Brain drain

Bonjour Madame, je vous ai suivie depuis notre speed dating

Du temps, beaucoup de temps s'était écoulé depuis sa rencontre avec la demoiselle chat, mais elle n'avait pas manqué de faire des recherches sur toutes les personnes qui lui avaient fait un minimum d'impression. Après tout, elle avait voulu savoir ce qu'était le jeu vidéo et c'était une marque de curiosité que Vaneloppe avait à l'époque salué. Ainsi, ses petits espions avaient récoltés quelques informations sur ses habitudes, et l'IA en avait conclut que sa curiosité ne se réduisait pas qu'aux jeux, et qu'elle pouvait surement être une alliée potentielle. Elle avait lu quelques unes de ses publications et elle s'était dit qu'elle pourrait lui offrir mieux que ce qu'elle possédait déjà.
Maintenant qu'elle était investi d'une vrai mission, d'un but, elle s'affairait à la tache. Le Talion n'était pas n'importe laquelle des organisations, et le Damoclès, pas n'importe lequel des véhicules. Celui-ci était heureusement furtif, comme l'hélicoptère qu'elle utilisait. Le Mercure la déposa donc sur la terrasse de l'appartement qu'Antarès occupait au troisième étage. Ce n'était pas très conventionnel,, mais l'IA ne l'était pas, et ne l'était pas devenu en adoptant sa forme finale. Et puis elle trouvait ça beaucoup plus amusant.
Elle manifesta tout de même sa présence, en élevant sa voix à l'accent hispanique prononcé:
"Mademoiselle Antarès ? Vous êtes-là?"

C'était rhétorique, puisqu'elle savait qu'elle y était, et elle pouvait même la voir avec ses capteurs, malgré l'épaisse végétation dans le laboratoire atelier de l'edrakin. Elle esperait juste qu'elle ne l'effrayerait pas trop. Pour éviter une surprise trop grande, elle ajouta :

"Je suis l'IA que vous avez rencontré il y a longtemps, au Lancovit, pendant le speedDating. J'ai une offre d'emploi pour vous."

Et pas une offre de Joe le rigolo.

Antarès travaillait depuis un moment déjà, et ses jambes chétives commençaient à faiblir. On sentait le manque de sommeil dans les cernes qui encerclaient ses yeux et dans sa démarche fébrile. L'abus de travail lui faisait courber le dos. Ou bien c'était la cuite de la veille qu'elle avait du mal à faire passer... Elle s'interrompit, ôta ses lunettes de protection et se dirigea vers la machine à café. Ploc. Ploc. Ploc. La triméthylxantine imprégnait l'eau à une lenteur déprimante. Elle tira sa tasse à moitié pleine et contempla la noirceur pénétrante de la mixture avec un sourire satisfait. « La molécule du bonheur ! Santé ! » D'une traite, la tasse se vida et reprit sa place. L'Edrakin sentit sa vision lui faire défaut. Elle aurait peut-être du garder les lunettes, qui lui épargnait les lumières aveuglantes des néons.
Une voix en provenance de sa terrasse retint son attention et interrompit le flot de ses pensées pénibles. Elle grommela pour elle même. « C'est pas parce que c'est une terrasse à l'air libre que c'est un endroit public... » Ronchonnante, elle avança vers le corps étranger qui venait envahir son espace vital, incapable de voir de l'intérieur à cause des rideaux épais. Les plantes de l'île de Patrok, les plus proches de la baie vitrée, commençaient déjà à s'exciter toutes seules à l'idée d'avoir un repas un peu plus plaisant que les habituelles mixtures de viande hachée que leur servait l'Edrakin. Elle entendit l'inconnue - car c'était bien une voix de femme qu'elle entendait là - se présenter. Sauf que l'identité et la voix ne correspondait pas. Bug du système ? Cela étant, son humeur s'adoucit instantanément en apprenant qu'il s'agissait de cette petite IA qui s'introduisait chez elle. Et qu'elle était toujours très polie. Et adorable. « Hrm. Salut, toi. Excuse-moi ce bordel ambiant, je crois que j'ai un peu trop picolé hier soir. Mais il y avait cette nana super canon et... » La femme-chat, en tirant les rideaux pour saluer l'IA, tenta un sourire, qui ressemblait alors probablement davantage à une grimace. « Je peux faire quelque chose pour toi ? »

I will show you the world.

