la tête :

    - Bonsoir Magister.
    - Qu’est-ce’ tu veux ? demanda-t-il, apparemment de mauvaise humeur.
    - Euh, te parler, si tu le veux bien, répondit-il, en levant un peu la tête.

    Elle constata que la couleur du masque oscillait entre le bleu et l’orange. Ha, ha. Joie, curiosité et agacement. Elle ignorait si c’était bon signe. Ou pas.

    - Me parler ? Ou encore me dire que tu me hais ?

    Selena ne pipa mot. Elle percevait, malgré elle, toute la tristesse qui émanait de lui. Il était chagriné, cela était clair. La femme, donc, sourit tristement, puis ouvrit doucement la porte qu’il tenait à moitié fermée. Il la laissa passer, muet. La femme se laissa tomber dans un grand divan – noir. Et lui s’assit à son côté, regardant ailleurs. Selena hésita. Comment aborder le sujet ? Et puis, avait-elle eu tort de venir jusqu’ici ? Non. C’est ce que sa petite voix intérieure lui avait dit, alors elle était venue. Et elle ne partirait pas tant que cette affaire ne serait pas réglée. Selena fut directe :

    - Je regrette ce que j’ai dit. Je ne te hais pas tant que cela.
    - Va falloir apprendre à mentir de manière plus convaincante, Selena, jeta froidement Magister.
    - Je..., commença-t-elle, prenant conscience de ce qu’il venait de dire.
    - Tu me hais, et c’est très bien comme cela, la coupa Mag’. La haine donne le pouvoir, la puissance. Et être puissant, c’est gagner. C’est survivre.

    Selena, choquée, s’insurgea vivement :

    - Oh, Mag’ ! Mais je n’en veux pas, du pouvoir, ni de la puissance !

    Il ne releva pas le « Mag’ », mais se tourna vers elle. Les yeux dans les yeux.

    - Que veux-tu, alors, douce Selena ? chuchota-t-il, de sa magnifique voix.
    - Je veux… Je veux revoir ma fille, Tara. Je veux serrer Danviou contre moi. Je veux quitter cet endroit maudit. Peux-tu le comprendre ?
    - Bien sûr. Sauf que c’est impossible. Et tu le sais. Tu n’es pas la seule qui voudrait revenir dans le passé, Selena, et revoir ceux qui sont partis.

    Selena soupira, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir. Elle le trouvait vraiment complexe, ce type. Un jour, il voulait tuer tout le monde. Un autre, il voulait revenir dans le passé. Pour ne pas s’aventurer dans les méandres de cette route, elle fit bifurquer la conversation vers… l’incident de ce soir.

    - Pour tout ce que je t’ai dit, tu dois vraiment m’en vouloir. Tu dois me détester.

    L’homme masqué approcha son visage du sien. Selena retint un mouvement de recul. Le masque était juste à quelques centimètres de son visage. L’homme souffla :

    - Je ne te déteste pas, Selena.

    Alors là, il l’avait surprise, parce qu’elle écarquilla les yeux et sa bouche s’entrouvrit. Mais elle se reprit bien vite et, toute étonnée, dit :

    - Euh, ah bon ? Pourtant, tout à l’heure, tu…

    Elle n’acheva pas sa phrase. De toute façon, il avait très bien compris ce qu’elle voulait dire. En fait, lui-même avait de la difficulté à se comprendre… ce qui était dingue. Il n’avait pas aimé ce qu’elle lui avait crié et, sous l’influence de la colère, l’avait frappée. Il avait aussi déclaré la détester. Ce qui était faux. Oh, tellement faux ! Le comprenait-elle, cela ? Sûrement pas. Pas encore, du moins.

    - Je ne pourrais pas te détester. Je préférerais m’arracher le cœur à mains nues.

    Selena retint sa respiration. Ce qui venait de dire confirmait ce qu’elle pensait. Oui, il l’aimait. Elle ne savait pas vraiment comment réagir. Elle était mitigée entre l’amour et la haine. Oh, jamais elle ne pourrait vraiment l’aimer. Mais si, pour une fois, il se montrait sincère, peut-être pourrait-elle lui pardonner. Pour cela, elle verrait plus tard. Pour l’instant, elle appuya sa tête contre son épaule, enroula son bras de ses mains et dit, avec un sourire (avec un sourire ? Elle était folle !) :

    - Alors, ne me déteste pas. Et fais-moi le plaisir de ne pas t’arracher le cœur… Quelle mort atroce !

    Magister s’était immobilisé lorsqu’il l’avait sentie se coller à lui. Un sourire béat sur le visage, il soupira de bonheur. Il ignorait franchement ce qui s’était passé entre leur petite altercation et maintenant, mais il appréciait à sa juste valeur ce retournement de situation. De son autre main, il lui leva la tête, caressa avec passion la joue, la même joue qu’il avait frappée. Il hésita quelques secondes, puis rapprocha son visage du sien. Il posa ses lèvres sur sa joue, lui transmettant toute la force de son amour. Selena ne broncha pas.

    - Je t’aime, Selena Duncan, lui avoua Magister, tout simplement, de sa voix fluide et… amoureuse.

    Selena ne répondit pas. Ne sourit pas. Ne le regarda pas. Mais ne s’éloigna pas de son corps chaud et musclé.

    À suivre…

    Évidemment, tous les personnages, endroits, trucs, appartiennent à la princesse Sophie Audouin-Mamikonian. Excepté le contenu de la fanfiction, on s’entend. Y’a que moi pour penser à ces trucs-là. Enfin, non. Y’a que moi pour les écrire, parce que c’est sûr que y’a des gens qui y ont déjà pensé… (Hein, Leechy ? <3)

    Pour tout commentaire, c’est soit par MP, soit par Msn, soit par ChatBox, soit par boule de cristal (parce que le topic est verrouillé, vous pouvez pas répondre, oh nooooooooon !) Bref, Merci (avec un grand M) d’avoir lu le premier chapitre ! <3 À très bientôt !

    Muffy, le Muffin Brunâtre, Cannibale, Psychopathe, Pervers, Télépathe & Poétique.

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Muffy


Muffy


MessageSujet: Re: Si tout était à recommencer... [Mag' x Selena]   Si tout était à recommencer... [Mag' x Selena] Icon_minitimeVen 15 Oct 2010 - 21:38

Si tout était à recommencer... [Mag' x Selena] Hu1r2f

Chapitre II : … je désactiverais les sorts que je lance.




