Salut frangine.

Salut frangine.

feat la blondasse reloue

Putain de merde de fait chier sa mère.

Jar jurait rarement. Il laissait ces vulgarités à la plèbe, préférant cultiver un vocabulaire digne de son rang. Mais ce jour-là ne ressemblait pas aux autres. Il avait pris une décision, et il était mort de peur. Bien entendu, il ne l'avouerait jamais à personne. Rajoutez à ça qu'il s'apprêtait à faire quelque chose qu'il trouvait particulièrement ridicule, à savoir en parler à sa sœur. Pas Mara, l'autre. La blonde, celle qui lui volait son titre d'Héritier et qui se pavanait à chaque fois qu'ils se croisaient. Et ils se croisaient un peu trop souvent à son goût. Dans les couloirs du Palais, lors des leçons qu'ils recevaient parfois en commun, aux audiences de leur tante, aux réceptions mondaines et même pendant ces choses ennuyeuses et grotesques que l'on appelait réunions de famille. À chaque fois, elle le regardait avec ce petit air insupportable bien à elle, et il se rappelait leur conversation sur Terre. Et à chaque fois, il se félicitait du sang-froid immense dont il faisait preuve, pour avoir renoncé à ses projets d'assassinat - pour le moment du moins.

Depuis leur fameuse conversation au manoir Duncan, il s'était passé à la fois beaucoup et pas grand-chose. Dans l'ensemble, il n'avait pas bougé, se tenant sagement à carreau en attendant que la situation évolue. Il avait toujours le même objectif et il ne le cachait pas - à quoi bon ? Mais les moyens qu'il utiliserait pour y parvenir devenaient flous.

Pour le moment, il se trouvait devant la suite de Tara, à qui il venait rendre visite pour des motifs tout autres que ceux que je viens d'évoquer. Peut-être était-il encore temps de faire machine arrière. Non. Il s'annonça à la porte. Quitte à prendre des décisions stupides, autant les suivre jusqu'au bout. Et puis peut-être qu'elle lui ferait un peu plus confiance après cela.

Il entra dès que la porte s'ouvrit. Elle l'attendait.

- Que ta magie illumine, bla, bla, bla. Je dois te parler, annonça-t-il d'un ton impérieux pour cacher sa nervosité.

Si ç'avait été Mara, il se serait bien permis un « salut frangine », mais ils n'étaient - heureusement - pas encore assez proches pour se livrer à ce genre de connivence.

- J'ai décidé d'aller voir Magister.

Surprise, surprise, Magister !

Pas mal d'années avaient coulées sous les ponts depuis leur dernière entrevue (et oui, on oublie souvent ce saut dans le temps), et Tara se félicitait d'une chose, c'est de ne pas avoir eu à en faire une autre. Elle regrettait cependant de ne voir aucune évolution de la part de Jar. Sa soif désespérée de pouvoir lui faisait un peu de peine, mais c'était ainsi, et tout ce qu'elle pouvait faire c'est s'affirmer suffisament pour qu'il n'ait pas envie de se frotter à elle. Genre, en arrêtant des gargouilles serial killer à la seule force de ~~ses poings~~ sa magie (les deux en fait). C'était ainsi, tant pis.

C'est pour cela qu'elle fut quelque peu surprise (et suspicieuse) quand il lui fit savoir qu'il souhaitait la voir. Elle lui indiqua donc de la rejoindre dans sa chambre, puisqu'au moins, elle était certaine qu'il ne l'avait pas truffée de piège (alors que elle, si), ce qui la rassurait un peu. Ainsi, quand il se présenta, elle fit ouvrir la porte immédiatement, installée dans son fauteuil de salon, et l'invita à s’asseoir aussi, mais il ne prit même pas cette peine. Après une salutation des plus expéditives, ce dont elle ne pouvait pas vraiment lui tenir rigueur, il lui annonça une décisions des plus inattendues, qui lui fit (littéralement) recracher son thé par les narines, avec un petit barrissement hyper sexy.

Le nez en feu (parce que ça pique ce genre d’expérience. Je le sais, moi ça me l'a fait avec UNE CRÊPE), elle nettoya rapidement d'un petit coup de magie avant de prendre la parole.

"Excuse moi pour ça. Je suis un peu... surprise. Puis-je m'interroger sur les raisons qui te pousserait à le voir? Sans que tu ne me mentes, j'entends. Parce que sur le coup, là, je ne vois aucune bonne idée pour cela. Surprends moi."

