Ninjaaaa !

Des retrouvailles de Ninjas

Iris et Lou

Lou attrapa fermement le pommeau de l'arme et la tira de son fourreau avec un shling sonore qui la fit sourire. Le sabre pesait lourd dans sa main. Elle le leva à la verticale pour apprécier la finesse de la lame, le fit tourner légèrement pour regarder les discrètes gravures en arabesques qui décoraient l'acier. Elle s'imagina maniant ce chef-d'oeuvre mortel et frissonna.

Elle esquissa tout d'abord un geste doux, lent, un peu tremblant, ses deux mains s'accrochant à la poignée du sabre qui l'entraînait, la dirigeait, comme une vulgaire marionnette qui croit pouvoir se libérer de ses fils. Sa manière maladroite de se mouvoir lui donnait l'impression de s'empêtrer dans ces ficelles imaginaires, elle était bien loin de son agilité habituelle. Elle ne maniait pas, elle était maniée, elle détestait ça.

Ses doigts se resserrèrent, cherchant un meilleur contact, une meilleure prise ; elle inspira, expira, tenta un second geste, qu'elle voulu plus long, plus fluide. Cette fois-ci la lame glissa sur l'air, et son corps suivit le mouvement, toujours esclave de l'arme mais plus assuré, délivré de la timidité du premier essai.

Elle recommença. Encore et encore, elle chercha à dominer, à inverser les rôles, à retrouver cette exaltation que procurait la maîtrise parfaite d'une arme, cette sensation si particulière Une impression de toute-puissance, une grisante harmonie avec soi-même et avec les éléments.
Progressivement, elle prit le contrôle, elle se fondit en la lame, non, la lame se fondit en elle, comme une partie de son être, dans laquelle elle concentrait force et précision, euphorie et détermination.

Elle rangea délicatement le sabre dans son fourreau, le reposa avec précaution sur son portoir, puis s'en détourna après un dernier regard. Elle se dirigea vers des armes qui lui étaient plus familières. Poignards, dagues, shurikens, couteaux de lancer... Elle s'arrêta devant une collection de nunchakus, en choisit un qui lui plaisait - avec des loups dorés peints sur les manches - et le testa d'un air expert, tout en sachant très bien qu'elle n'avait aucune raison de l'acheter. Elle avait déjà tout ce qu'il lui fallait et était entrée dans le magasin par simple curiosité : il venait de rouvrir et elle avait été fascinée par la splendide vitrine qui exposait des armes en tous genres, et toutes magnifiquement travaillées, on le voyait dès le premier coup d’œil.

Après avoir reposé le nunchaku, elle passa près des arcs qu'elle effleura sans s'arrêter, contourna plusieurs étagères, un paravent, puis sortit dans le jardin à l'arrière du magasin.
Une jeune fille s'entraînait seule sur le tatami, au fond du jardin. Elle tournait le dos à Lou, mais sa silhouette lui était familière. Elle la connaissait, elle en était sûre. Elle s'approcha, espérant apercevoir le visage de la jeune fille, qui finit par se retourner.

- Iris ?!

wesh:

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IRIS ft. LOU ANGE

Ses ongles parcourent le miroir, l’effleurant, et laissant quelques entailles derrière eux. Elle observe son reflet dans la glace, tâtant son visage du bout des doigts, passant la main dans ses longs cheveux à teinture châtain-blond. Cette coloration, faite sur un coup de tête, lui change totalement le visage. Cependant, ses yeux d’azur n’en paraissent pas moins bleus. Sa peau de porcelaine n’est pas illuminée, pas comme d’habitude ; non, elle paraît fatiguée, lourde, terne. Des grosses cernes rouges soulignent défavorablement son regard autrefois si intense. Ses joues, creusées par la maigreur, lui donnent la même définition qu’un squelette, ou bien d’un zombie. Elle a une terrible mine.

Un dernier coup d’œil au miroir, et je m’en détourne aussitôt, me demandant comment j’ai bien pu en arriver là. Dépassée par tous les évènements, j’avais oublié comment vivre, comment bien s’alimenter, comment profiter, comment se faire belle, comment avoir une pleine nuit de sommeil. Je m’étais alors teint les cheveux, après avoir appris que j’avais une sœur jumelle, de manière à démontrer que j’avais une identité bien à moi.