L'IA sourit en entendant la voix de la demoiselle chat. Elle était charmante, quand on connaissait les standards de ses semblables. Et Vaneloppe appréciait les êtres exceptionnels et uniques. Antarès faisait partie de ceux-ci, tout comme l'IA. Elle se garda bien de faire une remarque à propos des plantes qui ne devaient pas être de tout repos dans un appartement comme le sien, mais au moins, elle réduisait sensiblement les risques de se faire embêter par un intrus, ce qui était une justification en soi. Le désordre n'était pas un problème, l'état de fatigue avérée de la demoiselle, un peu plus. Mais c'était là le lot des êtres de chair et de sang, et elle était bien content de ne ressentir qu'une légère lassitude quand son avatar d’énergie en manquait. Elle ne manqua pas de noter comment la demoiselle occupait ses nuits. Elle matérialisa des lunettes aux verres étranges, qu'elle tendit à la scientifique, pointant son autre main vers un point du ciel.

"Je vous offre un petit tour?"

Les lunettes permettaient de passer outre le camouflage actif du Damoclès et de ses Mercures, si bien que la féline pourrait admirer à loisir le petit coucou qui volait à quelques mètres au dessus de l'appartement, et l'immense vaisseau qui trônait au dessus de la ville, à environ deux kilomètres, ce qui occupait tout de même une bonne partie de l'horizon.

"Je devais vous faire découvrir les jeux vidéos, mais je pense que vous allez vouloir faire autre chose une fois que vous auras posé les pieds dedans. Quand vous êtes prête à embarquer, nous pouvons y aller."

Vaneloppe pouvait attendre un moment, de toute façon, elle avait prit l'Eldrakin au dépourvu, et elle serait bien impolie de la jeter dans un hélicoptère sans crier gare... Elle ajouta en s’esclaffant :

"Et nos cafés sont surement les meilleurs d'Autremonde."

C'était la première d'une longue liste avec qui elle prenait contact, et elle avait plus qu'hâte de la faire monter dans la base du Talion. Lui montrer ce qu'elle pouvait lui offrir. Un vrai laboratoire digne de ce nom, avec tout ce qu'un scientifique pouvait avoir besoin. De la place, des instruments haut de gamme, un ordinateur surpuissant, plein de matière première et un excellent café. Ensemble, elles allaient arpenter le hangar où se trouvait les Mercures, puis l’armure et les baraquements. L'hélicoptère descendait déjà pour se positionner au niveau de la terrasse.

En posant délicatement les verres sur son absence manifeste de museau, l'edrakin esquissa un sourire d'ogre. Peu à peu, l'excitation d'une enfant voila la fatigue et les maux de tête. Chouette ! Un petit tour de manège pour faire passer la caféine. Antarès délaissait volontiers son laboratoire, en cette heure matinale. Ses plantes survivront bien quelques heures, et l'odeur de renfermé commençait à lui taper sur le système. « Tu m'as eu au petit tour. Enfin, je ne serais pas contre un autre café. » Elle s'apprêtait à s'avancer sur la terrasse quand elle réalisa qu'elle était encore pieds nus. Sans en dire davantage, l'Edrakin s'engouffra une petite minute dans son laboratoire et revint en... geta. Rien de mieux pour compléter le sweat XXL qu'elle portait en guise d'unique vêtement. « Il faudra excuser ma tenue, mais j'aime être confortable quand je travaille... » Sans plus de préambule, elle s'avança vers l'hélicoptère qui les attendait patiemment à l’extrémité de la terrasse pour s'y installer. En deux temps trois mouvements, le véhicule s'éleva dans les airs. Le trajet fut un tantinet pénible, mais rien que le félidé ne puisse supporter. En outre, il ne dura que quelques minutes; bientôt il se posa à l'intérieur de l'immense bâtisse aérienne. Le cerveau d'Antarès, stimulé par son mutisme durant toute la durée du trajet, bouillonnait d'idées et d'attentes vis à vis de ce qu'elle allait découvrir là-haut. La visite de l'IA était une jolie surprise pour illuminer sa piteuse semaine. Bien plus que la charmante demoiselle d'hier soir. Lorsque le mercure atterrit, le décor changea pour laisser place à un vaste hangar. Un ascenseur se présenta à elles à l'autre bout de la salle. L'immensité des lieux avait beau être quelque peu intimidant, l'Edrakin se sentait maître du monde rien qu'à l'idée qu'elle surplombait la cité. Et ce sentiment était clairement ce qu'elle aimait le plus au monde. Enfin un territoire digne de son rang. Quel qu'était cet emploi qu'on lui proposait, elle n'allait certainement pas dire non à des ressources de cette envergure. Et ce n'était que le début ! L'excitation la gagnait davantage au fur et à mesure, dans la moindre de ses veines. Attendant tranquillement les directives de l'IA, elle peinait à retenir son sourire. « Je te suis. Tu es maître des lieux. »

Je t'entends déjà ronronner.