Bon en fait, si, elle en avait. Le ~~faire cramer en place publique~~ capturer et lui donner un procès équitable était en tête de liste. Mais elle doutait que son frère soit soudainement éprit de justice. A moins que ce ne soit une tentative de s'attirer la sympathie de tout le monde en piégeant lui même Moulatarte? Elle était toute ouïe.

Salut frangine.

feat la blondasse reloue

Le crachat de thé par le nez, couplé au barrissement, fut si beau que Jar ne se donna pas la peine de retenir un ricanement triomphal. Si seulement il avait eu une scoop sous la main... Le bon vieux temps où Mara et lui faisaient des farces douteuses à Tara lui manquait un peu. L'expression qu'elle affichait dans ces moments-là méritait d'être placardée sur tous les télécristaux de la planète.

Sa déclaration n'avait toutefois rien d'une plaisanterie. Il s'installa sur un fauteuil semblable à celui de l'Héritière, reprenant un air sérieux.

- Amène un Diseur de Vérité si tu ne me fais pas confiance, répliqua-t-il avec agacement. Si j'avais eu l'intention de te mentir, je serais déjà à la Forteresse à l'heure qu'il est. C'est à propos de Mara. Et de moi, dans une moindre mesure. Je suppose que tu as appris ce qui lui est arrivé. Elle a besoin qu'on lui remonte le moral. De se sentir aimée, soutenue. Et pas seulement par moi. Le reste de la famille, n'en parlons même pas, entre Lisbeth et Isabella, même les nourrices de Magister nous montraient plus d'affection. Et elles la comprennent aussi bien que si elle venait d'une autre dimension. Quant à Selena...

Il avait renoncé à appeler sa mère autrement que par son prénom. Ses effusions d'amour maternel n'avait rien de naturel à ses yeux, tout avait un arrière-goût de forcé : les étreintes, les sourires, les petits noms. Chacune de leurs entrevues (heureusement rares) lui laissait un sentiment de malaise dérangeant. Au-delà du fait qu'il détestait la personnalité niaiseuse à souhait de Selena, il n'arrivait tout simplement pas à la considérer comme sa mère. Mara non plus, il le voyait bien. Comment Tara faisait pour gérer sa relation avec elle de manière aussi naturelle, alors qu'elle ne l'avait connue qu'à treize ans, il n'en avait aucune idée. Au début, il pensait que c'était parce qu'elles étaient aussi stupides l'une que l'autre, jusqu'à ce qu'il comprenne que le problème était plus profond que cela.

- Je voudrais juste qu'il nous rende nos souvenirs. Ceux qu'il nous a enlevés à cinq ans. Il n'y a que lui qui puisse lever l'Amemorus, avec ses petites phrases stupides.

Elle n'allait pas comprendre.

- Je ne te demande pas d'approuver. J'irai avec ou sans ton accord, que ce soit clair. Je veux juste que tu sois au courant, pour ne pas que tu me prennes pour un traitre quand tu apprendras où je suis allé.

Elephant Duncan

Toujours aussi désagréable. Bon, elle devait avouer que c'était aussi de sa faute. Mais il pourrait surement comprendre qu'elle était encore un peu suspicieuse avec lui, et qu'elle préférait le faire en face que par des moyens détournés. Elle n'avait pas envie de faire venir un diseur de vérité, bien que l'idée était tentante. En général, s'il venait lui demander quelque chose, Jar était honnête de toute façon. Comme les petits enfants qui font les yeux doux pour avoir un truc, mais qui râlent tout le temps sinon. Ce qui ne l’étonnait qu'à moitié de la part de Jar.

"Je pourrais te donner une centaine de raisons qui te pousserait à me raconter n'importe quoi plutôt que de t’éclipser pour te rendre là-bas, mais laissons, ce n'est pas le sujet."

Mara. Oui elle avait su, assez vite. Et elle n'avait pas pu y faire grand chose. Même si elle s’appréciait, les deux sœurs étaient loin d'avoir une réelle relation de confiance, malgré leurs rapprochement récent. En fait, elle, comme son frère, n'en avait pas vraiment ici, au sein du palais, dans leur propre famille. Un peu un cercle vicieux : on ne leur faisait pas vraiment confiance ou on ne leur accordait pas l'attention qu'ils devraient, ce qui ne les incitait pas vraiment à s'ouvrir, si bien que s'ils ne s'ouvrent pas, pourquoi leur accorder de l'attention ? Lisbeth devait surement réfléchir ainsi. Surtout avec Mara dont elle n'arriverait surement pas à tirer grand chose politiquement. Mais il était aussi compliqué de changer d'avis sur les rejetons de Magister quand ils tentaient de t'assassiner. Et pourtant, Tara devait surement être une des plus compréhensive.