Ma chemise blanche en tissu fin s’accrocha au coin de la table, alors que je me dirigeais vers mon placard, chercher une paire de chaussure. D’un geste nerveux, je la détache, en faisant bien attention à ne pas la déchirer ; seulement ma nervosité ne me laisse pas assez détendue. Je lâche une injure, le bout de ma flanelle déchirée dans la main. C’est alors que je remarque, sur la table, un paquet blanc, entouré d’un ruban rouge soigneusement noué en papillon. Je me souvins alors que, une heure plus tôt, un petit nonso avait livré ce paquet pour moi, sûrement un paquet que Mattis ou je ne sais qui m’avait envoyé. Désintéressée, je l’avais négligemment posé sur le support en bois, me promettant de l’ouvrir plus tard.

Délicatement, je tire alors un des deux bouts du ruban, et le détache. Main tremblante, j’ouvre la boîte, redoutant le présent qui se trouverait à l’intérieur. Une infâme odeur de nourriture me traverse les narines ; je baisse alors les yeux dans le paquet, et découvre une imposante pâtisserie au chocolat, signée par un grand pâtissier du Lancovit. Deux semaines plus tôt, j’aurais trouvé ça infiniment appétissant, et n’aurais pas attendu une seconde de plus pour m’enquérir de le dévorer. Seulement, la nourriture ne m’attirait désormais plus. Je repoussai alors la boîte contenant le gâteau d’un geste de dégoût, et allai mettre mes chaussures, oubliant totalement de changer de chemise. C’était de toute manière le dernier vêtement ample qui me restait, de façon à ce que je puisse cacher ma maigreur, mes trois kilos de perdus.
Un soupir, et je claquai la porte derrière moi, mes talons cliquetant sur le sol pavé de Travia. J’arpentais les rues, à la recherche de quelque activité pour me changer les idées, oublier tous ces changements qui chamboulaient ma vie, ces changements dont je ne voulais pas entendre parler.

En ce début de journée, les commerces de la ville prenaient vie : il y avait déjà la queue à l’entrée de certaines boutiques, des artisans aux coins des rues exposaient leurs œuvres, des peintres hélaient les gens à venir réclamer un portrait, des groupes de jeunes zigzagaient de boutique en boutique, déjà plusieurs sacs à la main, faisant du shopping entre amis, des gosses jouaient à se courir après, déclenchant la colère de certains commerçants à qui ils dérangeaient le stand en s’agitant… Parmi tout ce brouhaha, une boutique retint particulièrement mon attention. Personne ne s’amassait devant, elle semblait seule et triste. Jamais je ne l’avais remarquée auparavant, elle venait sûrement d’ouvrir. Curieuse, j’accélérai le pas, me méfiant de ne pas me tordre la cheville avec mes talons en courant entre les pavés, et m’arrêtai devant la boutique, prenant le temps d’admirer la vitrine comme il se doit. C’était magnifique. Une boutique d’armes. Des épées d’une magnificence absolue faisaient guise d’appâts, soigneusement exposée à côté de leurs fourreaux derrière la vitre curieusement épaisse. À gauche, dans l’ombre des belles armes imposantes, se cachaient une panoplie de poignards dont la lame était irisée, comme s’ils avaient peur de faire face aux épées, grandes et belles. D’un autre côté, on apercevait ce qui m’intéressait vraiment : sarbacanes, arcs, arbalètes. Bien que ma collection fût bien remplie, voir toutes ces merveilles devant moi réussit à me convaincre qu’il me manquait bien quelque chose. J’avais de toute manière besoin de me faire plaisir, de me remonter le moral, si je n’arrivais même plus à manger ma pâtisserie préférée.