    La lumière chaleureuse du matin traversa la fenêtre, puis caressa son doux visage. Couchée en boule dans un lit… inconnu (comment cela ?), Selena Duncan s’éveillait peu à peu. Elle cligna des paupières. Oui, c’était bien ce qu’elle pensait : ce n’était pas sa chambre ! Oh non. Que s’était-il passé ? Elle redoutait… que son ennemi l’ait agressé durant la nuit. C’était assez improbable, certes. Mais bon. On ne savait jamais, avec lui. Et puis, si elle ne se trompait pas, c’était dans la chambre de son ennemi qu’elle se trouvait actuellement. Pas de doute : tout était noir, dans cette pièce. Les meubles, le couvre-lit, la porte… Tout. Selena se dressa, se passant machinalement la main dans les cheveux, en se regardant. Ça allait, elle avait encore ses vêtements sur elle. Ben quoi ? Avec un ennemi pareil, on pouvait s’attendre à tout. La brunette était vêtue de ses vêtements de la veille : sa robe de sortcelier, non aux couleurs du Lancovit, bleu et argent, d’où elle était originaire, mais des Sangraves, soit gris. Elle détestait, mais que pouvait-elle y faire ? Pas grand-chose. Selena, une fois bien réveillée, repéra une porte en bois fort simple, au fond de la pièce ténébreuse. Où menait cette porte ? Dans un couloir inconnu, sans doute. Il n’y avait qu’un moyen de le découvrir.

    La jeune femme s’approcha avec détermination de ladite porte. Il n’y avait pas de quoi avoir peur. Car si vraiment, depuis son arrivée maudite ici, elle risquait quelque chose, le danger tardait à apparaître, hein. Donc, non, elle n’avait pas peur. Aussi ouvrit-elle carrément la porte, devant elle. Instinctivement, elle prépara un Carbonus (rien qu’au cas où), mais derrière, il n’y avait… rien. Enfin, non. Il y avait une seconde pièce. Un genre de bureau. Et là encore, il y avait du noir quasiment partout. Bon sang, il était gothique, ce type, ou quoi ? Selena, à sa grande horreur, aperçut son ennemi juré, là, assis dans un fauteuil, lisant bien tranquillement un livre ! Et dès qu’il sentit sa présence à elle, il ferma son bouquin et se leva. Il vint à elle, les bras grands ouverts.

    - Ma douce, tu vas bien ce matin ?

    Épouvantée d’un ton de voix si… familier, elle faillit succomber à la tentation de fermer la porte devant elle. Trop tard, il était rendu trop près d’elle. Selena fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas. Que faisait-elle là, et pas dans sa propre chambre, d’abord ? Et pourquoi l’homme était-il gentil avec elle ? L’homme, masqué évidemment, vint pour la serrer dans ses bras, mais elle s’esquiva, reculant vivement. Surpris, il pencha la tête de côté.

    - Qu’est-ce que tu fais là, Magister ? gronda Selena, tenant fermement la poignée de la porte.
    - Euh, je suis en train de te parler, répondit-il le plus sérieusement du monde.

    Bon sang. Il faisait vraiment exprès, ou quoi ?

    - Ma douce, tu sembles avoir oublié…

    À ces mots, il se tapa le front de la paume de sa main en échappant un râlement dépité. Secouant la tête, semblant furieux, il marmonna :

    - Chiotte, j’ai oublié, hier, de désactiver l’Amemorus.
    - Le… quoi ?

    Selena commença à taper du pied, impatiente et de mauvaise humeur. Mag’ ne répondit pas, mais se dit que la prochaine fois, il désactiverait cette… option du sort, histoire que sa victi… sa douce n’oublie pas automatiquement le contenu entier (ou presque) de ce qui s’était passé la veille le lendemain matin. Il flottait sur son petit nuage, hier. Il n’y avait pas du tout pensé. Foutu sort ! …Bon, tant pis.

    - Rien, répondit-il distraitement. Tu ne te souviens vraiment de rien ?
    - Parce que je suis supposée de me souvenir de quelque chose ? grinça Selena, avec un soupir agacé.

    Machinalement, Magister prit dans sa main une mèche des cheveux de la brunette, la tortilla, tout en répondant :

    - Oui, hier soir, tu es venue me voir. Après une petite discussion, juste entre toi et moi, ici même, je t’ai convaincue de rester avec moi pour la nuit. Nous sommes allés nous coucher dans ma chambre ; c’est là où tu t’es réveillée ce matin.
    - Non… ! gémit Selena. Ne me dis pas que… toi et moi, on a autrech…
    Magister trouva le désespoir de sa douce très amusant. Il fut tenté de répondre par la positive, mais se dit qu’elle n’apprécierait guère cette marque d’humour.
    - Hum, non, fit-il, d’une voix langoureuse. Nous nous sommes juste endormis l’un contre l’autre. Je dois dire que tu es magnifique lorsque tu dors, ma dou…
    - ARGH ! hurla la brunette, en claquant la porte… devant elle.

    Heureusement que l’homme avait de bons réflexes, sans quoi il mangeait une porte en pleine figure ! Il recula aussitôt, reprenant son souffle. Il tourna la poignée de la pauvre porte, puis entra dans sa chambre, où Selena tournait en rond, semblant sur le bord de s’arracher les cheveux.

    - Ah, cesse ce petit manège, Selena ; tu me fais peur…
    - AHH, MAIS TU PENSES VRAIMENT QUE JE VAIS TE CROIRE ?

    Mag’ se retint de se masser les oreilles, mais grimaça. Selena ressemblait de plus en plus à sa terrifiante mère, Isabella. Oui, elle faisait vraiment peur ! Il plaida, d’une voix curieusement aiguë :

    - Mais ma douce, je te le dis : tu me fais vraiment peur…
    - Nooooooon, idiot, je te parle de ce que tu m’as dit !
    - Pourquoi ne me crois-tu pas ? C’est la stricte vérité, pourtant.
    - Parce que, souffla doucereusement Selena, il se trouve que JAMAIS je ne voudrais dormir, ni faire quoi que ce soit d’autre, avec toi !

    L’homme masqué garda le silence. Que dire, d’ailleurs ? Il n’aimait pas parler pour ne rien dire. Il souffla, après un temps :

    - Ma douce, je te jure qu’hier, tu es venu ici et tu as accepté de dormir à mes côtés. De ton plein gré. Je t’assure que je ne t’ai forcée en rien.
    - Il est vrai, ce mensonge ? demanda froidement la jeune brunette.

    Magister ne répondit pas. Cette nuit avait été merveilleuse et il s’était endormi en la regardant, un sourire aux lèvres. Il se souvenait parfaitement de ce qui s’était passé. Assis sur le divan, collés l’un contre l’autre, ils avaient savouré ce moment unique. Puis, comme elle ne partait toujours pas, il avait vu cela comme une sorte d’encouragement. L’encourageant à aller… plus loin. Il avait donc approché ses lèvres des siennes, espérant, voulant, désirant y goûter plus que jamais. Mais Selena avait détourné la tête, sans se décoller pour autant. Hum, très bon signe, ça. La suite avait été plus ou moins claire. Surtout la partie concernant les intentions de Selena. Car celle-ci s’était levée, lui prenant doucement la main. Elle avait tiré, assez brusquement, lui s’était obligeamment levé (pas envie de perdre son bras, pas fou, le mec) puis l’avait attiré contre elle, lui soufflant :

    - Et si on allait se reposer tranquillement… dans un autre endroit ?

