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Chroniques d'AutreMonde :: Autremonde :: DamoclèsDamoclèsPartagez
 

 La traque.

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AuteurMessage
Tara "The Fire" Duncan


Tara

Age du personnage : 22

Familier : Galant, pégase
Couleur de magie : bleu azur
Niveau de magie :
  • Très élevé
Niveau de combat :
  • Elevé


Métier : Apprentie Impératrice, catastrophe
Résidence : Omois

MessageSujet: La traque.   La traque. Icon_minitimeVen 17 Nov 2017 - 10:20


Loup y es-tu?







Quelques minutes après le départ de Shinzô, Tara contacta l’émissaire démoniaque, Maeko, par l’intermédiaire de sa boule de cristal officielle. Elle laissa un message écrit, simple et sobre, mais terriblement officiel, qui demandait l’autorisation pour l’ancienne héritière de mettre, encore une fois, les pieds dans les Limbes. Elle comptait ainsi y installer la porte de transfert du Talion, mais aussi obtenir une entrevue avec le Juge. Elle ne mentit sur aucunes de ses intentions, les deux étant explicite dans son message. Elle ne cacha pas non plus la raison de l’entrevue, à savoir pouvoir traquer le sangrave Fabrice de Besois-Giron. Cela prendrait du temps à se mettre en place, alors elle avait un peu de temps devant elle pour commencer sa traque. Dès demain.

Elle laissa les boules de cristal offertes par le vampyr à Vaneloppe, pour que celle-ci occupe sa nuit. C’est pratique de ne pas avoir à dormir, et souvent, Tara l’enviait un peu. L’IA fouillerait les réseaux, ou enverrait même des scoops furtives pour repérer les lieux. Tara, elle, s’endormit en pensant à ce qu’elle dira à son vieil ami quand elle l’aura retrouvé. Sa nuit sans songe ne la reposa pas beaucoup, elle avait beaucoup ruminé et avait tardé à s’endormir. Elle fut néanmoins contente de voir que Maeko lui avait déjà répondu, et avait fixé une date de transfert dans environ une semaine. Ce qui lui laissait bien assez de temps pour tomber sur les quelques vieux sangraves encore vivant qui pensaient s’en être tirés, tel OSS 117 courant après les nazis.

Dans l’ensemble, elle ne se faisait pas d’illusions. Si les Gris vivaient masqués, c’était aussi pour évier que tout le monde ne puisse joyeusement balancer tous les autres au moindre risque, ou qu’un infiltré n’apprenne facilement l’identité de chacun. C’était d’ailleurs impressionnant de la part de Shinzô d’avoir autant de nom en sa possession. Certain était surement des alias. Il y avait même la fille de Magister dans le lot ! Beaucoup devait déjà être mort, ce qu’elle pourrait facilement vérifier auprès du juge quand elle le reverrait. Ceux qu’elle parviendrait à retrouver allaient avoir droit aux prisons Omoisiennes dans peu de temps…

La méthode utilisée était simple. Elle se rendait devant la résidence de l’individu, une fois celui-ci reperé à l’intérieur, englobait la zone dans un puissant antitransmitus, et frappait tranquillement à la porte. Au début, elle voulait entrer avec perte et fracas d’un grand coup de pied, mais elle avait laissé parler son côté diplomatique. De toute façon, quand Tara Duncan toquait chez vous, ça fait toujours drôle. Elle eut donc droit à beaucoup de réactions différentes. La surprise, la peur, l’agression immédiate. Certain se rendait s’en faire d’histoire, d’autres suppliaient pour leur vie, d’autres niaient en bloc. Ceux qui tentaient de l’attaquer prenaient quelques mandales et finissaient par être très coopératifs. Elle appelait alors Maurice, le diseur de vérité du Talion, et commençait son interrogatoire. Rarement fructueux, ils lui permettaient cependant de vérifier et recouper ce qu’elle avait déjà. Quand Tara avait de la chance, elle ajoutait une nouvelle planque, un nouveau nom à sa liste. Et quand elle avait terminé, elle posait simplement un puissant mintus, et repartait comme si de rien était, en n’oubliant pas de soigneusement filmer chacune de leurs entrevues. Elle ne pouvait pas prendre le risque qu’une purge des Gris n’alerte qui que ce soit. Et surtout pas Fabrice. Quand elle l’aura attrapé, elle livrerait les vidéos et les noms aux autorités et on risquait d’avoir une rafle de Sangrave monumentales. En attendant, aucune raison de se précipiter.

Sa première et unique bonne surprise survint chez un nom qu’elle connaissait déjà, Keylo Grouffe et Lisa Grey. Ils avaient survécu au Gwendalavir, et Vaneloppe en connaissait un des deux. Elle semblait d’ailleurs surprise de savoir qu’il était un sangrave, puisqu’il n’en présentait pas le caractère, lors de leur rencontre. Tara resta prudente néanmoins, mais adopta une approche plus douce. C’est-à-dire que plutôt qu’attendre qu’on lui ouvre, toute magie dehors, elle laissa faire Vaneloppe, qui ne s’arma que d’un Rondoudou sur l’épaule. Ce qui fonctionna très bien, à la stupeur de la blondinette.

Celle-ci fut assez déçue de ne pas obtenir plus d’informations sur sa cible, mais le récit de l’histoire des Ombres étaient une donnée qu’elle n’avait pas encore, et elle leur proposa d’entrer en contact avec eux. Si elle parvenait à récupérer ce groupe, en totalité ou en partie, dans le Talion, elle aurait des alliés de poids. Elle proposa d’ailleurs au couple de les rejoindre s’ils le souhaitaient. En soi, c’était plutôt une bonne journée, et c’était la dernière avant son départ pour les Limbes.

C’est Chem, son vieux mentor dragon, qui s’occupa de l’envoyer là-bas. Vu que le Talion traitait avec tous les pays, il ne fut pas difficile d’obtenir cette autorisation, après avoir signé deux trois clauses de non-responsabilité du Lancovit en cas d’incident avant, pendant et après le transfert. Mais le dragon bleu l’avait déjà fait plusieurs fois, c’était même pour ça qu’elle l’avait choisi, alors elle ne risquait pas grand-chose. Comme prévu, elle arriva sur la planète principale des démons, à l’endroit prévu, qui ressemblait terriblement à une salle de porte de transfert Autremondienne. Les démons s’attachaient à mimer un maximum la planète des sortceliers pour en adoucir ses habitants.

Elle s’attendait à être accueillie par Archange, puisqu’il n’avait pas caché son attachement lors de sa première visite, mais c’est un diplomate plus classique qui la reçut. Il excusa poliment le Price des Démons, qui était malheureusement occupé sur une autre planète, et à moins de prolonger son séjour, il ne serait pas disponible pour elle. Elle hocha la tête, un peu déçue mais compréhensive. Les responsabilités d’héritière étaient du même acabit, et elle était l’une des mieux placées pour passer l’éponge. Le roi des démons n’était pas là non plus, et de cela, elle en fut moins triste. Elle ne manqua pas de leur laisser tout de même un présent luxueux, à savoir de l’eau de mer Terrienne, et un alcool centenaire pour Archange. Puisqu’ils étaient humains maintenant, l’eau salée n’avait aucun effet sur leur corps, alors il était grand temps de les initier à ce nouveau déboire qu’était la boisson alcoolisée. Non, l’influence d’Amber n’y est pour rien, pourquoi ?

On l’installa dans de très beaux appartements du palais, du même standing que la dernière fois. Même si elle n’était plus l’héritière, elle n’en restait pas moins une personne de sang impérial et une dirigeante importante du Talion. C’était donc rassurant de voir qu’ils estimaient toujours autant leurs relatons. En apparence, en tout cas. Plus en confiance cette fois ci, elle accepta donc de manger ce qu’on lui proposait. Inventifs, les démons avaient repris les principes de la cuisine Terrienne comme Autremondienne, et les avaient adaptés avec leurs propres aliments et épices. Elle promit d’en vanter les mérite, et Tara n’aurait pas besoin de mentir pour le faire. Les premiers jours servirent à installer la porte de transfert. Par sécurité, celle-ci était calibrée sur la magie de la jeune femme et ne fonctionnerait donc pas sans son accord. Ou qu’on la force à le faire. Mais elle ne se faisait pas trop de soucis de ce côté-là. Une précaution qui n’avait pas fait plaisir aux démons, mais qu’ils comprenaient aisément. Plus tard, ils pourraient surement lever cette restriction.