L’air ahuri, je poussai la lourde porte de la boutique, provoquant la sonnerie de je ne sais quoi en entrant dans la bâtisse, sonnerie qui devait avertir le vendeur de mon arrivée. Seulement, personne ne se pointa. Non inquiète et sans gêne, je me précipitai alors vers le rayon où les arcs et arbalètes étaient alignés. Un arc en particulier attirant spécialement mon attention. Mon instinct m’indiqua d’aller le voir, je m’exécutai alors sur le champ. Du bout des doigts, j’effleurai la corde de l’arc, visiblement tissée dans de la crinière de pégase. C’était si doux, si parfait. Je ressentis l’énergie de l’arc parcourir mon sang, du ventricule droit au ventricule gauche. Cette énergie me fit frissonner, cet arc me semblait si parfait, fait pour moi, comme s’il me hélait, me tentait, me disait de venir l’essayer. Je ne me fis pas prier, et l’attrapai docilement main droite sur la poignée, main gauche sur la branche basse. En jetant un coup d’œil vers le fond de la boutique, j’aperçus derrière une porte-fenêtre, un jardin qui ressemblait à une cour d’entraînement. Je m’y dirigeai alors, ouvris la porte, et me retrouvai les pieds dans une herbe verte et grasse, encore humide de la rosée du matin. Autour de moi, de différentes et maintes cibles : des basiques rondes pour le tir à l’arc et l’arbalète, des spéciales pour la sarbacane, d’autres en forme de corps humain pour le couteau de lancer, et des mannequins en bois pour l’épée.
Fascinée par tant de matériel, je me positionnai dans la ligne des cibles rondes, prête à tirer. Je dégainai tout d’abord des flèches d’un pot rectangulaire dans un coin, et commençai à tirer. Aucune flèche ne me résistait : j’étais en pure connexion avec l’arme, tous mes tirs étaient parfaits, atteignaient le centre de la cible. Soudain, un bruit de pas derrière moi me perturba, et je loupai alors ma cible. La colère me traversant les nerfs, j’attendis quelques secondes avant de me retourner. À ma grande surprise, la personne connaissait bien mon nom :

- Iris ?!

Cette voix m’était effectivement familière, mais il m’était impossible de me remettre cette personne. C’était en tout cas une fille. Je pivotai aussi vite que la vitesse de la lumière, et aperçus une jeune fille, plus jeune que moi, qui faisait à peu près ma taille. Je ne la reconnaissais toujours pas, mais elle me disait définitivement quelque chose, je l’avais déjà croisée auparavant. Je m’approchai alors d’elle, et passa ma main squelettique dans ses longs cheveux très éclaircis, qui me paraissaient blancs. Mes yeux plongés dans les siens, j’humai son odeur : il y avait du vampyr par-là. Seulement, en poussant une de ses mèches en arrière, une oreille d’elfe fut à découvert. Plus aucun doute, il n’y avait qu’une seule personne pour être dotée d’un mélange aussi rare : Lou Ange.

- Lou ?? C’est bien toi ? lançai-je, l’air étonné. Que fais-tu donc ici ?

L’arc toujours à la main, je serrai le manche entre mes doigts si fort que mon sang avait du mal à circuler. Nerveuse, j’attrapai une de mes boucles blondes, et jouai avec.

Sujet: Re: Ninjaaaa ! Sam 1 Mar 2014 - 19:30

Des retrouvailles de Ninjas

Iris et Lou

Iris s'approcha, l'arc avec lequel elle s'entraînait à la main. Elle la détailla d'un regard perçant qui troubla Lou, ses yeux se posèrent sur les siens un instant puis s'éclairèrent.

- Lou ?! C’est bien toi ? Que fais-tu donc ici ?

Elle avait incroyablement changé. Elle avait teint ses cheveux, maigri, et... autre chose (probablement dans son regard), lui donnait un air différent, peut-être moins insouciant... Non, elle n'avait plus rien d'insouciant, plus rien de l'adolescente de quinze ans que Lou avait connue.
Mais c'était elle. Deux ans maintenant. Lou l'avait rencontrée... Comment, déjà ? Elle se rappelait surtout de la courte escapade au Château Vivant, qui s'était terminée par les retrouvailles d'Iris et de son père... Un Sangrave. Elle n'avait jamais su ce qui s'était passé ensuite, Iris ne lui en avait jamais reparlé et elle n'était pas du genre à aborder les sujets sensibles. Elles s'étaient revues deux ou trois fois, ensuite, s'étaient souvent parlé par messages, puis progressivement avaient fini par perdre contact. Finalement, elles ne se connaissaient que peu, mais Lou avait gardé un fort souvenir de la demi-Elfe - chose plutôt rare chez elle qui avait tendance à effacer les personnes de sa mémoire au bout d'un certain temps. A plusieurs reprises elle avait pensé lui écrire pour demander de ses nouvelles, sans jamais l'avoir fait.
Lou avisa les cernes marquées qui soulignaient ses yeux azur, son teint pâle - pas de la blancheur douce et naturelle de ses origines elfiques, d'une pâleur fatiguée, presque maladive - et son visage amaigri. Ce n'était pas seulement les deux ans qui l'avaient changée : elle avait l'air dévastée. Et nerveuse.
Lou répondit donc à sa question par une autre question :

- Tu vas bien ?

