Copieuse ! [T'aila]

Ca fait longtemps que je ne me suis pas ennuyée comme ça. A croire que même mes ennemis jurés m'ont oubliée. Aujourd'hui, je erre sans but à... où suis-je en fait ? Je demande à un passant. Ok, donc, aujourd'hui, je erre sans but à Tingapour (mais comment suis-je arrivée là ?), regrettant Landos et Matt avec qui j'ai bien rigolé, mais surtout mon p'tit Mitsu, que j'ai laissé se débrouiller un peu tout seul pendant quelques temps. J'aurais pas dû.
Personne ne se lance à ma poursuite en hurlant "c'est elle ! c'est la dingue dont je dois me venger !", non personne. Pourquoi tant de silence ? Voyons vous ne me reconnaissez pas ? Je suis la dingue qui menace le monde d'extinction ! Je suis la beauté sauvage qui fait mourir mes amants d'amour ! (Oui bon, j'exagère, en fait le seul qui en est mort, c'est celui que j'ai tué sans faire exprès. Mais il l'avait cherché quand même.)
Non, bien sûr. Ils ne peuvent pas me connaître, personne sait que les accidents relevés par les polices de divers pays viennent de moi. C'est ce qui me permet de me balader tranquillement aussi.
Mais bon sang, qu'est-ce que je donnerais pour une bonne bagarre là ! Je suis prête à me fourrer dans le premier problème qui passera par là.

Je tourne soudainement la tête vers quelque chose qui a attiré mon attention. Une masse bleue ! Une masse de cheveux bleus ! Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? J'écarte les passants qui me barrent la route (bah quoi ? leurs petites affaires ne sont rien comparées à l'urgence de ma situation !) et me précipitent vers la dernière fois où j'ai vu la touffe dépasser. Mais qu'est-ce que c'est que ce délire ? Qui ose imiter ma splendide chevelure unique en son genre et sa couleur ? Soudainement enragée, je bondis à l'endroit où se trouvait l'usurpateur quelques secondes plus tôt. Je tourne la tête dans tous les sens pour tenter de le localiser, mais nulle part. Mon envie de scalper ce copieur augmente. M'aurait-il vu et se serait-il caché ? Roh, mais ça va pas se passer comme ça !
Furieuse, je m'engage dans une rue perpendiculaire à l'avenue où je me trouvais, espérant bien y trouver l'élément indésirable que je cherche.

Isy

-T'aila, tu as ta journée de libre ! Avec tes petites missions accomplies, je te dois bien cela ! Mais fais attention au Sangrave, hein !
-Oui, merci Monsieur et ne vous en faites pas pour moi, tout ira bien !

T'aila était à Omois depuis un mois déjà. Elle n'avait effectué que trois petites missions d'espionnage et de renseignements, rien de bien fou, ce qu'elle aurait aimé par-dessus tout. Mais ce que son Maître ne savait pas, c'est qu'elle avait participé en secret à une mission suicide que lui avait proposé une elfe, rencontrée dans un bar.
Malheureusement pour elle, c'était la seule qu'elle avait faite et les petites tâches qui consistait à ramener des ingrédients pour des potions que lui demandait son Maître étaient toutes, les unes que les autres, barbantes et sans aucun intérêt à ses yeux.
Ce qu'elle voulait plus que tout au monde, c'était une aventure trépidante qui lui fournirait des frissons.

Pour sa journée de liberté, elle décida d'emmener son Familier, Connor, un panda géant, dans les rues marchandes de Tingapour. Cela faisait longtemps qu'elle n'était pas sortie faire un peu de shopping, et ça ne ferais pas de mal à Connor de se dégourdir les jambes. Le pauvre restait dans la chambre de sa maîtresse, ayant peur d'en sortir.

T'aila sortait d'une énième boutique, et n'avait toujours rien acheté, sauf quelques fioles, des Kidikois et un nouveau couteau, beaucoup plus tranchant que son dernier.
Cela faisait plus de deux heures qu'elle marchait dans Tingapour, en recherche d'un objet qui lui servirait absolument. Mais sa chasse n'était pas très fructueuse.
Alors qu'elle se dirigeait vers une autre boutique, qui vendait, apparemment, des bottes qui chante quand on fait un pas, T'aila se sentit épier.
Quelqu'un dans la foule la regardait avec insistance, mais elle ne voyait pas qui. Elle tourna d'un coup sec dans une ruelle semblant abandonnée. Et elle remarqua qu'il lui manquait quelque chose... Connor !
Tellement que T'aila avait speedé pour tourner, le panda était perdu dans la rue noire de monde !
Mais, il perçut "l'aura" de sa maîtresse et la retrouva.
Pendant ce temps, T'aila inspectait la foule en cherchant le mystérieux épieur en question. Mais, comme elle ne l'avait jamais vu, elle ne pouvait pas deviner parmi tous ces gens.
Elle aperçut une chose étrange. Ou plutôt, une fille étrange. Elle avait les même cheveux qu'elle ! Ses cheveux si particulier ressemblaient parfaitement à la fille dans la rue. Et cette fille tournait la tête de droite à gauche.
T'aila comprit qu'elle devait elle aussi chercher quelque chose. Ou quelqu'un. T'aila regarda son Familier, et il acquiesça de sa tête noire et blanche. C'était cette fille qui l'avait épié et elle cherchait actuellement T'aila.
Heureusement pour cette dernière, la fille aux cheveux bleus partie dans une grande artère, et T'aila pu enfin sortir de sa ruelle qui sentait le Brumm périmé depuis des siècles !

Elle était finalement allée dans la boutique de bottes, mais n'en avait pas acheté, à quoi ça lui servirait !
Elle s'engagea finalement dans la même artère que la mystérieuse fille aux cheveux bleus. Après tout, elle était sans doute partie, en ayant marre de la chercher.
T'aila se promena, et vue dans une ruelle (encore !) une étrange lueur. Bon, elle était curieuse, et alors ! Elle s'avança et entra dans cette ruelle, plus sombre que la précédente. Elle alla au bout de celle-ci, et tomba dans un cul-de-sac. Alors qu'elle se retournait pour reprendre la rue marchande envahie de gens, elle vie une ombre furtive. T'aila avança d'un petit pas, et le Sangrave barjo qui la traquait, s'interposa entre elle et l'avenue.
T'aila comprit un peu trop tard qu'elle était tombé dans un piège comme un andouille.
Le Sangrave profita de la réflexion de son ennemie pour lui lancer une épine dans le bras, et en jeta une autre sur Connor qui tomba comme une pierre.

-Aïe ! C'est quoi ce truc ?
-Une épine paralysante et si tu continue à crier, je te lance une poudre de ma composition. Une fois que tu la respires, c'est une bonne nuit de sommeil qui t'attends, comme ton Familier ! Ah ah ah !
-Il est nul votre rire diabolique.