Après trois jours, et plusieurs essais fructueux, la porte était fin prête. Elle allait donc enfin pouvoir voir le Juge. Sa pièce avait bien changé, depuis la dernière fois. Moins sinistre, moins lugubre, Tara entrevoyait parfaitement comment cela pouvait finir. Le Juge allait devenir une destination de choix pour Autremonde. Revoir facilement les morts était inestimable et l’ex héritière ne doutait pas un seul instant que les démons sauront exploiter ce petit bijou. Enfin, il ne fallait tout de même pas oublier que le Bourreau punissait toujours les menteurs. Celui-ci l’observait silencieusement depuis le coin de la pièce, mais il était et serait le seul démon qui assisterait à son entrevue. Elle installa donc un siège tiré de sa poche dimensionnelle, en face de la statue de pierre.


“ OH ! (normalement il parle en majuscule mais je n’aime pas, alors ce sera le seul artefact en full capslock). Mais c’est la petite princesse impériale ! Il parait que tu n’es plus héritière ? Cela ne me surprend pas. “

“ Bonjour Juge “, répondit-elle d’un ton jovial. La statue l’amusait toujours autant, sans qu’elle sache réellement pourquoi. “ J’ai effectivement renoncé au trône. J’imagine que vous savez pourquoi je suis là.”

“J’ai eu un petit entretien avec ta tante après son passage fantôme dans le monde des vivants avec ma pierre. Tu cherches Fabrice de Besois-Giron, n’est-ce pas? Il n’est pas en Outremonde.”

Bien, c’était une première confirmation. Elle allait pouvoir lui faire regretter. Amèrement. Elle sortit donc sa liste de nom.

“Oui. Il va devoir payer. Ainsi, si vous le voulez bien, j’ai de vieux sangraves à rencontrer.”

Il soupira, mais acquiesça. Il n’avait pas réellement le choix, de toute façon. Elle entama alors ses interrogatoires. Malheureusement, si le juge pouvait détecter les mensonges, il ne pouvait pas forcer quelqu’un à parler. Alors le plus souvent, elle se heurtait à des mur de mutisme, des flots de moqueries (qui s’arretaient bien vite quand elle leur annonçait la mort de Magister) ou des chapelets d’injures. Parfois, le sangrave pas très engagé (ou qui n’aimait pas vraiment Fabrice) confirmait un nom, un lieu. Après quatre heures, elle n’avait rien appris de plus. Mais il lui restait une carte maîtresse.

“Juge, pour terminer, j’aimerais que tu invoques Selenba, le chasseur.”

La vampyr, même fantomatique, restait terriblement belle et menaçante. Elle semblait amusée de voir la petite blondinette qui l’avait convoquée, pas impressionnée du tout, assise sur sa chaise devant elle.

“Bonjour Chasseur.”

“La petite Tara. Enfin, plus si petite. - elle eut un rictus moqueur - Qu’est-ce que tu veux?”

La réponse se fit nette et tranchante.

“Fabrice.”

La vampyr haussa un sourcil, puis éclata de rire.

“Même si le Maître est mort, ton petit louveteau ne reviendra pas à tes côtés, ma mignonne.”

Tara ne se démonta pas pour autant. Elle le savait déjà. La mort de sa tante l’avait confirmé. Ainsi, le calme avec lequel elle annonça sa volonté renforça l’effet de surprise sur Selenba.

“Je sais, je dois juste le tuer.”

Le ricanement de la vampyr s’arrêta net. Tara avait réussi  à la prendre au dépourvu et elle n’en était pas peu fière. Son petit rire reprit cependant, mais avec un ton un peu plus sinistre.

“Voila des mots que je ne t’aurais crue capable de prononcer. Mais tu ne mens pas. Qu’est-ce qui te fait croire que je vais t’aider?”

Le poisson était ferré. Ne restait plus qu’à remonter doucement la ligne. Très doucement.

“Plusieurs choses. La rancœur tout d’abord, contre ce loup toujours vivant qui avait pris une place de choix auprès de Magister. La vengeance aussi. Après tout, il n’a pas réussi à sauver ton maître, et n’a pas non plus réussi à le réincarner. Il n’a peut-être même pas essayé. Et enfin…”

Elle laissa planer le suspense, comme si cela lui coutait de le dire. Cela n’en restait pas moins le coup final qu’elle apportait dans ce marché.

“Ta faim. Tu ne peux plus boire de sang. Je t’offre le mien. Le Juge peut te rendre physique et tu pourras t’abreuver. Il est délicieux, parait-il. Mais tu n’auras pas le goût de la peur, je le crains.”


Une lueur d’envie qui s’alluma dans les yeux de la vampyr lui indiqua qu’elle avait gagné. Tara promis devant le Juge de venir nourrir la vampyr une fois par mois, pendant un an. En échange, Selenba fournissait tout ce qu’elle savait. Même si elle aurait voulu en avoir plus, la vampyr finit par parler, filmée par un taludi.

A la fin de l’échange, le juge donna corps au fantôme de Selenba qui s’empressa de planter ses crocs dans le bras tendu de la jeune femme, qui grimaça de douleur. La vampyr, gourmande, manqua de lui faire tourner de l’oeil, mais elle s’arrêta à temps. D’une part parce qu’elle n’avait plus de consistance, mais aussi parce qu’elle avait juré de ne pas tuer la blonde. Et son sang succulent avait comblé un manque qu’elle ressentait depuis sa mort. Repue, elle retourna en outremonde, et Tara, satisfaite, quitta la pièce après s’être répandue en remerciement auprès du Juge. Celui-ci, un peu sibyllin,  lui recommanda d’être prudente. Ce qu’elle était toujours. Parfois. Bon, très bien. Rarement.

Son diplomate attitré s'inquiéta beaucoup de la voir ainsi livide. D’habitude, on ne sortait de cette pièce que de deux façons : entier et heureux, ou raccourci et en deux morceaux. Heureuse mais cadavérique était une combinaison inédite. Mais Tara le rassura suffisamment sur l’aspect passager de sa condition pour qu’il ne s’inquiète outre mesure, tant qu’elle reprenait rapidement des couleurs comme elle assurait le faire. Elle avait vu et consommée une pilule qui stimulait la production de globule rouge, et par conséquent de sang, et la ponction de la vampyr ne serait bientôt plus que de l’histoire ancienne. Mais il fallait avouer qu’un zombie avait actuellement meilleure mine qu’elle.

De toute façon, elle ne comptait pas rester bien plus longtemps. L’opération qu’avait laissé entrevoir Selenba allait nécessiter quelques préparations, sur lesquelles elle devait plancher au plus vite. Mais Fabrice n’était plus très loin. Ainsi, dès le lendemain matin, elle passa sa porte de transfert, et elle était enfin de retour sur le Damoclès.

Elle y fit son rapport à Vaneloppe qui pourra transmettre à Myakko par la suite, avant de retourner dans sa chambre. Elle ne s’était pas encore tout à fait remise de sa ponction de sang, et elle s’allongeant faiblement sur son lit sorti du mur, observant distraitement les nuages qui s’affichaient au plafond. Selemba avait été catégorique. Les sangraves ne courraient pas trop après leurs membres s’ils n’étaient pas capables de revenir d’eux même. Et surtout après la mort de leur chef, elle doutait que quoique ce soit ne soit entrepris vers les déserteurs. Les traîtres, c’était une autre histoire, par contre, et ils avaient intérêts de se planquer. Alors Vaneloppe avait renforcé ses dispositifs de protection autour de Keylo et Lisa.

Néanmoins, quelques antennes de récupérations existaient encore, et celles-ci pouvaient se targuer d’être particulièrement bien pensées. Enfin, elles étaient bourrées de précautions. Il fallait entendre par cela qu’il fallait graisser pas mal de pattes, pour accéder à des lieux pas du tout recommandable et dont le système de sécurité était rodé à faire disparaître les preuves et les fugitifs aux yeux de la police. Qui ne devait pas non plus être exempte de corruption, de toute façon, comme partout. Et si elle paraissait trop étrange, on allait surement pas la laisser entrer. C’est là qu’elle enviait la capacité de Myakko à ne s’offusquer de rien et de pouvoir se fondre partout. Mais Tara devrait en être capable, tant qu’elle ne voyait pas quelque chose contraire à ses principes. Elle avait bien réussi à s’en tirer en diplomatie, et rien n’est plus le domaine des faux-semblants et du mensonge que la politique et les relations inter-pays. Elle devait juste parfaire son personnage et être capable de ressortir un historique assez précis du passé des sangraves. Ce qui ne devrait pas être trop compliqué en tant qu’actrice privilégiée et en possession des témoignages de pas mal de sangraves “retraités”.

