Viens t'amuser avec moi • Owen

Viens t'éclater avec moi!

Ce qu’il y avait de bien dans mon boulot ? Avoir des beaux mecs qui viennent parfois boire un verre au bar alors que je suis de service. Ouais, c’est assez rare dans cette auberge pourrie et on a plutôt des vieux alcoolos pas nets qui tentent de toucher mes fesses. En générale je leur pête un verre sur la tête ! Na mais oh ! On ne touche pas mon magnifique popotin comme ça ! Bref, y a mieux. Mais au moins j’ai un joli petit serveur tout mimi et timide. J’adore essayer de l’embarrasser, de le draguer juste pour voir sa tête gêné. Trop chou ! Bref, c’est assez distrayant. Et puis ma collègue est sympa. Sauf quand elle commence à me sermonner pendant des heures avec ces yeux tristes de chiens battus pour me faire arrêter de « me faire du mal » comme elle dit. Ok, je sais que ce n’est pas bien ce que je fais, je sais qu’elle a raison mais en même temps c’est ma seule façon de tenir, de me sentir vivante. C’est comme un compromis, je peux rester en vie mais alors il faut que je fasse ça. Ca, me droguer, boire, fumer trois paquets de clopes histoire de foutre mes poumons en l’air, me lacérer les poignets en espérant de jamais rater mon coup. C’est triste, c’est pathétique, c’est moi.
Je sors de la cuisine, ouvre la porte avec mon pied, plateau posé en équilibre sur une main. Maintenant, je ressemble à une vraie serveuse, pas comme au début où je le tenais à deux mains, en essayant de rien faire tomber. C’est drôle, moi qui ne pensait n’être doué en rien à part la musique voilà que je me découvre un nouveau talent. Enfin, y a mieux quand même et j’espère ne pas continuer à travailler dans ce bar pourri jusqu’à la fin de ma vie. Un jour, je me barrerais et je parcourrais les routes avec ma guitare et ma voix pour faire ce que j’aime. En attendant, je me sens bien ici, pas en sécurité, pas vraiment heureuse, juste bien. Pour l’instant ça me suffit.
Je pose les verres sur un table où deux vieux jouent aux cartes avec l’air très concentré.

« Va s’y papy ! »

Je leur fais un clin d’œil avant de tourner les talons. Le boss débarque et me gueule d’aller mettre mon uniforme au lieu de jouer au punk. Roh c’est bon ! En plus j’ai déjà fait pire. Je porte un tee-shirt blanc aux manches déchirés, une jupe en jean avec une ceinture à clou –pas super gros, hein- et une chaine. On voit mes porte-jarretelles qui retiennent mes bas noirs. Bien entendu j’ai toujours mes gros bracelets aux poignets pour cacher les marques du cutter et mon collier au cou. Donc, c’est bon. Et puis son uniforme beaucoup trop court et tout, je m’en passe.
Je jette un coup d’œil autour de moi, histoire de voir un peu la tête des clients jusqu’à voir un dos assez sexy au bar. Ouh ! Ça commence bien ! Je passe derrière le comptoir avec un petit sourire et jette un petit regard. BINGO ! Un beau blond. Mais mon petit serveur chéri est déjà en train de s’occuper de sa commande. Ah zut ! Je m’approche de lui par derrière et abat ma main d’un coup sur son épaule ce qui le fait sursauter et lâcher le verre. Désolé mon chichou mais là, maman part à la chasse !

« Désolé mou chou, je vais m’occuper du client pendant que tu nettoies. »

Il n’a pas vraiment le choix vu mon ton. Bon, on ne peut pas dire que j’ai fait preuve d’une grande discrétion dans ma démarche donc autant y aller franco. En même temps, je suis toujours assez direct. Je m’approche et pose son verre devant lui.

« Hey beau gosse ! Alors t’es tout seul ? C’est triste… Tu veux que je te tienne compagnie peut être ? »

On dirait limite un mec, bien lourd comme il faut. Mais bon bref, je suis sur une planète de tarés donc on s’en fout. Aller chéri, on va s’amuser un peu tous les deux !

Viens t'éclater avec moi!

Il hésite, je le vois et pourtant je reste plantée là. Je le fixe jusqu’au moment où je le vois légèrement rougir. Ah ! Trop mimi ! J’ai envie de lui tirer les joues et de lui ébouriffer les cheveux. Puis il accepte et se décale. Youhou ! Personne ne peut me résister ! Ou pas… Je contourne le bar pour passer du côté client et pose mon magnifique popotin à côté de lui. J’aurais aussi bien m’asseoir carrément sur lui mais il risquerait de s’enfuir en courant. Ahlala ! Je vous jure ! Qu’est-ce que je peux être conne parfois. Bref ! Il n’a pas l’air de super humeur mon blondinet… Oh le pauvre ! Il est tout tristounet et il est seul en plus. Bon, je vais lui remonter son petit moral ! C’est vrai qu’aujourd’hui, je suis super en forme. J’ai bien l’intention de faire la fête avec lui histoire qu’on déconne un peu.
 
« Oh Beth ! Arrête de draguer et viens travailler ! » crie mon patron
 
Ah ! Il n’en manque pas une lui ! Il fait tout pour me faire chier ou quoi ? En fait je suis sûre qu’il est juste jaloux… Mouais bon, j’aime bien être le centre du monde mais quand même, pas quand il s’agit de lui. Je lui envoie un baiser avec un clin d’œil histoire qu’il la boucle. C’est ce qu’il fit, surprit par ma réaction. D’habitude je lui aurais fait un fuck en montant sur ma chaise et s’il avait continué, j’aurais lancé deux, trois verres pour le style. Il serait mis à gueuler et moi aussi mais comme il a rien dans le pantalon il aurait bien vite abandonné. La routine quoi ! Bref, il retourna dans la cuisine en marmonnant dans sa barbe. Je me retourne vers mon beau gosse.
 
« Alors chéri, tu t’appelles comment ? Tu sais, c’est pas bien de boire comme ça ! »
 
Et c’est moi qui dit ça alors que je dois boire plus que lui, que je me drogue et tout le tralala… Je le fixe à nouveau, l’observant de plus près. Il a l’air plus jeune que moi. Tout à coup je sens une main se posait sur mon épaule et je me retourne tranquillement. Là, je découvre un pauvre mec complètement bourré.
 
« Salut poulette ! Tu veux pas venir te balader avec moi ! »
 
Putain mais c’est quoi ce gros con qui vient m’emmerder là ! Nan mais franchement, j’ai une tête de pouf  moi ? Il se prend pour qui ce vieux porc ? Je monte sur le bar, enfin saute dessus et lui fout direct mon pied dans la tronche. Mon boss se met à gueuler que je suis une grande cinglée de la vie alors que l’autre commence à m’insulter. Tout à coup, je suis prise d’une idée de génie. Déjà à moitié morte de rire à l’idée de voir leur tête, je me jette dans les bras de mon blondinet chéri avec une expression angélique collée sur mon visage et je cris :
 
« JE SUIS A LUI ! »
 
TADAAAA !