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Chroniques d'AutreMonde :: Autremonde :: Le LancovitLe Lancovit :: TraviaTravia :: Le Château VivantPartagez
 

 ♠ Dubt and Trust ♠ ~ Tiva

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AuteurMessage
Will Torance


Will Torance

Age du personnage : 25 ans

Familier : Mort. C'est un souvenir douloureux, il serait adorable de ne pas en parler.
Couleur de magie : Rouge
Niveau de magie :
  • Moyen
Niveau de combat :
  • Très élevé


Métier : Lieutenant des Camouflés.
Dans le sac : L'univers, en petit format.

Affinités :


MessageSujet: ♠ Dubt and Trust ♠ ~ Tiva   ♠ Dubt and Trust ♠ ~ Tiva Icon_minitimeMar 24 Jan 2012 - 10:30

Tiva/ Will.

Doubt and Trust.


« Go. Wanna be my disciple ? »



Assis dans une prestance plus que majestueuse, je me laissais aller à une complaisance ; je trônais dans la pièce, sur mon lit. Mes yeux accrochés à l'écran de l'ordinateur, je tendais mes jambes, effleurant de mes pieds les surfaces lisses d'un oreiller qui chuta à terre. J'ignorais les mouvements de mon Familier,-capricieux prédateur qui foulait de ses pattes mon territoire nuptial-, concentrant mon attention sur les textes défilant devant mes yeux. Aspie, ou plutôt syndrome de l'Asperger, je me livrais à la déchéance intellectuelle humaine ; m'élevant dans des capacités de mémorisation tout bonnement non reproductibles pour un cerveau humain considéré comme « basique ». Je ne passais pas plus de dix secondes sur chaque pages, ne prenant pas la peine de lire en entier chaque phrase, me focalisant sur une globalité que je relisais ensuite mentalement, assemblant les clichés mnémoniques dans une juxtaposition mentale.
Le texte en rafale, mes yeux décodés, je lisais tout mon rapport sur les demis-elfes. Créatures affolés par le progrès, ils avaient subis les charmes d'une technologies prisant les positions naturelles des ressources primaires. Ils s'étaient promus à des grades dangereux, évoluant dans une société qui les réfutais autant qu'ils les acclamaient. Hybrides noyés sous les insultes et le racisme, ils n'était ni humains, ni elfe. Pauvres petits, songeais-je.
Mes doigts pianotèrent sur le clavier, et avec une agilité familière, j'ajoutais aux archives de mon disque dur l'omnipotence de ce dossier. Le cryptant, afin d'en protéger le maximum de données, je me redressais, étirant mon dos dans un mouvement longiline. Ma colonne craqua, et j'achevais mon mouvement dans un soupir frustré. Mes dernières folies m'avaient arrachés des douleurs dont j'aurais pu facilement éviter les causes, si je n'avais pas manqué de vigilance. Méprisant cette vague de nostalgie, je chassais le visage du passé, rejetant mon ordinateur qui alla se positionner contre un amas de draps. Effleurant du pied le sol, je levais la main dans une caresse tendre, tandis que les crins ambrés de mon lion crissaient sous ma paume. Nous échangeâmes un regard, et je lui souris, comblant son handicap d'être inhumain.

« Teufel, sais-tu d'où vient le baiser ? Ce sont les Romains, qui en observant les fourmis, ont notés que ces dernières s'échangeaient de la nourriture intra-intestine, en plaquant leurs bouches les unes entre elles. Cela créé entre ces animaux un pacte de sympathie. Les humains ont gardés ce geste. »

Le lion pencha sa lourde tête dans un mouvement de poupée brisée, m'arrachant un sourire tendre. Je détournais mes yeux des siens, refrénant mon besoin de me jeter à son coup, par souci de temps. Amour silencieux, presque rendu scandalisant par sa puissance éhontée, Teufel restait mon cœur. Il me fallait aujourd'hui me rendre à un bien curieux rendez-vous, je devais l'avouer. Peut être même étais-je stressé ? Mes doigts vinrent épouser la forme de mon visage, et j'inspirais doucement, dans la recherche inconsciente d'un confort de l'âme et du corps. Teufel vint se poster près de moi, et ouvrant la porte, je sortais de ma chambre, allant me fondre dans la foule des couloirs.


(…)

La valse des corps entraînait mes mouvement, mais enfin, j'arrivais, achevé et rompu, à destination. Ma destination se mouvait d'elle même, petite fille brune aux dantesques yeux verts. Je l'attrapais par l'épaule, déposant mes mots près de son oreilles, dans un salut presque pédophile.

« Excuse moi, Tiva, je peux te parler ? Loin de là... là où il y aura moins de monde. »

Sérieusement ? J'avais simplement mal à la tête.
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Zwei Zéphirum

-Phoenix-

Zwei Zéphirum

Age du personnage : 22 ans

Familier : Aucun
Couleur de magie : Rouge grenade.
Niveau de magie :
  • Moyen
Niveau de combat :
  • Plutôt élevé


Métier : Malfrat underground aux aspirations anarchistes.
Résidence : ... Laquelle?
Dans le sac : De quoi hacker n'importe qui, de quoi tuer n'importe qui, de quoi effacer toutes les preuves.

Affinités : Affinité qu'elle veut croire strictement professionnelle et distractive: Aelys, associée, pion amusant semblant ne pas tenir dans une seule petite pièce d'échiquier.
Le reste du monde: Terrain de jeu à défoncer à grandes gerbes de lance-flamme.

MessageSujet: Re: ♠ Dubt and Trust ♠ ~ Tiva   ♠ Dubt and Trust ♠ ~ Tiva Icon_minitimeJeu 5 Juil 2012 - 0:34

~Du glaubst außergewöhnlich werden, dem Verrücktheit umfassend weil du denkst, daß die Banalität verachtenswert ist.~

La brume du sommeil se délita doucement.

La chaleur sous la couette, une fois éveillé lui parut insoutenable, et par la plus pur paresse elle ôta sa couverture d’elle sans bouger ni même incanter, en demandant à son familier de tirer les draps au pied du lit.