Et prit un air soucieux pour faire comprendre qu'elle ne la posait pas par politesse mais dans l'attente d'une vraie réponse.

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Sujet: Re: Ninjaaaa ! Sam 1 Mar 2014 - 22:53

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IRIS ft. LOU ANGE

« Tu vas bien ? »

Non, je ne vais pas bien, non. Je ne suis qu’une traînée, une ratée, une Sangrave déchue de toute sa puissance, une feuille morte, une orchidée fanée que personne n’a pris la peine d’arroser, une chose qui était auparavant si grande et forte, maintenant petite et faible. Je pourrais n’être qu’un simple et poussiéreux tas de cendres, que le doux souffle d’un nourrisson parviendrait à m’envoyer me dissoudre dans les airs.

Ma vie est fondée sur un mensonge, un mensonge si imposant qu’il a transformé mon existence même en bobard. Je suis un mensonge. Je ne suis rien. Un mensonge, c’est mal. Je suis le Mal. Ma place dans les rangs des Sangraves m’était peut-être finalement méritée. Oubliant mes pensées sombres l’espace de quelques secondes, je me rappelai alors que la dernière fois que j’avais vu Lou, je n’étais pas encore Sangrave. Je n’étais alors qu’une adolescente apeurée, j’avais seulement quinze ans, tandis que Lou n’était qu’une petite pubère de quatorze ans. À cette période-là, tout ce qui m’importait était de retrouver mes parents et de me faire belle tous les jours, tandis que Lou profitait de la vie depuis bien longtemps.

Avais-je seulement une fois profité de la vie ?

Plus aucune de mes requêtes ne menait de toute façon à rien dorénavant. J’avais promptement arrêté mes recherches concernant mes parents, après avoir découvert mon père à mes côtés, dans les rangs du Mal. Il m’avait fallu deux longues années pour le réaliser, mais ces enquêtes étaient définitivement inutiles ; depuis que je l’avais trouvé, mon père n’avait pas cherché une fois à venir me voir, prendre de mes nouvelles, quant à ma mère, elle demeurait introuvable.

Et maintenant, il y avait Nihal. Mon enfance avait été un véritable calvaire, mais jamais je n’ai désiré découvrir à un moment donné, plutôt mal choisi dans ma vie, que j’avais une sœur jumelle, dont j’avais été séparée toute ma vie. Une sœur jumelle qui, par sa ressemblance frappante avec la beauté elfique que j’étais il y a un an de cela, m’avait comme volé mon identité. L’idée qu’il y ait mon sosie à portée de main me traumatisait et ne me plaisait pas ; j’étais unique, j’étais Iris T’andil, et cette pirate venait visiblement de changer la donne.

Alors oui, Lou : tu pouvais me dévisager tant que tu le souhaitais, te demander comment est-ce que j’en étais arrivée à ce point, pourquoi je paraissais soudain si faible, en manque d’assurance, pourquoi est-ce que j’étais cernée ainsi, pourquoi j’étais devenue si… laide. C’est cela, je n’étais maintenant plus qu’un pauvre laideron.

- Très bien, lui répondis-je en déglutissant et retenant mes grosses larmes salées. Pourquoi te soucies-tu de ça ?

Je me forçai de dessiner un grand sourire sur mon visage dévasté. Son air soucieux me touchait, elle avait l’air si attentionné à mon égard. Oh Lou, si je le pouvais, je te hurlerais de t’en aller, vite, loin. Rester ainsi près de moi ne pouvait qu’être malsain pour elle. Il suffirait d’une autre de mes crises d’angoisses, d’une colère soudaine, ou même que mon esprit machiavélique fasse surface pour porter atteinte à la petite vampyr-elfe qui n’avait rien demandé de mal, excepté venir répéter tranquillement dans le nouveau magasin d’armes de Travia.