    Mag’ n’avait pas répondu tout de suite. De un, parce qu’il lui avait fallu saisir le sous-entendu. De deux, parce que Selena ne lui aurait jamais dit cela. Bon sang, était-ce bien Selena ? Il y avait de fortes chances que si, car elle lui avait dit qu’elle ne le haïssait pas tant que cela, en référence à la petite dispute qu’ils avaient eue. Or, cette petite dispute avait-elle été entendue par quelqu’un passant à proximité ? Magister estimait que non. L’endroit où il l’avait emmenée pour lui parler était désert. Quoique…

    - Ma… ma chambre, avait-il finalement dit, d’une voix incertaine (il n’était pas sûr d’avoir bien compris ce que voulait sa douce), en désignant la porte de sa chambre, jouxtant son bureau.
    - Viens.

    Euh, bah oui, hein, il n’avait pas envie de s’enraciner là ! Donc, la prenant derechef par la taille (c’était un nouveau jeu, ça ? « On se colle, on se décolle » ? Hum, curieux comme jeu), il l’avait emmenée, humant au passage sa merveilleuse odeur, la serrant contre lui. La suite promettait… Selena avait ouvert la porte, puis avait montré du menton le grand lit – noir. Enfin, le couvre-lit seulement. Car les draps étaient blancs, eux. Encore heureux. Bref, une fois la porte de la chambre fermée, Mag’ ne s’était pas gêné, comme s’il s’était retenu depuis tous ces mois – ce qui devait probablement être le cas. Il avait poussé Selena sur le lit en soupirant de désir… charnel. La jeune femme était tombée sur le dos, totalement à sa merci. Ensuite de quoi, il s’était approché, la dominant, la chevauchant. Le tout ponctué de ses halètements à lui. Et… cela avait été tout. Parce que Selena s’était écriée :

    - Mais qu’est-ce que tu fous, Mag’ ?
    - Euh… Tu n’as pas encore compris ? Pourtant, comme tu as trois enf… enfin, un enfant, cela prouve que tu l’as fait (au moins) trois fo… une fois, avec Danv…
    - Rahhhh, mais je sais ce que tu fais, je veux dire : Pourquoi ?

    On sentait la majuscule dans son ton. Et c’est là que Selena regretta pour la énième fois de ne pas voir le visage de Magister. Parce que le masque avait rosi. Et la couleur sous le masque devait sans doute être plus foncée. Genre écarlate.

    - Parce que… Parce que… Parce que… on en a envie ? hasarda-t-il, prenant conscient de sa bêtise… trop tard.
    - Noooooooon, TU en as envie ! cria Selena, en levant les bras au ciel. Bon sang, j’ai dit qu’on allait se reposer, pas que tu allais jouer le rôle d’un chien qui halète et qui vient de trouver une chienne en chaleur ! Encore beau que tu ne baves pas !

    Puis, remarquant qu’il était toujours sur elle – enfin, quelques centimètres les séparaient – elle le repoussa en ajoutant, moqueuse :

    - Allez, tranquille le chien-chien.

    Elle savait qu’elle risquait la mort en disant cela, mais comme il l’aimait, il ne lui ferait probablement pas grand-chose… de grave. Et puis, c’était bien de se venger. Huhu. Comme quoi même les brunettes super sympa’ peuvent vous faire ch… vous irriter.
    Magister avait râlé de dépit pendant une minute, couché en fœtus, lui faisant dos. Trop humilié, avait supposé Selena. Bon, c’est vrai qu’elle n’avait pas été très gentille. Et que tout ce qu’elle lui avait dit dans le salon prêtait à confusion. Alors, d’un bras, elle avait entouré le ventre de l’homme, affectueuse, lui montrant qu’au fond, elle ne lui en voulait pas. Du moins, pas trop. Magister s’était retourné, se demandant c’était quoi la « joke », encore. Mais il n’y avait rien eu d’autre. Et Selena s’était endormie contre lui. Bon, ce n’était pas ce que Mag’ considérait comme une folle nuit de passion, mais elle voulait se reposer, hein. Alors, qu’elle se repose. Tant qu’elle était à ses côtés et qu’elle voulait de lui, pas de problèmes ! Un sourire sur le visage – c’était rare – il avait fermé les yeux en appuyant son front contre le sien.
    Le lendemain matin, très tôt, il s’était levé, prenant soin de ne pas la réveiller. Et était aller bouquiner dans son bureau, tenant à l’accueillir à son réveil. Mais, et chiotte ! Il avait oublié de désactiver le sort automatique d’oubli sur sa douce et voilà le résultat ! Elle avait tout oublié, le détestait encore et… tout était à recommencer. Super. La vie était belle. Il revint au moment présent, disant d’une petite voix :

    - Je suppose que tu ne veux pas petit-déjeuner avec moi ?
    - Non.

    C’était un « non » catégorique, sec et sans espoir de devenir un « oui ». Selena, furieuse, sortit de la chambre, du bureau, pour aller… quelque part dans la Forteresse. Et maintenant, gros plan sur Magister qui se maudit de n’avoir pas désactivé le sort, chose qui lui aurait pris… trente secondes. Voire moins. Chiotte de slurk. C’était enrageant. Dire qu’il aurait amplement eu le temps de le faire avant de s’endormir. Mais non ! Lui, comme un crétin, s’était tout bonnement endormi. Grinçant des dents, l’homme masqué retourna à son bureau. S’assit à son bureau, sur le bord de la déprime. Tout allait si bien, hier. Et maintenant pfffuiit. Soudain, on cogna à sa porte. Génial, il avait vraiment envie de parler à quelqu’un.

    - Quoi ? fit-il d’une voix maussade.
    - Votre petit-déjeuner, Maître, gentil Maître, beau Maître, intelligent Maî…
    - Bon, ça va, sale boueux, entre !

    Et, effectivement, c’était bien un Mangeur de Boue, les serviteurs des Sangraves. Celui qui avait parlé s’avança, portant un plateau rempli de bonnes choses, le posa aux pieds de son Maître. Il s’inclina, en disant :

    - Bon appétit, Maître, gentil Maître, beau Maître, intelligent Maître, grand Maître, mystérieux Maî…

    Magister s’était dit que le Boueux allait peut-être arrêter s’il ne disait rien. Erreur. L’être semblait pouvoir réciter ses qualités pendant des heures. L’homme masqué, impatient, saisit le plateau, le posa sur son bureau, puis administra à la bibitte poilue un coup de pied, pile en bas du dos. Il ne pipa mot, mais le message était clair : BYE. Le Mangeur de Boue quitta les lieux en silence, ne comprenant pas trop ce qu’il avait dit de mal. Il sentait que s’asseoir, durant les prochaines heures, serait terriblement douloureux.