Mais pour éviter de se faire prendre, il ne fallait pas seulement être en mesure de réciter l’historique de moulatarte des dix dernières années. Sa transformation allait aussi devoir être physique. Pour ça, rien de difficile, elle avait déjà la métamorphose parfaite. S’il y avait un réel nouveau leader au mouvement sangrave, il saurait y voir une opportunité, et elle arriverait à obtenir les informations qu’elle souhaitait. Elle serait méconnaissable pour ceux qui n’avaient pas l’habitude de son visage. Mais Tara ne prendrait pas cet infime risque. Malheureusement, si ceux qui “l’accueilleront” étaient prudents, ils chercheront à révéler des enchantements, elle ne pouvait modifier ses traits ainsi. Ainsi, elle choisit l’option du maquillage pour cacher sa marque des couleurs, et modifier légèrement ses traits, avec les ombrages appropriés. C’était un des derniers trucs que Myakko lui avait appris. Elle espérait juste que ce soit suffisant.

La nuit fut relativement courte. Tara doutait rarement de ses capacités maintenant, mais l’enjeu de sa mission l'empêchait de dormir sereinement. D’autant que c’était aussi ce jour-là que les répétitions commençaient. Il fallait bien couronner son petit frère, et pour ça, une grande grande grande cérémonie était de mise. Cela impliquait des choses qui l’angoissait un peu, parce qu’elle n’avait aucune envie de lui gâcher son heure de gloire. Et cela interférait grandement avec ses actuels objectifs. Allier les deux allait être difficile, mais pas impossible. Elle était donc debout aux aurores, contemplant Omois depuis le ciel, comme elle appréciait le faire chaque matin. Son infiltration ne commencerait que ce soir. Heureusement pour elle, c’était Vaneloppe qui lui faisait répéter. C’était bien pratique d’avoir un être doué du don de dédoublement. L’IA jouait le rôle de tous les convives et c’était plus simple pour Tara de passer pour une gourdasse auprès de son amie que de son frère. De toute façon, son rôle était particulièrement simple. Elle ne parlait pas de toute façon. Pour plusieurs raisons. La première étant bien entendu de laisser son frère briller et sa “Tante” s'éteindre dans la gloire. La seconde était le rôle qu’elle s’était choisi. Elle était une gardienne. D’Omois. D’Autremonde. De la paix. Et sa présence sera d’autant plus percutante si elle n’ouvre pas la bouche. Le plus dur était donc de se déplacer dans son épaisse armure sans se casser la gueule et en ayant l’air la plus digne possible. Cela prit un bon moment, mais l’IA finit par la laisser partir, après quelques heures.

Il lui restait cependant beaucoup de temps avant de pouvoir commencer sa mission, et l’après-midi lui parut durer une éternité. Elle ne prit pas le risque de s’épuiser en s’entrainant et elle n’avait pas non plus d’anciens sangraves à visiter. Tara prit donc son mal en patience en révisant ce qu’elle savait des gris, des ombres, et de Magister en général. Ce n’est que le soir venu, après un repas frugal mais riche qu’elle put enfin enfiler son identité d’emprunt, peaufiner son maquillage et se rendre dans les quartiers les moins fréquentables d’Omois, à la nuit tombée. L’adresse était assez connue, c’était en effet un établissement fameux pour les nombreuses rixes qui s’y produisaient, et la médiocrité de ses boissons. La taverne n’en restait pas moins un endroit fréquentés, car si elles étaient mauvaises, la picole n’en restait pas moins abondante. Mais elle ne venait pas pour boire.

Le trajet qu’elle s’était imposée pour ne pas paraître trop étrange était relativement long et passait par un nombre impressionnants de petites ruelles sombres. Emmitouflée dans une épaisse cape, capuchon rabattu, elle n’était qu’une ombre parmi les ombres. Et dans un monde qui ne pardonnait pas, personne ne lui posa de problème. En général, ceux qui trainaient dans le coin savaient ce qu’il faisait, et même si sa silhouette paraissait frêle et chétive, elle pouvait être aussi dangereuse que n’importe qui. L’aura étrangement dérangeante qui l’entourait allait dans ce sens. Elle passa enfin la porte de l'établissement, échangeant les odeurs d’égouts et de vomi contre celle de la mauvaise bière. On ne remarqua pas spécialement son entrée. Il y avait bon nombre de gens cachant leur visage comme elle pouvait le faire, elle n’était pas en décalage avec l’ambiance générale de la taverne. Elle fila droit au bar, évitant l’homme à la chemise tachée qui manqua de s'écrouler sur elle alors qu’elle traversait la grande pièce à la lumière tamisée. Malgré tout, la taverne était assez accueillante et même si la faune était surement un peu hostile car très éméchée, elle fut accueillie avec un sourire par le barman, aussi baraqué que deux fois Sandor. Elle posa une lourde bourse sur le comptoir en bois, lustré par le passage des verres, et prononça entre ses dents :


“Un ruby mary, dans une salle tranquille.”

La boisson n'était qu’un prétexte et un nom de code. Elle n’était même pas certaine que le ruby mary était un véritable cocktail. Mais Selemba lui avait assuré que cela lui servirait à entrer en contact avec des membres plus actifs que ceux qu’elle avait déjà rencontré. Le barman lui jeta un regarde étrange en cherchant son visage sous le capuchon. Elle releva un peu la tête pour croiser son regard et elle se délecta du petit frisson qui le parcourut quand il comprit. Il s’empressa de sortir de derrière son bar, pour ouvrir une porte verrouillée qui descendait dans les fondations. Elle ne fut pas surprise d’y trouver ce qu’elle y trouva. Des tables de jeux, un second bar, qui devait servir des choses bien plus rares et bien moins légales qu’à l’étage du dessus. L’endroit était beaucoup plus raffiné et elle imaginait bien Myakko évoluer avec aisance dans un environnement pareil. Moins bruyant, moins alcoolisé que la façade de l'établissement, l’ambiance était plus sérieuse, et elle n’eut aucun mal à trouver la table qu’elle voulait.

Trois hommes d’âge mûr, assis à l’une des tables les plus éloignées de l’entrée. Selemba lui avait décrit très précisément les quatre individus et elle ne pouvait pas se tromper. Il en manquait un, mais il était possible qu’il ait péri pendant l’attaque des Ombres. Une humaine, avec une tenue hautement suggestive, leur servait de croupière, distribuant les cartes. Elle prit place sans dire un mot, posant sur la table quelques credit mut d’or. Autant s’amuser un peu. L’un des trois hommes leva un sourcil curieux, alors que les deux autres restaient impassibles. Mais la tension monta d’un cran quand elle enleva enfin sa lourde cape. Elle les ignora tout bonnement, n’ayant lâché qu’un bref salut avant de tirer la chaise et de s'asseoir. Elle fixa cependant ses yeux écarlates sur la jeune femme qui s’empressa de lui donner une carte quand elle le lui demanda. Elle n’adoptait jamais cette forme en dehors des combats, car elle avait peur de finir par vouloir rester à jamais ainsi. Cette perception, ces sens démultipliés, le sentiment de puissance. Sans parler de sa magnifique chevelure d’un blanc argenté luisant. Mais ça allait aussi avec cette soif. Et Tara faisait tout son possible pour penser à sa prochaine action de jeu qu’au goût qu’aurait le sang de la jolie croupière, qui baissa les yeux en la voyant sourire, canines sorties. En tout cas, la beauté fatale du chasseur transparaissait dans son attitude, et sa peau grisâtre laissait ressortir le carmin de sa robe de soirée, de ses lèvres et de ses yeux. Les parties s’enchainèrent et Tara ne gagna pas spécialement d’argent. Elle en perdit même pas mal. Mais ce n’était pas son objectif. L’un des trois hommes finit par parler:


“Qu’est-ce qu’on peut faire pour toi?”


Directement dans le vif du sujet. Les connaissant, les deux autres devaient être prêts à lui décocher un joli rayon démoniaque si elle faisait un faux pas. Elle ne s’en inquiéta pas le moins de monde.

“Celle qui m’a amené sur le chemin que j’ai emprunté est morte. Moi, j’avais mes propres problèmes à ce moment-là. Maintenant que la place est libre, un nouveau chasseur se présente.”


Elle aussi savait s’engouffrer dans les portes déjà grandes ouvertes. Ses canines bien apparentes, elle se savait en train de fixer son interlocuteur avec un appétit qui lui faisait froid dans le dos. Et ce n’était pas faute d’avoir déjà mangé. Visiblement surpris, l’homme jeta un regard ou deux à ses deux compères. La vampyr imaginait sans mal l’échange entre eux, et n’intervint pas. Ce n’était pas dans son intérêt d’insister.


“ Pourquoi prendre sa place?”

La question était assez ouverte et c’était l’occasion pour elle d’avancer ses arguments. Elle ricana, un peu méprisante.

“Ne soyez pas stupide. Je n’ai malheureusement pas la chance d’avoir un vampyr haut placé fou amoureux de moi. Si les brigades noires me capturent, je suis une vampyr morte. C’est ce qui a bien failli m’arriver il y a peu. M’associer à une organisation comme les Sangraves serait un bon moyen de continuer ce que j’aime faire. Tuer. Tout en étant protégée par celle-ci. Donnant donnant, gagnant gagnant.”