Je me retourne brusquement face à la cible, ayant honte de mes yeux bouffis, cernés, et rouge. J’avalai ma salive, portai l’arc en perpendiculaire à mon profil. Les doigts rudement accrochés à la flèche, je plaçai dans l’axe de ma bouche, visai, et lâchai la pointe, qui alla s’enfoncer directement, à une vitesse incroyable, en plein centre de la cible. Je vacillai un peu, fatiguée de tous les efforts que je venais d’endurer, manquant de faire un malaise, mon estomac étant vide depuis maintenant plusieurs jours. Tremblante, je tendis l’arc à Lou, lui faisant comprendre d’un simple regard que c’était à son tour de tirer.

Cette flèche Iris, elle a dû se tromper de chemin. Elle est plantée en plein centre de ton cœur.

Sujet: Re: Ninjaaaa ! Dim 2 Mar 2014 - 17:32

Des retrouvailles de Ninjas

Iris et Lou

- Très bien. Pourquoi te soucies-tu de ça ?

Sourire forcé. Elle avait les larmes aux yeux. Très crédible. Lou la regarda se retourner avec empressement et fut envahie d'un mélange de sentiments indéfinissable. Empathie, tristesse, frustration - ne pouvait-elle pas savoir ? faire quelque chose ?

Iris s'était éloignée, perméable au trouble qu'elle avait semé.

Elle tira une flèche de son carquois, la plaça et tendit la corde de l'arc. L'espace d'un instant, il sembla à Lou que d'entres elles deux, d'Iris et de la corde, la première était la plus fragile. Plus arquée que l'arc, plus vulnérable que la cible. Le fait que ce soit elle qui maîtrise et fournisse la force nécessaire à ce mouvement paraissait invraisemblable. Pourtant la flèche partit, et Lou crut retrouver la Iris qu'elle connaissait, forte et déterminée, juste le temps de sa course jusqu'à la cible. Au cœur de la cible.

Lou attrapa l'arc qu'elle lui tendait. Elle l'examina, le soupesa, chercha la meilleure manière de le tenir, puis piocha une flèche et se mit en position de tir.

- J'ai jamais été douée au tir à l'arc.

La flèche alla se planter, hésitante, dans la cible, à bonne distance du centre et de celle d'Iris, au moins aussi distante qu'Iris l'était elle-même. Lou fit une moue de dépit, avant de sourire, juste un peu, sans se forcer.

- Tu voudrais pas aller grignoter un truc ? J'ai repéré un café juste en face du magasin.

Elle reposa l'arc et regarda Iris, qui n'avait vraiment pas l'air bien. Elle espéra que sa proposition n'était pas déplacée et que la demi-Elfe accepterait un petit moment pour discuter, qu'elle ne se renfermerait pas de nouveau pour éviter les questions. Sinon, Lou n'insisterait pas. Elle détestait abandonner mais elle se voyait mal harceler Iris pour connaître la cause de son état. Elle espérait seulement qu'elle lui faisait suffisamment confiance pour lui parler, même un petit peu, qu'elle accepte de partager de nouveau quelque chose avec elle.

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Sujet: Re: Ninjaaaa ! Dim 2 Mar 2014 - 20:07

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IRIS ft. LOU ANGE

Lou saisit l’arc, presque tremblante, un manque évident de confiance en elle, m’expliquant qu’elle n’avait jamais été douée au tir à l’arc. Alors qu’elle se retournait pour exécuter ma demande, je m’en allai au fond du jardin d’entraînement, m’asseoir sur un petit banc en bois, me ressaisir et me rafraîchir les idées. Mon estomac criait douleur, mais je n’en fis rien, l’idée de nourriture me répugnant.

Affalée sur le banc, j’observais la petite adolescente, qui était maintenant concentrée, prête à lâcher sa flèche. Je la vis prendre sa respiration, et remarquai qu’elle n’avait effectivement pas la bonne technique, on voyait bien qu’elle ne pratiquait pas ce type d’activité et ne savait pas se servir de la rare arme avec laquelle j’étais quasiment invincible, quelle que soit ma situation, comme je venais de le prouver quelques minutes auparavant.