Depuis un moment, elle changeait souvent de toit. Elle prit donc quelques instants avant de se rappeler où elle était.

Elle se passa une main lasse sur la joue, où le souvenir des plis de l'oreiller était bien visible. Traçant du bouts de ses doigts pâles les sinuosités les plus marqués, elle tend l'oreille, alerté par des bruits lointain qui lui semblèrent venir d'au-dessous elle. Le son caractéristique d’une cuillère métallique contre un bol en argile, des voix discrètes, des bâillements d’endormis, allumèrent comme une petite lampe au dessus de son crâne : elle avait été envoyée chez sa tante…
Il y a de cela sept jours. Alors que toute la famille apprenait par le biais de ses
délicats grand frères… ou demi-frères, qui ne savait décidément pas tenir leur langue, qu’elle était une demi-elfe. Que son père n’était donc pas son père biologique. Et que sa mère avait donc trompé son mari.
Sa main retombe alors qu'elle pense avec une hargne exagérée, qui rend son songe risible et la fait lever les yeux au plafond :

« Fuck, brothers. »

Quelle ravissante façon de commencer la journée que de se remémorer de si charmants souvenirs! Encore faudrait il qu’ils se furent agis de souvenirs ; ce drame improbable se déroulait en ce moment même ; le couple soudé qu’avait formé ses parents se disloquait en autant de morceaux que de larmes.

Il faudrait des tonnes de colles pour réparer tout cela, se dit-elle soudain. Avant de commencer à calculer combien lui coûterait la glu nécessaire, elle se redressa brusquement en position assise sur son lit comme si ce geste véloce allait l’éloigner du fil curieux de ses pensées.

Sans vraiment savoir pourquoi, elle qui en temps normal était désintéressée des problèmes des autres, s’amusant à les prendre de haut en leur assénant qu’il n’avait qu’à s’en prendre à eux même, s’activait intensivement en téléphonant des deux côtés.

Elle devait agir ainsi parce qu’elle ne voulait pas que sa vie bascule autant de fois en si peu de temps…?

Elle essayait de trouver les bonnes pièces à assembler, les bons fils à relier, en tournant la situation de telle manière que l’un comme l’autre l’accepte. Que leur relation s’améliore, en consolidant les fractures.

Mais, bien évidemment, elle ne faisait cela que pour ne pas faire partie des dommages collatéraux si la boucherie insatiable d'un divorce venait à s'engager.
...

Elle eut envie de rire.

Cela ne devait pas être tout les jours qu’une jeune fille essayait par tout les moyens de s’assurer qu’elle était une horrible égoïste et que les sentiments qu’elle éprouvait pour ceux qui l’avait élevé n’avait rien avoir dans le fait qu’elle voulait les soulager de leur peine et les réconcilier.

Un « Ouais! » enthousiaste suivit d’un « Chut! » rouspété gentiment, provenant de l'étage du dessous, finit par taire toute envie de s'attarder au lit. Elle se prépara dans la salle de bain, prenant un peu de temps, afin de prendre ses marques en territoires inconnus. Si elle avait déjà rencontré plusieurs fois sa tante et ses cousins, cela avait été sur Terre, puisqu’on lui avait caché l’existence d’Autremonde. Elle ne connaissait donc pas encore bien la maison, même si le reste de l'univers magique lui paraissait moins étranger, grâce à ses déambulations dans les rues, grâce à ses lectures sur l'histoire et la géographie de ce monde, où grâce au lien qu'elle avait tissé pour certain, rendu indestructible pour d'autre, avec quelques Autremondiens.

Clio, sa demi-sœur, fut la première personne qui vint à son esprit. Tiva n'avait pas eu l’inconscience de parler d'elle à ses frères. Il s'agissait d'un sujet trop... sensible. Il devait rester secret suffisamment longtemps, au moins le temps qu'elles y songent, qu'elles trouvent une utilité qui saurait rivaliser avec le chaos que l'annonce de cette vérité susciterait.

En fait, Tiva ne lui avait rien dit de sa famille. Ainsi, Clio et elle ne pouvaient pas penser tout de suite à toutes ces choses là, à tout ces problèmes comme autant de nuages menaçants qui se profiler à l'horizon... Mais elles devraient bientôt se revoir, et le « miroir aux yeux verts » devrait être sincère avec son «miroir aux yeux bleus ». Elles savaient où se rencontrer, et elles se concerteraient pour leur avenir commun.

Elles savaient aussi quand elle se reverrait.
Un dernier trait de khôl noir acheva de renforcer l’éclat étrange de ses yeux.
Sept semaines de sept jours.

Ceci s’imposa à elle, devant le reflet abasourdi que le miroir renvoya.
Sept semaines de sept jours.

Sur sa joue prend forme une ébauche cartographique, sous la pression d'une main qu'elle ne contrôle plus. La partie de son esprit consciente croit reconnaître le Château du Lancovit, et l'autre, plongé dans un état second, le sait comme s'il se fût agit d'une évidence des plus fondamentales.

Elle irait voir Clio, oui... Mais avant elle... Sept semaines de sept jours avant elle...

Elle irait voir Will.

Elle range à la va vite les fards avec sa main libre, ressert difficilement le ruban qui retient la dentelle noir de son chemisier sombre autour de son coup. Le contraste s’accentue entre la pâleur grandissante de cette peau ivoire et l’ébène de l'étoffe.

Sept semaines de sept jours...

Dans le futur, cette donnée représentait la date à laquelle elle irait voir sa sœur ; dans le passé... C'était ce jour là. Ce jour où tout avait pris de façon irréversible une tournure fascinante et périlleuse, où une porte s'était ouverte sur une planète incertaine et mystérieuse, sur laquelle chaque pas pouvait enclenchée une mine. C'était aussi ce jour, où elle avait rencontré le premier individu Autre-mondien qui l'avait émerveillé... qui avait ensorcelé son âme. Qui avait inconsciemment, ou trop consciemment, ancré son navire à son cœur. Son cœur qui, en bateau bringuebalent, n'était pas un bon point d'attache, car élément instable.