Le Sangrave la regarda de travers. Puis il sortit de son manteau la poudre en question, prit un masque, le mit et lança la poudre sur T'aila. Elle sortit son nouveau couteau trop tard, encore une fois, et elle tomba comme le panda sur le sol en gravier.
Le Sangrave la porta dans ses bras et se rendit dans la grande avenue. Personne ne faisait attention ni à lui ni à la fille qu'il portait. Dès qu'il sortirait de cette avenue, il rejoindrait un tapis ensorcelé et emmènerais l'elfe dans son repaire.

Blasée d'avoir perdu mon usurpateur, je reviens sur mes pas. Qui donc pouvait avoir le culot d'imiter ma si belle chevelure ? Quelqu'un qui n'a jamais vu ma hache sûrement... (Oui je ne sors mes broyettes qu'en cas d'extrême urgence parce que, bien que j'adore m'en servir, leur bruit caractéristique est très repérable, et vu que c'est illégal sur AutreMonde...)
Revenue dans l'avenue grouillante de monde, je repars d'où je viens, énervée. Alors que je tourne la tête sur ma gauche, j'aperçois, derrière la vitrine d'un magasin de chaussures, la touffe bleue ! Je manque hurler de satisfaction (ce serait pas des plus stratégique, question discrétion). Aha ! Je l'ai pas perdue finalement ! Je tends la main vers la poignée pour entrer dans le magasin et me planquer discrètement dans un coin pour pouvoir l'observer de plus près, mais je la vois qui fait de même, du coup je me vautre par terre, sur le côté, en mode plus ou moins ninja pour pas me faire choper sur le fait. Quelques passants me regardent, interloqués, mais je leur fais signe de se taire et de se barrer. Le temps de me retourner, la touffe est de dos, je ne peux que constater qu'il s'agit d'un individu de sexe féminin, qui semble elfique d'après sa démarche féline et gracieuse, et jeune, d'après sa taille et la proportion de ses membres. Ce que je trouve bizarre, c'est que je n'arrive pas à discerner son odeur, comme si elle m'est indétectable. Je vois sortir à sa suite un panda énorme. Bon bah finalement, pas besoin d'odorat. Le marquage est visible de loin.
J'allais me mettre à suivre la jeune elfe, lorsque mon regard s'attarde sur la vitrine. Je m'y colle alors, ébahie. Woaaah des bottes qui chantent quand on marche !

Je sors du magasin, satisfaite de mon achat, que je range dans mes poches sans fond. Bah quoi ? C'est trop swag !
Je me dépêche de suivre la direction prise par l'elfe voleuse de cheveux, et repère avec satisfaction sa "balise" géante. Pile à ce moment là, celle-ci bifurque dans une petite rue que je n'avais pas repérée. Allons bon. Je cours vers l'étroit passage. Je risque un coup d'oeil : il fait super sombre. Je distingue la jeune elfe qui s'avance. Furtivement, je la suis, restant dans l'ombre. Soudain, une autre personne sort de la pénombre et jette des trucs non-identifiés vers l'elfe et le panda géant. Je me jette dans une poubelle vide qui a déjà été débarrassée de ses déchets par des pouf-pouf. Le couvercle sur la tête, j'observe l'action qui se passe devant moi : un sangrave endort ma cible et son copain le panda géant et porte la touffe bleue vers l'avenue.
Ah ouais ? Alors comme ça le côté obscur de la force se mêle de mes affaires ?
Je suis le membre de la secte des amoureux des masques, et, alors qu'il parvenait à l'artère principale, je le chope par le manteau et le projette vers la ruelle. L'elfe qu'il tenait dans ses bras tombe comme un sac par terre.
Je sors ma hache. J'hésite à attraper ma broyette. Je ne sous-estime pas la force des sangraves, surtout leur magie en fait, même si je sais que je suis bien meilleure en combat. Héhé. Non, c'est pas une bonne idée, y'a trop de monde à côté, j'ai pas envie de me faire choper pour si peu.
- Dis donc, t'as les cheveux bleus toi aussi ? je fais au sangrave. Non parce que si tu veux te venger de son usurpation, bah tu vas attendre, parce que c'est moi qui l'ai trouvée en première ! j'affirme en lui tirant la langue. Va falloir que tu attendes ton tour !
Non mais oh pour qui il se prend !? Je suis la seule et l'unique bleue ! Y'a que moi qui mérite de me venger !
Je lui jette ma hache à la figure, et sans attendre de voir s'il la réceptionne bien ou mal je me transforme en loup, me précipite jusqu'à l'elfe à terre et lance un transmitus. Je sais que c'est pas une bonne idée avec mon niveau de magie, mais bon sur l'instant on imagine que c'est plus sûr de se téléporter que de rester à côté du sangrave pas content.
On réapparait dans une ruelle à proximité. Bon bien sûr, j'ai pas pris la peine d'embarquer le panda géant avec nous, ç'aurait été suicidaire, va falloir qu'il se démerde seul.
J'allonge l'elfette par terre et la fixe longuement. Je détaille son visage. Ses traits me semblent familiers. L'aurais-je déjà menacée ?* Je la renifle à nouveau. Son odeur me reste indétectable. Je ne comprends pas. J'attrape une de ses mèches et la compare à ma chevelure. Elles sont de la même couleur. C'est une bonne copieuse en tout cas.
Bon, il va falloir quand même s'expliquer. Je me redresse un peu et lui flanque une claque magistrale pour la réveiller.

[*Certains fans inconditionnels se reconnaîtront... Les autres, allez en enfer ! è_è]

Isy

T'aila était dans un étrange rêve. Dès que l'aiguille d'endormissement l'avait touché, elle était partie dans un autre monde. Un monde où ses parents étaient toujours en vie. Un monde où les méchants, comme le Sangrave, n'existaient pas, même dans les plus horribles des cauchemars. Un monde avec des gens heureux, mais quand avec un soupçon d'aventure, tout de même.
Alors qu'elle allait parler avec une dame âgée, tenant une canne de bon marché dans sa main fripée et frêle, une fille aux cheveux bleus s'avança vers elle. Cette fille était plus grande qu'elle, mais aucun signe de bouche, d'oeil ou de nez sur son visage.
"L'épieuse !" pensa T'aila. C'est alors que son rêve commença à être vrai. L'épieuse la regarda un moment, et d'un coup sec, donna une claque dont se souviendra toute sa vie T'aila.

Sortie de son magnifique rêve, elle se réveilla. Elle vit avec une énorme boule dans le ventre la fille aux cheveux bleus, juste devant elle, qui la détaillait encore, une main levée. T'aila comprit que c'était cette fille qui l'avait giflé assez fort pour réveiller un mort.
Elle détourna son regard de l'épieuse pour examiner où elle se trouvait. La réponse lui parut évidente, encore une fois dans une ruelle. Heureusement, pas de traces de Sangrave.
"Bizarre, il me semblait qu'il m'avait emmené autre part...", car elle entendait la tumulte de la foule et les cris de marchands proposant des articles de tous les goûts.
"Encore à Tingapour" déduisit-elle.
Pourtant, une chose manquait encore... Connor. Une nouvelle fois, il l'avait perdu de vue.
"Ah, c'est vrai, il a été endormi".
Elle le retrouverait au plus vite, mais pour l'instant, elle avait des petites affaires à régler avec son épieuse.