Enfin, Lou lâcha la flèche soigneusement taillée dans de l’acier, et manqua de loin le centre de la cible. Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire, qui cette fois était réel.
L’adolescente m’amusait, ne semblant pas être déçue d’avoir loupé son tir, un voile de joie recouvrant son visage si beau, encore plus beau que nature, vampyr et elfe étant mêlés dans son physique. Elle respirait la bonne humeur ; ses yeux étaient brillants, sa bouche pulpeuse et rose, sa peau d’une pâleur sans pareille mais magnifique, sans une seule imperfection, ses pores quasiment disparus, et ce petit sourire qui restait coincé au coin de sa lèvre malgré elle. Comparée à elle, je n’étais qu’une loque. C’était un peu comme si on vêtait un mannequin de haillons.

- Tu ne voudrais pas aller grignoter un truc ? J'ai repéré un café juste en face du magasin.

Sans que je l’eusse aperçue, l’elfe-vampyr m’avait rejointe, et me tira de mes pensées. Elle se tenait debout face à moi, son visage penché vers le mien, sa longue chevelure fondant sur sa poitrine telle une cascade.

Grignoter… La prononciation de ce mot me rendit maladive. Mon estomac se noua, je l’entourai alors de mes deux avant-bras, en appuyant le plus fort que je le pouvais, tentant de faire disparaître la douleur insoutenable qui s’emparait de mes organes.
Je relevai la tête et acquiesçai gentiment. Il ne me semblait pas utile de préciser à Lou que je n’allai pas manger un seul morceau de quoi que ce soit, même si c’était un cookie. Cela dit, un café était négociable, j’avais indéniablement besoin de ma dose de caféine, j’étais bien trop fatiguée : voilà des nuits que je n’avais pas fermé l’œil. Mais au final, pourquoi donc me retrouvais-je dans cet état ? Certes j’avais quelques problèmes, mais pas suffisamment pour être au bord de l’hospitalisation. Quelque chose ne clochait évidemment pas chez moi. Peut-être avais-je un problème psychologique, peut-être étais-je maniacodépressive. Ou peut-être était-ce tout simplement la pression que les Sangraves exerçaient sur moi. Peut-être aurais-je dû écouter ce Sangrave, Keylo, lorsque je l’avais rencontré il y a bien longtemps, et qu’il avait découvert je ne sais plus de quelle manière que j’envisageais de rejoindre le clan du Mal, m’incitant à ne pas le faire, m’expliquant qu’un plus grand malheur que le sien ne pouvait pas exister.
Bref, trêve de bavardages.

M’appuyant sur le bras de Lou pour m’aider à me remettre sur pieds, je poussai un petit gémissement lorsque mon ventre me redonna la sensation de milliers de nœuds sous ma peau. Si je souffre ainsi pour rien, qu’est-ce que ça doit être quand on tombe enceinte !

Arrachant l’arc des mains de Lou, je m’élançai vers la boutique, manquant de tomber à plusieurs reprises, mais avec un minimum d’assurance tout de même. Soigneusement, je reposai l’arme à côté de ses frères et sœurs, sur l’étalage des armes elfiques.

Entrainant Lou avec moi, je sortis alors du petit commerce, traversai la rue, et poussai violemment la porte du café en face. Maladroitement et brusquement, je bousculai un serveur et me dirigeai tout droit vers une table pour deux personnes, discrètement disposée dans un coin du café. M’asseyant en face de Lou, et attendant qu’un serveur arrive pour passer la commande, j’essayai d’engager la conversation. Encore une fois, la nervosité prit le dessus, je bafouillais, mal à l’aise.

- Alors, tu deviens quoi… ?

Sujet: Re: Ninjaaaa ! Dim 9 Mar 2014 - 17:38

Des retrouvailles de Ninjas

Iris et Lou

S'appuyant sur elle pour se relever, Iris acquiesa, avant de l'entraîner hors du magasin comme si sa vie en dépendait. Elle traversèrent la rue et Iris entra presque avec violence dans le café, tous ses gestes guidés par une extrême nervosité.
Elles s'installèrent à une table isolée, dans un coin, et Iris prit la parole :

- Alors, tu deviens quoi… ?

Elle semblait mal à l'aise, comme si elle redoutait la conversation tout en sachant pertinemment qu'elle ne pouvait plus l'éviter.
Lou détestait raconter sa vie, mais elle fit un effort, espérant qu'Iris finirait par se détendre en l'écoutant proférer ses banalités.

