Quelque chose en toi ne tourne pas rond! ♥ [K. Logan]

Quelque chose en toi ne tourne pas rond!

« TantantanTAAAAANTAAAAAAAAN ! Je suis… Je suis… »

Conne.

« SPIDERMAN ! »

Du haut de ma branche, je saisis une liane et me lance dans les airs. Pour finir un mètre plus bas, le cul par terre comme idiote parce que la corde –enfin la liane mais on s’en fout- n’a pas supporté mon poids. C’était sûr que ça allait rater. De toute façon Spiderman il se balance avec des toiles d’araignée…
Je saute sur mes pieds avant de sortir une clope de ma poche et de l’allumer. Je me mets à marcher au hasard. Où je suis ? Dans la foret, celle à côté d’Omois. Ouais, je sais, il y a des bêbêtes pas nets, des méchants bonhommes mais je m’en fous un peu. On m’a parlé de cet endroit alors que j’étais dans un bar et j’étais aussitôt hurlé que je voulais y aller. Ils en parlaient comme un lieu mystérieux, secret, sombre. Un truc marrant à explorer quoi ! En plus, je savais que je ne risquais pas d’être dérangée ici et que je pouvais faire toutes les conneries que je voudrais. Eh ben c’est le cas ! Je me mets à chanter « Ça, c’est vraiment toi » de Téléphone –enfin gueuler plutôt- toute seule, comme une cinglée en sautant partout, remuant le popotin, la clope dans la main.

«   ET J’AIME MIEUX CA ! OUH JE PREFERE CA ! OUI J’AIME ENCORE MIEUX CA ! J’AIME ENCORE QUE CA, CA, CA, CA ! »

Je continue mon délire pendant encore presque dix minutes, à fond, jusqu’à finir par me fatiguer. Je continue à marcher, en chantonnant doucement, errant au milieu des arbres. Finalement, ce n’est pas si drôle toute seule… J’aurais dû amener quelqu’un… Mon petit serveur chéri par exemple. Le pauvre, puisque je ne suis pas là, il doit être débordé…. Oh ! Je suis vraiment désolé mon chouchou ! T’inquiète, t’auras un bisou pour te réconforter. ♥
Tout à coup, j’entends le bruit d’une détonation. Ouh ! Je crois qu’un méchant monsieur est en train de tirer sur un autre monsieur ! Bon… Il faut que je réfléchisse ! Réflexion… Ouais, nan c’est vraiment trop chiant ! Je me mets à courir en direction du bruit. Je déboule au milieu des deux individus. Ben ca à l’air tendu… Je les inspecte tous les deux, tirant des bouffés de ma cigarette, l’ai décontracté. Je préfère me concentrer sur le tireur. Il est jeune, beau, grand, brun, ténébreux. Ça aurait été mieux sans le flingue…
Bon, comment dire… Je ne sais pas vraiment quoi faire là en fait. J’aurais peut-être pas du débouler comme ça, non ? Bon, ben… Je pointe le beau gosse du doigt en haussant avec un petit sourire.

« CA, C’EST VRAIMENT TOI ! »

Sans commentaire.

Quelque chose en toi ne tourne pas rond!

Je hausse les sourcils, l’air de dire « T’es sérieux là ? ».

« Essayer de me draguer alors qu’il y a un cadavre juste derrière moi, ça va pas le faire. »

Autant le prévenir tout de suite. Je tire une bouffé de ma cigarette, le fixant toujours avant de me détourner d’un coup vers le mec mort. A mon avis, le beau gosse a dû le torturer avant vu sa tête. Je suis prise d’un violent au le cœur. Putain, ici j’ai l’impression qu’ils sont encore plus violents que sur Terre. Bon, ça ne doit être qu’une impression. C’est peut-être que là-bas, je ne tombe pas sur des corps en pleine forêt. Et le tueur n’essaierait sûrement pas de me draguer aussi…

« C’est trop dégueulasse ! »

Bon, il va falloir que je trouve un moyen pour me barre vite fait parce que je le sens mal. Le mec a toujours son flingue et en générale, quand il y a un témoin, on lui explose la tête. J’inspire un grand coup pour essayer d’avoir l’air calme. J’ai vraiment le don de tomber sur les trucs pas net moi. En même, j’aurais dû éviter de venir me promener dans la forêt dont tout le monde a peur…

« Bon, désolé mais je dois y aller ! Bye bye mon chou ! »

