Troublemaker • Keylo [Micro]

Tu fermes les yeux, bercée par l’odeur enivrante des ramures détrempées. Les feuilles du saule pleureur te caressent tendrement le visage. Tu souris. Fredonne tout bas. Ironie du sort, ta vie chaotique ne semble pouvoir s’apaiser qu’ici. Tu passes ta main dans tes cheveux blonds, lasse. Peu t’importe que tes vêtements se salissent, que ta crinière s’ébouriffe. Tu as besoin de respirer. Vider ton esprit. La tempête éternelle qui chamboule ton être s’est focalisée sur le dernier événement en date. L’échange. Tu frissonnes en repensant à ces trois jours de torture psychologique. Peste mentalement contre l’agence. L’expérience en elle-même aurait pu être amusante si tu ne t’étais pas retrouvée dans son corps. Tu grognes. Enfin, au moins tu n’avais pas pris possession du corps du matou. C’était l’essentiel. N’empêche… Tu frissonnes de dégoût. Et te promets que jamais plus tu ne feras de voyage que tu n’auras pas planifié toi-même. Tu soupires. Enfonce un peu plus ta tête dans l’humus. L’ombre du résineux te donne sommeil. Tu bailles. Vaguement inquiète à l’idée de le croiser. Consciente que tu ne sauras quoi dire. En y repensant, ce n’était pas si terrible. Tu t’étais même sentie plutôt à l’aise au final.

Troublemaker

Je repose le journal sur la table basse. "Finalement, tout ceci s'est bien terminé, même si les victimes risquent d'être perturbées durant un bon moment, et de ne plus pouvoir voir des lutins, même en peinture !" Ouais, ta gueule. Heureusement que Matt, Candice et moi avons réussi à nous échapper avant l'arrivée des journalistes. On était au moins d'accord sur ça : pas question de parler à quiconque de cette histoire de lutins foireux. J'avais déjà eu du mal à expliquer aux mecs de la Forteresse que ma participation à Qui veut épouser Ducon ? consistait une excellente couverture (quoiqu'en soit, ça n'était pas faux), alors là... S'ils l'apprenaient, j'allais être la Nabilla des médias pendant des mois. Et la risée des Sangraves.

Je sors me rafraichir l'esprit dans les jardins qui bordent l'actuelle Forteresse. Aperçois Candice allongée au pied d'un saule pleureur. Je ne l'ai pas revue depuis l'incident. Après un temps d'hésitation, je me dirige droit vers elle. Elle risque de me massacrer verbalement, mais je commence à avoir l'habitude de son petit jeu.

« Woh, Candice. Regarde ça. »

Je lui tends l'exemplaire froissé du Spatchoune déchainé.

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En parlant du loup… Tu fronces le nez à l’approche de Ken. Fallait qu’il vienne te faire chier, évidemment. Tu retiens un soupir las. Ouvre un œil. Il te tend un exemplaire froissé du Spatchoune déchaîné. Tu l’attrapes d’une main. Tes yeux virevoltent d’une ligne à l’autre. Tu conclus ta lecture d’un grognement. Chiffonne les feuilles de papier glacé et les jette au loin. « C’était la blague la plus pourrie qu’ils aient jamais faite, » tu râles. Ce faisant, tu te redresses et le dévisage d’un air effronté. Tu as quelque peu changé d’avis sur sa personne depuis. Pas assez pour le respecter, mais suffisamment pour lui adresser la parole.

Troublemaker

Autant pour moi à propos du massacre verbal. Candice grogne plus contre les lutins que contre ma présence. Et cette fois, il y a autre chose que du dédain dans les yeux de Candice. C'est déjà ça.

« Bof, ils avaient l'air de s'y connaitre en blagues pourries. Je comprends juste pas comment ce crétin de Duncan a pu les aider. Et on lui dira rien, c'est l'oncle de l'Héritière. »

Bien sûr, ils ne pourraient se plaindre de rien, ce serait avouer qu'ils avaient fait partie des victimes. C'était frustrant de ne même pas pouvoir se venger. D'un autre côté, il n'avait pas très envie d'y repenser. Lui-même se sentait toujours étrange après que son corps ait été emprunté par cette fille.

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Tu hausses les épaules. Tu pourrais très bien trancher la gorge de l’autre abruti sans qu’on le sache. Mais la vengeance ne te tente pas vraiment. Plus tu y penses, plus tu te dis que tu t’es franchement amusée. Même si la foutue magie déconnait pas mal et que ton corps était aussi athlétique que celui d’un paraplégique. Tiens, d’ailleurs, à ce propos. Tu assois brutalement Keylo sur la pelouse. Plante tes yeux dans les siens. « Keylo, t’as fichtrement intérêt à te mettre au sport, t'es plus mou qu’une guimauve fondue. »

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Putain, elle est brutale comme fille quand même. Physiquement, je veux dire. Et directe, mais ça, je l'avais déjà remarqué. Je lève les yeux au ciel, même si intérieurement je ne peux pas m'empêcher d'être vexé.