Elle est un voilier fou qui se hue du courant et des vents, et qui a dans trop de nombreuses fois manquer de dessaler.

C'était le jour où elle s’était souvenue. Et que la réserve de poudre qu'elle transportait dans sa bicoque à la dérive, aussi noire et opaque que son passé, avait explosé avec force en éclatant le sort d'oubli dans son souffle destructeur. Mintus, que ça s'appelait. Elle avait appris à le faire, ce sort. Il était fascinant.
« Quand on a oublié, effacé toutes les traces, il n’est pas possible de Savoir. Comme si il ne s’était rien passé. »

Sa main tremble alors que le dessin est achevé, et elle sort rapidement de la salle de bain, passe par la chambre où elle est établie, attrape et balance au dessus de son épaule son sac à contenance magique. Dans celui-ci, elle stocke la nourriture de son familier, qui réagit à ce geste et descend avec elle au rez-de-chaussée, appâté par la perspective de se sustenter d'un des pavés de viande crue qu'elle a empaqueté.

Il l’avait déstabilisé, en la faisant ce souvenir de son père biologique, de la trahison de sa mère, la prenant à part et lui demandant, avec le scepticisme d’un jeune homme perspicace, si elle était Terrienne. L’avait fait l’admirer, et même rougir, en l’embrassant furtivement sur le lobe de son oreille et en lui murmurant des paroles si sages et mâtures que leur propriétaire ne pouvait que lui inspirer confiance et engouement.

Confiance… Elle avait le sentiment qu’une personne normal pourrait avoir peur de son « chevalier servant » (C’est qu’elle n’a pas oublié ce charmant surnom la petite !). De ses manières presque indécente (Le massage et le baiser font pas du tout pédophile, hein…), des lames d'aciers qui couvraient, il lui avait semblé, tout son corps, de ses aptitudes de combattant, de son discours extrinsèque à son âge. Mais …
… Elle l’avait apprécié. Au point de l’admirer. Il était différent de tout les humains qu'elle avait rencontrés jusqu’à présent. Il avait quelque chose d’irrationnel, d’impossible, d’illogique, il avait une chose qu’elle croyait sienne. Une âme complexe... L'allégorie de l'oxymore ? Elle avait l'impression qu'il avait des tas de facettes.
Et deux traits caractériels et... "physiques" différent des siens.
Une aptitude délirante à commandait et à combattre, ainsi qu'une désinvolture qui ne leur était pas commune.
Elle se demanda si il était parfois, dans quelques situations, comme elle. Si il adoptait le caractère, les valeurs qu'il désirait parallèlement aux événements qui le confrontaient, en choisissant objectivement les réactions qu'il considérait les plus adaptés, en reniant sa conscience et sa peur.

Mais il n'était pas comme elle. Il était cent fois mieux, selon ses propres critères… Tellement… plus…Quoi? Elle ne trouvait pas de mot… supérieur, à un niveau au dessus? La montagne sur laquelle il semblait trôné était bien plus haute que sa propre falaise.

Cet réflexion prenait sa source dans un sentiment qui l’avait fasciné… Une impression : celle que toutes ses paroles et ses actes étaient l’aphorisme, la vérité brève et concise, la réponse à ses questions rhétoriques.
Une confirmation… Une assurance… Une île qui avait poussé aussi vite qu'un champignon dans l’infinie mer de doute dans laquelle elle nageait avec difficulté, à demi coulée, noyée dans un océan qui se remplissait peu à peu de ses larmes vaines.

Peut être se faisait elle une fausse joie ? Peut être découvrirait elle quelque chose qui la ferait revenir sur sa position originelle, méfiante et méprisante, alors qu'elle en saurait plus sur lui.

Au pire, elle s'en foutait.

La vie de tous et de chacun est construite sur du vent. Sur des couches de fumées. La fumée des ancêtres, et celle que l'on produit. L'existence même ne sert à rien, alors on créé des buts fumeux, qui eux même ne servent à rien d'autre qu'à se rebeller vainement contre la nature qui nous a créé pour que dalle. Mais on recommence, on recommence... sans que rien de nouveau ne pointe son nez au soleil.

" 'Sert à rien donc, de se triturer le cerveau ainsi. Tant qu'on peux s'amuser...., ne songea-t-elle pas sans une once de raillerie."

Elle rit dans un souffle, assise sur la cinquième marche de l'escalier, un miroir dans une main, un stylo plume dans l'autre, et son carnet à dessin sur les genoux.
En temps normal, elle aurait pris plus son temps, elle aurait pris plus de recul, pour se forger une idée sur le personnage qu’il incarnait, trouver la place qu’il pourrait occuper dans son existence. Mais les événements avaient été d'une intensité peu commune.
Fulgurants, terrifiants, même.
Et elle n’avait pas choisi, une fois n’est pas coutume, avec studieux, minutie, une case au périmètre précis et domptable, où l'installé pour la période qu'elle aurait bien voulu accorder. Non. Il avait surgi, lui, à l'instar de Wind qui l'avait bousculé, par surprise. Cela avait été…
Imprévisible.
Elle avait un don pour connaître l’avenir, avait en effet prédit leur rencontre entaché de sang, et elle n’aurait jamais imaginé qu'elle serait un jour, pas à ce point, ... décontenancée.
C’était après tout à ce moment là qu'elle avait pour la première fois côtoyé des Autres-Mondiens: une dragonne, deux Voleurs Patentés, lui, le Camouflé et… le vampyr. Elle eut de la peine à combattre son envie de penser à autre chose, et bien qu'elle su pourquoi, elle se bornait à se voiler la face, pour, une fois au moins, s'épargnait le coup douloureux que cet réminiscence porterait à son amour-propre.
Elle avait eu peur, ce jour là. Elle, qui c'était toujours vu rester forte dans le désintérêt de toute chose, en sacrifiant toutes les relations affectueuses sincères pour mieux dominer, avait eu peur. Peur. Peur.
Elle aurait jeter aux orties sa dignité et aurait cracher de dégoût si elle n'avait pas conscience qu'elle devrait ensuite nettoyer le sol.