-Où est Connor ? Où est le Sangrave ? Qui es-tu ? Pourquoi tu m'épiais ? Pourquoi tu me regardes d'une façon chelou ? C'est quoi ton problème avec moi ? Et qui est-ce que tu es d'abord !?

Avant qu'elle n'ai pu répondre à mes multiples questions, un bruit sortit de sa poche. On aurait dit les chaussures qui font du bruit quand on marche avec. Sur ce, mon regard devint plus noir que le plumage d'un corbeau, ou de la nuit sombre qui tomberais dans quelques heures à peine.

Non mais pour qui elle se prend l'usurpatrice ? C'est moi qui pose les questions ici ! Je suis en position de force ; elle capte pas que pour l'instant elle est complètement à ma merci ? 'Fin perso quand ma survie dépend de quelqu'un (ce qui m'arrive plutôt rarement à vrai dire), j'évite de fâcher ledit quelqu'un avec des questions reloues. Bon au moins, elle m'a épargné le "Où suis-je ?" soutenu de la princesse perdue et niaise. Je pourrais presque la remercier pour ça.
Et puis déjà d'où elle me parle d'un con du nord ? Elle m'insulte ? Non. T'façon je viens du sud de Selenda, je me sens pas visée. Je me demande pourquoi elle cherche un con du nord, personnellement j'ai plutôt tendance à les éviter mais bon. Cette fille est bizarre.
Je change de position parce que le sang commence à quitter mes pieds, et du coup ça me fait une sensation désagréable. C'est là que ma poche choisit de s'ouvrir pour laisser le chant des bottes en sortir. Le regard de la fille devient encore plus flippant.
- Bah quoi ? Tu trouves pas que c'est swag ?
Je les sors et les brandis devant elle. J'ajoute sur le ton de la confidence :
- Entre nous... Je compte les dresser pour qu'elle crient des insultes ou des conneries.
Je m'arrête, interloquée par une idée soudaine.
- Tu crois que je devrais faire dresseuse de chaussure ? Ca soulagerait les médecins...
Je réfléchis pensivement avant de me reprendre. Brolk, je ne dois pas me déconcentrer ! C'est de sa faute, la fourbe ! Elle a fait exprès de me perturber là, avec son regard !
Son regard... Je l'ai vu quelque part ce regard ! Mais où ? Depuis mon amnésie, j'ai des problèmes avec mes souvenirs. Ils me reviennent mal parfois. C'est plutôt handicapant. Bref.
- Quel genre de meuf sans style tu es pour copier ma somptueuse chevelure ? T'as intérêt à changer de couleur de cheveux, parce que sinon je vais te scalper !
Je me fous juste au dessus d'elle histoire de l'empêcher de se relever (bah oui je tiens pas à ce qu'elle s'enfuit !

Isy

- Bah quoi ? Tu trouves pas que c'est swag ?
- Entre nous... Je compte les dresser pour qu'elle crient des insultes ou des conneries.

- Tu crois que je devrais faire dresseuse de chaussure ? Ca soulagerait les médecins...

T'aila se demanda sérieusement si elle faisait exprès d'être une imbécile ou si elle était toujours comme ça. Et en plus, elle ne lui avait même pas répondu à ces innombrables questions qu'elle devait sûrement avoir déjà oubliée, insouciante comme elle est.

L'épieuse avait réellement achetée ces bottes idiotes ! T'aila se demandait à quoi ça peut vraiment servir ce truc. En mission, absolument pas, c'est le meilleur moyen de te faire repérer et de finir entre les mains de tes ennemis !

Et puis, dresser des chaussures ? Mais c'est une vraie folle cette fille !

T'aila regarda la ruelle en quête d'une faille possible qui lui permettrait de partir le plus loin possible de la fille qui lui faisait face.

Néanmoins, elle perçut que son regard insistant et noir avait quelque peu déstabiliser l'épieuse, mais elle reprit ses esprits et dit :

-Quel genre de meuf sans style tu es pour copier ma somptueuse chevelure ? T'as intérêt à changer de couleur de cheveux, parce que sinon je vais te scalper !

Celle-ci fit bien exprès de se mettre juste au-dessus de T'aila, pour éviter qu'elle se barre, et elle avait bien raison.

-De un, je suis une elfe normale née avec ces cheveux alors arrête de te prendre pour une personne unique en ton genre qui dit des choses que tout le monde doit effectuer, sinon tu les scalpes.

De deux, essaye de le faire et tu vas t'en prendre dans la tête où autre part, mais ce ne sera pas très beau.

De trois, où est passé mon Familier, Connor ?

De quatre, depuis quand est-ce que tu t'es lavée les cheveux pour la dernière fois, parce que, même si tu trouves que t'a une magnifique chevelure comme l'Impératrice d'Omois, ils sont un peu gras...

T'aila n'avait presque pas peur d'elle, et lui tenir tête était un plaisir. Prendre des risques, ça c'est marrant. A la fin de sa phrase, elle fixa avec attention les yeux dans les yeux l'épieuse qui montrait des signes de colère et qui n'allait pas tarder à exploser. T'aila pour finir, lui décocha un sourire narquois sur ses lèvres.