    Mag’ n’avait pas d’appétit. Tout ce qu’il voulait, c’était de faire comprendre à Selena qu’il l’aimait. Parce que, forcément, sa déclaration enflammée d’hier était passée aux oubliettes. Elle ne devait pas comprendre ce qui s’était passé cette nuit. Comment le pourrait-elle ? Le sort d’amnésie était puissant. La seule chose dont elle devait se souvenir était d’avoir dîné en solitaire la veille. Après, plus rien. Et elle se réveillait le lendemain dans le lit de son ennemi. Très logique, oui. Magister avait pourtant dit la vérité, cette fois, en omettant des détails, bien sûr. Qu’il avait pensé qu’elle voulait autrechoser avec lui, par exemple. Mais elle refusait de le croire. Et, de ce fait, ne pouvait comprendre le reste. Ah, dur, dur, l’amour.

    Puis, une idée lumineuse lui traversa l’esprit. En utilisant un Revelus, la scène d’hier soir, rejouée devant elle, prouverait qu’il n’avait pas menti ! Et Selena le croirait alors. Il fallait qu’elle revienne ici ! Il se frappa le front, un sourire idiot collé au visage, s’exclamant :

    - Slurk, pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ?

    Tout euphorique, il se leva, traversa la pièce, ouvrit la porte et vit un Boueux – ah, ha, le même qui avait eu le malheur de lui porter son petit-déjeuner, auquel il n’avait pas encore touché, d’ailleurs. L’être poilu recula, en sursautant. Il se retint de masser son derrière endolori, son Maître n’y étant pas allé de main morte… enfin, de pied mort ! Le chef des Sangraves l’apostropha joyeusement :

    - Boueux ! J’ai besoin de toi : cherche, puis trouve Selena Duncan !
    - Maître, puissant Maître, courageux Maître, patient Maître, gentil Maî..

    La joie de Magister fut remplacée, inexplicablement, par de l’agacement. La couleur du masque, donc, changea. L’accessoire était orange. Très vif, l’orange. Huhu, une citrouille. Donc, la citrouille masquée s’enquit brutalement :

    - Quoi… encore ?
    - Bon Maître, gentil Maître, adorable Maître, qui est Selena Duncan, Maître ?

    Mag’ se frappa de nouveau, le front, mais cette fois, de découragement, se demandant au passage ce qu’il avait fait au monde pour avoir de tels serviteurs : idiots, stupides et… énervants. Et encore, il restait dans la politesse. Il ne releva pas le « adorable Maître » (comment ça, adorable ? Il ressemblait à quelqu’un d’adorable, lui ? Décidément, les Boueux, en plus d’être bêtes, étaient également aveugles !) et le tança, patient :

    - Selena Duncan est la femme qui est partie de mon bureau peu avant que tu ne viennes me porter mon repas.
    - Mais Maître, bon Maître, comment la reconnaître parmi les autres ?

    Ah oui. Ils étaient de très petite taille, ces abrutis poilus. Ils arrivaient aux genoux de Magister, en fait. C’était là que l’expression « être aux genoux de quelqu’un » prenait tout son sens. Comme ils étaient petits… enfin, lilliputiens, ils avaient du mal à reconnaître les gens. En effet, comment reconnaître une personne dont la haute taille vous donnait le vertige ? Et puis la vue en contre-plongée qu’ils avaient des gens ne les avantageait pas. C’est pourquoi Magister, lorsqu’il voulait qu’un Boueux lui amène une personne à son bureau, s’arrangeait pour placer celui-ci (le Boueux, pas le bureau) à proximité de ladite personne.

    - Bon, tant pis. Je vais devoir la trouver moi-même, alors… ce qui évitera de me faire perdre du temps, tout compte fait, ajouta-t-il, en fixant des yeux le Mangeur de Boue.

    Ce dernier s’inclina et alla même jusqu’à baiser les bottes de son Maître, démontrant ainsi toute son affection pour lui. Mais Magister n’en avait que faire et c’est sans remords qu’il leva brusquement le pied – celui-là même sur lequel était penché la boule de poil – envoyant le Boueux… contre le mur. « Pauvre mur », pensa Mag’ avec sarcasme.

    La plupart des Sangraves étaient dans la « cafèt’ », le lieu de tous les repas, quoi. En l’occurrence : le petit-déjeuner. En fait, Magister était le seul à pouvoir bénéficier du traitement « moi, je suis antisocial et je prends mon petit-déjeuner en paix, dans mon bureau ». Donc, forcément, ses Sangraves devaient manger, à chaque repas, en groupe. Et si Selena avait un peu de bon sens, elle était partie là. Parmi les autres. Magister aurait dû le prévoir, l’anticiper. En fait, si, il avait anticipé qu’elle irait manger, mais pas qu’il la verrait assise près d’un Sangrave, trop près d’ailleurs, en train de boire les paroles dudit Sangrave. Elle était même en train de le regarder dans les yeux, une main posée sur la sienne, souriant. Un Sangrave d’ailleurs assez populaire aux yeux des autres. Dont le nom lui échappait totalement. Parce qu’il ne voyait que la main de Selena posée sur la main de l’homme. Une vague de jalousie s’empara de Mag’. Et il n’aimait pas. Oh que non. Le masque devint terriblement cramoisi. Ses poings se serrèrent. Posté pile poil dans l’entrée de la vaste pièce, il les regardait, impuissant. Il se doutait bien que s’il allait vers eux, furieux comme il l’était, et avec tous les Sangraves autour, il en aurait pour des mois et des mois, voire davantage, de commérages.

    … Ah, et puis slurk pour les commérages, potins et ragots ! Et puis, ces rumeurs seraient fondées, puisqu’il se consumait déjà pour Selena, de toute façon. Alors, déterminé, il s’avança d’une démarche raide vers le « couple » – ouah, ça faisait mal rien que de les considérer de cette manière – et se planta devant eux. Selena et Monsieur Sangrave mangeaient tranquillement et voilà que l’ouragan Magister arrivait. Assis l’un à côté de l’autre, Selena et son interlocuteur firent volte-face. Le Sangrave n’était pas masqué, aussi Mag’ put-il voir l’expression de son visage : peur, incompréhension et… peur, encore. Tout ça mélangé ensemble. Quant à Selena, elle était mitigée entre l’envie de laisser la colère l’envahir et celle de rester super calme. Finalement, elle opta pour la seconde envie. Toutefois, elle ne s’inclina pas comme Magister le prévoyait sans doute. Non, elle décida de vérifier un truc. Elle avait l’air super gentille (ce qui était d’ailleurs le cas), mais pouvait aussi se révéler aussi manipulatrice que sa mère, Isabella. Enfin, presque. Selena, donc, sourit à Magister et… fit carrément un câlin au Sangrave assis à côté d’elle. Ledit Sangrave sursauta, avec un sourire idiot sur le visage. Le masque de Magister devint alors très, très, très noir. Ah, ha. Voilà qui confirmait la théorie de Selena : son ennemi n’aimait pas qu’elle soit près de cet… disons, ami. Mais pourquoi donc ? Elle ignorait pourquoi, mais quelque chose semblait lui échapper… Elle avait l’étrange impression d’avoir oublié quelque chose. Mais quoi ?