« Ouais, bon, je ferais un tour en salle d'entrainement à l'occasion... C'est pas comme si t'avais l'intention de revenir dans mon corps, de toute façon. »

Sous-entendu : mais ta gueule, de quoi tu te mêles ? Sa remarque n'est pas fausse, mais j'en ai pas grand-chose à faire de devenir Monsieur Muscles. Enfin, ça ne devrait pas m'étonner de sa part.

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Tu lui fais une grimace dégoûtée, déterminée à lui faire comprendre que non, jamais de la vie tu ne retournerais dans son corps. Bien qu’au final ça ne t’aies pas vraiment dérangée. La magie a ses avantages parfois. Enfin, ça reste de la merde. Tu soupires. « Fais comme tu veux hein. C’est ton pied qui s’est ramassé contre un mur de terre après tout. Alors contre des ennemis, j’imagine même pas. »

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Les ennemis, justement, je les évite. Mais bon, tu ne peux pas comprendre ça, toi, puisqu'en plus d'être parfaite (hahaha), tu es surpuissante.

- Facile à dire, pour une loup-garou. Je me repose sur la magie d'habitude, ça me suffit.

Enfin, elle a beau être surpuissante au niveau des capacités physiques, elle reste une nonso. Sur ce terrain-là, au moins, je la bats. D'ailleurs, elle a pu faire l'expérience de la magie quand elle était dans mon corps... Y en a qui tueraient pour ça. En fait, c'est une sacrée veinarde.

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Tu hausses un sourcil dubitatif. Allons bon, la magie résout tout hein ? « Si je ne comptais que sur ma force de lycanne, je serais déjà morte à l’heure qu’il est, » tu soupires. Tu as appris à utiliser tes atouts pour obtenir ce que tu veux, et parfois un sourire salace fait bien plus que des heures de torture. « N’empêche que la magie, ça craint, » tu grognes. Pas seulement parce que c’est parfois inutile, mais aussi parce que sans ça, tu ne te serais sans doute pas retrouvée dans cette situation rocambolesque.

Troublemaker

Mais quelle crâneuse. J'ai jamais vu ça. En tout cas pas à ce niveau.

- Ah ouais ? Et tu t'y prends comment, sinon ? ...Non, en fait, je préfère pas le savoir.

Zut, j'ai pensé tout haut. Et puis, ses réflexions sur la magie... D'accord, ça m'a apporté pas mal d'emmerdes, mais je crache pas dessus. Pauvre mortel que je suis, je ne suis pas à la hauteur de Candice Heaven.

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Tu sens clairement son agacement. Décide de l’ignorer. « Avant d’être lycanne et maintenant encore, la séduction m’a beaucoup aidée. Les couteaux et les poisons aussi. » Sourire glissé. Les femmes sont dangereuses, surtout pour ce gros benêt. Enfin, ce puceau semble tellement mal s’y connaître que c’en est presque attendrissant.

Troublemaker

Et voilà, elle continue à se la péter. Tu m'étonnes qu'elle n'arrive pas à garder un mec plus de deux jours. C'est une chieuse absolue. Même si je commence à penser qu'elle a un bon fond. Tiens, ce qu'elle dit me rappelle un truc.

- Je vois. Donc c'est vrai que tu t'es tapé Magister ?

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Tu fais une petite moue déçue. « Non, on a seulement pu le mater sous la douche avec Lyoree. » Tu regardes Keylo de haut en bas. « Et pour ta gouverne, il est vachement mieux foutu que toi. » Et un peu trop attaché à une certaine brunette. Mais bon, à chacun ses défauts.

Troublemaker

...Elles sont sérieuses. Lyoree, je la connais de réputation. C'est celle qui a tué Jiao. Je me rappelle maintenant pourquoi je n'aime pas fréquenter la Forteresse Grise.

- Eh bien tant mieux, au moins je ne risque pas de me faire stalker jusque sous la douche. T'as vraiment aucune limite.

Et ce n'est pas un compliment, mon ton sec le fait bien sentir. Elle commence à m'agacer, avec ses airs supérieurs. M'enfin, on la changera pas.

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Ah, il déprécie fortement que tu t’attaques à son physique. Sa colère empeste ton petit coin de paradis. Tu fais une petite moue désolée, et décide de taire les critiques. Pour le moment. « Avec Mag c’était… spécial, » tu murmures. C’était la belle époque. Tu avais encore confiance en toi, en tes atouts. Tu ne doutais de rien. Les multiples râteaux du chef ne t’avaient pas faite reculer. Tu t’étais même trouvé une compagne de fantasme. C’était la belle vie.

Troublemaker

Spécial ? Mais de quoi elle parle ? Je croyais qu'elle n'avait pas réussi à coucher avec. Et puis d'abord, je ne suis pas là pour parler de ses histoires de cul. ...Ah, si, peut-être sur un détail.

- Euh... Ouais, cool. Je voulais savoir... T'as vraiment rien fait avec mon corps, hein ? Juré ?

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Tu as un sourire triste. La situation semble le mettre mal à l’aise. Tu te laisses retomber en arrière. Ouvre un œil. « Bien sûr que non. Je te l’avais promis il me semble. » Ou quelque chose du même genre. Et puis, tu aurais aimé qu’il respecte ton intimité s’il avait été transféré dans ton corps. Et tant pis pour les règles.