Je lui envoie un baiser avant de tourner les talons. J’ai envie de prendre mes jambes à mon cou mais je reste digne et commence à m’en aller, la tête haute. Je pense à ce pauvre type, étendu par terre et me dis que le monde est vraiment peuplé de pourritures. Je baisse les yeux vers le sol en me demandant si je finirais comme ça un jour. Est-ce qu’un jour on viendra me tirer une balle en pleine tête et que je m’effondrerai sur le sol avec pour seule vision, ce qu’il y a au-dessus de moi. Je contemplerai peut-être un ciel bleu qui m’apaisera ou bien le plafond d’une chambre pourrie qui me prouvera que j’aurais bien fini ma vie comme une merde. Ou alors je mourrais d’une overdose…
Je ferme les yeux une seconde mais une main s’abat sur mon épaule, me faisant sursauter. Je me retourne lentement, en sachant déjà que c’était le mec au flingue. Je le regarde avec un air de défi. S’il tient vraiment à me tuer alors je ne vais pas lui faire le plaisir de lui montrer que j’ai peur. J’ai l’air de dire « Bah va s’y, qu’est-ce que t’attends ? » . J’ai une pensée pour Elliott qui m’a dit un jour que des fois il valait mieux s’écraser pour survivre. Mais moi, je passe mon temps à essayer de me survivre alors j’ai plus la force de le faire avec les autres. Autant se dresser !

« Ton nez est zarb’ mec. Désolé de te le dire. De toute façon t’aurait jamais pu égaler la perfection du mien ! »

J’éteins ma clope avec un petit sourire.

Quelque chose en toi ne tourne pas rond!

Bon… Je passe pour une débile vu le film que je viens de me faire mais normalement, les témoins d’un meurtre, ils se font zigouiller par le tueur, non ? Enfin, je ne vais pas me plaindre hein ? Surtout qu’il a plutôt l’air de vouloir me draguer. Je souris avant de sortir une nouvelle clope.

« T’inquiètes, c’est pas fumer qui va me tuer. »

Y a tellement d’autres choses qui pourraient me tuer avant la cigarette ! Genre la drogue, l’alcool, une veine percée ou même un peu de toute en même temps. Je sais très bien que je vais pas faire de vieux os. Je pousse légèrement le mec en arrière.

« Allez, maintenant va faire joujou ailleurs ! »

Ouais, je sais, je suis pas sympa de le virer mais en général j’évite de faire ami-ami avec un meurtrier. Je crois que ma vie est déjà assez merdique pour que j’aille me fourrer dans des histoires pas nettes. En plus y a cette histoire de Sangraves ou je ne sais pas quoi. Ils sont censés être les méchants de l’histoire et l’héritière d’Omois, un blonde je crois, est la gentille qui se bat pour eux. Personnellement, j’en ai rien à foutre dans qu’on ne m’y mêle pas et si ça se trouve ce mec est un « méchant » donc… Bye bye !

« De toute façon, je suis bien trop belle pour toi ! »

Ouais, je dis quand même ça un beau gosse qui doit avoir des tablettes de chocolats dignes de Photoshop. Stop ! Il est temps que je me barre avant de me foutre dans la galère. Je tire une bouffé de ma clope avant de lui faire un petite signe de la main. Je vais rentrer à l’auberge, faire un gros câlin à mon petit serveur et aller me prendre un gros pot de Nutella. Ou une bouteille de Vodka… Bref, un truc que j’aime beaucoup et je vais m’affaler sur mon lit et peut être qu’après j’irais faire chier mon patron parce que j’adore ça ! Et j’aurais évité plein de problèmes et je vais oublier que j’ai vu un mec mort.
Je me suis toujours demandé si un jour je voyais un cadavre, ça me ferait automatiquement penser à ma mère que j’ai trouvé morte sur son lit. Mais non… Ma mère était belle, elle semblait presque paisible en repensant mais quand j’ai compris qu’elle était partie, tout ce que j’avais pensé c’est qu’elle m’avait abandonné et que je la détestais. C’est encore le cas. Avec le temps on aurait pu penser que je comprendrais un peu pourquoi elle avait fait ça mais moi tout ce que je voyais et que je vois encore c’est qu’elle a été égoïste. Elle a voulu laisser sa fille qu’elle disait aimait plus que tout au monde à son mari alcoolique qui la battait. Pourquoi devais-je avoir enduré ça et pas elle ? Pourquoi est-ce qu’elle n’est pas restée pour moi, pour me protéger ? Mes parents n’ont rien fait pour moi à par me destiner à un avenir merdique.
Je relève la tête et tourne les talons. Je vais arrêter de penser à ça, ça ne mène nulle part. Maintenant il faut que j’avance.

« CA SE SENT, CA SENT QUE C’EST TOI ! »

Je recommence à gueuler.

Quelque chose en toi ne tourne pas rond!