    - Ah, euh, Maître ! Euh, Selena, elle… euh. En fait, j’ignore ce qu’elle fait, et euh, bah… Selena, recule un peu, fit-il d’une voix mesquine.

    Et il la repoussa assez brusquement, ayant sans doute remarqué la couleur du masque de son Maître et compris la raison d’une telle couleur. En fait, il appréciait beaucoup la jeune femme, mais en présence de Mag’, il était risqué de démontrer son affection à Selena… Valait mieux être cruel. La brunette s’écria :

    - Je…

    Et n’eut pas le temps d’en dire plus. Car toute la rage de Magister éclata à ce moment-là. D’un coup. Comme un ballon qu’on souffle trop.

    - COMMENT OSES-TU PARLER À SELENA SUR CE TON, SALE PETIT VER DE TERRE ! ET LA REPOUSSER COMME CELA, HEIN ? TU VAS LE PAYER CHER !

    Magister, les dents serrées, empoigna violemment le bras de l’imprudent, le tira vers lui, puis lui envoya aussitôt un coup de poing en plein visage, projetant le Sangrave contre la table avec grand fracas. Selena cria. L’homme non masqué gémit de douleur. Du sang coula de sa bouche. Mais Magister n’en avait rien à foutre. Cet effronté avait dépassé les bornes de sa patience ! Il devait donc en payer les frais. Et tant pis s’il crevait au passage. Le Maître des Sangraves bondit vers lui, en criant toute sa rage. Il plaqua l’abruti contre la table, sur le dos. D’une main, il enserra sa gorge ; de l’autre, lui envoya à maintes reprises des coups précis et terriblement puissants. Certes, il aurait pu se servir de sa magie. Mais pourquoi la dépenser alors que frapper de ses poings son rival était plus satisfaisant ? Le visage dudit rival baignait maintenant dans une petite mare de sang frais. Heureusement qu’il n’y avait pas de BSH dans leurs rangs (en fait, on va dire que Selenba n’est pas encore arrivée chez les méchants masqués).

    Au bout d’un moment, Selena se décida à agir. Il était temps. Elle était lente, celle-là. Bref, la mère de Tara, qui s’était reculée par prudence, fonça vers le chef des Sangraves, toute peur oubliée. Les autres Sangraves, qui avaient formé un cercle autour du « combat », tapaient des mains, ravis d’avoir un petit spectacle sanglant ce matin. Et gracieuseté de leur chef, en plus ! Ce tapage encourageait d’ailleurs Magister qui, emporté dans ce tourbillon de violence et d’adrénaline, avait décidé d’achever sa victime. Et puis, ce serait sans doute une délivrance pour lui, vu l’état dans lequel il se trouvait. Du visage, l’homme masqué était passé au ventre, brisant des os au passage. Cela ressemblait vaguement à un combat de gladiateurs, mais en sens unique, car un des partis n’était pas (plus) en position de se défendre. Pour en revenir à Selena, elle n’y alla pas par quatre chemins. Elle savait que parler serait inutile (bravo, la grande, pour ton remarquable sens de la déduction), aussi enserra-t-elle le corps de Magister par derrière, en criant :

    - Arrête ce carnage, je t’en supplie !

    Magister, au début, ne l’entendit pas, concentré comme il était. Mais Selena persista, l’attirant à elle, l’entraînant loin du blessé. D’ailleurs, ce geste lui rappelait quelque chose. Mais quoi ? Elle ne se souvenait pas de l’avoir serré comme ça… En tout cas ! Cela fonctionna. Mag’ tourna la tête derrière lui et aperçut le doux visage de sa bien-aimée. Et cela l’apaisa. Il respira normalement, reprenant son souffle. Les autres Sangraves, très peu solidaires envers leur camarade humilié et… saignant, se mirent à… applaudir Magister. Ce dernier haussa les sourcils. Il n’avait pas prêté grande attention à ce qu’il venait de se passer. La seule chose dont il s’était préoccupé était de blesser le plus possible son rival. Ce qu’il avait fait avec brio. Il se détacha doucement de Selena, lui avouant :

    - Je te cherchais, en fait. Et je t’ai vue, là, avec lui et je… Je… Et toi, tu…

    Selena secoua la tête, prenant conscience de l’horrible vérité. Et aussi, de ses propres sentiments… Elle empoigna la main de Magister – OK, là, ça allait faire jaser les gens, mais elle s’en fichait – et le mena… hors de la cafèt’. Docile, il la suivit, en silence. Mais avant de quitter la pièce, de l’index, il désigna le Sangrave toujours étendu sur la table et les autres Sangraves. Ce qui signifiait, en gros : « Tuez-moi ce minable. Et ne venez pas me… nous déranger, histoire d’éviter de terminer votre vie de manière aussi tragique et honteuse que la sienne, merci ».
    Selena, la main de Mag’ toujours accrochée à la sienne, monta les étages, en silence, jusqu’aux appartements de l’homme masqué. C’était là que tout allait être dévoilé. Et, même si elle l’avait devinée, elle craignait un peu la vérité. Elle s’assit sur le divan noir (le même qu’hier soir, nota Mag’). Lui à côté d’elle, en essuyant virilement la sueur qui perlait à son front du dos de sa main.

    - Tu dois me détester, hein, de t’avoir empêché de le tuer ? commença-t-elle avec ce qui ressemblait à un sourire / grimace.

    Magister avait une d’impression de déjà-vu. Il vint pour le dire à voix haute, lorsqu’il se souvint que Selena avait tout oublié. Le lui rappeler (et le croirait-il ? Pas sûr) serait forcément une mauvaise idée. Il répondit donc, répétant les mêmes mots :

    - Je ne pourrais pas te détester. Je préférerais m’arracher le cœur à mains nues.

    Sa réponse à elle fut légèrement différente, cette fois. Et plus froide.

    - Ou arracher celui des autres ?

    Magister fronça les sourcils, saisissant le sous-entendu.

    - Même s’il pissait le sang, Selena, je ne lui ai pas arraché le cœur. Néanmoins, je n’aurais pas refusé de le faire.
    - Sans moi, tu l’aurais fait, fit tristement Selena. C’est ce que je me disais, en te voyant le battre, tu n’es qu’une machine à tuer.

    Hum, le terme lui plaisait bien. Mais pas dans la bouche de Selena. Non, Selena méritait de la douceur, de la délicatesse, de… l’amour. Et c’est exactement là qu’il le comprit. La raison pour laquelle il avait été si violent. L’amour de Selena. Chiotte, il était vraiment atteint. Mais il n’avait pas envie de lutter contre cet amour. Il la voulait et il l’aurait, quoi qu’elle puisse en penser. De sa fameuse voix de velours liquide, il lui demanda :

    - Peut-être bien. Mais pourquoi, selon toi, j’ai agi ainsi avec ce Sangrave ?
    - Parce que tu étais en colère, répondit très prudemment Selena.
    - M’oui. Et encore une fois, pourquoi donc ?