Une chose lui revint en mémoire. Cet instant... avec le vampyr.

Elle se souviendrait de cette mise à mort.
Tout ses camarades d'un jour blessé, une moue crispée sur leurs visages, leur familier ressentant la même douleur mais restant stoïque pour leur maître...
Oups, et voilà qu'elle se rappelait qu'elle avait une dette envers ce p'tit monde... Sans eux elle ne serait pas en vie, là, tout de suite. Elle n'aurait pas pu gagner contre le vampyr.

Wind, la dragonne qui l'avait percuté, et qui avait aidé, plus ou moins, à la traque du suceur de sang.
Alwin El'kenir, la Voleuse qui avait attaqué la sangsue alors qu'elle allait arracher la gorge de Tiva.
Et Will Torance, le Camouflé d'Omois, qui s'était lui aussi battu contre ce monstre, et l'avait tué avec Alwin.
Will... Le chevalier servant.

Ce surnom enfantin étire ses lèvres en un demi sourire, alors qu'elle efface de sa joue toute trace du plan qu'elle a esquissé à grand renfort de lingettes démaquillantes, avant de ranger le carnet dans son sac, et de se relever.

Elle repensa au moment après qu'elle ait rouvert les yeux en faisant face à la mort.
C’en était presque risible : on aurait dit que le Camouflé avait de la gelée de groseille badigeonné sur ses longs dreadlocks blonds. Si cela avait été de la confiture, et pas du sang, sûrement en aurait elle rit. En fait… elle avait bien rit, en courant à la suite de ce garçon qui ne connaissait pas le respect que l’on devait aux morts, lui qui secouait vigoureusement, comme un désaxé, la tête du vampyr. Ladite tête faisait une sale expression, aux yeux exorbité et à la bouche tiré en un sale rictus d’horreur, formait un tableau d’un humour très morbide, l’exhortant à le railler.

Elle non plus ne la connaissait pas, cette civilité pleine de déférence envers les macchabées. Ou, pour plus de précision, ne connaissait pas la raison pour laquelle une telle valeur morale dont l’inutilité l’exaspérais, demeurait ainsi ancré dans la mémoire collective, et dont son reniement relevé de l’indécence et de l’irrévérence les plus méprisables.

Ce corps de vampyr, même séparait de son âme abjecte, qui avait commis des actes d’une immoralité défiant les imaginations les plus atroces, n’avait pas ce droit.

Ce droit à l’égard, à l’estime que l’on gratifié à une personne méritante ou non, que ce soit dans la vie, ou dans la mort.

Dans le contexte du vampyr, et de son point de vu, cette dépouille n’était qu’un tas de matières organiques inertes dont la physionomie était au moins aussi effrayante que les tortures psychologiques et physiques subies par ses proies.
Elle arrive au pied du long escalier de bois clair, contourne une grosse plante grasse en pot en frissonnant. Ceci à la fois car la plante secoue ses feuilles sans que le vent en sois responsable, ce qui a un effet plutôt angoissant, et aussi parce que le carrelage blanc sur lequel elle viens de poser les pieds est glacial.

Sept semaine de sept jours.
Ce chiffre...

Amusant, il la suivait comme une ombre.

Passé et futur se rejoignait aujourd'hui.
Elle suivait son instinct, et son instinct lui disait que ce jour, équidistant de deux autres aux symboliques importants, allait être intéressant.

Et, pour qu'il le soit, elle savait où aller.

***

~Du wirst nicht das werden, was du hasst.~

Le Château du Lancovit.
Un endroit charmant.
Si, bien sûr, on oubliait les créatures magiques... surprenantes qui traînaient dans les couloirs, les blagues de mauvais goût du Château Vivant, les murs spectraux, c'était un endroit avec une architecture médiévale et un peu baroque agréable au regard. Depuis quelques temps, elle voulait se trouver un point d'attache, un cursus, afin d'évoluer dans cette société qui lui était méconnue. Elle savait qu'elle s'en trouverait sûrement un ici, et elle avait demandé à sa tante comment s'y prendre. Elle s'était donc fait posé une accréditation, un gadget pratique mais traître à son orgueil. Ce truc était comme une puce électronique pour chien, ce qui n'était pas des plus valorisant. Et, comme si cela ne suffisait pas, elle nous interdisait de nous rendre à certains endroits de l'édifice. On était ainsi comme tenu en laisse.

Mais la vie était bien faite, et les actions hasardeuses d'hier, faisait aujourd'hui son bonheur. Elle pouvait se balader librement dans la partie du bâtiment qui l'intéressait Cet endroit où elle savait qu'elle devait se rendre. Parce qu'elle l'avait dessiner. Le plan du Château. Sur son visage. Avec son khôl. Rien de plus normal, en soit.

Et elle avait redessiné ce tatouage prophétique sur une feuille, puis l'avait effacé de sa peau, pour finalement se trouvé là, depuis un temps qu'elle ne comptait plus, à flâner distraitement, se laissant porté par ses pas rêveur, dans la foule.
Elle finit par regarder son accréditation, pour savoir depuis combien de temps elle traînait dans les parages. Il était tôt, car elle était partit à six heure trente de la maison de sa tante, qui lui laissé la liberté de se balader, tout en lui recommandant toujours d'être prudente. Conseil qu'elle suivait avec plus ou moins d'assiduité.

07:.06

Will...

07:07.

Elle s’était tourné avec la vélocité propre à sa race, surprise par le contact d’une main sur son épaule. Fixant avec contentement le jeune homme, et avec une dextérité à déceler les moindres détails, aptitude propre au gens qui passe leur vie d’artiste à observer, elle réalisa comme s'était délité les traits de Will dans sa mémoire.