Cette fois c’est elle qu’il scruta, et s’il ne semblait pas intimidé, il avait du mal à soutenir son regard carnassier. Il finit par laisser tomber. Au final, l’interrogatoire auquel elle s’attendait tournait court. Il fallait croire que son personnage était assez travaillé. De toute façon, les humains avaient une peur bleue des BSH et c’était difficile de croire que l’un deux était “du bon côté”.

“Bien, je transmettrai ta demande au maitre. Reviens dans une semaine.”

Tara afficha alors une mine pensive, mais son sourire était lui, triomphant.

“J’espère y avoir plus de chance au jeu, cette fois. Qui a remplacé Magister? Elle ne m’a pas beaucoup parlé des sangraves, a part Fabrice peut-être, mais elle m’a beaucoup parlé de leurs missions.”

Elle se fustigea intérieurement. Elle avait été trop impatiente. L’homme se tendit et elle sentit sa magie monter.

“L’identité du nouveau maître n’est pas à la portée des gens comme nous. Mais ce n’est pas ce traître de loup. Il s’est enfui rejoindre les siens sur le continent interdit. Il n’était pas très utile de toute façon. Maintenant, je vais devoir effectuer quelques vérifications.”

Le jet de magie la frappa de plein fouet, mais elle s’y attendait alors elle n’essaya même pas d’esquiver. Elle s’attela tout de même à se dégager de l’emprise magique pour pouvoir réagir si nécessaire. Les démonstrations de magie devaient être courantes puisque les gens tournèrent brièvement la tête avant de retourner à leurs occupations. Et elle mettrait sa main restante au feu que les murs étaient en masksort. Elle subit différent sortilèges pour vérifier si elle était bien ce qu’elle était, un couteau sous la gorge. Elle devait juste être patiente. La blondinette avait ce qu’elle voulait savoir et il n’était pas nécessaire d’attirer plus encore l’attention sur elle.

Mais ce fut là son erreur. Si le commun des mortels ne se seraient peut-être pas rendu compte du petit changement imperceptible dans son attitude, un sangrave rodé dans l’identification des espions en était capable. La fière et puissante vampyre qu’elle était ne se serait pas laissée faire sans protester. Elle ne se serait de toute façon pas laissée faire tout court. Tout s’enchaîna alors très vite. Celui qui l’observait envoya un signe de tête entendu à celui qui tenait le couteau sous sa gorge. Ce dernier reçut un coup de poing entendu lui aussi de la part de Tara qui s’était dégagé au même instant, comprenant que sa couverture était de l’histoire ancienne. L’avantage de douter de ses capacités d’infiltrations était de toujours avoir un plan de secours à base d’explosion, de muscle et de subtilité.


“Intrusion ! C’est une espion d’Omois !”

Le cri de douleur étouffé poussé par le sangrave déjà au tapis, le hurlement d’alerte du second qui, pas fou, utilisait déjà la magie démoniaque pour passer outre l’antitransmitus de l’établissement, tout ça provoqua un gros mouvement de panique dans deux directions. La première fut celle choisie par les moins courageux, qui prirent leurs affaires, et sûrement un peu de celles du voisin au passage, pour remonter fissa et se tirer d’ici. Pas de bol, Tara avait de toute façon un taludi sur l’épaule qui avait dû filmer le visage de pas mal de personne déjà. La seconde direction, moins marrante pour elle, c’était sa propre personne. Les espionnes on les saigne à mort. C’est ce que laissa sous-entendre un agent de sécurité. Qui ne put s'empêcher de reculer d’un pas alors qu’elle croisait son regard.

La vingtaine de client et la demi-douzaine d’agent de sécurité l’avaient cependant acculée dans le coin de la pièce, sans pour autant tenter quoique que ce soit. Un premier rayon de magie fusa, s’écrasant sur le bouclier bleu translucide sans aucun effet. Sa propre riposte, elle, l’envoya s'écraser contre le mur de l’autre côté de la pièce.


“Ceux qui veulent partir maintenant le peuvent encore.”

Le ton sinistre de sa voix et ses canines carnassières suffirent à convaincre les moins téméraires à s’éloigner doucement du groupe et se tirer eux aussi. C’était certainement les moins bêtes aussi. Elle n’attendit pas qu’on la réattaque et se jeta dans la mêlée en laissant parler son instinct. La créature de griffe et de croc qu’elle était, protégée par l’armure légère en keltril que lui avait fourni sa changeline, et sous son bouclier magique, n’avait pas grand-chose à craindre. Elle s’efforça de ne tuer personne mais elle ne loupa pas les plus vicieux, qui eux saignaient d’un peu partout. Rien de mortel heureusement, mais suffisamment douloureux pour être punitif. Autant que cela serve à quelque chose.

Elle n’avait cassé que deux trois tables, mais elle ne comptait pas rembourser le propriétaire, comme elle aurait pu le faire dans un établissement normal. Celui-ci allait subir une inspection immédiate de la police Omoisienne et c’était bien dommage pour lui. Elle était même persuadée qu’il y ait une ou deux primes à récupérer parmi la quinzaine de corps inconscients dans la pièce. Elle ne prit pas le temps de vérifier, se dirigeant vers la sortie, quand une amie bien connue se manifesta en applaudissant doucement, presque moqueusement.


“Pas mal, pas mal. Tu as manqué de peu la perfection, et ça t’aurait évité de faire démonstrations de tes capacités.”


Myakko dans toute sa splendeur. Celle-ci avait délesté les tables des credit-muts restants, comme on pouvait s’y attendre.

“Vaneloppe m’a dit où tu allais, alors je suis venu voir comment tu t’en sortais. C’est dommage qu’il faille le fermer, je l’aimais bien moi, cet endroit.”


“Je suis certaine que tu en as des dizaines dans le coin que tu apprécies tout autant et que tu te garderas bien de dénoncer.”

“Il faut bien conserver ses sources.”

Même si cela lui faisait du mal de l’admettre, l’elfe n’avait pas tort. Ce genre de réseau d’informations alternatifs avaient leurs avantages et, dans le cas présent, lui avait permis de trouver Fabrice.

“Alors, où se cache le loup?”

“Dans sa tanière, avec la meute.”

Tara n’était pas tout à fait certaine de ce qu’elle aurait préféré apprendre. Les sangraves étaient globalement inaccessibles dans la majeure partie des cas. Il avait fallu un agent infiltré pour provoquer leur perte. Elle aurait sûrement du prendre beaucoup de risques pour s’introduire à l'intérieur du réseau. Néanmoins, que Fabrice se soit réfugié dans les jupes de Maldan n’était pas une perspective réjouissante non plus. S’il partageait ses connaissances de la magie démoniaque avec la technomagique lycanne, Bentruc sait ce qu’ils seraient capable de faire. Elle espérait juste que le leader des loups ne fasse pas l’erreur stupide de se servir d’un tel pouvoir. Le Talion n’était pas encore près pour une offensive d’envergure, et ce ne serait de toute façon pas son premier mouvement contre Maldan. Elle allait devoir faire ça comme une grande, et retrouver sa cible dans le continent le plus hostile d’Autremonde pour une princesse Omoisienne.

“Tu sais comment tu veux t’y prendre?”

“Pas du tout, mais Vaneloppe devrait m’aider. Elle nous tanne avec ses émetteurs pirates à introduire dans le réseau lycan, ce sera l’occasion de les lui donner. Elle pourra peut-être retrouver Fabrice comme ça.”

C’était ce qu’elle avait de mieux pour le moment. C’était ça ou retourner chaque parcelle du continent en écrasant tout sur son passage, et c’était un peu plus délicat à mettre en place. S’approcher des points vitaux des loups et y introduire des moyens de communication n’étaient pas chose aisée non plus. C’était les seuls aux courants des capacités de Vaneloppe et ils s’étaient préparés à l’affronter. Leur réseau cristallin était le mieux protégé, et selon toute vraisemblance les plus critiques étaient fermés au monde extérieur. Sauf si un élément physique y était introduit. Et l’IA n’était pas certaine que cela soit une solution sur le long terme. Ce serait à recommencer encore et encore. Mais l’information était le nerf de la guerre, et leur première intervention allait nécessiter la captation de données du côté lycan.

Leur continent était déjà sous les yeux de l’IA. Des drones furtifs, des scoops sillonnaient le ciel à la recherche d’information et de mouvement de troupe, mais ce n’était pas suffisant pour prévoir toutes leurs actions.


“J’en discuterai avec elle. Rentrons, la police ne devrait pas tarder, j’ai lancé l’appel déjà.”