    La jeune femme ne lui répondit pas tout de suite. Ainsi donc, elle n’avait pas eu tort. Sa petite voix intérieure ne lui avait pas menti. Magister l’aimait. Comment prendre cette étonnante nouvelle ? Rougissante (mais POURQUOI rougissait-elle, mer… ?), elle répondit :

    - Mais je ne le sais pas, moi !

    Magister sentait quand on lui mentait. Et Selena lui mentait effrontément. Car elle connaissait bien la réponse de la question posée. Au fond, l’embarras de sa douce était trop mignon. Le masque bleuit. Bleu azur. Wow. La couleur était vraiment… belle. C’est ce que pensait Selena. Et, sans trop y penser, s’approcha du masque. Donc, du visage de Magister. Lorsqu’elle s’en rendit compte, trop tard pour reculer. Mag’ en avait profité : il l’avait entourée, la plongeant dans un câlin très, très, très affectueux. Passionné. Selena, tremblante, avait alors serré Magister. Parce que trois ans sans affection, c’était… dur. Elle n’était pas certaine de l’aimer, cet homme mystérieux. Mais son côté princesse avait été séduit lorsque Mag’ s’était jeté sur son rival, allant presque jusqu’à le tuer. Et encore plus lorsqu’il avait cessé le combat, à sa demande. Si ce n’était pas de l’amour courtois, ça ! D’un autre côté, il demeurait le meurtrier de Danviou, son vrai amour. Vraiment complexe, cette affaire-là. Finalement, elle se décida à poser LA question. Elle connaissait déjà la réponse. Mais pour la forme, et aussi parce qu’elle ressentait étrangement le besoin de l’entendre, cette réponse, elle s’enquit, le regardant, tentant vainement de percer le secret du masque :

    - M’aimes-tu ?

    Magister faillit s’étrangler tellement cela le prit au dépourvu. Évidemment qu’il l’aimait ! Qu’est-ce qu’elle croyait ? Qu’il s’était attaqué à cet idiot de Sangrave pour s’amuser ? À d’autres ! Il s’approcha donc, ses lèvres proches des siennes, oh, délicieusement proches des siennes, pour chuchoter tendrement :

    - Depuis le premier jour, ma douce, depuis le premier jour. Comment as-tu pu penser autrement ? Oh, Selena, je t’aime, j’ai envie de toi dès que je te vois… et euh, aussi même quand je ne te vois pas. Mes pensées se tournent toujours vers toi, toujours. Et… toi ? M’aimes-tu, toi aussi ?

    Selena constata alors une chose. Une unique chose. Très « pas rapport ». Et, comme une vraie idiote, elle le dit à voix haute. Cela sortit tout seul…

    - Tu as vraiment une voix de dieu, Mag’, je ne m’en étais pas rendue compte jusqu’à présent…

    Le chef des Sangraves demeura interdit. Euh, il avait une voix de… dieu ? C’était gentil, mais… exagéré. Son ego n’était pas aussi démesuré que ça, quand même. Donc, Selena était amoureuse de… sa voix. Exotique, comme amour. Selena, contre toute attente… pouffa. Comme une adolescente qui vient de commettre une bêtise. (Notez que la seconde partie de la phrase n’est PAS une comparaison.) Et pas rien qu’une petite bêtise ! Une GROSSE bêtise. L’art de détruire une ambiance romantique, par Selena Duncan ! Celle-ci rit de plus belle, le corps plié en deux. Le pauvre Magister, quant à lui, ignorait totalement quoi faire. Il lui faisait une déclaration d’amour (prise deux, en plus) et ce qu’il avait en retour était… ça. Le prenait-elle au sérieux, au moins ? Il en doutait. Selena, inconsciente du trouble de son interlocuteur, se reprit, entre deux rires :

    - Haha, tu as vraiment, hahahaha, une voix de, hahah, de dieu !

    Le masque de Mag’ n’était plus bleu azur. Mais rouge tomate. Signifiant : « je comprends rien et ça m’énerve ».

    - Eh bien, merci, grinça-t-il. D’autre chose ?
    - Oh, ho ! rit-elle encore. Désolée, Mag’, c’était trop n’importe quoi !
    - Tu ne me prends pas au sérieux, fit-il remarquer, tentant de cacher sa peine – en vain.

    Selena trouvait cela très hilarant, comme situation, mais le ton de voix triste de Mag’ lui fit comprendre qu’il était très sérieux, lui. Et qu’il ne comprenait plus rien. Hum, rien de bien surprenant. La brunette, au prix d’un gros effort, arrêta de rire. Mais avait toujours un gros sourire collé sur le visage. Elle se mordit la joue, essayant de le faire disparaître. Raté. Bon sang, si Magister se remettait à parler, elle n’était coupable de rien !

    - J’imagine que tu ne m’aimes pas, si tu as dévié ainsi le sujet de la conversation, dit-il, abattu.

    Selena prit une grande respiration. Rire lui avait fait un bien fou, mais l’heure n’était pas à la rigolade. En riant, elle s’était détachée de lui. Elle ne se rapprocha pas, consciente du fait qu’il verrait cela comme une manœuvre pour le convaincre de son amour. Ce serait un geste « faux ». Donc, elle prit ses distances, mais cessa de rire. Et même de sourire.

    - Excuse-moi, dit-elle avec franchise. C’est sorti tout seul. Mais c’est vrai que tu as une belle voix, enfin. Une voix douce, qu’on a envie d’entendre, encore et encore. Que j’ai envie d’entendre.

    Parfait, elle se rattrapait. Magister, qui avait détourné la tête durant le fou rire, la regarda intensément. Attentivement.

    - Oui, et si j’ai ri, ce n’est pas à cause de toi, mais parce que c’était tellement… eh bien, comme disent les jeunes, « pas rapport ».

    « Comme disent les jeunes ». Comme si elle était vieille ! Une autre conn… idiotie. À ajouter à la liste. Sa liste. Sa très longue liste. Magister ne pipa mot. Car il avait la vague impression que, s’il parlait, le fou rire reviendrait à la charge. Il se contentait de l’admirer en silence. De la contempler, tel une œuvre d’art qu’on ne pouvait toucher. Comme Mag’ s’enfermait dans un silence obstiné, Selena poursuivit :

    - Je ne suis pas certaine de mes sentiments. Et j’ignore franchement quoi penser de tout cela. Je mangeais tranquillement avec Tom quand tu es débarqué. Et puis, ensuite, ah là, là, tu t’es attaqué à lui parce que… parce que… parce que (allait-elle finir par le dire ?) tu m’aimes.
    Mag’ ne dit rien, mais hocha la tête, approbateur. C’était exactement ce qui s’était passé.

    - C’est très difficile, pour moi, soupira Selena. Je te connais à peine. En fait, je ne sais rien de toi.