Les yeux plissés, j'essaye de décoder ce que la copieuse baragouine pour sa défense. Dans son un, je ne comprends pas bien pourquoi elle précise être "normale". Se sent-elle différente et a-t-elle besoin de se justifier d'avance à mes yeux ? Mmh... Aurait-elle quelque chose d'anormal ? Je commence à la scruter de haut en bas pour essayer de détecter un éventuel truc anormal sur elle mais décidément je ne vois rien. Cette fille sait-elle que ce qu'elle dit est totalement incohérent ? Ou alors essaye-t-elle de me perturber ? Je secoue la tête. Elle ne m'aura pas.
Née avec ces cheveux ? Laisse-moi rire ! C'est impossible, je suis la seule à posséder cette couleur. Je suis la seule à être naturellement née avec celle-ci. Toi, tu n'es qu'une pâle copie ma pauvre petite.
« ...arrête de te prendre pour une personne unique en ton genre... »
Wow, je crois qu'elle a le cerveau mal formé. Je SUIS une personne unique, et pas qu'en mon genre. Je suis exceptionnellement belle, intelligente, puissante et... FOLLE ! AGREUH ! En fait elle est juste jalouse de mon exception, c'est pour ça qu'elle a copié mes cheveux uniques. J'en étais sûre. Elle essaye de se camoufler derrière son dédain apparent, mais elle n'a pas réussi à me tromper !
« ... qui dit des choses que tout le monde doit effectuer, sinon tu les scalpes. »
Alors déjà, quand je dis un truc, on l'effectue, et j'ai besoin de menacer personne pour cela. Mon autorité naturelle et mon charme suffisent ! Et puis, comme menace, scalper, c'est pas la plus flippante que je pourrais proférer. J'ai fait bien pire que ça ma chère petite.
Non, non, "scalper", c'est juste pour toi ! Enfin, c'est le premier truc que je te ferai, histoire d'ôter de ma victime cette insulte à ma personne. Mais il vaut mieux pas te dire ce que je te ferais après.
Je suis outrée qu'elle méprenne à ce point mes paroles. N'ai-je pas été assez claire, ou est-ce son cerveau qui est décidément mal foutu ?
Son point numéro deux me fait pouffer. Allons bon, une petite elfe de même pas une vingtaine d'année va me faire peur ? A moi ? La grande papesse ? Tellement risible. Je me retiens de rire, pour ne pas la couper, la pauvre. Elle croit faire le poids face à moi ? Je culpabiliserais presque de lui prouver le contraire, du coup je décide de la laisser le croire, parce que bon, elle est petite, c'est chou à son âge.
Aaaaaaah mais le con du nord c'est son familiiiiieeer ! Mais comment elle a fait pour avoir un con du nord en familier ? Alors là... Je me trompais, elle aussi est unique ! Eh beh, je préfère mon exception à la sienne.
« ...depuis quand est-ce que tu t'es lavée les cheveux pour la dernière fois... »
Boarf, j'ai pas besoin de les laver, ils sont trop beaux pour ça. Pis en plus ils sont tout le temps recouvert du sang (ou autre liquide non-identifié) provenant de mes victimes, donc autant les laisser comme ils sont, ça fait des économies de shampoing. Et oui ! Je pense à l'avenir de ma planète ma petite ! Et puis pourquoi est-ce qu'elle compte en parlant ? Elle a besoin de ça pour organiser ses pensées ? Boarf, petite nature ! Moi je les organise pas, ça marche mieux ! Peut-être que mon intuition concernant son cerveau est fondée...
« ...si tu trouves que t'as une magnifique chevelure comme l'Impératrice d'Omois... »
Pardon ? Moi ? Les mêmes cheveux que l'Impératrice d'Omois ? Pourquoi faire ? Ils sont... trop courts... jaunes... beurk ! D'où ose-t-elle me comparer à elle ?
« ...ils sont un peu gras. »
... Je ricane, elle croit m'avoir avec un piège aussi grossier ? Moi aussi je lance des piques à mes adversaires pour les énerver et les faire foirer leur coup, aussi. Pis un truc si... facile, ça prend pas avec moi. En plus je sais que mes cheveux sont pas gras, ils sont trop parfaits pour ça.
Je me mords la lèvre pour me retenir de rire. Je laisse échapper un gloussement. Je m'énerve contre moi-même. C'est pas sérieux ! Mais non je peux pas me retenir, c'est trop drôle.
J'explose de rire. Je glousse tellement que je tiens plus sur mes jambes et me roule par terre en me tordant de rire. De temps en temps je me redresse en tentant de retrouver mon sérieux mais son expression me renvoient aussitôt dans mon fou rire.
Entre deux explosions de rire, je lâche les mots :
« ... unique... menace... con du nord... gras... »
Le simple fait de répéter ces mots me fait repartir dans ma crise de fou rire.
Je pense que si elle en profite pour s'enfuir, je serais incapable de la poursuivre. Mais j'imagine qu'elle est plus intelligente que ça : elle ne sait pas où se trouve son familier, donc si elle veut le retrouver, elle a plutôt intérêt à rester sur place.
Au bout d'un long moment, cela me passe, et entre quelques gloussements, je parviens à articuler :
- Ouuuh... Tu me fais rire petite elfe.
Je range mes chaussures chanteuses et prends ma hache tâchée de sang (que j'avais posé à côté de moi) dans la main.
- Tu devrais quand même faire attention à quelle personne tu provoques comme ça, je la conseille.
J'ajoute, d'un air malicieux et narquois :
- Je te dirais où se trouve ton con du nord si tu ôtes cette couleur sous copyright de tes cheveux devant moi.

HAHA JE T'AI EUE MISERABLE COPIEUSE !

Isy

L'épieuse tomba à terre et rigola en pleurant. T'aila venait de finir ses phrases et elle ne l'avait pas du tout prise au sérieux. Maintenant, elle mourrait de rire devant l'elfette.
A ce moment précis, T'aila allait s'enfuir en laissant cette folle rire, pendant qu'elle rentrerait dans sa chambre de Sorcelière.
"Mince, Connor..."
Bon, elle resterait là le temps de quelques minutes que Connor la retrouve et elle faussera compagnie à l'étrange personne lui faisait face, qui se marrait de plus belle. Cette épieuse lui en voulait d'avoir sa "belle chevelure" et devait la prendre pour une usurpatrice.
Pourtant, T'aila était née avec ces magnifiques bleus, extrêmement rare sur Autre-Monde. Et comme par hasard, la fille qui se trouve avoir les cheveux identiques n'est autre qu'une folle avec une hache couverte de sang, (T'aila ne préférait pas savoir de qui), et des chaussures idiotes repérables partout.

- Ouuuh... Tu me fais rire petite elfe.

T'aila la regarda.
"Non, sans blague, comme si j'avais pas remarqué que tu te marre depuis tout à l'heure comme une idiote..."

L'épieuse attrapa sa hache et mit l'objet juste devant le bras droit de T'aila, du genre, "si tu bouges, je te coupe ton bras". Ayant repris un minimum de sérieux, elle dit :
- Tu devrais quand même faire attention à quelle personne tu provoques comme ça, je te dirais où se trouve ton con du nord si tu ôtes cette couleur sous copyright de tes cheveux devant moi.

T'aila la regarda d'un œil rond. Comment ça ton "con du nord" ? Et comment est-ce qu'elle ferait pour s'enlever cette couleur de cheveux, ce sont des vrais !

-Euh... t'as pas bien compris. C'est pas un con du nord ! C'est un panda géant qui a pour nom Connor ! Et je ne peux enlever ces "faux cheveux", puisque je suis née avec ces mêmes cheveux bleus comme toi apparemment, si tu dis la vérité, bien entendu.

T'aila pensa alors : "Et puis pourquoi est-ce que je m'amuserais à changer de couleur ? Je suppose que ça doit être dur à entretenir, alors que j'ai juste à les laver de temps en temps et les brosser !"

-Et tu m'expliques pourquoi personne n'aurait le droit d'avoir les mêmes cheveux que toi ? Parce que tu es unique des cheveux, mais dommage pour toi, parce que tu pourras pas m'enlever mes véritables cheveux.