Des étoiles dans les yeux, comme un enfant à qui on présentait un sapin de Noël. Bon avec plein de cadeau sinon ça marche pas, hein. La demoiselle partit se chausser, et revint avec son style un peu ado otaku qui n'offusqua nullement l'IA. Elle avait elle aussi une allure des plus particulière, et elle n'allait surement pas le lui reprocher. Heureusement, il n'y avait pas encore trop de soldats autres que ses robots sur le Damoclès, alors elle ne devrait pas récolter plus de regard noir que cela.

"Tant que l'efficacité est là, le reste est secondaire. Je vous en prie, montez."

Pas très confortable, le Mercure n'en restait pas moins efficace pour le transport de troupe, et c'était bien la sa fonction. Peut-être en ferait-elle un modèle de courtoisie qui servirait à recueillir les diplomates et dignitaires, mais elle espérait pour cela réussir à faire une porte de transfert dans le vaisseau. C'était d'ailleurs une de leurs priorités, et la présence d'Antarès y avait à voir. Elles mirent pied sur le sol du hangar dès que la porte arrière s'ouvrit. On vint immédiatement présenter une tasse de café à la dame Chat, avec un mug frappé du symbole du Talion.

"Bienvenue sur le Damoclès, base mobile du Talion. Même si l'organisation n'est pas encore connue, elle le sera. On compte faire dans l'intervention militaire pour la protection, mais il n'est pas exclut de voir quelques opérations punitives également. Ici, le hangar. Il y a pas mal de Mercure, comme celui qui nous à emmené ici, mais j'imagine bien d'autres choses dans un futur proche. Pour le moment, le vaisseau est assez vide, il n'y a que des robots pour le garder et l'entretenir."

Si l'héritière marchaient avec les autres, ils auraient surement sa garde à bord, et Vaneloppe voulait aussi recruter les volontaires qui se proposeraient. Elle l'invita à s'avancer vers l’ascenseur.

"Il y a encore pas mal de salle vide, dont le contenu dépendra de nos besoins, mais je vais vous montrer directement ce qui devrait vous intéresser le plus."

L’ascenseur descendit de quelques étages, pour atterrir dans une immense pièce, un peu vide, qui devait faire l'intégralité de la surface du vaisseau à ce niveau là. Près de l’ascenseur, s'étendait presque à perte de vue ce qui serait dans le futur les zones de test. Elle pointa du doigt les grands box sur les côtés, qui offraient une vue sur les côtés du Damoclès et qui n'avait rien à envier à celui d'Antarès en terme de taille. Au centre de la pièce, se trouvait actuellement la porte de transfert du vaisseau, qui serait transféré ailleurs à l'avenir, mais qui avait besoin d'être testée ici. Un peu plus loin, sa petite soeur.

"Bienvenue dans les laboratoires du Talion. Il n'y a personne pour le moment. Mais vous pouvez être la première. Le budget n'est pas un problème, le matériel non plus. L'IA est plutôt douée -fit-elle avec un clin d'oeil- et les ordinateurs du coin envoie du lourd. Vous pourrez aussi travailler sur des projets persos, tant que vous fournissez au moins la moitié de votre temps à l'organisation. Et son seul et unique projet, pour le moment, est de réaliser un bloqueur de porte, qui n'accepte les transferts que si l'utilisateur possède une clé de la bonne fréquence. Genre un bracelet ou un bijou. Je ne suis pas douée avec la magie et cela me dépasse. Vous pourrez aussi ramener vos plantes, et vivre ici si vous le souhaitez. Verrouillez juste la porte de ton labo personnel, je n'aimerai pas que vous perdiez vos futurs collègues."