    Voilà la vérité. Si seulement tu me disais ce que tu as vécu pour aujourd’hui porter ce masque…
    Il se raidit. Il n’avait pas abordé son passé depuis… en fait, jamais depuis qu’il avait vécu toute l’horreur. Une horreur absolue. Et il n’avait pas envie d’en parler, même à Selena. Il lui faisait entièrement confiance, là n’était pas la question. C’est que les cicatrices étaient encore très fraiches dans sa mémoire. Donc, il secoua la tête, désolé. Il s’aventura à parler, se demandant si elle allait encore rire (un peu et il croirait qu’elle riait de lui…) :

    - Suffit-il de connaître entièrement un individu pour l’aimer, Selena ? Moi non plus, je ne sais pas grand-chose de toi. Et alors ? Je t’aime. En quelle langue devrai-je te le dire et te le redire ?

    Il avait ouvert les bras en croix, désespéré.

    - Mais… Mais… Je n’ai jamais vu ton visage, enfin ! Je ne peux pas tomber amoureuse d’un corps, ou d’une voix…

    Oups. Elle eut un début de sourire, Magister baissa les bras en soupirant. Quand elle l’avait menée ici, il croyait sincèrement que les sentiments de Selena à son égard étaient réciproques aux siens. Il l’aimait et elle l’aimait. La vérité semblait malheureusement toute autre. Elle évitait de lui dire qu’elle l’aimait. Était-ce un signe qu’il devait abandonner ? Abandonner le fol espoir qu’elle lui avoue l’aimer ? Non ! Jamais il n’abandonnait. Il était têtu, d’accord, mais cela avait déjà porté ses fruits. C’était mieux que d’être lâche, en tout cas. Il se leva soudainement et d’un ton de voix fataliste, déclara :

    - Très bien. J’ai compris le message, Selena. Mais j’aurais préféré un peu de franchise de ta part, au lieu d’éviter de tout m’avouer.

    Il se dirigea à grands pas vers la porte, l’ouvrit. D’une main, lui montra la sortie. Son message était clair, à lui, au moins. Deux secondes passèrent, mais Selena ne semblait pas pressée de quitter le bureau. Au contraire, elle se cala davantage dans le divan, et dit :

    - Mais t’avouer quoi, enfin ?

    Bon, d’accord, elle le faisait un peu exprès. Parce qu’au fond, c’était assez amusant. L’homme le plus cruel, le plus perverti, le plus… démoniaque, était tombé amoureux d’elle ! Quant à l’aimer, lui… Outch. Elle ne savait pas trop. Avec Danviou, cela avait été clair. Limpide. Ils s’aimaient. Point barre. Avec Magister, c’était plus complexe. Légèrement plus complexe. L’homme masqué hoqueta de surprise, pensant qu’elle l’avait compris depuis le début. Il ferma la porte, revint à elle. Se planta devant elle. Non, non, héhé, il allait faire mieux que ça. Le dire debout n’était guère romantique. Il s’agenouilla donc à ses pieds, se perdant dans ses beaux yeux. Il se saisit de sa main, la serra doucement dans les siennes, regrettant de n’avoir pas entre les dents une rose rouge, puis prononça, théâtral :

    - Que tu m’aimes, autant que je t’aime, Selena Duncan.

    Bon, s’il en avait eu une, cela aurait sans doute plus ressemblé à cela : « queuh ‘u m’aimes augant que ‘e t’aime, Chelana Duncan ». Nettement moins classe.

    - Alors je t’aime, Magister, sourit-elle.

    Cela lui faisait étrange de l’appeler par son prénom / nom / surnom entier. D’habitude, elle préférait Mag’, qui était plus court et… moins pompeux, quoi. La tête du Sangrave se releva aussitôt. Il était plutôt méfiant, surtout par la crise de fou rire. Elle lui enleva le capuchon de sa robe de sortcelier, dévoilant sur le sommet de sa tête de beaux cheveux blonds. Sous le masque aussi, des mèches tombaient. Seul le masque restait en place, fidèle à lui-même. Dommage.

    - Au début, c’est vrai, je ne t’aimais pas. Je te détestais. Tu étais tellement… cruel. Oh, pas avec moi, non. Mais avec les autres, si. Oh, par tous les dieux d’AutreMonde, comment es-tu devenu ce monstre dénué de compassion, qui n’hésite pas à tuer quiconque lui barrant la route ?

    Soupirant, Magister lâcha la main de Selena. Il se laissa tomber par terre, les jambes en V et une main grattant sa nuque. Il n’avait pas de réponse. Il avait changé, c’était tout.

    - Qu’est-ce que ça change, ma douce ? Les autres ne comptent pas. Il n’y a que toi pour moi.
    - Et pour moi, jusqu’où serais-tu prêt à aller ? le défia Selena.

    Tournant sa tête en sa direction, lui avoua :

    - Oh, ma douce, pour ton amour, je serais prêt à tout abandonner, ma quête de pouvoir, ma vengeance contre les dragons…
    - Comment, ta vengeance contre les dragons ? Mais t’es cinglé ? s’écria-t-elle.
    Contre les démons, elle aurait pu comprendre. Mais les dragons ? Ces derniers étaient les alliés des sortceliers depuis… un petit bout de temps, déjà.
    - Quoi, tu ne voudrais pas me voir l’abandonner, ma vengeance ? fit-il, ne comprenant (encore) plus rien.
    - Mais non, au contraire ! Je voulais dire qu’une telle vengeance était impossible, irréalisable.
    - Je ne suis pas de cet avis, ricana-t-il.

    De son pouce, il désigna le cercle rouge, signe d’une possession de magie démoniaque. Selena décida de revenir au sujet principal, en roulant les yeux. Lui parler de dragons et de vengeance semblait trop… risqué.

    - Bref, je ne t’aimais pas. Mais maintenant…
    - Maintenant ? espéra Magister, en redressant la tête.
    - Oui, maintenant, j’ai envie d’être près de toi. Rien que d’entendre ta voix me fait sourire (elle n’ajouta pas : et me fait rire). C’est vrai, je ne te connais pas vraiment, je n’ai jamais vu ton visage, mais je sais reconnaître les signes.

    Elle tomba alors elle aussi à terre, surprenant Mag’, s’approcha. De ses doigts, elle chercha ses lèvres, les caressa. Une main s’appuya sur sa nuque, s’entremêla dans ses cheveux. Les tirer au passage, mais pas trop fort, hein, juste… pour le plaisir de les tirer, quoi. Comme quoi on peut avoir des envies très étranges dans un tel moment. L’autre main atterrit au collet de sa robe de sortcelier à lui. Ses doigts s’agrippèrent au collet. La suite ne pouvait être qu’évidente… Magister, un gros sourire au visage – le masque était redevenu bleu azur – se laissait faire, mais caressait les doux cheveux de Selena. Des cheveux soyeux. (Bon, y vont s’embrasser dans un an ou quoi ? Okay, j’arrête avec la voix-off) Pour une fois, ce fut Selena qui fit les premiers pas. Elle savait qu’elle trahissait, d’une certaine façon, Danviou, mais… le mystère autour de Magister l’attirait. Il était un secret. Et sa voix était divine, c’était enivrant. Elle se fichait bien qu’il soit limite fou, démoniaque, détesté de tous. Tout ce qui comptait, c’était qu’il l’aimait. Bon, le suspense (tu parles d’un suspense : tout le monde avait deviné la suite) assez duré comme ça.