« Excuse moi, Tiva, je peux te parler ? Loin de là... là où il y aura moins de monde. »

Il était penché sur elle, très près de son visage, puisqu'il venait de lui parler à l'oreille. Quelques mèches de ses cheveux tressés tombaient autour de son visage androgyne, ses yeux noisettes plissait par une moue douloureuse. Il devait avoir mal à la tête... ce qui ne serait pas étonnant avec le nombre de personnages bruyants qui affluaient autour d'eux. Pour Tiva, tout les individus extérieurs à sa vie qui défilaient, visages fugitifs, anonymes et fantomatiques qui hanterait des rêves fugaces, ne lui semblait d'aucune utilité. Méprisées par sa haine intimement peureuse, toutes les démonstrations de leur état l'horripilait, futiles et effrayantes à ses yeux, superflues, à elle qui ne les considérait pas autrement que comme les menaces les plus monstrueuses de sa nature glorieusement taciturne. Elle voulait qu'il soit aussi silencieux et effacé qu'elle pouvait l'être face à eux, concentré sur leur entité, et sur les êtres et les choses qui valait la peine d'être découverts et entretenus, au lieu de se forcer à regarder ce qu’un autrui fallacieux voulait bien afficher.
Tous. Tout ces bonimenteurs agréablement installé dans leur mythomanie bienséante, lui donnait des envies de meurtre. Ses poings se contractèrent mais rien ne se lit sur son visage imperturbable, où continuait de se lire unne émotion joyeuse qu'elle ne ressentait plus.

Will...

C'est lui que son instinct lui commandait de voir... C'était pour cela qu'elle était ici. Elle savait qu'il serait là, elle l'avait su au même moment qu'elle avait pris connaissance du lieu où le rencontrer. Elle se remémora l'esquisse et se souvint d'un symbole qu'elle avait localisé dans ce couloir. Elle le chercha du regard... Et elle le vit, sur une fontaine temporaire, irréel, qui éclata peu après en des milliers de gouttes brillantes, qui flottèrent dans les airs avec féeries, irisaient par la lumière d'un faux soleil qu'elles réfractaient tout autour d'elle à la façon de boules à facettes aquatiques.


_Bien sûr! Contente de te revoir, Will, répondit elle spontanément alors qu'elle se détachait de la vision magique et que la proximité du garçon commençait à la rendre nerveuse.


Elle se demandait d'ailleurs ce qu'il lui voulait. Parce que si elle savait qu'elle le trouverait là et qu'elle s'était rendue ici consciemment, il ne l'avait pas arrêter dans le corridor bondé sans aucune raison non plus. Elle était presque gênée, à cet instant précis. Elle se souvenait de leur rencontre mouvementé, et de l'attitude ingrate et mal élevée dont elle avait fait preuve. Elle était partie comme une voleuse, en courant aussi vite qu'une Wind en se faisant coursé par un Camouflé, dès le réveil de son inconscience passagère, sans nulles explications, ou nuls « au revoir » à ses guides et sauveurs du jour. C'était sans doute pour cela qu'il désirait lui parler... Elle l'avait quitté sur trop d'interrogations.

Il y avait cette raison, mais une autre plus capitale. Et, même avec ses facultés devineresse, elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus... A moins que la réponse lui est traversé l'esprit, et trop invraisemblable et fugace qu'elle l'était, elle l'avait laissé s'en aller dans les méandres de son inconscience. Elle se concentra, dans l'espoir de se souvenir de quelque chose, mais rien ne vint: sa science était complexe, tellement subtile que la simple concentration, mais secondée d'une vive volonté, ne suffisait pas toujours.

Eloignant son échec, les souvenirs et étouffant ses remords, elle réfléchit à un endroit où se rendre, sourit et l'attrapa par la manche, sans crier gare.

«Suis moi, j'ai aperçu un endroit sympa, pas trop loin d'ici."

Elle courut en l'entraînant avec elle, zigzaguant entre les figures humaines, elfiques, vampyriques, naine ou animales, évitant soigneusement de percuter quiconque, sachant que les personnages Autremondiens pouvaient s'avérer férocement rancunier.

Alors qu'elle était gaie à l'idée de lui parler en privée, une petite voix lui reprocha de ne pas être assez prudente, car elle ne le connaissait, en définitive, pas plus que cela. Et comme à son habitude, répondant mentalement sur un ton plat, elle lui rétorqua d’aller se faire voir, qu’elle faisait ce qu’elle voulait avec sa vie et que de toute façon, elle n’avait rien à craindre. La petite voix sournoise ricana, à la manière de centaines de petit cristal tintant dans son crâne.

...

Ah oui, c’est vrai. Cette voix, en plus d’être dans sa tête, était invisible. Il était donc impossible qu'elle aille se faire voir. Hrm...

Elle papillonna rapidement des yeux alors qu'elle sortait de l'enceinte du Château Vivant, et par la même occasion, du périmètre du sortilège qui estompait les sons alentours. Elle reçut alors, confuse, une déferlante de bruits et de lumières colorées -la ville étant déjà bien animé malgré que l'heure fut très matinale-. Pendant un bref instant, qui dura le temps de sa désorientation passagère, elle se dit, les pensées floues, les tempes battantes et les yeux douloureux, que si elle commençait à se perdre dans des discussions animés avec son petit sois intérieur, elle n’allait pas tarder à finir dans une petite pièce capitonné, camé aux médocs, en attendant, les yeux dans le gouffre de leurs orbites, sa prochaine séance d’électrochocs.

Elle finit par arriver là où elle avait fixé son choix. Au détour d'un taillis fleuri au racine rampante dont elle passa les entrelacs sans peine avec un jeu de jambes qui la rendit plus gaie, elle jeta un coup d’œil furtif au dessus de son épaule pour voir la silhouette de Will qui la suivait de près. En se retournant, elle se baissa brusquement pour éviter une branche basse qu'elle avait repérée, mais dont elle ne vue que brièvement l'épaisseur feuillu, car déjà bien derrière, les arbres traîtrises amusantes n'étaient plus au premier plan de ses pensées.

Elle la vit et n’eut à peine que l'ombre d'un sourire approbateur et satisfait, car son visage guère expressif ne devait pas sa vivacité aux mouvements de ses lèvres ou de son front, mais aux étincelles émeraudes de ses yeux. Une taverne à l'enseigne trop ancienne pour qu'elle puisse y décrypter le nom, était la responsable de ce sourire éphémère.