L'Edrakin accepta poliment la tasse de café, dors et déjà charmée. Elle suivit l'IA jusqu'à l’ascenseur. Intérieurement, elle ne parvenait que très péniblement à réprimer son imagination. Cette IA, et tout ce qu'elle apportait avec elle, était un don du ciel. Cette dernière prit la parole. Et les quelques explications de Vaneloppe sur l'organisation qu'elle était en train de créer, le Talion, et sur son QG, l'intriguaient d'une façon mitigée. La protection? De qui, ou de quoi ? Du monde? Antarès n'en avait rien à faire, de la protection. De personne. Ni des soit-disantes opérations punitives. Quels étaient leurs objectifs, faire la justice eux-même ? Elle n'en avait aucune intention. Les deux créatures arrivèrent à destination. Dès lors qu'elle vit l'espace qui allait peut être lui être attribué pour ses travaux, elle oublia toutes ses réticences. Un labo personnel, un espace si grand, des moyens sans limite... Quoi de mieux pour conquérir le monde ! Son regard balaya la salle gargantuesque, matérialisant virtuellement toutes les possibilités que cela impliquait: aussitôt, son sang ne fit qu'un tour. Et vivre ici, au dessus de la cité, du pays ! Les plus amples explications sur l'aspect scientifique du travail ne la rebutèrent pas le moins du monde. Ce n'était pas le genre de recherche qui l’enthousiasmait le plus à titre personnel, mais ce n'était pas inutile, et c'était largement dans ses cordes. Elle pouvait sans soucis sacrifier la moitié de son temps de travail, si c'était pour s'épanouir dans un endroit pareil, avec de telles ressources... Et puis, travailler avec l'IA l'intéressait tout autant que l'environnement dans lequel on lui donnait la possibilité d'évoluer. Le seul détail qui la rebutait réellement dans cette affaire, c'était l'idée de travailler avec d'autres énergumènes potentiellement peu habiles. Du moins, moins qu'elle. Ce qui constituait tout de même un bon quatre-vingt pour-cent des scientifiques autremondiens. Ainsi, s'avançant dans la vaste pièce vide, elle se retourna tranquillement vers son hôte: « Je n'ai qu'une question. Sur quels critères tu choisis les scientifiques que tu souhaites embaucher ? Et, mais ceci ne relève que de la simple curiosité; tu vis ici, toi ? » Le félidé ne pu retenir un sourire. La présence de l'IA était même bien plus qu'un argument enthousiaste. C'était bien l'une des rares entités au monde qu'elle était capable de tolérer dans son entourage. Antarès devait avouer qu'un peu de compagnie sur le long terme ne lui ferait pas trop de mal. Enfin, à condition qu'il s'agisse d'individus intéressants et doués d'intelligence. Sinon,
elle risquait d'avoir un peu de mal en ce qui concernait le travail de groupe;

Signez ici, très chère.

Vaneloppe s'amusait comme une petite folle. Elle aimait beaucoup trop les scientifiques pour les négliger, et personne ne pourrait la taxer de négligence devant tant de moyen. C'était peut-être parce qu'elle était elle même issue d'une de ces disciplines... Toujours est-il que l'edrakin semblait marcher et c'est tout juste si elle n'avait pas déjà choisi son laboratoire personnel. Néanmoins, sa question sur les critères l'inquieta. Mais elle savait à quoi s'attendre, la féline n'était pas connue pour avoir travaillée en équipe. Elle répondit tout de même.

"Les compétences, bien entendu. L'indépendance. C'est plus pratique de quitter son travail quand on bosse pour soit même plutôt que pour son pays. L'excentricité aussi. J'aime les idées saugrenues et c'est ce qui fait souvent avancer les choses. Il y aura ensuite une flopée de tête moins bien pensante mais qui pourront assister les recherches en effectuant les calculs les plus simple ou les opérations les moins compliquées. Certains de mes robots peuvent aussi répondre à ce genre de demande. "

L'IA sourit et lâcha un petit rire charmant. Elle avait décidément bien fait d'aller chercher la minette. Elle pointa du doigt les écrans sur les murs et qui descendait du plafond, alors qu'ils s'allumaient tous, affichant le symbole du Talion tournoyant sur lui même, puis les deux demoiselles.

"Ce n'est pas que je vis ici... c'est que je SUIS ici. "

Elle avait bien insisté sur ce point. Sans elle, le Talion était incapable de faire quoique ce soit, si ce n'est servir d'habitation. Et encore pas longtemps, parce que le réacteur à antimatière nécessitait une vigilance et une maintenance sans faille. Sinon, il pouvait exploser et laisser un cratère de plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre là où il sauterait. Ce serait dommage. Elle avait aussi quatre copie de ses serveurs à divers étages, en plus de son autre base secrète au sol, en cas de destruction du Damoclès.

"Je l'ai créé et c'était ma base avant de devenir ce que c'est en train de devenir. Et s'il existe quelques rares choses que je ne peux pas créer, comme le keltril, mes capacités n'en restent pas moins utile pour l'approvisionnement -dans sa main, après un petit éclat lumineux, se trouvait un petit diamant- ou pour la guerre."

Son bras se changea en un canon pas très commode, avant de redevenir normal.