- Je suis toujours à l'Académie. Plus qu'un an et j'aurai mon diplôme de Voleuse Patentée. En ce moment je rate souvent les cours, mais bon sans vouloir me vanter il y en a certains dont je n'ai vraiment pas besoin, et ça ne m'empêche pas de faire partie des meilleurs élèves.

Normal, elle écrasait tout le monde au combat.
... Bon, elle allait peut-être trop loin dans les banalités, pour le coup. Si elle voulait qu'Iris arrête de se braquer, il fallait qu'elle lui montre qu'elle lui faisait confiance et qu'elle n'avait pas d"hésitation à lui parler plus personnellement. Même si elle détestait ça encore plus que les banalités.
Le serveur s’approcha pour prendre leurs commandes, l'air intimidé par Iris qui avait fait une entrée fracassante. Lou commanda un chocolat chaud et une assiette de cookies. Elle se souvenait qu'Iris adorait ça.

- J'ai euh... Je suis sortie avec un garçon, Ewlan. Un Lycan, c'était une très mauvaise idée. J'ai souvent de mauvaises idées, en fait. Bref, ça s'est mal passé, et j'ai dû réprimer des pulsions meurtrières pendant un certain temps, surtout que je le vois presque tous les jours à l'Académie. Enfin rien de très intéressant, mais ma vie ne l'est pas vraiment, en fait, intéressante... Souvent je me demande si c'est vraiment ce que je veux, devenir Voleuse Patentée. C'est mon rêve depuis tellement longtemps que je m'en suis presque lassée, je veux pas que mon avenir soit tout tracé et j'aimerais... J'en sais rien, en fait. Là non plus rien de très intéressant.

Nul. Nul. Nul.
En même temps elle n'avait rien à raconter, elle n'allait pas inventer, non plus.

- Tu m'as manquée, tu sais, pendant tout ce temps. J'aurais bien voulu qu'on garde contact.

Ça, par contre, ce n'était pas programmé, c'était sorti tout seul. Au moins ça avait le mérite d'être spontané, mais Lou n'était pas sûre que c'était ce qu'Iris attendait. Peut-être que ça n'avait rien de réciproque, peut-être qu'en réalité elle voulait juste en finir au plus vite et raccourcir au maximum cette discussion, puis oublier cette rencontre malvenue.
Tant pis. Elle était lancée. Et elle allait savoir bien vite ce qu'il en était.

- Et toi ? Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

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Sujet: Re: Ninjaaaa ! Sam 22 Mar 2014 - 13:01

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I would like some coffe please.

I

nstallée en face de moi, Lou, l’air exaspéré, répond à ma question et entame un petit discours sur sa vie à l’académie des Voleurs Patentés, m’expliquant où elle en était, me racontant ses cours, râlant sur le bas niveau de certains élèves… Ennuyant, ennuyant tout ça. J’aime bien Lou, mais le fait que je sois une femme grise rend la conversation beaucoup moins intéressante pour moi : si seulement elle savait ce que ces gens noirs pensent des petites mauviettes de Patentés comme elle. La seule chose pour laquelle je me devais d’admirer la petite mutante de toute mon âme, c’était bien son niveau au combat. Elle m’avait déjà laissé entendre qu’ils suivaient des cours intensifs de défense mais surtout d’offense à l’Académie, et pour l’avoir déjà vue à l’œuvre, le moins qu’on puisse dire est que cela portait bel et bien ses fruits.

Enfin, le serveur arriva, nous coupant de court dans notre conversation, ou plutôt coupant Lou dans son monologue. Distant, effrayé par ma réaction excessive cinq minutes plutôt, il demanda d’une voix tremblante ce que nous désirions. Je lui adressai un sourire diabolique tandis que Lou passait sa commande : un chocolat chaud…
« … et une assiette de cookies, s’il vous plaît ! »

L’air suspicieux, je scrutai l’elfe-vamyr du regard : soit elle me provoquait, soit elle cherchait à me faire plaisir. Mais non, Lou avait une bien trop bonne âme pour chercher à me provoquer. Ce n’était donc qu’un simple acte de gentillesse, je n’y voyais pas d’autre explication. Me forçant toujours à sourire, dégoûtée au plus profond de moi, je commandai uniquement un café au serveur. Tout ce dont j’avais besoin actuellement était un bon remontant, de la caféine, histoire de me redonner un peu la pêche, manquant indéniablement de sommeil.