    - Et je t’aime, avoua finalement Selena, avec un petit sourire en coin, un peu gênée.
    - Moi aussi, soupira de bonheur Mag’.

    La brunette ferma les yeux… et lui aussi, même si on ne le vit pas. L’instant d’après, la magie les entourait, les encerclait. Selena sentit ses lèvres toucher les siennes. Aussitôt, elle entrouvrit la bouche, soupirant. Ah, que c’était bon ! Qu’est-ce qui lui avait pris d’attendre trois ans comme ça ? Ah oui, c’est vrai : elle faisait son deuil de Danviou. Danviou ! Oh non. Elle hésita, recula un peu. Magister fronça les sourcils, encore perdu. De sa main, il caressa le menton de sa douce.

    - J’ai fait quelque chose de mal ?

    « Oh, à part avoir tué mon mari ? » fut-elle tentée de répondre. Car en ce moment, elle traversait un douloureux dilemme. Soit de se laisser envahir par ce nouvel amour, certes étrange, soit de le repousser. Eh oui, encore. Selena murmura, consciente de sa faiblesse criante :

    - Je… Je ne sais pas si j’ai envie d’aller plus loin. Je ne sais pas si je me sens prête pour une autre relation et…

    Assez original : elle allait peut-être avoir une relation amoureuse (et sexuelle, huhu) avec le meurtrier de son défunt mari. Plus fidèle que ça, tu meurs ! Enfin, elle s’en fichait un peu, elle ne faisait qu’écouter son cœur… AH, HA ! Et si elle écoutait sa tête, hein ? Selena fronça les sourcils. Magister l’aimait. Et il avait déjà tenté, une fois, d’enlever sa fille, qui elle, devait être vivante. Elle pouvait bien profiter de la situation, non… Et lorsque Magister entendit la suggestion de Selena, il eut la vague impression de parler à Isabelle Duncan… mais en version « Beauté Fatale » :

    - Magister, je suppose que toi, tu veux aller plus loin. Alors voici ce que je propose : je sortirai avec toi, te serai entièrement dévouée, ferai tout ce que tu voudras, enfin, tant que je ne risque pas de mourir. Seule condition : tu ne touches pas à ma fille, Tara. Tu ne la touches plus jamais.

    Wow, sa douce savait être manipulatrice quand elle le voulait. Hum, ça lui plaisait bien. M’enfin. Sauf que ce petit jeu-là pouvait être joué à deux :

    - Dit comme ça, tu n’as pas l’air de vraiment m’aimer. Désolé, ma douce, mais c’est n…

    Aussitôt, Selena mit ses mains sur les épaules de l’homme, le plaquant par terre. Elle ferait tout pour protéger de son mieux son unique fille. Elle imaginait que Danviou pouvait le comprendre, non ? Enfin, peu importait, de toute façon. Elle posa sa tête contre le torse musclé de Mag’ (hum, il semblait s’être entrainé physiquement davantage que Danviou, yeah !) et le serra tendrement. Magister, s’il n’avait pas été dingue d’elle, aurait tout de suite vu sa petite manigance. Sauf qu’il était dingue d’elle, justement. Et il tomba dans le panneau. Rien que pour la sentir collé à lui, il était prêt à oublier la petite Duncan pour… il ne savait combien de temps.
    Parlant d’oublier… Il ne fallait pas qu’il oublie de désactiver l’Amomerus. De ses deux mains, il toucha la tête de Selena. Celle-ci, n’y voyant qu’un autre geste de tendresse, se laissa faire. Elle alla même jusqu’à frotter sa joue contre euh… ah, contre le cercle rouge démoniaque. Super, elle allait avoir une joue démoniaque, maintenant. Magister, lui, se bénit d’avoir appris à lancer des sorts sans incanter. Il désactiva le sort d’amnésie avec un sourire. Selena ne sentit rien. Tant mieux. Soudain, on cogna à la porte. À la vitesse de l’éclair, Selena se leva et en se redressant, elle avait enfoncé une de ses mains dans le ventre de Mag’, pour s’aider à se relever. Le pauvre Mag’ hoqueta, en écarquillant les yeux. Puis cria :

    - Quoi ?
    - Votre déjeuner, Maître, beau Maître, gentil Maître, puissant Maître, clama… un Mangeur de Boue.
    - Rah, slurk, grommela Magister. Selena, pourrais-tu aller…
    - Oui, bien sûr, répondit-elle, en allant ouvrir la porte.

    En fait, Mag’ voulait que sa douce envoie promener le Boueux pour les avoir dérangés. Sauf que sa douce n’était pas aussi mécontente que lui. Aussi revint-elle à lui… avec un gros plateau de nourriture. Magister, quasiment boudeur, déclara :

    - Je n’ai pas faim. Mais mange, toi, si tu en as envie.
    - Ah non, alors ! Tu dois manger, décréta la brunette avec un gros sourire… pas très rassurant.

    Bref, quiconque entrant dans la pièce aurait sans doute explosé de rire. Car dans le bureau du terrifiant Maître des Sangraves, assis par terre, Magister et Selena… mangeaient. Enfin, non, Selena nourrissait Magister, plutôt. Eh oui. Avec la fourchette, elle prenait une pomme de terre (ils aimaient vraiment les pommes de terres, ici), la faisait bouger en disant, d’une voix enfantine, presque musicale :

    - Ohhhh, le dragon va se faire croquer par Mag’yyyyy !

    Et « Mag’ yyyyy » se laissait faire, trop interdit par le comportement de sa douce. Et il croquait docilement la pomme de terre.

À suivre…



    Like a Star @ heaven Mot de l’auteure : Hahah, maintenant, on sait pourquoi Mag’ a tant attendu pour attaquer Tara ! Pis, il est comment, ce chapitre ? Plus long que la dernière fois, oui, je sais ! Il fait treize pages Word ! Ça va porter malheur aux lecteurs, ouuuhhhh ! xD En tout cas, merci pour tous vos commentaires et merci de me lire ! Ah, et désolée du grand retard, hein, mais je manquais d’inspiration… Enfin, vive le couple Magister x Selena \o/

    Like a Star @ heaven Deuxième mot de l’auteure : Moi, je sais pas trop encore ce que je vais faire d’elle, mais pensez-vous que Selena aime Magister, ou elle « fake » ? Quand elle l’embrasse, je dis « oui » aussitôt, sauf qu’après, avec son petit complot de « tu touches plus à ma fille et je suis toute à toi », je dis qu’elle fait semblant de l’aimer ! … Hum, même l’auteure de la fanfic ignore ce qui va arriver. Super. En tout cas, à bientôt !

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Si tout était à recommencer... [Mag' x Selena]
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