"Je l'ai appris oui. Et tu as raison pour la famille, ce qui n'est facile pour personne."

Après, elle, elle y arrivait très bien, et peut-être que le fait de ne pas être un Machiavel teigneux aidait surement pas mal, mais elle se garda bien de le lui dire. Quant à la demande de Jar, elle la trouvait légitime, bien qu'un peu utopique.

"Pourquoi n'approuverais-je pas? C'est assez justifié comme demande, par essence, surtout si tu penses que ça aiderait effectivement Mara. Si mon accord avait une quelconque importance, qu'en est-il de Lisbeth? Je doute qu'elle soit aussi bienveillante pour quelque chose qu'elle qualifierait de "souvenirs inutiles et improductifs" pour les risques que cela implique. J'ai donc deux questions et une requête.

Elle ne le fit pas remarquer, mais si, effectivement, il comptait se passer de l'aval de Lisbeth, il ne serait surement pas en posture de lui refuser quoique ce soit. Et même s'il lui avait dit pourquoi il était venu lui en parler, elle trouvait cela curieux. Mais il assurait ses arrières, quant à sa réaction qui aurait été surement celle qu'il avait prophétisée.

"Comment et où tu comptes rencontrer Magister et avec quoi parviendras-tu à le convaincre de céder? Il n'est pas vraiment du genre à donner sans recevoir. Et enfin, quand ça arrivera, je tiens à être là."

Pour empêcher Jar de faire n'importe quoi, pour botter le cul de Magister s'il le faut, ou pour quoi que ce soit d'imprévu. Et puis, dans le pire des cas, Lisbeth serait surement moins sévère si Tara était impliquait. Enfin, moins sévère avec Jar. Tara aura à prendre ses responsabilités avec sa tante et cela lui coûterait surement beaucoup du crédit récent qu'elle avait obtenu, mais c'était un risque à courir. Un pari qu'elle trouvait intéressant, et qu'elle était prête à faire pour améliorer sa relation avec sa fratrie.

Salut frangine.

feat la blondasse reloue

Gagné. Il s'était imaginé parlementer avec elle pendant de longues minutes, parce qu'elle l'aurait pris pour un fou. Mais finalement, elle réagissait de manière prévisible, en cédant dès qu'on lui sortait la carte sentimentale. Il balaya la remarque sur l'impératrice d'un revers de la main.

- Je n'ai pas besoin de l'accord de Lisbeth pour faire quoi que ce soit, si j'ai le tien. Tu as énormément d'influence sur elle, il suffit que tu défendes ma cause. En fait, tu pourrais mettre Autremonde à feu et à sang qu'elle trouverait encore le moyen de te pardonner.

Non, il n'était absolument pas jaloux, je ne sais pas où vous allez chercher ça.

Ce fut à son tour d'être diablement surpris quand Tara annonça sa requête. Heureusement qu'il n'avait pas pris de thé (ni de crêpe).

- Quoi ? Hors de question. Tu es consciente que si je voulais te livrer à Magister, je ne m'y prendrais pas autrement ? Tu as oublié que son but était de récupérer les objets démoniaques, ou quoi ? Moi, on s'en fiche, ça ne fonctionne pas parce qu'il est tellement con qu'il nous a infectés avant de nous présenter. Si les choses tournent mal pour moi, ça ne va pas changer la face d'Autremonde. Dans ton cas, si. Je suppose que tu te rappelles ce qui s'est passé la fois où Lisbeth et Sandor ont essayé de l'attaquer.

Il comprenait mieux comment elle avait failli se faire tuer une bonne cinquantaine de fois depuis qu'elle était arrivée sur Autremonde, si elle se précipitait toujours vers le danger de cette manière. Elle était complètement inconsciente. Autrefois, l'idée qu'elle se mette en danger de mort toute seule aurait enchanté Jar. Mais il savait désormais qu'il n'avait aucun intérêt à la voir mourir tout de suite, s'il espérait monter sur le trône un jour.

- Comment ? (En prononçant trois fois son nom devant un miroir à minuit.) Avec un effrit, ça devrait pouvoir se faire. Où, eh bien, où il voudra, je n'ai pas peur de lui. Quant à ce que je lui donnerai en échange, je n'ai pas encore décidé. Mais ce ne sera pas bien compliqué, si tu persistes dans ton idée stupide de venir avec moi.

Magister? Du gâteau.