Lorsque le serveur déposa l’assiette de cookies sur la table, je ne pus les quitter du regard : l’odeur chocolatée qui se dégageait des biscuits venait me chatouiller les narines, m’incitant à les manger. C’était bien mes gâteaux préférés, comme le savait parfaitement Lou. Seulement, l’idée de les avoir dans ma bouche, l’idée de voir mon corps regrossir me répugna. Je n’en voulais pas. Je trempai alors mes lèvres dans le café brûlant, fis la grimace, et reportai mon attention sur ma compagnie.
Elle m’expliqua maintenant qu’elle était sortie avec un certain garçon, Ewlan, et qu’elle le regrettait, ainsi qu’un tout autre blabla sur ses études de Patentée, son avenir, qu’elle ne souhaitait pas qu’il soit tout tracé… Je ne sais pas trop, en fait. J’avais du mal à garder mon attention sur elle. Quelque chose me dérangeait, me tourmentait, je n’étais tout simplement pas attentive, mais distraite. Distraite par une chose dont j’ignorais l’existence. Du mieux que je pus, je l’écoutai attentivement, buvant un mot sur deux.

« Tu m'as manquée, tu sais, pendant tout ce temps. J'aurais bien voulu qu'on garde contact. »

Avec cette simple phrase, elle parvint à m’arracher mon premier vrai sourire depuis quelques semaines. Jenna étant partie, et Mattis en « voie de disparition » car il était surchargé de missions, j’étais toute seule, triste, à m’apitoyer sur mon sort. Peut-être que cette après-midi avec ma vieille amie me ferait du bien. J’aurais bien voulu qu’on garde contact aussi, avais-je envie de lui dire. Mais ce serait te mettre en danger de rester en contact avec toi. Un seul écart de ta part, et je serai obligée de te tuer, sans pitié. Parce que oui, c’est ça ma vraie nature, c’est tuer. Tu ne pourrais pas garder mon secret comme il se doit.

Maintenant qu’elle m’avait conté ses aventures, Lou sembla estimer que c’était à mon tour de faire part de ma vie inintéressante. A contrecœur, je lui répondis en soupirant :

« Moi aussi j’ai eu un copain. Remarque, je suis toujours avec lui. Il est très gentil. Mais en ce moment, je le vois de moins en moins, je me sens seule. Ma meilleure amie est partie pour une mission de deux ans ou plus en Arizona, sur Terre. Ce qui fait de moi un être davantage seul. »

Je marquai une pause, puis repris :

« J’ai découvert que j’avais une sœur jumelle. Elle s’appelle Nihal. Mon dieu, c’est dingue ce qu’elle me ressemble… Elle a beau être brune aux yeux marrons, voire noirs, c’est mon parfait sosie. On essaie de tisser des liens, mais c’est vrai qu’après tout ce temps c’est compliqué, et… un point commun avec moi, elle n’est pas du genre communicatif. Et… Lou, je dois te dire quelque chose. »

Je pris ma respiration, réfléchis quelques secondes, me demandant si ce que j’allais dire était une bonne idée, et… au point où j’en suis, je m’engageai :

« J’ai… j’ai sûrement fait l’une des plus grosses erreurs de ma vie, entamai-je. Lou, je suis devenue une Sangrave. »

Je sentis les battements de son cœur accélérer, je sentis son corps se crisper, je la sentis prête à m’attaquer. En signe de paix, je levai mes mains, inquiète de sa réaction.

« Non, écoute, laisse-moi finir. Je ne sais pas quoi faire, je ne peux plus quitter la secte, la magie noire est en moi à jamais, mais tu ne peux pas imaginer à quelle point je suis triste là-bas. Lou, si tu savais comme je suis malheureuse, même… même ces cookies ne me font pas envie. Je n’ai plus goût à rien. Je me braque à chaque mot que j’entends, chaque parole qui m’est adressée. J’ai oublié comment vivre. Je vois le Mal dans tout ce que je croise. Il… il contrôle mon esprit. Je me sens prisonnière à jamais. Ma vie n’a plus aucun sens, si l’on peut encore appeler ça une vie. »

Un dernier soupir. J’appréhendais sa réaction.