Autant ne pas révéler ses actions de super héroïne masquée, et Myakko préférait quand on ne la rapprochait pas trop des forces de l’ordre. Elles se saluèrent à la sortie sous le regard paniqué du gérant dont la clientèle (sobre) avait désertée, et qui tentait de mettre dehors ceux qui n’étaient pas en état de le faire. Il allait certainement abandonner et se sauver le plus loin possible pour quelques temps. Reprenant sa forme humaine, elle regagna le palais où l’attendait sagement Galant, avant de faire réveiller Xandiar et Sene, la chef des services secrets.

Un peu bougon d’être ainsi dérangés en plein milieu de la nuit, ils changèrent très vite d’avis quand elle leur raconta tout ce qu’elle savait sur les anciens sangraves, leur transmettant tout ce que Shinzô lui avait donné, Keylo et lui-même en moins. Autant protéger ceux qui l’avaient aidé de bon cœur. La rafle de cette nuit risquait d’être mémorable. Tara quitta la salle de réunion qu’elle avait réservé et laissa le couple préparer leur plan d’action.

Elle se réveilla le lendemain matin avec l’annonce des différentes arrestations. Bien entendu, elle savait que tous n’avaient pas pu être capturés. Elle n’avait pu tous les retrouver, et certains avaient peut-être foutu le camp entre sa visite et la tentative de capture, malgré le puissant mintus qu’elle avait infligé à chacun. Il ne faisait pas bon vivre d’être un sangrave. Malheureusement, elle savait aussi que les membres encore actif ne faisait pas partie de la liste qu’elle avait fournie, malheureusement. Les membres les plus influents, encore vivant, s’étaient bien protégés tout au long de leur vie de Gris et ils couraient encore en liberté dans la nature. Mais des coupables seraient punis, et c’était déjà une petite victoire pour la princesse Impériale. Vaneloppe lui avait laissé un message en lui promettant un plan d’action pour l’infiltration en territoire lycan. Elle était donc dans l'expectative. Pour la première fois depuis qu’elle était morte. Ce qui n’était pas bon pour elle. Elle n’était pas dupe sur sa condition. Myakko, Vaneloppe et même Undyne n’était pas dupe non plus. Comme toujours dans ce genre de cas, elle fonçait tête baissée dans sa traque pour oublier pourquoi elle faisait ça. Et un temps mort lui rappelait douloureusement sa peine.

Allongée dans son lit, elle regardait le plafond, se morfondant dans ses pensées. Sa tante lui manquait. Ses sermons, ses leçons, ses conseils, sa bienveillance et tout ce qu’elles avaient pu partager n’était plus qu’un lointain souvenir déjà. Elle avait beau savoir qu’elles se retrouveraient en Outremonde, et que la “mort” la bas n’était pas la chose la plus désagréable qui soit, elle sentait son cœur se serrer en imaginant ce que leur vie serait devenue si elle était encore là. Un de ses modèles de vie s’était éteint, et tout ce que cela impliquait ne la frappait que maintenant. Et il n’y avait pas grand monde dans sa vie capable de comprendre ce qui la traversait. La première devait vivre à peu près la même chose, et elle ne voulait pas ajouter le poids de sa propre à celle de sa sœur.

Et Tara frappait maintenant à la porte de la seconde. Elle l’avait prévenue de sa venue mais pas forcément des raisons. Amber était bien entendu au courant de la réalité de la situation, et de la vendetta dans laquelle s’était lancée Tara. Elle avait bien sûr proposé son aide (enfin je crois hein), et la princesse ne doutait pas que Vaneloppe allait l’impliquer dans la pose des mouchards informatiques, ce qu’elle voyait d’un mauvais oeil. Elle ne s’y ferait sans doute jamais, mais elle n’était sûrement pas la mieux placée pour empêcher les gens de faire ce qu’il voulait. Elle espérait juste qu’il ne lui arrive jamais rien, parce qu’elle s’en voudrait toute sa vie sinon. Mais pour l’instant, celle-ci est bien vivante et lui ouvre sa porte, et la blondinette n’attendit pas une seconde de plus pour se jeter dans ses bras, se cachant dans le sanctuaire de leur amour. Ce qui était bien avec Amber, c’est qu’elle savait, sans même avoir besoin que Tara lui dise. Elles se ressemblaient beaucoup et nul doute que sa brune savait ce qu’elle vivait à l’instant même où elle avait appris la mort de Lisbeth. Et ce qu’il fallait faire quand on frappait à votre porte les larmes aux yeux.

Tara lui raconta tout de même ce qu’il s’était passé hier, la mettant au courant des perspectives qui s’offraient au Talion pour continuer sa traque, et comme elle s’y attendait, Amber affirma sa volonté de participer. C’était en adéquation avec son métier après tout, et l’occasion de mettre un peu plus en pratique l'entraînement de Myakko. Qui ne la ménageait pas. Son ancienne élève reconnaissait aisément les marques de sa dague dont elle laissait la fin de cicatrisation se faire naturellement. Cela ne laissait pas de marque, mais les démangeaisons et les croûtes étaient suffisamment dérangeantes pour inciter à faire mieux la fois d’après. Sans parler de la douleur des blessures en elle-même.

Elle resta la journée entière avec elle, n’ayant toutes les deux rien à faire de plus constructif,  et sans occulter pour autant, la peine de Tara était moins lourde. Elle avait quelqu’un qui l’aidait à affronter ce qu’elle fuyait. On dit souvent que celui qui court après un objectif est celui qui fuit le plus loin. Ce n’était pas si éloigné de la vérité pour elle. Mais sa traque ne fut pas longue à reprendre, et effectivement, Vaneloppe n’allait pas les ménager.

L’IA leur transmit les images directement sur leur boule de cristal, ainsi que le briefing de mission. Myakko, Tara et Amber se voyaient attribuer deux ou trois sites sensibles, qu’elles devaient infiltrer. Normalement rien de difficile. Normalement. Les lycans avaient de solides défenses. Après tout, l’intégralité de l'île était plongée dans un champ antimagie. De ce qu’avait pu en comprendre l’androïde, le champ agissait comme un disperseur d’onde magique. Si la fréquence n’était pas reconnue, l'énergie qu’elle transportait se dissipait simplement dans la zone. Les fréquences des armes, et surement des quelques sortceliers qui s’étaient faits mordre pendant les rafles de transformation, étaient stockés dans une base de données quelque part. C’était l’un des objectifs primordiaux du trio. En effet, si Vaneloppe était capable d’analyser l’encodage de la magie, elle serait capable d’ajouter celle des soldats du Talion à celle-ci et permettre l’usage de la magie à chacun, voire de supprimer celles de leurs ennemis, ce qui rendrait le champ totalement inutilisable pour eux. La dizaine de site que l’IA leur avait transmis n’étaient pas forcement bien identifiés. Elle n’était pas certaine de leurs rôles, et ils étaient presque aveugles. Elle avait bien tenté d’y envoyer des drones mais ceux-ci avaient été interceptés à l'intérieur, sans avoir recueilli d’informations critiques. En fonction des résultats obtenus sur ces piratages-là, le Talion pourrait identifier les bases plus secrètes, et surement repéré leur cible, Fabrice.

Sans attendre, le couple se rendit sur le Damoclès pour préparer l’intrusion. Vaneloppe leur avait déjà donné tout ce qu’elle savait, et leur donna les dispositifs à introduire dans le réseau. Il suffisait de trouver un terminal, et le virus devrait s’introduire sans déclencher aucune alarme. Malheureusement, elle leur indiqua qu’elle était presque certaine que si l’une d’elle était découverte pendant une infiltration, le site serait en mesure de repérer son virus espion, et que cela risquait de compromettre les missions des autres, ainsi que la récupération d’information de manière globale. C’était tout ou rien. Myakko prit la suite. Comme il n’y avait pas de magie là-bas, les sorts d’invisibilités ne fonctionnaient, mais l’IA leur avait fourni l’équivalent technologique. L’elfe leur rappela les bases d’une infiltration contre un ennemi dont les sens étaient aussi aiguisés. Si chacun de leur mouvement pouvait provoquer la fin de leur mission, c’était aussi une faiblesse à exploiter. Tara y avait déjà entrainé, et Amber aussi, désormais, puisque Myakko, prévoyante, avait axé une grande part de son enseignement sur les lycans. Il n’y aurait de toute façon que les gardiens et le système de sécurité pour les empêcher d'accéder à un ordinateur, puisqu’elles agiraient de nuit. Cette nuit. Autant battre le fer tant qu’il est chaud.






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Tara "The Fire" Duncan


Tara

Age du personnage : 22

Familier : Galant, pégase
Couleur de magie : bleu azur
Niveau de magie :
  • Très élevé
Niveau de combat :
  • Elevé


Métier : Apprentie Impératrice, catastrophe
Résidence : Omois

MessageSujet: Re: La traque.   La traque. Icon_minitimeVen 17 Nov 2017 - 10:21


Dans la tanière du loup.