"Si vous voulez nous rejoindre, un mercure pourra faire votre déménagement, et nous vous fournirons les lentilles qui vous permettront de voir à travers le camouflage de nos vaisseaux. C'est plus séant que les lunettes. Vous risquez d'être seule organique ici pendant un moment, mais d'autres arriveront. Et peut-être croiserez vous les autres membres fondateurs."

Antarès s'interrompit un moment dans sa béatitude, semblant réfléchir avec une attention particulière aux paroles de l'IA. Elle n'avait vraiment, vraiment, vraiment pas envie de se retrouver à travailler avec les pires énergumènes pseudo-scientifiques qu'Autremonde ait pu engendrer. Par exemple ces péquins bicéphales avec leur sublimement religieux anatidé géant aussi intelligent qu'un spatchoune écrasé sur une vitre. Non, vraiment, ça n'allait pas le faire. Mais en même temps... Cet espace, ces ressources... Et travailler avec une IA ! Ce n'était pas une occasion à rater. Cela étant dit, en outre, comme elle l'avait précisé, les robots pouvaient se charger de la plupart des tâches requises, ce qui lui épargnerait d'avoir trop à lier contact avec le commun des mortels. Enfin, la suite de ses explications concernant sa deuxième question se révélaient tout aussi intéressantes. Elle apprécia tout particulièrement la démonstration physique. Le félidé mit fin à son flot de réflexion pour balayer du regard une dernière fois ce grand espace vide, pesant le pour et le contre. Elle s'y voyait déjà. Qui essayait-elle de duper, comme ça ? Certainement pas son fort intérieur. Même si elle avait à côtoyer de sombres crétins, et qu'elle n'était pas nécessairement en phase avec les objectifs et les ambitions morales du Talion, elle pouvait passer outre pour l'amour inconditionnel de la science. Elle n'admettrait jamais être, dans son laboratoire actuel, dans la possibilité de déployer toute l'étendue de ses capacités, soyons honnêtes. Et puis... Elle se tourna vers l'IA, qui semblait la contempler avec un enthousiasme semblable au sien. Dans son discours, elle montrait clairement qu'elle avait déjà tout planifié. Comment résister à ça ? « Très bien. Où dois-je signer ? » Elle esquissa un sourire engageant, en dépit des canines qui ressortaient maladroitement. Ses oreilles de félin s'agitèrent sous l'effet de l'exaltation des perspectives à venir. « Et je t'en prie, tu peux me tutoyer. »

Bienvenue dans la maison

Parfait, Vany tenait sa première recrue. Il n'y avait rien à signer, mais l'IA lui attrapa une main, récupérant un microscopique morceau de son pelage pour tirer son ADN de la demoiselle chat, l'ajoutant à la base de données du vaisseau.

"C'est tout bon. Tu as accès à cet étage, les hangars, toutes les salles communes et les quartiers des scientifiques. Vous êtes mieux lotis que les soldats et possédait de petits studios. Rien de bien folichon, la place étant une denrée dont la gestion est difficile. Nous n'imaginons pas forcement à quoi le Damoclès pourra ressembler au maximum de ses capacités. Tu peux cependant rester vivre en bas si tu le souhaites, pour le moment. Tu as dors et déjà reçu un message sur ta boule de cristal. Le numéro à l’intérieur te permet d’appeler un Mercure sur ta position si tu es à portée d'héliportage. Le Damoclès sera ensuite amené à se déplacer sur Autremonde, et il serait préférable de vivre à l'intérieur, tout du moins tant que la porte de transfert sécurisé n'a pas été développée. "

Elle avait des idées marrantes pour ça. Mais elles en discuteraient en détail plus tard, quand plus de monde se sera installé et travaillera sur le projet. Il restait cependant d'autres informations à lui transmettre.

"Dans l'état actuel des choses, il n'y a que trois personnes que tu peux considérer comme tes employeurs. Moi-même. Undyne Lightspear, la général des armées, qui est reconnaissable par son physique aquatique, son grand sourire et sa grande gueule, et Soren, notre stratège. Tu sauras qui c'est quand tu la verras. Peut-être que dans un futur proche, l'Héritière nous rejoindra. Mais cela n'est pas encore certain. Pour ce qui est des besoins organiques, vous avez la chance d'avoir un service robotique spécialisé dans l'achat, la commande et la récupération de denrée en bas, si bien que vous n'êtes pas obligé de le faire vous même."

C'était bon de ce côté. Elle avait tout ce dont elle avait besoin pour commencer.

"Des questions? Ou je te laisse t'installer?"