Liens improbables [PV : Calista Manticore]

Calista était venue faire une pause au Continent Interdit.
Beaucoup de choses s'étaient passées depuis la mort de sa mère; la blessure s'était peu à peu refermée et et lui faisait moins mal à présent; mais elle était encore malheureuse et se sentait désespérément seule, malgré tous les amis qu'elle avait. Elle avait souvent des flashbacks, et se souvenait avec amertume les doux jours passés à Ses côtés quand Elle était là. Elle restait enfermée dans sa chambre au château pendant des jours, les cheveux sales et en survêtement, les yeux cernés et la mine défaite. Elle ne pleurait plus, elle avait déjà tant pleuré qu'elle ne pouvait plus. Mais au fond d'elle, son cœur pleurait, jour et nuit, matin et soir, à midi et à minuit, quand il faisait beau et quand il pleuvait; contre vents et marées, il pleurait, définitivement.
Alors elle était venue se reposer ici, pour reprendre des forces, et croire de nouveau à la vie. car des fois son découragement atteignait des fonds si bas qu'elle songeait à rejoindre sa mère. Une partie du cœur et de l'âme de Cally était partie avec celle qui lui avait donné la vie 14 ans plus tôt. La femme qui s'occupait seule d'elle, son père étant mort. Ici, elle pensait trouver la tranquillité, vu que le Continent n'était peuplé que par des loups garous, très peu nombreux. Elle avait emporté une tente, des vêtements de rechange et de la nourriture pour une semaine. C'était tout. Elle voulait vivre avec la nature, se poser tranquillement et se ressourcer.

Un toussotement non loin de là la tira de sa rêverie. Cela ressemblait à un gémissement, à une plainte. C'était confus, marmonné mais Cally était sûre que c'était un être humain qui avait émit ce son.

Elle s'approcha d'une clairière écarta des branches pour voir... Elle sursauta. Une jolie jeune fille blonde au teint blafard était étendue par terre. Du sang sortait de son flanc droit, formant une grande flaque vermeille. Le bout de ses cheveux clairs trempait dedans.

Elle réprima un hoquet d'horreur et sa respiration s'accéléra. Elle n'était pas prête. Elle en voulait pas voir de mort, non ! Son cœur se mit à tambouriner comme un cheval au galop dans sa poitrine. Sa respiration s'accéléra encore, devenant courte et brève. Elle s''assit sur un tronc d'arbre et posa la man sur son cœur, comme pour lui dire de se calmer. Il n'était peut être pas trop tard. La jeune fille n'était peut être pas encore morte. Elle s'obligea à se relever, malgré sa faible respiration et se dirigea vers la jeune fille out en détournant les yeux. Quand elle arriva près d'elle elle tendit sa main, braqua son regard sur elle, forçant son cœur à arrêter de courir, et incanta, le souffle court :

- Par le... Reparus... Que cette plaie soit soignée... Pour que le sang... Arrête de couler...

Elle mit toute sa force dans le Reparus, et du même s'assoir par terre pour tenir le coup. Cette jeune fille devait vivre...

La jeune fille que Calista soignait sursauta légèrement. Elle tenta de se lever mas n'y parvint pas. Cally se leva aussitôt, se dirigeant vers la jeune fille, puis quand elle fut près d'elle, elle s'arrêta, hésitante. Elle ne connaissait pas la jeune fille, et ne savait pas si elle serait hostile ou amicale. Alors elle resta sur place, dévisageant l'autre fille qu'elle venait de soigner.
Elle s'était retournée et agenouillée et à présent Cally voyait ses yeux. Dorés. C'était une louve. La fille la dévisageait elle aussi, sans sourire, sans parler. Elles se détaillaient dans un silence total qui devenait lourd. Cally eut envie de le briser mais la jeune louve le fit avant elle en inspirant lentement puis en la questionnant :

- Qui êtes-vous ? demanda la fille, la voix brisée.

- Je suis... Je m'appelle Calista, fit-elle lentement. Et vous, comment vous nommez-vous ?

La louve inspira de nouveau, mais cette fois si sa respiration était moins rauque. Elle braqua de nouveau son regard sur Cally, qui tressaillit. Elle regardait en particulier ses yeux. Elles se fixèrent intensément, les yeux. La jeune fille semblait réfléchir intensément.

Calista aussi réfléchissait. Qu'était-il arrivée à cette fille pour qu'elle se retrouve quasiment morte, étendue dans les sous-bois ? Elle avait à peu près l'âge de Cally et semblait sympathique. Sauf qu'elle... Elle, elle avait sûrement encore sa mère. Les yeux de Cally se brouillèrent et elle les essuya rageusement. Elle enviait la jeune fille d'avoir encore une mère qui la protégeait et l'aimait. Et elle, elle avait sûrement connu son père ! Une vague de jalousie submergea Cally mais elle repartit aussi vite qu'elle était arrivée. La jeune fille avait sûrement encore ses parents, tant mieux pour elle. Il ne fallait pas qu'elle sombre dans les profondes abîmes de la jalousie. Alors elle lui adressa un sourire timide pour lui montrer qu'elle n'était pas hostile.

-Je m'appelle Malia.

Malia... Un si joli nom ! Qui allait parfaitement à la jeune fille, avec ses beaux yeux dorés et sa chevelure ensoleillée en bataille qui lui donnait un petit air... sauvage.

Elle détailla la jeune louve. Elle devait avoir à peu près son âge. Sans qu'elle puisse expliquer pourquoi, Calista avait l'impression que la jeune fille était d'une gentillesse et d'une générosité sans égales. Qu'avait-elle fait pour être blessée ainsi ?