Elle entra sans que la moindre cloche ne communique aux gérants, aux serveurs, son arrivée, et un silence mortel l’accueillit, ce qui aurait eut un effet antipathique qui lui aurait fait tourner les talons, alors qu'elle entrebâillait seulement au trois quart la porte et posait deux pas timides sur le perron, si elle n'avait justement pas désiré un lieu tel que celui-ci, et qu'elle ne savait pas où se rendre autrement. L'endroit à la fraîcheur revigorante, où régnait une odeur d'humidité rance qui la fit plisser le nez, était plongé dans une ambiance morose. Cela ne lui déplut pas, pas après l'expérience bruyante du dehors. Elle était, comme ce qu'elle avait constaté à l'entrée, des plus silencieuses et peu éclairée, ce qui était, à son jugement éclairé, un parfait remède pour se remettre d'un bain de foule. Le plancher était étrangement immaculé et lustré, tandis que le bar, les chaises et les différentes installations plus en hauteur comme les étagères et la vielle lampe, dominant la pièce et perçant l'insondable plafond de sa sphère de verre laiteux, à la lumière aussi incertaine que s'il se fût agit d'une flammèche brusquait par le vent, les bouteilles alignés sur des étagères du même état... tout excepté le sol était couvert d'une épaisse pellicule de poussière, témoin de l'abandon dont l'établissement faisait l'objet, car le sol était probablement sous la protection d'un vieux sortilège. Quoique l'ambiance du bâtiment produite par tout les éléments précédemment édictés lui donnait de faux-airs de tombes, surtout avec son bois vernies mais maculé par le temps qui déposait sur lui des déchets de l'air froid, il lui plut tout de suite, sans doute à cause de quelques œuvres morbides qu'elle appréciait à la lecture et au regard, et qui l'avait fasciné par leur crue horreur, et par l'engouement furieux mais tabous, -car dans chacun sommeille une admiration peureuse mais dévorante pour la mort, que l'on peut recevoir comme donner, et dont les affres, soit les souffrances où la piété inconnus les aspiraient à renier la Morale pour assouvir leur curiosité vorace et morbide -, lui inspirait alors une espèce de respect, ou une impression de sacro-sainteté, qui l'empêcha de formuler les moindres mots, malgré qu'elle veuille commenter ce qu'elle voit. Un vieux triton, avec pour seul distinction, un tatouage baroque, représentant par la danse subtile des aiguilles sous la peau, une encre autour de laquelle se lover un serpent marin, était le seul client, et Tiva, en le remarquant, se dit alors que, eput être, cet taverne n'était pas aussi délaissé qu'il n'y paraissait. Seul sur son tabouret en bois, faisant craquer le plancher en balançant sa chaise en un rythme monotone, les yeux globuleux, hagards mais fixes, il contemplait ses pensées, et de la même façon, une choppe en une sorte d'argile.

Il avait dans sa façon de la considérer, un aspect obsessionnelle qui la mis mal à l'aise ainsi qu'un certain idiotisme, débauche peu fameuse de l'alcoolique, dans sa manière de se tenir et l'expression d'un visage qu'elle ne voyait qu'au quart. Brûlé par le sel des larmes et de la mer, sa peau était aussi sèche et ridé qu'un vieux parchemin. Mais alors qu'elle se souvenait que les individus de son espèce ne pouvait quitter l'eau qu'en étant protéger par une bulle qui les enrobait intégralement, un vent d'empathie s’insuffla dans son cœur ; comme elle, il était certainement un hybride, rejetait par les deux espèces qui le constituait. Elle avait la chance de ne pas avoir une physionomie caractéristique à son métissage ; seul ses yeux d'un vert surnaturel, et ses oreilles à peine pointus, caché sous son carré en pointe, en étaient les preuves facilement excusable. Lui, la nature ne lui avait pas accordé le doux asile de l'ignorance ; ses ouïes n'étaient pas de simple troues sous ses tempes, comme il le convenait pour un poisson ; ses oreilles étaient longues et pointus, ses pupilles effilés, ses nageoires chétives, son anatomie trapue peu adaptée à la nage, et plus à la bagarre... Incontestablement un demi-elfe. Elle souffla par le nez, irritée. Elle ne voulait pas finir comme cela, perdue à la frontière de deux ethnies. Elle voulait s'imposer telle qu'elle était, tel qu'elle serait, et peu importe ce que l'on en penserait. Et puis, au pire, elle pourrait toujours commettre quelques assassinats, dans un, deux détours de sa vie... Les xénophobes, les antisémites, les étroits d'esprits en général, la rendait folle. Oui... Encore plus folle qu'elle ne l'était déjà, et dans des dimensions différentes que son mépris silencieux. Des dimensions plus... violentes, qu'elle n'avait jamais expérimenté.

Elle ne finirait pas comme cela, coûte que coûte. Elle ne deviendrait pas ce qu'elle haïssait. Et si elle voyait qu'elle ne parvenait pas à se trouver une place, sa place... Peut être vivrait-elle pour le reste de ses jours en ermite, recluse incomprise car incompréhensible ? Après tout, elle aimait la solitude. Mais elle risquait de tomber dans la routine et de s'ennuyer. Mettrait-elle fin à ses jours, dans un élan désespéré de reconnaissance ?

"Naaaaan, c'est chiant comme perspective, se reprit-elle en secouant négativement la tête."

Cela lui semblait bien trop définitif et radicale, à elle qui aimait l’équilibre et l'alternative...

Ou... Pff, elle s'en fichait, le destin lui ferait l'honneur de lui donner la seule chance qu'elle souhaitait, ou il irait se faire foutre.