T'aila mis ses mains sur sa tête, en évitant la hache de son bras droit, comme pour faire une sorte de "bouclier" pour ses beaux cheveux. Elle n'allait pas laisser cette fille lui faire quoi que soit. Et d'ailleurs, elle était prête à utiliser sa magie en cas d'extrême urgence. Elle ne posa qu'une dernière question à l'épieuse.

-Qui t'es au juste ?

Lorsque ma familière m'a attirée à elle pour se lier à moi, c'est elle qui m'a donné son prénom, ce n'est pas moi qui l'ai choisi. De toutes manières, je ne lui aurais pas donné un truc aussi kitch qu' "Emeraude" (mais qu'est-ce qui lui est passé par la tête ? et puis déjà, d'où c'est un tigresse verte ?). Mais bon, vu qu'elle est morte, la question ne se pose pas.
Donc SON familier, celui de l'elfette, a choisi lui aussi son prénom. Déjà, on ne discutera pas de son espèce ni de sa taille (au moins ça doit être pratique pour le camping : le matelas est déjà intégré), mais.... mais son prénom brolk de slurk ! C'est quoi ça ? Comment peut-on choisir, quelle que soit son espèce et son niveau d'intelligence, de s'appeler "Con Nord" ? Je ne comprends pas.
J'écoute distraitement ses pitoyables explications d'une oreille distraite par mes réflexions sur le nom de son familier. Je penche la tête sur le côté. Le panda que j'ai lâchement abandonné au sangrave serait donc le fameux Con Nord. Quel dommage pour lui. Il n'a plus qu'à espérer que le sangrave n'ait pas l'intelligence de le garder avec lui pour forcer l'elfette à venir le chercher. De toutes manières, ils se retrouveront vite grâce à leur lien mental. Ca me fait penser que, parfois, la présence d'Emeraude dans mon esprit me manque. Mais juste parfois. A vrai dire, elle représentait plus un fardeau qu'autre chose. Trop grosse. Trop verte, dans l'herbe bleue. Trop encombrante, quoi.

J'hésite à croire qu'elle soit née avec cette couleur. Pour moi, j'ai toujours été la seule et l'unique bleue parmi les argentés. Comment pourrait-il en être autrement ? Les elfes ne sont pas censés pouvoir avoir les cheveux bleus naturellement, je suis une sorte d'exception qui confirme la règle. Alors deux exceptions... Déjà que je trouve ça super bizarre venant de ma famille, puisque ma mère est humaine (et les cheveux des humains sont pathétiquement fades avec du jaune, du marron et du noir), et mon père un elfe aux cheveux argentés (comme les autres).
Je l'observe, un sourire amusé aux lèvres, tenter vainement de protéger ses cheveux. J'aimerais lui dire que c'est pas ses petits bras qui vont m'empêcher de la scalper si j'en ai envie, mais laissons lui ses illusions d'enfance.
« Qui t'es au juste ? »
Je hausse un sourcil. Je suis étonnée par cette jeunesse. Il y a quatre-vingt ans, je ne me serais pas permise de parler comme ça à un elfe plus âgé qui menace ma vie. Mais bon, si elle tient pas à la sienne, je vais pas me mêler de ses affaires.
Dans une envolée enthousiaste mêlée de souvenir, je lance vigoureusement :
- Je suis la grrrrrraaaaande pa......
Ah oui c'est vrai cette époque n'est plus.
Je réfléchis. Je n'ai pas envie de lui donner mon prénom, déjà parce qu'elle le mérite pas, ensuite parce que si je dois vraiment la scalper, j'ai pas envie qu'on puisse me retrouver encore plus facilement qu'avec la description d'une meuf ayant les cheveux bleus.
- Mitsuki. Je suis Mitsuki. La seule, l'unique, elfe portant des cheveux bleus, j'ajoute, en la foudroyant du regard.
Pourquoi j'ai piqué le prénom de mon Mitsu ? Bof j'sais pas, t'façon ils se rencontreront jamais, et je reverrai jamais l'elfette de ma vie, alors bon.
- Bref. Tu veux le revoir ton familier ? Bah enlève ce bleu. En plus il jure avec tes fringues.
Une réflexion me vient soudainement :
- Mais... Si ta couleur était naturelle, je ne dis pas qu'elle l'est hein, je dis bien "si", ça voudrait dire qu'au moins un de tes parents, ou de tes grands-parents, ou de tes arrières grands-parents, ou arrières-arrières arrières, bref t'as capté, j'abrège en levant les yeux au ciel (bah oui, les elfes vivent longtemps, elle doit encore pouvoir voir ses arrières-arrières-arrières-arrières-arrières grands-parents), a aussi les cheveux bleus non ? je lui demande, d'un air narquois. Prouve-le moi.
Hé hé, elle peut pas me le prouver, puisque mes propres parents n'ont pas les cheveux bleus, et personne de ma famille ne les a, donc ça voudrait dire que c'est pas héréditaire. Me sentant trop maligne, j'attends sa réponse.

Isy

- Mais... Si ta couleur était naturelle, je ne dis pas qu'elle l'est hein, je dis bien "si", ça voudrait dire qu'au moins un de tes parents, ou de tes grands-parents, ou de tes arrières grands-parents, ou arrières-arrières arrières, bref t'as capté, a aussi les cheveux bleus non ? Prouve-le moi.

T'aila regarda son interlocutrice. Connor n'était toujours pas là. Il devait sûrement être bien loin de la pauvre ruelle dans laquelle elle se trouvait avec la dénommée, Mitsuki, alias, l'épieuse qui en voulait à ses cheveux bleus.
Comment pouvait-elle prouver que ses parents avaient eux aussi des cheveux bleus pareils aux siens ? T'aila ne les connaissaient même pas, enfin, elle ne les connaissaient que par notes qu'ils avaient écrits sans grande importance. La seule photo qu'elle avait d'eux ne les montraient malheureusement pas très distinctement, impossible de deviner les fins contours du visages, et les cheveux ne ressemblaient à rien, impossible donc pour elle de présenter cette photo comme pièce à conviction de l'origine de ses cheveux bleus. Foutue photo. Même pas pris la peine de bien cadrer et de vérifier qu'ils étaient en contre-jour.
Mais elle se lança, en espérant du plus profond de soi, que l'épieuse la croirait, car elle raconterait la pure et dure vérité.

-Je ne peux pas te prouver ce que tu me demandes. Mes parents sont morts à ma naissance, tués par le Sangrave que tu as sûrement vu, sinon je ne serais pas là. Elle s'arrêta, un peu perturbée. Même si toutes ces années étaient passées, elle aurait tellement voulu rencontrer sa mère et son père. Ils avaient l'air d'être des personnes sympas, prêts à se dévouer. Les seuls souvenirs que j'ai d'eux, ce sont des notes, et une photo pourri où on ne distingue pas leurs visages, ni leurs cheveux.