Trois mercures les attendaient déjà. Leurs matrices de camouflage fonctionnaient dans une certaine mesure en territoire loup garou, mais ceux-ci avaient des radars qui pouvaient les repérer dans les zones les plus denses. Elles allaient donc devoir marcher. Beaucoup. Mais c’était une bien douce contrainte à côté de se faire descendre en plein vol hein. Alors que l'hélicoptère à réaction décollait, Tara brancha son oreillette. Ses lentilles transmettaient son visu à Vaneloppe, et les trois femmes pouvaient communiquer vocalement. Elles ne seraient jamais vraiment seules pendant la nuit.

Le trajet n’était pas très long, le Damoclès s’étant déjà déplacé pendant la soirée, et en moins de vingt minutes, chacune était au sol et marchaient vers leur première cible. Tara fit plusieurs fois le tour du bâtiment, un genre d’immense complexe vitré, sur une trentaine d’étage. Plus pour la forme que parce que c’était nécessaire, elle nota les différentes rondes des gardiens, pendant que Galant, miniaturisé et camouflé, faisait le tour des différents niveaux. C’était plus pratique pour elle de l’utiliser ainsi, mais en cas de pépin, elle ne pourrait pas lui faire reprendre sa forme initiale pour s’enfuir par les airs. Alors elle n’avait pas le droit à l’erreur. Myakko lui avait expliqué que le plus souvent, la faille de sécurité était très souvent humaine. Enfin, lycane en l'occurrence. Il suffisait d’avoir de la chance. Ainsi, il lui fallait tout simplement chercher le bureau de celui qui laisse son mot de passe sur un post-it, cet imbécile-là qui compromettait tout un site de recherche parce que “personne ne serait assez fou pour venir jusqu’ici.”. C'était mal connaître Tara. Il faisait encore chaud de ce côté de la planète, alors elle espérait trouver la fenêtre ouverte oubliée. L’elfe lui avait aussi dit qu’avant de se créer soi-même une entrée, il fallait vérifier que personne n’en avait laissé une ouverte. Et son pégase finit par en trouver une, au vingtième étage. Ce n’était pas très accessible, mais c’était toujours plus prudent que briser quelque chose et prendre le risque de déclencher une alarme.

Tara se mit en position au pied du bâtiment, après que le loup en faction se soit suffisamment éloigné. Elle avait laissé tomber quelques gouttes de musc animal pour couvrir sa propre odeur, et elle enfila les ventouses à ses poignets et ses genoux. Effleurant du bout des doigts la surface vitrée, elle inspira un grand coup avant de commencer son ascension. Celle-ci fut longue et laborieuse. Les longues dizaines de mètres à avaler étaient difficile à couvrir rapidement avec un tel procédé. L’absence de magie était vraiment contraignante, une fois qu’on s’était habitué à son confort. Sa forme de vampyr l’aidait bien, et après un premier sprint pour être certaine d’être hors de vue d’un vigile, elle reprit avec un rythme moins acharnée. La fenêtre atteinte, elle se hissa à l'intérieur avant de s'allonger au sol avec délectation. Le bureau n’était pas très grand. Il y avait quelques figurines, une plante verte et des photos de famille, et surtout, l’ordinateur. Se redressant, elle inséra sans hésiter le mouchard de l’IA, tirant le poste de son mode veille. Encore une chance. Elle aurait du chercher un poste allumé pour éviter de laisser une anomalie dans les logs d’allumage. Elle éteignit la lumière blafarde de l'écran, laissant la petite clé pirate faire son ouvrage.

Tara se plaqua au sol, sous le bureau, en entendant des pas dans le couloir. Il y avait aussi des rondes à l'intérieur, et elle aurait pu se faire prendre, si le timing avait été plus mauvais. Son cœur cessa de battre quand elle entendit le garde s’exclamer.


“Encore un qui a laissé sa fenêtre ouverte. Ils sont pas croyables.”

Elle entendit la poignée de la porte se tourner doucement. S’il entrait, il se rendrait compte de sa présence. Sa main vint trouver la dague en argent à sa ceinture, alors qu’elle attendait l’entrée du garde. Qui ne vint jamais.

“Au moins, il a pensé à fermer son bureau à clé. ”

Il reprit sa ronde. Il fallait croire que les recherches ici étaient suffisamment importantes pour que les vigiles ne puissent pas entrer partout. Elle laissa échapper un énorme soupir de soulagement, et Vaneloppe lui indiqua que le transfert était terminé. Autant filer en vitesse, elle n’avait pas beaucoup de temps avant que le garde ne repasse. Elle accrocha son grappin à la fenêtre, laissant le filin accroché à sa ceinture la descendre en rappel bien plus vite qu’elle n’aurait pu le faire. En bas, après avoir donné un peu de mou, elle appuya sur le bouton qui fit se rétracter les griffes du crochet, et le filin se rembobina, et l'extrémité finit par tomber avec un petit bruit mat dans l’herbe meuble, avant de revenir à sa ceinture. Sans plus attendre, elle s’éloigna rejoindre le couvert de la flore locale, pour rejoindre le Mercure qui l’amènerait à sa destination suivante.

Vaneloppe recueillait un maximum d’information tant qu’elle le pouvait encore. Même si les mouchards n’étaient pas physiquement découvert rapidement, elle soupçonnait un admin attentif de se rendre compte du trafic de données en cours. Après tout, si les loups avaient été prudents, il devait y avoir des radars capables de détecter le flux de donnée. Ou peut-être pas. Dans le doute, elle récupérait ce qu’elle pouvait. Myakko et Amber avaient terminé leurs missions, et seule Tara, pas aussi rodée qu’elles, lambinait en se rapprochant du dernier complexe. L’IA avait trouvé des informations sur Fabrice, mais rien qui puisse lui permettre de le localiser avec précision. Tant pis pour le moment, elle avait autre chose pour l’occuper. Du haut de la colline qui surplombait la dernière base à infiltrer, Tara attendait patiemment son heure. Le site n’était pas plus gardé que les autres, mais contrairement aux précèdent, il semblait plus difficile d’accès. Principalement parce que le complexe semblait souterrain. Vaneloppe manquait d’information à son sujet, et Myakko allait surement venir lui prêter main forte si la tâche se trouvait trop ardue pour l’ex-héritière. En attendant, elle était seule.

Passant peu après une ronde d’un garde, évitant les caméras et les détecteurs de mouvement grâce à son camouflage optique, elle s’introduisit sans encombre dans l’enceinte principale. Elle comprenait néanmoins l'intérêt que pouvait porter Vaneloppe à la zone. L’enceinte était vaste et parsemé de quelques bâtiments, mais le reste n’était qu’un immense terrain vague. Cela pouvait sous-entendre un terrain de manœuvre, ou une zone de test. Mais surtout, si comme l’IA le soupçonnait, la partie intéressante se trouvait sous terre, le complexe pouvait être gigantesque. Elle devait donc en avoir le cœur net. S’approchant sans bruit des fenêtres des petites bâtisses, elle ne vit rien d'intéressant à l'intérieur, c’était, semblait-il, des salles d’archives principalement. Le plus gros bâtiment, dont elle avait fait le tour sans rien pouvoir obtenir, semblait plus protégé et possédait une porte blindée capable de faire entrer un gros camion. C’était surement l’entrée principale, mais elle ne pouvait malheureusement pas interagir avec elle sans se faire repérer. Elle devait trouver un autre moyen de contourner la sécurité. Il n’y avait pas cinquante solutions pour cela. S’il y avait un souterrain en dessous, il avait besoin d’air, et même si c’était terriblement cliché, elle n’avait pas d’autres idées en tête. Elle revint vers un des petits bâtiments qui contenait, lui, des machines de chaufferie, et qui devait donc se trouver à un point clé de la circulation des flux d’eau et d’air. Grimpant en haut du toit, elle s’adossa au rebord pour réfléchir à son plan d’action. Cette fois, pas de fenêtre ouverte, elle allait devoir ouvrir elle-même un point d’entrée. Le vasistas qui laissait entrer la lumière de la lune en était un parfait. Sortant une pointe de diamant de sa poche, Tara entreprit de découper, proprement, le double vitrage de la fenêtre. Elle retira ensuite, à l’aide d’une de ses ventouses, les vitres sans les briser. Elle devrait, à l’aide d’une colle résineuse, pouvoir remettre la vitre à sa place en repartant. En attendant, cela resterait grand ouvert.