Troublemaker

- Ouf. Je veux, dire tant mieux. Merci.

Je ne sais pas trop quoi ajouter d'autre pour alimenter la conversation. En fait, à part nos petites aventures bizarres (et notre couleur de cheveux), on n'a aucun point en commun. Alors je me tais, les yeux perdus dans le vague.

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Tu fermes les yeux. Le parfum de Ken commence à imprégner ton jardin secret. C’est la première fois que vous restez ensemble aussi longtemps. C’est perturbant. Tu tournes la tête vers lui. Vous vous côtoyez depuis des années, et tu viens tout juste de te rendre compte que tu ne sais rien de lui. « Et sinon, tu fais quoi dans la vie ? »

Troublemaker

Finalement je ne suis pas le seul à vouloir prolonger la discussion. Sauf que je n'ai aucune idée de comment répondre à cette question. Je ne fais rien dans la vie, moi. Je suis un branleur célibataire qui se morfond dans son appart' avec ses schtroumpfs de compagnie. Je bois. Voilà. Je ne peux pas répondre ça.

- Pas grand-chose. J'ai un appart' à Tingapour. J'avais une copine, avant, mais elle m'a quitté. Rigole pas. De toute manière, il m'arrive déjà bien assez d'emmerdes comme ça. Les schtroumpfs, c'est qu'un exemple.

D'accord, c'est encore plus ridicule que la réponse initialement prévue. Mais c'est vrai. Mon père, les Sangraves, Lal', Lisa, l'émission, plus récemment Alex... Mais je ne peux pas lui parler d'Alex.

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Allons bon, il croit avoir toutes les misères du monde ? Tu hausses les épaules. Ma foi, ça arrive à tout le monde de se faire quitter. En général c’est toi qui les largue le matin suivant votre nuit mais tu t’es déjà faite larguée, trompée et même reçut quelques râteaux. Magister en est la preuve vivante. Et puis Coco… Oh, Seigneur. Cette enfant va te rendre dingue. Parce qu’elle n’est qu’une gosse après tout. Tout juste majeure et vaccinée. Tu te sentirais presque vieille à côté. « On doit pas habiter très loin l’un de l’autre alors. C’est pas que je veuille visiter ton appart’ hein, » tu précises aussitôt. Surtout qu’il risquerait de s’incruster. Et qu’il est parfaitement capable d’entrer pile au moment où Coco et toi vous copulez. Tu soupires. « On a tous nos problèmes je suppose. » Comme ne pas retrouver une certaine blonde et son monstre de poche violet.

Troublemaker

- Ah non mais je me plains pas ! Sinon, j'étais destiné à garder des vaches le restant de mes jours, alors c'est très bien comme ça.

J'y réfléchis rarement, mais je m'aperçois que c'est vrai. Je regrette d'avoir rejoint les Sangraves, mais pas d'avoir quitté la ferme. Ce sale bled paumé rempli de consanguins ne me manque pas. Sauf Capucine, peut-être.

- Et j'ai pas non plus envie de visiter le tien, merci bien. No offense.

J'ai dit que je commençais à penser que Candice avait un bon fond, pas que j'avais envie de la suivre partout. Et puis sa demeure doit être un lieu de débauche et de luxure inouï. Très peu pour moi.

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Tu lui lances un regard surpris. Allons bon, un bouseux. Pas étonnant qu’il se contente de cette vie-là. Puis les vaches, y a plus esthétique quand même. C’est très Terrien tout ça. Est-ce qu’il commercialisait avec les dragons aussi ? Bah, peu importe. Au moins il ne prévoit pas de passer chez toi, c’est l’essentiel. « Bon, vu que tu ne me retournes pas la question, je vais faire comme si. Je suis mannequin, ça je suppose que tu le sais, et égérie de la plus grand marque de sous-vêtements d’AutreMonde. » Et tu croisais les doigts pour qu’il ne se touche pas devant tes photos.

Troublemaker

Quoi, c'était si étonnant que ça que je n'aie pas envie d'aller chez elle ? Ou alors elle a été choquée par les vaches ? Tsst, ces gens de la ville...

- Non, je savais pas. Ils doivent pas être très connus, tes soutifs.

Mince, j'ai parlé sans réfléchir. Ça va peut-être l'offenser. Elle a l'air très fière de son histoire d'égérie. Baaaah, aucune importance. Ça ne lui fera pas de mal. Je ne vois pas pourquoi je me soucierais de la politesse avec Candice. Je ne parle pas à Hyacinthe. Il y a un monde entre ces deux-là.

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Tu le fixes d’un regard étrange. « Toi, tu dois être puceau. » Ne pas connaître Lust, LA marque de sous-vêtements AutreMondiens que tout le monde s’arrache ; et ses magnifiques mannequins, c’est la lose. Le pauvre Keylo, c’est vraiment un péquenot. L’autre solution est qu’il se contente des pornos en ligne, m’enfin bon. Lust quoi ! Et puis merde, tu es quand même LA mannequin la plus côté de la planète ! Sérieusement ! Tu soupires.

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