Quels cours ? Des cours de chants ? Est-ce qu’il sait qu’il parle à une fille qui était sur le point de devenir super connue avec son groupe ? Non, lui, il ne doit pas écouter ce genre de musique… Mais c’est du passé tout ça ! La scène, les fans, cette sensation unique qu’on ressent quand on est sur scène. Oui, maintenant c’est oublié. J’ai enterré cette période de ma vie en même temps que Sacha.
Je marche pendant cinq minutes au hasard avant de me rendre compte que je ne sais pas du tout où aller. Comment on sort de cette forêt ? Quand je suis arrivé, je n’ai pas fait attention et je me suis enfoncé entre les arbres en ne pensant pas au retour. Je m’immobilise, regarde mes pieds puis le ciel comme si quelque part, je pouvais trouver un signe. Je n’en ai pas vu bien sûr. Pourquoi il y aurait-il un panneau d’indication ici d’ailleurs ? Mais qu’est-ce que je suis conne ! Je suis en pleine cambrousse, sur une planète que je ne connais presque pas en plus ! Je retourne lentement sur mes pas. Il faut que je retrouve le mec, celui avec le flingue. J’ai dû le vexer mais je m’en fous. Ça sera pas le premier et le dernier encore moins. Je ne prends pas de gants et je suis le plus souvent assez dur mais c’est comme ça. La vie, elle est cash aussi quand il s’agit de faire de toi une merde.
Je retrouve le beau gosse au bout de dix minutes, j’ai dû chercher un peu mais une fois que j’ai repéré le sang dans l’herbe, j’ai su que je n’étais pas loin. Je le vois, assis, adossé à un arbre. Je fis tomber la cendre au bout de ma clope avant de m’approcher et de lui donner un léger coup de pied dans la jambe. Juste pour qu’il me remarque.

« Hey ! Je me suis perdue, tu me montres le chemin steuplait’. »

Il me regarde avec l’air de dire que c’est juste une excuse pour revenir vers lui.

« Je déconne pas bouffon ! Je suis vraiment paumé ! »

Bon, vu sa tête, à part me claquer ou m’exploser la tête avec une balle, il ne va rien faire du tout. Je soupire et m’accroupi.

« Allez ! Je risque de rester là jusqu’à la fin de ma vie sinon ! En plus j’ai un job et je vais déjà me faire tuer parce que je suis partie sans rien dire ! Enfin, le boss dira sûrement rien, je crois qu’il a peur de mes pétages de plomb mais… Paraît que cette forêt est pas super bien fréquenté alors de jour ça va mais de nuit… »

Je joue en même temps avec les pressions de mon bracelet quand soudain je le laisse tomber sans faire exprès. J’essaie de cacher les traces sur mon poignet en le rattrapant mais je vois bien que le mec les a repérés. Putain ! J’espère qu’il ne va pas essayer de me convaincre d’aller voir un psy parce que ça, ça me fait vraiment chier ! Tant pis s’il me gueule dessus. Le seul dont j’ai vraiment peur à ce sujet c’est Elliott parce que des fois il cri et que c’est le seul que j’écoute vraiment et qu’il a l’air déçu. Ou des fois, il ne dit rien mais je vois dans son regard qu’il est blessé et ça me fait mal.
Ce mec, je veux juste qu’il me montre le chemin.

Quelque chose en toi ne tourne pas rond!

Je suis soulagée, il n’a pas vu les marques sur mon poignet. Il m’indique le chemin en précisant bien que je le fais chier par la même occasion. Je suis à deux doigts de lui taper sur la tête en mode «bon chienchien » sauf que je me rappelle qu’il a un flingue. Je vais éviter de me faire tuer au moment où je suis censé repartir bien tranquillement. Je m’apprête à me lever quand il m’attrape par le poignet.

« Qui t'a fait ça? Tu sais qu'un mec a pas le droit de frapper une fille? »

De quoi ? Ah ! Mes poignets ? Il vient seulement de capter ? Et merde, moi qui penser être tranquille… Je soupire avant de lui faire lâcher prise. Enfin, essayer, parce qu’il est juste un peu plus fort que moi. Ou beaucoup… Enfin bon, je ne vais pas me laisser faire.

« Lâche moi. »

Ce n’est pas une demande –bien entendu- mais un ordre pur et simple qui est sorti de ma bouche dans une espèce de grognement menaçant. Je me relève d’un coup, le fusillant du regard.

« C’est pas un mec qui m’a fait ça. C’est personne d’ailleurs ! »

Autrement dit, la fille en face de toi est une vrai sado-maso donc dégage. Mais il ne semble pas vraiment le prendre ainsi.