T'aila se demanda ce que Mitsuki ferait. La laisserait-elle dans la ruelle et s'en irai en croyant la vérité de ses paroles ? Ou prendrait sa hache et la scalperais en lui disant que des mensonges comme ceux-là elle en avait déjà entendu des milliers ?
T'aila opta pour la deuxième option qui semblait réelle et totalement du tempérament de cette fille. Elle activa sa magie violette, au cas ou.

-Je connais seulement deux choses à leurs sujets : la première, ils ont inventés une sorte de potion qui rendrait aux gens un grand pouvoir. La seconde, mon père a écrit dans un journal secret qu'il avait entretenu une liaison elle aussi secrète avec une humaine pendant une durée assez longue je crois. Il n'était revenu que parce qu'il s'était souvenu que ma mère allait avoir un enfant, moi.

Satisfaite de mon piège, je la fixe avec un sourire narquois sur les lèvres. J'attends de voir comment elle va se débrouiller. Cela dit, peu à peu, j'envisage la possibilité d'une quelconque vérité. Si elle pouvait enlever cette couleur, elle serait trop terrifiée par moi pour oser la garder plus longtemps. Ou alors elle est totalement inconsciente.
Je l'écoute attentivement, du coup, pour essayer de déterminer à quelle hypothèse elle appartient. Ah ouais d'accord, une orpheline à cause des sangraves. Sympa. Bon j'imagine qu'à son âge, on a pas le culot ni le cran d'inventer un baratin aussi gros juste pour une histoire de cheveux, donc je me dispose à la croire (même si ça me déplaît). Je décide que mes cheveux sont plus beaux que les siens, par principe.
Je serais triste pour elle et son absence de souvenir de ses parents si en avoir des miens ne me décevait pas autant. Je préfère ne pas penser à ma mère tant elle m'énerve, et mon père lui, ne se rappelle plus de moi. Sympa aussi, hein.
Mais bon, je suis pas réduite à devoir contempler mes parents sur une photo qui ne remplit même pas le rôle qu'on a créé pour elle (à savoir distinguer les personnes qui sont dessus).
Je la vois activer une magie violette. Ah bah elle, elle a de quoi gaspiller ! Moi je me permettrais pas de la faire illuminer mes mains, j'en ai tellement peu ! Mais bon, c'est son problème.
J'allais lui faire la remarque lorsqu'elle reprend la parole (par Bendruc le Hideux, elle en a de la salive à gaspiller !). Je suis étonnée qu'elle se mette à me raconter sa vie. 'Fin je sais pas, je l'agresse comme ça à propos de cheveux bleus, et elle se met à me déballer ce qu'on pourrait assimiler à des secrets familiaux.
Mais qu'est-ce que c'est que ce papa ? Il abandonne l'humaine comme ça parce qu'il va avoir un enfant ? J'ose espérer qu'il ne l'a pas laissée enceinte. Et puis pourquoi sa liaison était secrète ? Les elfes sont polygames, je vois pas pourqu... ah bah c'est une humaine. J'suis con. Bien sûr. Encore un qui n'a rien compris. Les elfes mâles devraient arrêter de se laisser séduire par ces pâles copies de la beauté. Sans déconner, qu'est-ce qu'ils peuvent bien trouver aux humaines ? Après ils créent des gens comme moi, des hybrides, que tout le monde déteste et rejette. 'Fin perso je m'en fous, de toutes manières mon côté elfe ressort tellement que personne se rend compte de mon métissage, mais quand je vois certains demis se faire tabasser pour la bêtise de leurs parents, ça m'énerve. Comment peut-on être aussi insouciant et cruel ?
Bref.
- Tu sais, sans vouloir t'offenser, non jamais de la vie ! je suis largement plus rapide que ta magie ; je pourrais te décapiter sans que tu n'aies le temps de commencer ton incantation, donc tu peux éteindre tes loupiotes, là, je lui fais en souriant et en pointant de ma hache ses mains.
Je me gratte la tête en réfléchissant un instant.
- Je comprends pas pourquoi tu me déballes tout ça sur toi. Je veux dire : je serais en quête de pouvoir, je pourrais te torturer pour te forcer à me révéler la popo. Mais heureusement pour toi, je suis tellement puissante que je m'en fous un peu.
Ah la la, la naïveté des enfants. Je décide d'être sympa et de tenter de lui remonter le moral. Je m'assois en tailleur devant elle.
- Tu sais connaître ses parents, c'est pas tellement mieux. Ma mère est une pauvre humaine, et mon père se rappelle pas de moi, il est devenu amnésique à mes 64 ans, et on sait pas pourquoi. Je me suis barrée juste après parce que ça m'était insupportable.
Un éclair de malice se glisse dans mon regard.
- Si ça se trouve, c'est ton méchant sangrave qui a agressé mon père ! Tu dois pas être la seule dans ton malheur.
Oui bon, moi je peux lui dire ce que je veux sur ma vie, c'est pas elle qui risque de me faire du mal avec ces renseignements. Ou même sans ces renseignements.

Isy

- Tu sais connaître ses parents, c'est pas tellement mieux. Ma mère est une pauvre humaine, et mon père se rappelle pas de moi, il est devenu amnésique à mes 64 ans, et on sait pas pourquoi. Je me suis barrée juste après parce que ça m'était insupportable.

- Si ça se trouve, c'est ton méchant sangrave qui a agressé mon père ! Tu dois pas être la seule dans ton malheur.

"Les problèmes de famille qu'on a nous deux, c'est pas de la tarte..." T'aila venait de lui parler de ces problèmes de famille pour lui prouver que ce qu'elle racontait c'était pas des mensonges. Mitsuki était assise en tailleur devant elle, sa hache toujours entre ses mains. T'aila avoua que ses cheveux étaient quand même super-beaux. Elle jeta un œil aux siens. La similitude entre les deux chevelures était parfaite. Le même éclat. T'aila semblait se voir, mais pas avec cette tête ni ce corps. Ni cette hache.

T'aila aimerais en savoir plus sur Mitsuki, mais elle ne savait pas forcément quoi lui demander. Elle était imposante (pas à cause du poids...) et elle intimidait beaucoup. Pour les affaires, T'aila n'aimerait pas être à la place d'un quelconque négociateur.

C'est alors qu'elle sentit quelque chose dans son esprit. Elle regarda par-dessus l'épaule de Mitsu, et vit son grand et gros panda, Connor. Il déboula dans la ruelle et rua sur l'ancienne épieuse. Elle ne réagit pas assez vite. T'aila s'interposa entre son Familier et l'autre bleue. Elle lui expliqua mentalement que Mitsuki n'était pas si méchante que ça pourrait paraître.

Connor se détendit et fixa droit dans les yeux Mitsu.

T'aila leva les yeux dans le ciel. Il allait faire complètement nuit-noire dans quelques instants. Les grandes avenues étaient beaucoup moins bruyantes. Les marchands rangeaient leurs petits commerces, en attendant le lendemain.