Accrochée à son grappin, elle descendit les quelques mètres entre le plafond et le sol, et une fois sur celui-ci, se mit en quête de la machinerie qui pompait l’air. Elle ne tarda pas à trouver celle-ci… puisqu’elle occupait la moitié du petit hangar. Et c’était surtout écrit en gros dessus. Elle en fit le tour, essayant de comprendre où les conduits arrivaient, et elle tomba sur la trappe de maintenance, dans laquelle elle s’engouffra sans hésitation. Ne prenant pas le risque d’allumer une source lumineuse, elle s’avança dans le noir avec ses sens de vampyr, n’utilisant que les voyants lumineux d’évacuation comme source de lumière. Ce chemin de service s’enfonçait rapidement sous la surface, jusqu’à déboucher sur un genre de puit, où des pales gigantesques tournaient à vitesse folle pour aspirer l’air à travers une grille, qui vraisemblablement n’était que peu visible depuis le ciel, puisque Vaneloppe n’avait pas identifié celle-ci avec ses espions aériens. Descendant plus profond, sous les pâles, elle trouva une porte de sortie qui redonnait vers l’intérieur. Ses sens de chasseur en éveil, elle ouvrit doucement la porte pour s’engouffrer dans la partie utilisée.

Quelque chose clochait cependant, et ses instincts de chasseur étaient en alerte. Tout était bien trop propre, trop carré. Un étrange sentiment dans l’âme, elle rasait les murs en jetant des coups d’œil dans les coins, cherchant les caméras, et tendant l’oreille pour guetter l’arrivée d’un potentiel garde. Mais rien. Pas très à l’aise dans sa combinaison noire, elle finit par choisir un bureau avec un ordinateur qui la cacherait facilement si quelqu’un venait à la sentir, et ferma la porte pour plus de sécurité. C’est au moment de presser le bouton que la voix de Myakko retentit dans son oreillette.


“N’y touche pas!”

Mais c’était trop tard, elle avait déjà appuyé et l'écran s’alluma, ainsi que tous les lumières et le loquet de la porte s’enclencha, l’enfermant dans le bureau. L’écran affichait un “busted” qui lui faisait l’effet d’une insulte.

“Un peu trop tard. Je détruis l’oreillette, et je me demerde. N’intervenez que si c’est hautement nécessaire.”


Elle arracha l’objet de son oreille et le réduisit en miette de sa main métallique, jetant les débris contre le mur pour en éparpiller plus encore le contenu. Elle désactiva son camouflage, il serait inutile de toute façon. Myakko avait compris ce qui la gênait depuis le début. L’installation n’était qu’un énorme piège. Un piège visant quelqu’un d’assez puissant ou téméraire pour se frotter aux loups. Quelqu’un comme elle ou comme Vaneloppe. Maintenant, elle allait devoir créer sa sortie.

Mais les pas qu’elle entendait dans le couloir n’allaient pas en la rassurant, car ils étaient nombreux. Sa changeline changea sa combinaison d’infiltration en camelin pour son armure de keltril et d’argent, et lui donnant ses deux lames favorites pour ce genre de combat. D’un coup de pied boosté de magie, elle fracassa la porte et se dirigea sans attendre vers la porte qu’elle avait empruntée, essayant de couvrir un maximum de distance avant de se faire intercepter. Elle n’eut pas le temps d’aller bien loin, et les premiers tirs de technomagie ricochèrent sur son armure, déstabilisant sa course. C’était l'inconvénient de son bouclier interne, c’est qu’il ne parvenait pas à encaisser l’intégralité des forces, et si elle n’était pas blessée, elle n’en restait pas moins repoussée. Elle se plaqua contre un mur en réfléchissant à ses options. Ils arrivaient de partout, et ce n’était qu’une question de temps pour que d’autres arrivent par le corridor dans lequel elle était encore à l’abri. Elle avait bien montré son visage à la caméra. Normalement, ils savaient qui elle était, et avec de la chance, il voudrait la capturer vivante. Quelques loups transformés se rapprochaient, se détachant du groupe de fusiliers, et elle cueillit le premier d’un double fauchage argenté alors qu’il passait le couloir. Elle ignora son râle de souffrance pour s’écarter d’un bond, évitant un coup qui l’aurait envoyée s’écraser contre le mur. A la place, les griffes raclèrent sans effet sur le keltril. Elle manqua sa riposte de peu, n’effleurant qu’à peine le museau de son agresseur qui se retirait déjà pour laisser un autre lycan s’élancer vers elle, profitant de l’élan d’une demi-course. Elle se laissa glisser sur le côté, le lardant alors qu’il frappait l’endroit où elle se tenait la seconde d’avant. Il s’écrasa au sol, répandant son sang sur la moquette, l’argent mordant ses chairs.

Néanmoins, Tara savait que c’était peine perdue. Confinée, elle serait rapidement submergée. Elle se battait pour la forme et pour rappeler aux loups ce dont elle était capable. Ainsi, quand les fusiliers arrivèrent de nouveaux à son niveau, elle était désarmée, avait délaissé son armure, sa forme vampyrique et levait tranquillement les mains, assise sur le cadavre d’un des lycans parmi la dizaine qu’elle avait tué. Elle n’était même pas essoufflée.

On lui lia les mains, sans qu’elle ne résista, et c’était d’autant plus amusant que le garou qui s’en était occupé n’était pas du tout rassuré de s’approcher de celle qui fut jadis leur sauveuse, et maintenant l’une de leur plus fervente adversaire. Une petite escouade la mena ensuite jusqu’à la geôle où elle fut balancée sans ménagement dans une pièce austère, sans même lui libérer les mains. On lui avait retiré sa changeline et tout son équipement. Mais caché sous ses vêtements et ses gants, personne n’avait pensé à lui retirer son bras. Elle patienta un couple d’heure, qui permit à Vaneloppe de préparer une potentielle mission de sauvetage. Celle-ci lui transmettait les messages réconfortants d’Amber par l'intermédiaire de ses lentilles, et elle savait qu’elle n’était pas seule. Cela lui évita de se morfondre sur son imprudence. Une nouvelle escouade vint la chercher pour l’emmener dans une pièce plus grande. Visiblement nerveux, les loups se tenaient sur leur garde. On la fit s’assoir sur une chaise en métal, adossée contre le mur. On l’abandonna de nouveau, mais une dizaine de lycans firent leur entrée après quelques minutes. Ils se répartirent dans la salle, armés de bâton qui devait vraisemblablement être un peu plus que ça. Trois autres s’approchèrent, et elle ne put s’empêcher de retenir un hoquet de surprise en reconnaissance celui après qui elle courrait.


“Fabrice. Pour une surprise, c’est une heureuse surprise. Moi qui pensait avoir à soulever chaque pierre de ce continent pour trouver où tu te planquais, tu économises bien du temps.”

Elle avait balancé ça avec tout l’aplomb qu’on pouvait avoir, ligotée sur une chaise.

“Économise ta salive, Tara. Tu n’auras pas dû venir ici.  Nous sommes là pour savoir ce que tu sais. Et comme je n’ai pas les mêmes capacités que toi, cela risque d’être douloureusement plus intéressant.”

Étonnant ça, tiens. Elle fit comme si elle n’avait rien entendu et continua son discours. Sa voix était tremblotante de colère, et l’intonation aussi menaçante que possible.

“J’ai été bête. Pourquoi est-ce que j’aurais pu croire que Fabrice, roi des cons, se tienne tranquille après la mort de celui qu’il vénérait tant? Il fallait que tu te venges, et c’est sur ma tante que tu as jeté ton dévolu. Ceux qui ont provoqués la chute des Gris n’étaient même pas aidé par l’Empire.“

Il ne prit pas la peine de répondre, faisant un simple signe de tête à l’un des deux loups qui se saisit de la matraque à sa ceinture. Il frappa un ou deux coup, grognant alors qu’il se rendait compte que ce ne serait pas suffisant pour passer les défenses de la princesse. Il appuya sur le bouton près du manche, et cette fois, l'électricité qui la parcourut la fit réagir. Mais ses cris de douleurs ne faisaient qu’entre couper son flot de rancœur et de colère, dont elle lâchait le fiel sitôt son souffle retrouvé.

“Tu étais enfin libre ! Libre de son influence. Mais elle était si forte qu’elle t’as suivie jusque dans sa tombe. Tout ça pour finir dans les jupettes de Maldan. J’espère que tu es fier de toi.”

S’il y avait bien quelque chose qu’on pouvait lui accorder, c’est qu’il était capable de garder un calme olympien. C’était lui qui dirigeait dans la pièce. Tara n’était pas étonnée qu’il soit un alpha compétent après avoir été si longtemps un leader chez les Sangraves. Elle hurlait à chaque fois que le bâton se posait sur son bras, mais chaque secousse était un pas supplémentaire vers sa liberté.

“Maintenant, je suis venue mettre un terme à tout ça. Tu dois payer pour tes crimes.”

Ce n’est que là qu’il daigna lui répondre.

