ailes d'été

Curieuse, tu t'avances sur la grand place. Tu avais ouï-dire que l'homme-oiseau et sa troupe s'y présenteraient, et tu ne voulais rater ce spectacle sous aucun prétexte. Fascinée par la condition humaine, que tu pensais connaître sur le bout des doigts, tu découvrais pourtant de nouvelles surprises chaque jour. Le fameux Sun était l'une d'entre elles. Des échos surpris étaient parvenus à tes oreilles et, aussitôt, tu t'étais mise à sa recherche, bien décidée à l'assaillir de questions. Dans la limite du raisonnable bien sûr. Tu avais toujours peur d'agacer tes compagnons.

Marchant donc au hasard de tes pas, tu croises les doigts, telle une enfant rêvant au Père Noël. Enfin, au détour d'un sourire, tu le vis. Il était beau. Majestueux. Ses plumes irisées brillant doucement à la lueur du soleil. Intimidée, tu t'approches lentement de lui, ne sachant comment l'aborder. Devais-tu te présenter, ou bien te contenter de le complimenter ? Comment faire pour qu'il réponde à tes questions, pour ne pas le brusquer ?

Tu lui lanças un sourire hésitant. Bonjour gent oiseau, seriez-vous le Sun dont j'ai tant entendu parler ?

Son sourire resplendissant te coupe le souffle. Les yeux écarquillés, tu ne peux t'empêcher de le dévisager. Son visage semble ne connaître que la joie, scintillant de vie. Un de ses doigts vient s'appuyer doucement sur ton nez. Surprise, tu louches un instant, avant d'éclater de rire. C'est un drôle de personnage, mais il te plaît bien ! Sa courbette théâtrale ne fait qu'accentuer ton rire, te poussant même à taper dans tes mains, telle une enfant. Tu as soudainement très envie de le voir à l'oeuvre, sachant d'avance que son numéro sera à son image : incroyable.

Tu te racles la gorge, réfléchissant à la meilleure façon de formuler ta demande. Te voilà de nouveau intimidée. « Je ne voudrais pas vous déranger... », tu commences, rougissante. Tu prends une grande inspiration. Allez Loup, courage ! « En fait j'étudie les humains, je les trouve fascinants ! Et parmi tous ceux que j'ai pu rencontrer, vous êtes de loin le plus fabuleux ! Du coup, euh, je voulais savoir si vous acceptiez de répondre à quelques questions ? Si ça ne vous dérange pas bien sûr ! » Tu balbuties, tes joues s'enflamment de plus belle. « Je ne voudrais surtout pas empiéter sur votre intimité ! Sinon je peux juste vous observer silencieusement de loin ! Enfin, non, ça sonne bizarre dit comme ça mais euh... » Ça y est, tu t'embrouilles.

Tu serres les poings, inspire de nouveau, concentres toute ta force dans tes prochains mots. « Est-ce que je peux vous inviter à boire un verre ? » tu cries presque, tremblante.