-Euh... s'adressa-t-elle à Mitsu, si tu veux, tu peux venir passer la nuit dans ma chambre de Sorcelière au Palais. C'est juste parce que je te remercies de m'avoir aidé à me sortir des griffes du Sangrave qui m'a enlevé, et pour ne pas m'avoir m'avoir scalper finit-elle en souriant. Bien sûr, si tu dort déjà quelque part, ce n'est pas grave, mais, voilà, tu peux accepter ma proposition comme tu peux la refuser.

T'aila monta sur le dos de Connor et s'agrippa aux poils de son cou.

-Alors ? Tu montes ?

Je me retourne lorsque la petite copieuse semble regarder derrière moi. Je vois l'animal m'ayant servi de balise blanche et noire tout à l'heure me foncer dessus en mode tank sans cervelle, et me relève, ma hache dans une main, prête à l'éventrer s'il daigne poursuivre stupidement sa course jusqu'à moi. Heureusement pour sa peau (et ses intestins), l'elfette se place entre moi et son familier. Celui-ci semble prendre conscience qu'il allait droit à la mort en me fonçant dessus (non mais genre un pauvre panda géant pourrait se battre contre moi, quoi), parce qu'il se place en une position qui ne laisse paraître aucune intention belliqueuse. Je le couve d'un air mauvais avant de le quitter des yeux pour observer la petite bleue, qui reste silencieuse et semble réfléchir. D'un coup elle s'anime et s'adresse à moi d'un ton hésitant qui me fait sourire.
Je manque m'esclaffer quand elle me remercie de l'avoir "aidée à se sortir des griffes du sangrave", alors qu'à vrai dire, je voulais juste me venger la première (mais bon je vais pas le lui dire, elle est mignonne). Je hausse un sourcil lorsqu'elle ajoute m'être reconnaissante de pas l'avoir scalpée. Ca, c'est pas encore gagné, ça peut toujours arriver ma p'tite. J'hésite à lui faire la remarque. Bon pas tout de suite. De toutes manières, vu comment elle a regardé ma hache lorsque je l'ai sortie, elle doit toujours se méfier. Tant mieux parce que faire du ami-ami avec une elfe... Bof. Dès qu'elle apprendra que je suis demie, elle laissera tomber (ils sont tous comme ça les purs races).
Je souris. Effectivement, le principe d'une proposition, c'est qu'on peut l'accepter comme la refuser, mais je garde mes sarcasmes pour moi.
Je penche la tête d'un côté, réfléchissant. Si j'accepte, je risque de me retrouver à faire copain-copain avec la petite, ce que j'apprécie pas des masses. Et puis le palais d'Omois... C'est pas vraiment mon endroit préféré sur AutreMonde. D'un autre côté...... lorsqu'elle m'a dit "si tu dors déjà quelque part", ça m'a rappelé que, eh bien non, je ne dors pas déjà quelque part : j'ai nulle part où crécher cette nuit.
Je lui souris donc de mon air le plus chaleureux et amical tout en déclarant :
- J'accepte ! Personne ne m'attend chez moi, donc je peux effectivement t'accorder une nuit de plus en ma compagnie.
Mon regard glisse sur sa monture.
- Il fut un temps où j'aurais fait de même avec mon familier... je lâche, nostalgique, avant d'ajouter : Mais c'était encombrant quand même.
Pas question que je monte là-dessus. C'est trop........ panda.
Je réponds donc à sa deuxième proposition :
- Inutile. Je te suis.
Sitôt ma phrase terminée, je me prends ma forme lupine, et une grande louve bleue prend ma place. Je lui fais un signe de tête. Lets go !

Isy

- Inutile. Je te suis.

Sitôt dit, Mitsuki se changea et devint une grande louve. Bleue. "Comme par hasard" se dit T'aila. Elle était toujours agrippé à Connor. Ce dernier n'était pas détendu face à cette fille qui allait lui faire regretter d'être né, toujours à cran, prêt à se défendre.

T'aila regardait toujours la louve, qui lui fit un signe de la tête. Bon, il était temps de partir !

La jeune elfe sur son Familier montra le chemin pour se rendre dans sa chambre de Sorcelière.

Une fois entrés dans le Palais, Mitsuki reprit sa forme initiale, celle d'une jeune fille aux beaux cheveux bleus.

T'aila remarqua qu'elle n'était pas dans son milieu naturel. Elle gardait sa précieuse hache tachée de sang dans sa main. Enfin, ils arrivèrent devant la porte de la chambre en question. Ils rentrèrent.

T'aila se jeta dans un petit canapé. sa chambre n'était pas très grande, comprenant un canapé, une petite table à manger, deux trois chaises. Dans une petite pièce jouxtant le "salon", un lit, une commode, une table de chevet avec une lampe à l'ancienne.

-Fais comme chez toi mais fait juste attention à ne pas faire trop de bruit, mon voisin de droite à attraper quelque chose et le Chaman a dit "Vous ne devez faire aucun bruit pour son rétablissement". Allez, viens t’asseoir Mitsuki !

J'espère que je les mets bien mal à l'aise avec ma forme lupine. Surtout le panda. Lui, s'il me cherche, il va me trouver. Sa soeur d'esprit ferait bien de faire attention à ce qu'il ne tente rien contre moi à nouveau, sinon elle risque de regretter leur liaison... physiquement. Je lui jette donc des coups d'oeil hargneux de temps en temps, tout en observant avec attention autour de moi.
Bah oui, je suis pas à l'abri d'une quelconque attaque, et la petite non plus, vu qu'on sait pas trop où est passé le sangrave. J'aurais dû lui en coller une quand je le pouvais. M'enfin c'est le problème de la copieuse, pas le mien. Qu'elle se débrouille.
D'ailleurs, elle m'étonnait vachement la petiote, avec son histoire. Elle est poursuivie par un sangrave qui veut lui arracher son secret de famille, et elle me le balance à moi, comme ça, histoire de bien se faire un nouvel ennemi. J'espère qu'elle ne m'a pas fait confiance juste à ma tête, parce que sinon je me mets à pleurer ! Soit elle est un peu neuneu, soit j'ai l'air sympa, et j'espère que c'est la première option parce que la deuxième me plait pas du tout. Cela dit, si c'est bien la première option, ce serait vachement chiant vu que je m'apprête à passer la nuit chez elle. Ah oui, il y a ça aussi. Elle révèle un secret familial ultra dangereux pour elle à une inconnue, puis elle l'invite à dormir chez elle comme ça, histoire de bien lui donner l'occasion de la torturer discrètement pour l'obtenir, ou de fouiller dans ses affaires. Non mais les jeunes d'aujourd'hui... N'importe quoi.
Quand nous pénétrons dans le palais, les gardes me jettent des regards noirs. Je grogne et me retransforme sous leurs yeux méfiants. Je me retiens de leur balancer un geste comprit dans toutes les langues. Il serait bête de pas pouvoir entrer dans le palais juste à cause de pauvres abrutis. Je me contente de leur passer sous le nez d'une démarche élégante.
Du coup je suis la petiote plutôt calmement, en me demandant comment on pouvait vivre là-dedans. Déjà, faut supporter tous les trucs clinquants, les trucs qui font mal aux yeux, et tous les bruits qui y règnent. Non pas que je trouve le palais dégueulasse, il est même magnifique, mais c'est un peu trop....... trop. C'est trop pour moi. Surtout trop surveillé en fait. On peut pas faire de conneries, c'est pas drôle.
Je rentre dans la chambre de la copieuse à sa suite. Une réflexion me fait froncer les sourcils. Pourquoi ne se servent-ils pas de l'elfette comme d'un appât pour essayer de choper le sangrave qui la poursuit ? Cela la débarrasserait de son poursuivant, et eux ils auraient un prisonnier très utile pour l'interroger ! Ca m'étonne qu'ils n'y aient pas pensé, à Omois ils sont plutôt machiavéliques. Peut-être qu'ils sont pas au courant du secret de la petiote. Mais alors... Ca voudrait dire que je suis la seule à qui elle ait fait confiance ? Ce serait bizarre...
J'inspecte les lieux, méfiante. Bah quoi on sait jamais. Je roule des yeux à sa remarque. Non je ferais pas comme chez moi, c'est pas chez moi, j'aime pas ici. Je finis par me vautrer sur une chaise, à l'envers, le menton posé sur le dossier. Le petit meuble s'agite, on dirait que ça le perturbe que je sois comme ça. C'est pour ça que c'est rigolo.
Je finis par lui lâcher :
- Ecoute petite, j'te trouve un peu cheloue quand même. Pourquoi tu m'as révélé ton secret comme ça ? Je comprends pas bien. Tu es déjà poursuivie par quelqu'un. Si tu le racontes à tout le monde, tu risques d'avoir plus qu'un pauvre sangrave sur ton dos !