-Sans vouloir être indiscrète, que viens-tu faire ici ?

Calista sourit. Ca... Devait-elle lui dire ou pas ? Elle venait à peine de la rencontrer, mais elle lui faisait déjà entièrement confiance. Cependant... C'était si... Personnel.

Malia avança à quatre pattes, les yeux fermés, tel un... loup. Étrangement, cela rassura Cally.

- Je... C'est très long. Disons que ma vie a été très compliquée et dure ces temps-ci et que je viens me ressourcer, dit-elle en esquissant un petit sourire triste.

- Je... C'est très long. Disons que ma vie a été très compliquée et dure ces temps-ci et que je viens me ressourcer, dit-elle en esquissant un petit sourire triste.

Le visage de la jeune fille s'illumina d'un petit sourire, triste. Malia continua à s'avancer, et se transforma en louve. Ses yeux jaunes s'étrécirent et brillèrent encore plus, ses ongles poussèrent pour laisser place à ses griffes, ses dent devinrent des crocs accerée, sa peau se couvrit de poils et son instinct d'humaine qu'elle avait acquérit durant ses nombreuses - ou pas - années d'existence se battit furieusement avec son esprit et sa logique lycanne.
Et ainsi, elle prit Calista sur son dos. Elle ressentait de la confiance, sûrement réciproque, pour cette sortcelière. Sûrement réciproque parce que si Cally avait bronché et que son esprit s'était alerté - pour rien, soit dit en passant -, à présent, sa passagère semblait tranquilisée, plus calme.

- Ne t'inquiète pas, je t'emmène dans un endroit où nous pourrons parler tranquillement. Ce n'était sûrement pas très bien de parler dans la forêt... Les discussions arrivent un jour ou l'autre, par le vent, à un loup mal intentionné...


Malia n'était pas sûre de ses propres paroles. Les loups avaient l'ouïe fine, il leur était facile d'espionner. Une louve qui ne peut pas se sauver seule n'est pas digne d'une louve... Enfin... Ce serait son secret. Si besoin, elle raconterait tout à sa nouvelle amie.
C'est ainsi qu'elle arriva dans une sorte de chaumière perdue à l'orée du bois, croulant sous le lierre, décorée par fleurs et pierres aménagées d'une façon originale.

- Nous voici chez moi. Je t'en prie, entre. A cette heure là, ma famille chasse encore.

Chacun chassait de son côté, hormis sa mère qui chassait avec les loups les plus jeunes. A l'âge de Malia, il fallait se débrouiller seul, quasiment sans soutien, faire honneur à sa lignée, être digne de ses ancêtres, bref... La gloire, l'obéissance et la dignité. Mais Malia avait une nature trop humaine, à force de côtoyer ces êtres, pour rester vraiment digne. Ce fut à ce moment qu'une phrase de sa mère lui revint en mémoire : "Sans effort, ma fille, tu finiras reniée de ta propre famille." Il était évident qu'elle aussi obéirait aux règles. Mais pourquoi la tendresse n'était pas assez au rendez-vous ? Pourquoi ?
Elle vacilla, et posa Calista à terre, troublée, laissant place à sa forme d'adolescente aux yeux d'ambre.

Malia continua à s'approcher de Calista. Doucement, mais sûrement. La jeune fille ne s'en inquiéta pas. Malia... étrangement, elle avait l'impression de la connaître depuis des lustres, d'avoir une complicité extraordinaire avec elle... Les yeux dorés de Malia étincelèrent et elle les plissa; des griffes acérées percèrent la peau douce de la frêle jeune fille, et ses dents s'allongèrent pour former des crocs. Elle prit Cally sur son dos, et lui dit doucement :

- Ne t'inquiète pas, je t'emmène dans un endroit où nous pourrons parler tranquillement. Ce n'était sûrement pas très bien de parler dans la forêt... Les discussions arrivent un jour ou l'autre, par le vent, à un loup mal intentionné...

Cally opina silencieusement. Pour une fois, elle se taisait, pensive. Elle avait l'impression d'avoir... retrouvé un être cher en Malia. Elle ne savait pourquoi, elle avait le sentiment que Malia allait être très importante pour elle.

Elle caressa le poil doux et soyeux de Malia avant de se rendre compte de ce qu'elle faisait.
Elle baissa la tête et bafouilla, gênée :

- Je suis désolée... je n'aurais peut être pas dû...

Quand elle releva sa tête et écarta les mèches qui lui tombaient sur le visage, elle aperçut une petite maisonnette, couverte de lierre, où poussait de jolies petites fleurs. Quelques rochers entouraient la chaumière.

- Nous voici chez moi. Je t'en prie, entre. A cette heure là, ma famille chasse encore.

Malia vacilla et posa Cally. Elle semblait.. triste, mélancolique, pensive. Elle se re-transforma en adolescente aux cheveux blonds et Cally ne put s'empêcher de lui demander :

- Tu ne chasses pas avec ta famille ?

Elle se mordit la lèvre, ennuyée. C'était sûrement une question dérangeante pour la louve, mais qu'est-ce qui lui avait pris !

- Je... je suis désolée. Ma question est indiscrète. Tu n'as pas besoin de répondre. Pardon.

Elle soupira et se jeta à l'eau :

- C'est juste que... J'ai l'impression de te connaître depuis si longtemps, alors qu'on vient de se rencontrer ! J'ai l'impression que je peux tout te confier ! Tu dois me trouver bête. Idiote. Voir folle.