Elle l'amena dans un coin de la pièce, et elle lâcha sa manche, pour s'assoeir sur une banquette en cuir synthétique rouge. La couleur pâlissait à certains endroits, user par frottement sur le dossier, les accoudoirs. Les jointures cloutés était couvertes d'une peinture or qui s'écaillait fortement. Elle passa l'index dessus, curieuse. Quelques couches de la peinture, cassantes, adhérèrent à sa peau. Elle les réduisit en poussière entre ses doigts et contempla les paillettes dorées.
Comme hypnotisé, elle les amena vers son visage, et souffla dessus. Une fumée dorée et scintillante s'envola, tourbillonna dans les airs... mais dut elle bien vite retomber, remporté de force par une gravité cruel qui mit fin à la danse des volutes, les rappelant hors de la scène comme le ferait un metteur en scène à la fin d'une démonstration où tous avait été transporté au rythme de leurs arabesques légères, suspendus dans le temps et l'espace.... Mais tout s'arrêtait, délaissant des spectateurs incertains et émus, alors qu'elle quittait les projecteurs avec dépit mais volupté.

Lorsqu'elles se perdirent dans le noir au ras du sol, qu'elle ne les vit plus, elle soupira, et recommença cette étrange manège en remarquant :


_C'est comme la vie d'un humain, en fait. Ça part de rien...


Elle se saisit à nouveau d'écailles de couleur chatoyante.

_Ça naît, puis ça se transforme, petit à petit...

Elle écrase lentement les morceaux de peinture.

_Et ça grandit vite, d'un seul coup!

Elle souffle brusquement sur la poudre éclatante, qui fonce à une vitesse fulgurante quelques centimètres plus loin.

_Et puis ça décline, lentement.

Les débris pailletés amorcent doucement leur chute, suivit par ses yeux mélancoliques.


_Et puis, la descente fini, il disparaisse définitivement dans le néant de l'oubli.
Son visage se ferme, et sans le feu qui brûle dans ses yeux, rien ne trahirait sa colère révoltée.


Elle rit, et se tourne vers lui, les yeux plissés par un sourire trop grand. Elle se rend compte que sa manœuvre est trop rapide, mais elle a peur, peur de son attitude qui lui rappelle celle de l'inconnu qui n'a pas changer de comportement depuis que Tiva et Will sont dans la pièce. Un comportement trop loin de la norme, trop étrange.

Le changement est radical, mais nécessaire ; elle en a trop fait, et s'en veut. Un son cristallin résonne, doux et haut perché, comme une brise soufflant en haut de monts désertiques, et elle se sent seul, seul avec ses pensées inaccessibles à autrui. Un déclic la sauve, et elle espère que son attitude ridicule s'effacera bien vite de sa mémoire :


_Dis, sais-tu parler Français ? C'est une langue Terrienne, et si tu ne la connais pas, je peux lancer un Traductus, proposa-telle avec vivacité.


Elle se préférait ainsi. Tout sonnait faux à son oreille, mais elle considérait ce masque comme le meilleur asile plausible. Il le lui avait dit lui même : «
Elle guette sa réaction, afin de savoir si il comprend la langue, et croise ses jambes, s'adosse au siège plus confortablement en le jaugeant du regard.
Elle était une enfant curieuse, et elle se demandait à quoi aller aboutir ce face à face inopportun ; elle attendait la suite avec une certaine hâte, mais un peu d'appréhension.

Pour une fois depuis longtemps, il lui semblait ne pas avoir l'entière contrôle de la situation. Cette angoisse s'insinuait dans sa magie comme un poison paralysant qui empêchait son pouvoir instinctif de lui dévoiler la connaissance de l'avenir, et de lui procurer son hardiesse insolente la rassurant au point que son attitude paraîtrait inconsciente à des yeux profanes de son étrange instinct.
 Faisons comme si je n'avais nul appréhension, comme si je passais au-dessus de tout cela, établit-elle alors que son visage redevenait impénétrable, abandonnant la gaieté factice car affolé.

Slurk. Elle avait encore perdu le contrôle face à lui; c'était la troisième fois depuis qu'elle le connaissait, et à plus loin que remonte ces souvenirs, la troisième fois de sa vie.
...

Cela allait rendre leur échange encore plus intriguant.
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Will Torance


Will Torance

Age du personnage : 25 ans

Familier : Mort. C'est un souvenir douloureux, il serait adorable de ne pas en parler.
Couleur de magie : Rouge
Niveau de magie :
  • Moyen
Niveau de combat :
  • Très élevé


Métier : Lieutenant des Camouflés.
Dans le sac : L'univers, en petit format.

Affinités :


MessageSujet: Re: ♠ Dubt and Trust ♠ ~ Tiva   ♠ Dubt and Trust ♠ ~ Tiva Icon_minitimeVen 6 Juil 2012 - 12:07

« Bien sûr ! Contente de te revoir, Will. »

L'engouement de la voix de la jeune fille était palpable, et comme un ensorcèlement qui me prit, je laissais timidement mes lèvres s'étirer en un sourire ravi. Le laps de temps écoulé entre nos dernières rencontres m'avait laissé penser que Tiva ne se souviendrait peut-être pas immédiatement de mon nom, mais assister à la preuve du contraire avait quelque chose de réjouissant, et de terriblement doux. Je laissais cet impression doux-sucré glisser dans ma tête, tandis que Teufel apparaissait à mes côtés, saluant d'une vague mentale l'esprit encore indécis du jeune Familier de la demoiselle. Le contact des doigts de cette dernière attrapant ma manche me surprit, et projetant sur le visage de Tiva un regard ambré, étudiais chacun de ses traits.

Trop persuadé, pendant trop longtemps, que chaque humains étaient capables de s'avérer la plus dangereuses des créatures. Chaque êtres possédant un cerveau neo-cortex était une chose capable de réfléchir, et d'assumer le fait de penser. Précoce au meurtre. Précaire dans son innocence. N'importe qui ici était capable de tuer, de violer, d'arracher, de massacrer. Il suffisait de si peu pour que le cerveau humain se révèle la plus indomptable des machines de guerre. Et lorsqu'il ne s'agissait pas d'encéphale humain, mais vampirique ou elfique, alors les concentrations nerveuses, synaptiques se révélaient encore plus bestiales, encore plus fulgurantes ; encore plus indomptables. Et moi, je cherchais à m'approcher d'une créature au cerveau hybride. Quel pauvre malade je faisais. Loin de tout racisme dégénéré, je me concentrais plutôt sur le fait que le patrimoine génétique d'un être faisait de lui ce qu'il était. Un elfe, un humain... ils pouvaient tous si facilement être mûs par ce sentiment de colère. Ce sentiment de colère, si violent, qu'il effaçait d'un revers de la main le niveau supposé être entre « Superman » et un humain normal. Sur la Terre, peut-être ne s'étaient-ils jamais rendus compte que les capacités surhumaines, ou plutôt surcorporelles étaient facilement atteignables, avec un cerveau débridé. La colère était le genre de chose capable de débrider un cerveau. J'en avais fait l'expérience.