« Bon, je crois que tu voulais que je me barre donc tu lâche moi ! T’es chiant ! Je vais pas crever à cause de ça, c’est bon ! »

J’ai déjà fait bien pire…

Quelque chose en toi ne tourne pas rond!

Je le fixe un instant avant de m’accroupir devant lui et de détacher les bracelets qui cachent mes cicatrices. Je lui fous mes poignets devant les yeux.

« Je te prends pas pour un con, tu en es un tout simplement. T’es assez débile pour croire que parce que quelqu’un a l’air d’aller bien, il ne peut pas souffrir horriblement à l’intérieur. Tu l’es assez pour penser que si une personne parait forte et assurée alors elle ne pourra jamais faire preuve de faiblesses. »

J’inspire longuement avant de baisser les bras.

« J’ai eu besoin de personne pour me faire ça, pour attraper un cutter et me couper. Et s’il te plaît, ne me dis pas que ça me tuer et que je dois me tuer parce que c’est un des seuls moyens que j’ai trouvé pour tenir. »

Je vois dans ses yeux qu’il est surprit et je lui souris tristement. C’est la vie mon chou, dans ce monde, tout n’est qu’illusion. J’enlève doucement sa main de mon poignet avant de me relever. J’allume une nouvelle clope. Je suis comme elle, je me consume petit à petit.

« Voilà, pourquoi j’ai « ces vilaines marques », pour m’aider à rester debout. T’inquiète pas, je veux pas mourir, au contraire ! En plus j’ai l’habitude maintenant… Alors, tu peux te rendormir tranquille. »

Depuis combien temps avais-je commencé à faire ça ? Je crois que c’était au collège, cinquième ou quatrième. Depuis tout ce temps, on avait essayé de me forcer à aller voir des psys plus d’une fois mais je n’avais jamais accepté. Ils m’avaient tous crié dessus pendant des heures, les larmes aux yeux, disant que j’étais en train de me détruire. Ce qu’ils n’avaient pas compris et qu’ils ne comprendront jamais c’est qu’en me faisant mal ainsi, je me sens vivante ! Parce que les seuls choses qui me font réellement mal, qui me tuent, se trouvent à l’intérieur de moi et en regardant couler mon sang, j’ai l’impression qu’elles s’écoulent aussi en dehors de moi.

« Alors ? Ta curiosité a-t-elle était assouvie ? »

Quelque chose en toi ne tourne pas rond!

Je n’écoute pas le dernier truc qui vient de me dire tellement son ironie m’a choqué. Ok, je ne voulais pas qu’il me fasse la leçon mais pas ça non plus ! C’est carrément dégueulasse ! Mec, je viens de me dire que je m’entaille les poignets et tu trouves ça marrant de me sortir ça en pleine gueule. Je le fixe, mon regard s’est assombri.

« Espèce de ptit con va ! »

Je l’attrape par le col oubliant complètement qu’il a un flingue. Je le fusille du regard et en le soulevant à moitié. Il a l’air surpris par ma réaction ou par ma force. Et ouais mec, je tue peut être personne moi, mais ça me dérange pas de défoncer quand même !

« Tu trouves ça drôle salaud ? »

Il s’est remis de ses émotions visiblement car il arbore à nouveau son petit sourire arrogant. Pff, les petits merdeux trop sûr d’eux j’en ai déjà vu plein et ils finissaient mal. Je le regard en plissant les yeux avant de le relâcher et de me remettre debout. J’allume lentement une clope, prenant mon temps et inspire une première bouffée.

« Ah… Tu mérites même pas que je me mette en colère, tu mérites rien à vrai dire. Nada. Tu peux juste aller crever tout seul dans un coin avec ta soi-disant méchanceté qui fait juste pitié et personne ne le remarquera jamais. »

Je le regarde de haut alors qu’un petit sourire en coin se dessine sur mes lèvres. Mec, si tu veux jouer à ça alors je suis prête ! T’es juste qu’une merde de plus, un paumé qui veut se donner un genre. En fait tu n’es pas mieux que moi ! Alors va donc buter des gens, après tu laisseras le monde tranquille et t’iras niquer les mouches au paradis ! Ouais euh… Ça c’était bizarre quand même mais on s’en fout ! Je le fixe toujours avec mon air supérieur avant de tourner les talons.

« Allez ! Babye mon chéri. Va faire dodo petit ! »

Je commence à partir en fumant et chantonnant à moitié ne faisant même plus attention à ce qui vient de se passer. Finalement, il n’était vraiment pas intéressant ce mec. Cette méchanceté gratuite était tellement pathétique quand j’y repense ! Ahlala !