“Non Tara. Maldan ne veut même pas de toi comme louve, il a trop peur que tu deviennes une alpha plus influente que lui. Et je n’ai aucune envie d’être de nouveau commandé par toi. Il y a quelques mois tu m’as dit, la prochaine fois que nous nous rencontrerons, l’un de nous mourra. Tu seras peut-être surprise d’apprendre que tu avais raisons. L’Alpha a ordonné ta mort.”


“Les lâches meurent plusieurs fois avant leur mort. Les braves ne goûtent jamais la mort qu’une fois. Ça te fait combien de coup d’avance sur moi?”

Il se leva alors qu’une partie des troupes sortaient, visiblement peu atteint par l’insulte. L'exécution se ferait à huis clos, il fallait croire. Il tourna le dos en lui adressant un petit signe de la main, mais s’arrêta à mi chemin quand il l’entendit supplier.

“Ne pars pas, s’il te plait.”

Visiblement curieux d’entendre une Tara ainsi affaiblie, il se retourna. Et sa curiosité se changea en stupeur alors que cette dernière se tenait debout, et que ses deux bourreaux s’écroulaient dans un gargouillis étouffé de gorge tranchée et de bouillon de sang jaillissant.

“Après tout, je n’en ai pas terminé avec toi. Couleurs !”

Ces idiots de loup n’avaient pas regardé son bras. Parmi les quelques améliorations de celui-ci, se trouvait deux ongles qui pouvait s’allonger pour devenir une lame ou une lime, parfait pour ronger ses liens. Enfin, au milieu de l’avant-bras, un petit réceptacle abritait une petite dague d’argent. L’effet de surprise avait ensuite suffit pour se débarrasser des deux tortionnaires. Sans plus attendre, profitant de l’hésitation de ses adversaires, les couleurs jaillirent de son cou et se ruèrent vers la porte, l’engluant et interdisant sortie comme entrée. Les couleurs restantes se jetèrent sur les loups armés de fusil. Repoussant les projectiles magiques des fusiliers encore présent, elle les élimina un par un, malgré leurs transformations pour engager le combat au corps à corps, guidée par l’instinct de sa forme de vampyr. Ne restait donc que Fabrice.

Celui-ci s’était transformé aussi et grognait d’un air mauvais, les mains pleines d’une magie sombre. Celle de Tara ne pouvait pas quitter son corps, et elle allait devoir le forcer à s’en tenir au bon vieux corps-à-corps si elle voulait s’en sortir. Saisissant le fusil d’un des morts, elle pointa le canon vers lui, enfonçant la détente et entama sa course. Les projectiles, s’ils s’écrasèrent sans effet sur son bouclier, eurent tout de même l’avantage de l'empêcher de la frapper avec un sort avant qu’elle ne soit sur lui. Son bras droit lui faisait atrocement mal, les brûlures électrique encore à nu. Son autre poing lui, frappait le loup avec une violence dont elle faisait rarement preuve.

Le rouge jaillissait, s’écrasait tout autour d’elle. L’odeur de la mort l’excitait et l’emplissait d'allégresse. Chaque impact n’était qu’une farandole de saveur supplémentaire, chacun de ses cris une délectation. Son impuissance la ravissait tout autant qu’elle l’ennuyait. Son plaisir se mêlait à la fureur, la tristesse, la colère et la rancœur. La soif de sang qui l’emportait faisait sauter les carcans de sa retenue. Elle ponctuait ses frappes de hurlement presque inhumain. Attrapant une des matraques dans leur échange, elle lui infligea ce qu’il lui avait infligé, hésitant presque à lui enfoncer dans le gosier, mais elle préférait l’entendre demander grâce. Oh oui, ce serait délicieux.


“Ça en valait la peine? La démission et la dépression de ton père ? Ça valait tout ça?”


Les griffes du loup arrachèrent ses vêtements à l’abdomen mais ne passa pas sa peau, protégée par sa magie. Visiblement, il n’avait pas imaginé qu’elle puisse se défendre ainsi dans le champ anti magie. Malgré la douleur, elle l’avait saisi à la gorge, le relevant après qu’il eut tombé à genoux, vaincu par la furie qui habitait Tara. Et sans relâche elle frappait, profitant de la régénération pour frapper, marteler,  encore et encore.

“Le magic gang qui n’a pas réussi à passer outre ta trahison. Ça en valait la peine?”

Elle serrait de plus en plus fort, jubilant de le voir ainsi suffoquer.

“Pire encore. Gloria. Ton amour. Mon amie. Elle t’aimait tant. Tout ça c’est ta faute.”

Elle le balança sans effort contre le mur, ramassant la dague qui trainait un peu plus loin, pour revenir vers lui, ses yeux aussi brillant qu’un soleil, et son sourire de vampyr aussi large que possible. Tara le releva en le plaquant contre la paroi.

“Mais maintenant, c’est fini. Tu vas payer, une bonne fois pour toute.”


Elle leva la lame et frappa. Si fort qu’elle creusa le mur et y logeait la lame, quelques centimètres à côté de sa gorge. Elle ressortit son bras et frappa cette fois de toutes ses forces à la tempe. Fabrice tomba inconscient. Tara se laissa tomber à genoux, reprenant son souffle alors que le noir refluait. Ce n'était pas passé loin. Myakko l’avait prévenue ce que pouvait entraîner la puissance et la mort. Et Tara lui avait ri au nez quand l’elfe lui avait dit qu’elle était la plus à même de devenir une tueuse sanguinaire si elle ne faisait pas attention. Et ce n’était pas passé loin. Elle prenait conscience de la gravité de sa situation et du plaisir qu’elle avait eu à faire souffrir celui qu’elle détestait le plus au monde. Mais il restait son vieil ami, non? Elle n’en aurait pas été capable. En tout cas, ce n’en était pas passé loin.

Elle le fouilla, récupérant ses affaires, revêtant de nouveau son armure. Puis elle le réveilla de force. Tara avait besoin de lui, conscient. Elle planta son regard dans le sien et sa dague vint chatouiller sa gorge.

“Écoute-moi bien. Tu es en vie pour une seule raison. C’est que je ne peux sortir d’ici que si tu m’y aides. Tu es face à un choix. Tu peux mourir une nouvelle fois, comme le lâche que tu es, et sortir d’ici en tant qu’otage, en vie. Ou mourir une dernière fois, pour de bon, et je me débrouillerais autrement.”

Il avait vu son regard, la lueur folle qui l’habitait. Plus qu’à n’importe quel moment de sa vie, il avait senti la mort le frôler. Il baissa les yeux, capitulant. Même si elle n’était pas un loup, elle venait de s’imposer à lui aussi facilement que Maldan avait pu le faire. Sans défense, il se retrouva ligoté, traîné par la blonde qui se tenait prête à frapper au moindre signe de trahison. Il intima l’ordre à ses hommes de la laisser passer, et quand les couleurs se retirèrent de la porte, les couloirs étaient déserts. Il la guida jusqu'à la porte principale, où les attendaient la cinquantaine d’hommes restants, encerclant la porte. Mais tout comme le premier combat, quand la reine rouge était encore en vie, qui avait mis en avant la vulnérabilité des alphas, ils ne bronchèrent pas et laissèrent la demoiselle et son prisonnier s’enfuir.

Ils furent vite dans un Mercure, où les attendait Myakko et rejoignirent le Damoclès. L’elfe endormit le loup dès qu’il fut monté, et ne dit pas un mot, laissant Tara avec elle-même, après avoir soigné ses brûlures. C’était sa façon à elle de compatir, l’ex-héritière le savait. Elle n’avait plus d’excuses pour fuir maintenant, et le trajet lui permit de se faire à cette idée.

Tara passa au peigne fin l’esprit du loup une fois celui-ci soigné, mais elle ne parvint pas à obtenir les noms des complices du meurtre. Elle obtint des noms supplémentaires, qui viendraient s’ajouter aux “victimes” de la Purge Sangrave. Maintenant qu’il était à sa merci, qu’elle avait gagné, elle ne lui adressa plus la parole, à part pour l’interroger. Et s’il tenta de s’excuser, de se justifier, elle ne l’écouta pas plus, seules comptaient les informations. Et une fois certaine de ne plus pouvoir rien tirer de lui, elle le livra à Xandiar, qui se fera une joie d’aller annoncer la nouvelle à son jeune empereur.

Soulagée de ce poids, Tara semblait moins sombre. Tout ce qu’elle avait accumulé depuis la mort de sa Tante s’était libéré pendant son combat, même si cela avait failli lui coûter très cher. Elle ferait bien plus attention, si cela devait se reproduire. Après quelques jours de repos pour se remettre de ses aventures, le travail reprenait cependant. La première opération du Talion était pour bientôt, et les premières troupes des pays membres allaient mettre le pied sur le Damoclès très rapidement. Elle allait avoir de quoi s’occuper.



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La traque.
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