Isy

- Ecoute petite, j'te trouve un peu cheloue quand même. Pourquoi tu m'as révélé ton secret comme ça ? Je comprends pas bien. Tu es déjà poursuivie par quelqu'un. Si tu le racontes à tout le monde, tu risques d'avoir plus qu'un pauvre sangrave sur ton dos !

T'aila la regarda. Elle n'avait pas tort, mais en même temps, elle n'étais pas aussi naïve. Elle savait bien que des gens malhonnêtes lui fassent du mal, mais, T'aila lui fait confiance. "Elle m'a aidé" se dit-elle.

Si elle pouvait l'aider en retour, elle le ferait...

-Parce que je pense que je peux te faire confiance même si tu me voulais du mal. Tu m'a sorti des mains de celui qui allait me torturer. Et je ne le dis qu'aux personnes qui me viennent en aide ou à qui je sais que je pourrais avoir confiance. Comme toi Mitsuki, non ?

Sur ces derniers mots, T'aila se leva de son canapé moelleux et me dirigea vers la cuisine. Elle ouvrit le frigidaire et attrapa un gâteau qu'elle avais fait hier, quand elle s'ennuyait. Elle prit le plat ainsi que deux assiettes et deux cuillères. Elle revint vers Mitsu, se rassit sur le canapé et posa le gâteau qu'elle découpa en plusieurs parts. Elle en prit une, la posa dans une assiette et la tendit à son invitée avec la cuillère.

Je hausse un sourcil. Elle me fait confiance, même si je lui voudrais du mal ? Mais c'est illogique, je ne comprends pas. J'écoute avec attention la suite de ses propos histoire de pouvoir décrypter sa manière de réfléchir. Hum, effectivement, je l'ai aidée tout à l'heure, mais c'était pour pouvoir me venger en première. Bah oui, le sangrave avait qu'à faire la queue comme tout le monde, j'avais vu la petiote en première ! Non mais enfin qu'est-ce que c'était que ces manières ?! Je me calme mentalement avant de m'énerver toute seule. Elle me pose une sorte de question semi rhétorique dans le but de se rassurer elle-même et se barre. Quelle naïve petite.

Le plus étonnant c'est qu'elle n'attend même pas ma réponse et me tourne le dos pour bidouiller des trucs dans la pièce. S'expose-t-elle volontairement pour me montrer toute la confiance qu'elle a en moi ou est-elle juste imprudente et crédule ? Woah, elle a de la chance que je me moque complètement de son secret, elle ferait pas long feu sinon. D'ailleurs je me demande comment se fait-il qu'elle ne se soit pas fait choper avant par le sangrave, vu sa vulnérabilité. Peut-être que ce dernier est stupide. Mais les sangraves stupides ne doivent pas vivre bien longtemps tout de même. Je ne comprends pas, décidément.
Je l'observe pensivement s'affairer. La petiote a pas de parents, et elle vit toute seule au palais d'Omois, dans la plus ou moins crainte de se faire choper par l'espèce de sangrave incompétent. Quelle vie ennuyeuse... J'ai bien envie de la faire profiter de son existence. Et c'est pas en restant ici qu'elle le fera.
Je prends volontiers la part qu'elle me tend avec les doigts et commence à la manger en jetant un oeil interrogateur à la cuillère. A quoi cela pourrait bien me servir ? Je déguste la friandise en me demandant si elle n'a que ça à m'offrir (oui parce que bon, on nourrit pas un loup-garou avec une petite part de rien du tout hein). Je zieute un instant le gâteau, hausse les épaules et prends une autre part. Une fois cela fini, je me dis que je vais aller faire un tour à la forêt histoire de bouffer une bestiole avant d'aller dormir.
Je la laisse donc en lui assurant que je reviendrai et en la remerciant pour le gâteau. Je mets un point d'honneur à me transformer juste devant les gardes de l'entrée.

Deux heures plus tard, je reviens au château, après m'être docilement nettoyée du sang de la bestiole pour pouvoir pénétrer dans la cabane de l'Impératrice. J'avais bien réfléchi à ce que j'allais proposer à la petiote, et je me disais que c'était vraiment une bonne idée. Non, je ne sais pas pourquoi je me préoccupe de son sort alors qu'en général je suis plutôt indifférente à la destinée d'autres personnes, mais sa couleur de cheveux m'a donné une idée qui pourrait arranger plusieurs personnes.
Une fois rentrée dans la chambre de la petite elfe, je lui lance, avec entrain :
- Devine quoi ! Dans me grande bonté, j'ai décidé de t'aider, parce qu'il est clair que comme ça tu vas pas t'en sortir, si tu dois passer ta vie enfermée au palais.
Je tape dans mes mains avec enthousiasme :
- Ca te dirait d'aller chez mes parents ? Je me suis barrée de chez eux il y a quelques années, et je suis sûre qu'ils s'emmerdent sans moi. En plus ma mère sera ravie d'avoir quelqu'un comme toi dont il faut prendre soin, et mon père flanquera la pâté à ton petit sangrave s'il s'approche de trop près. Et puis il pourra t'apprendre plein de choses, tu y seras mieux qu'ici !

Isy