Oui, elle appréciait se fourrer comme une grande dans des situations dangereuses, c'était un peu son passe temps. Alors, une rencontre de plus avec Magister, pourquoi pas hein. De toute façon, elle en était toujours sortie vivante, et elle lui avait souvent faire manger son fond de plat au passage.

"Pas faux. Mais on va quand même éviter de tout faire exploser, même si on me pardonne. Quant à Magister, il ne me fait plus peur non plus. Si on ne se pointe pas dans son QG, et qu'il ne sait pas forcement que je suis là, je doute qu'il parvienne à me faire faire quoique ce soit contre mon gré. Lisbeth avait attaqué sans réfléchir, alors que là, nous avons tout le loisir de planifier les choses correctement. Et si ta disparition ou quoique ce soit de ce style n'affectera peut-être pas Autremonde comme tu le dis, pense à Mara. A-t-elle réellement besoin d'une couche supplémentaire? Je tiens à être là pour empêcher que cela arrive."

Jar allait vite en conclusion, et encore une fois, même si ses intentions étaient nobles, il ne réfléchissait pas plus aux conséquences qu'elle. Tout du moins, il ne classait pas les différentes conséquences selon la même échelle que Tara. De toute façon, c'était comme ça. Elle était décidée et camperait sur ses positions, même si le pragmatisme de Jar était dans le vrai. Mais ce serait connu, si Tara privilégiait le pragmatisme.

"On prends un terrain neutre, suffisamment pour qu'il ne craigne pas pour sa propre capture, et nous pour la nôtre. Et non, je ne servirai pas de monnaie d’échange. Enfin, cela pourrait se faire si je me prépare une porte de sortie, mais ce serait un jeu dangereux, que je me vois mal jouer sur une de nos première coopération."

Cela dit, si quelqu'un pouvait facilement passer pour un agent dormant de Magister, c'était bien Jar. Il pourrait facilement échanger la vie de Tara contre la formule. Ce serait vraisemblable. Mais, vu la surprise qu'il avait montré quand elle lui avait demandé de venir, il avait surement un autre stratagème à lui vendre.

"Tu comptes faire ça quand?"

Salut frangine.

feat la blondasse reloue

Elle ne comprenait pas, elle ne le comprendrait jamais. Elle allait foutre tous ses plans en l'air et elle ne s'en rendait même pas compte. Il fallait toujours qu'elle se mêle de tout, même quand ça n'avait rien à voir avec elle, qu'elle ramène tout à sa petite personne. Jar savait à quel point la jalousie était un sentiment stupide, mais il ne pouvait pas s'en empêcher.

- Tu m'as mal compris, marmonna-t-il. Je n'ai pas peur de lui, non pas parce que j'ai la prétention de l'égaler en puissance, mais parce qu'il ne s'en prendra pas à moi. Parce que je lui suis dix fois plus utile vivant et au Palais que mort ou en otage.

Et aussi parce que je suis quand même son fils, merde ! Pendant un bref instant, il eut envie de tout lui dire, de jouer carte sur table et de lui déballer les véritables raisons* qui le poussaient à désirer revoir l'enfoiré qu'il avait un jour appelé son père. Mais non. C'était de Tara dont on parlait, et jamais il ne se livrerait à elle. Jamais, jamais, jamais.

- Je ferai ça dès que possible. Je voulais y aller dès aujourd'hui, mais je n'avais pas prévu que tu t'en mêlerais. Écoute, si tu veux vraiment venir, vas-y ; mais que personne ne m'accuse de t'avoir tendu un piège, parce que ce serait faux. Et pas un mot à Mara.

Entre Tara et Amber, pas un mot à Mara devenait sa nouvelle rengaine. On disait que les secrets n'avaient pas leur place dans une relation saine, mais il n'en avait pas grand-chose à faire. Il savait très bien comment sa sœur jumelle réagirait, si elle apprenait ce qu'il s'apprêtait à faire. Elle l'attacherait à une chaise, pieds et poings liés, elle lui hurlerait dessus, ou elle le supplierait, ou alors elle en ferait des cauchemars toute la nuit. Elle en faisait déjà, mais ceux-là seraient pire. Ne rien dire à Mara ne pourrait donc lui faire que du bien.

Une de nos premières coopérations, à quel moment était-il supposé rire ? Elle avait l'air d'y croire vraiment. Il ne la comprendrait jamais.

Gasmask

*:

Tara ou comment je m'amuse à copier la façon d'ecrire les débuts de chapitre de SAM (et j'ai pas le temps de chercher le gif là)

C'était tout de même incroyable, cette capacité qu'ils avaient à avoir raison et tort tous les deux en même temps. C'était pour ça qu'elle avait besoin de lui et qu'il aurait besoin d'elle (genre quand Lisbeth mourra :3). Ils étaient les deux faces d'une même pièce et il était temps de jouer à pile ou face. Et que cela tombe sur la tranche.

"Écoutes. Magister n'est pas idiot (si), et s'il y a bien une chose qu'il sait exploiter, c'est mon incroyable capacité à vouloir sauver tout le monde, toi y compris. Tu as tendance à peut-être sou-estimer ce côté là de ma personne, parce que tu te dis que c'est trop stupide pour être réel. Pourtant, tu es mon frère et malgré tout ce que tu pourras dire ou faire, je ne pourrais pas me regarder dans le miroir si je te laissais te faire capturer par lui. Et il le sait. S'il avait voulu se servir de toi, si tu es si utile ici, il l'aurait déjà fait. Peut-être l'a-t-il déjà fait? Qu'importe."

Elle avait eu du mal à lui dire ça, et c'était bien parce qu'il fallait commencer par quelque chose. Son frère avait beau vouloir sa mort, sa place, et plein d'autres trucs déplaisants pour elle, c'était toujours son frère. Qu'elle détestait aussi, par moment -souvent-.

Mais, place à un poil de pragmatisme, et revenons à ce qui les unissait réellement actuellement, faire plier le chef des Sangraves.

"Très bien. Si tu ne veux pas que je sois "physiquement" présente, cela peut se faire. Je serais juste dans les parages prête à intervenir. Mais il me faut une bonne raison à cela, car je préfère être autant là."

Pour rappeler à ce cher Mag qu'elle existait toujours et qu'elle était loin d'être la gamine terrifiée d'avant. Elle acquiesça pour Mara. Si on devait illustrer le mot culpabilité d'une image, Tara choisirait une photo de sa soeur. Alors, mieux valait ne pas en rajouter. De toute façon, à peu près quiconque serait d'accord pour dire que voir le chef des Sangraves était une mauvaise idée, et ils avaient raison. Alors, autant ne le dire à personne.

"Ni à Mara, ni à n'importe qui. Appelle le. Autant faire ça vite. Si tu t'occupes de cette partie, je ferai la partie "en cas de pépin". Mais on va espérer, mais pas trop, que tout se passe bien."

Salut frangine.

feat la blondasse reloue

L'exaspération à peine cachée qu'affichait Jar en entendant les explications de sa soeur parlait pour lui. Il ne comprenait pas en quoi le fait qu'il soit son frère justifiait qu'elle risque sa vie pour lui, surtout compte tenu de ses antécédents. Mais il en avait assez d'argumenter avec une tête de mule pareille - en toute honnêteté, il avait rarement rencontré quelqu'un d'aussi borné, c'en était ridicule. Et puis il n'avait pas de bonne raison (du moins, pas d'autres que celle qu'il lui avait déjà présentée) à lui opposer, aussi il jugea préférable de céder. Sans compter qu'il commençait à entrevoir une manière dont Tara pourrait lui être utile.

- Pardon si je n'ai pas la larme à l'oeil devant cette déclaration renversante. Fais ce que tu veux, je t'ai dit, mais je t'aurais prévenue.

Le « Qu'importe » le laissait également perplexe. Ce n'était pas comme si la question de savoir si Magister se servait de lui ou non n'avait aucune importance. Si ? Bon sang, c'était terriblement vexant. Elle s'en mordrait les doigts, le jour où il mettrait tous ses plans diaboliques de Machiavel teigneux à exécution.

Il appela aussitôt un effrit, qui rechigna d'abord à entrer en contact avec le Maître des Sangraves en personne. Mais une fois suffisamment soudoyé à l'eau salée, il ne posa plus aucun problème. Jar lui transmit ses instructions, à savoir qu'il désirait s'entretenir avec Magister pour une affaire d'urgence moyenne, en donnant l'adresse d'une menuiserie à l'abandon en Brontagne*. Comme prévu, il omit de préciser que Tara serait de la partie.

Quelques minutes après, l'effrit revint et annonça qu'ils seraient attendus à l'adresse indiquée, le surlendemain à l'aube.

N'ayant pas spécialement envie de s'attarder chez sa soeur, Jar se leva de son fauteuil et quitta la pièce, non sans s'être retourné une dernière fois avant :

- J'espère que tu sais ce que tu fais.

*:

» Salut toooa!
» Salut toaaaaa!
» Salut bogosse, t'veux passer une belle nuit ? [Haru]