Aussi, j'avais depuis longtemps établi que n'importe qui était capable, où que ce soit, de me faire du mal. Ma phobie panique des gens, mes angoisses par rapport aux hommes, mes frayeurs par rapport au genre intelligent... tout cela, tout ce qui avait fondé cet être sombre, si pernicieux, en moi. …
J'avais changé, heureusement. J'avais appris à chasser cet inconnu du cerveau, cette peur de l'Autre. Mais je crois que je commençais aujourd'hui à revisiter ce que j'avais toujours cherché à comprendre. On pouvait faire de n'importe qui une arme fabuleuse, pour un tant soit peu qu'on parvienne à parfaitement la maitriser.

Mes yeux se posèrent sur Tiva, qui comme une petit flèche verte et noire au milieu de la foule, m'attirait à l'extérieur du château, courait devant moi. Tiva... Je n'avais pas envie de jouer avec elle à ce jeu qui faisait de moi un assassin. Je n'avais plus envie d'avoir à effacer mes erreurs de la même manière dont on cliquerait sur un bouton « clear ». Tout cela était révolu, et j'avais muté, transformant mon esprit malade en ce qui aujourd'hui me semblait juste. Du moins je l'espérais. J'espérais atteindre un jour cet idéal de me voir parfaitement « Lion ». Mes prunelles glissèrent sur Teufel qui couraient près de nous, et un simple sourire éclaira mon visage.

Je m'arrêtais une seconde, doucement, après avoir ralenti mon rythme. Devant moi, Tiva sembla disparaître au milieu de la foule. Teufel vint tourner autour de moi, à la manière d'un chat intrigué, et les flancs encore secoués par sa respiration acceléré, me questionna d'un regard ambré. Je laissais un frisson courir mes lèvres, puis frottant sa gueule du revers de la main, fixais droit devant moi. Les tâches sombres des personnes que je ne regardais pas dansaient, dans une chorégraphie endiablée, sans aucun ordre, sans aucune limite, bousculant et injuriant.

« Il faudra que je lui dise un jour. Je suis absolument dingue de ses yeux.  »

Teufel émit un rire doux. Je me remis à courir, avant d'accélérer soudainement, rattrapant Tiva, comme on rattraperait un lapin.

La jeune hybride avait une manière de se déplacer qui me faisait étrangement songer. Pensif, quoique activement et physiquement en éveil, je laissais une partie de mon cerveau gérer mes déplacements, plus instinctifs et félins qu'autre chose, tandis qu'avec le reste de mon esprit, j'étudiais la manière de se mouver de Tiva. Souple, beaucoup plus souple que la mienne, quoique pas nécessairement travaillée, lorsqu'elle faisait preuve de précision, j'utilisais la puissance. Si mes foulées étaient plus intenses que les siennes, ces dernières étaient fragiles, légères, comme les elfes sauvages. Des foulées...
Sautant par dessus la rambarde d'un escalier, par flemme de les descendre, j'attérissais derrière Tiva, cette dernière ayant dévalé les marches sans s'épuiser plus que cela. Elle avait une endurance, aussi. Ces capacités ne me permettaient plus de douter sur les origines métisses de la jeune filles, et si certains caractères humains n'apparaissaient que trop dans le béhaviorisme, je prenais un certain plaisir innocent à les étudier. Ses chevilles pas assez puissantes pour affronter le choc de ses pas, ses muscles pas encore assez dessinés pour des efforts qu'elle aurait certainement à accomplir, ses omoplates encore maigres. Je me mis à réfléchir à sa poitrine. La massa graisseuse présente dans les seins d'une fille pouvait devenir un désavantage lors des efforts pratiqués. Raison pour laquelle, par exemple sur Terre, un peuple antique, les Amazones, se découpaient le sein droit. Je me demandais comment faisait les elfes, songeais-je, absolument concentré de manière scientifique sur le corps de Tiva. Teufel, lui, le prit de manière beaucoup moins sage que moi et ses pensées moqueuses empourprèrent mes joues. J'entrouvrais les lèvres en un sifflement furieux.

« Tcha ! »

Il se mit à rire.

Lorsque nous dépassâmes les environs du château, je vins me poster sur le rebord d'un muret, étudiant la silhouette de Tiva qui filait, au loin, en travers les épaisseurs du paysages. Mes yeux se plissèrent. Enjambant Teufel, je laissais à ce dernier le soin de combler la distance entre Tiva et moi, le temps que je reprenne un rythme cardiaque moins proche de la tachycardie qu'il ne l'était à l'heure actuelle, puis lorsque nous pénétrâmes dans un paysage plus végétal, réutilisais mes jambes, défiant avec un certain bonheur la fatigue de mes muscles. Tiva, plus proche devant moi, avançait maintenant à un rythme moins soutenu, se déplaçant avec douceur au travers des arbres. J'eus un léger sourire. L'humain ne pouvait s'empêcher de respecter l'élément duquel il se sentait le plus intime. Jamais je ne marchais dans le château de la manière dont je me mouvais avec du sable sous les pieds. Dans le désert, mon corps se faisait beaucoup plus lent, mais mon cœur beaucoup plus rapide ; alerte, quoique délicat, j'imitais les déplacements des animaux du soleil, en me plongeant dans la chaleur, dans l'ambiance minérale. Tiva, près des arbres, avait un comportement, conscient ou non, qui laissait suggérer qu'elle se sentait certainement plus à l'aise avec ces derniers. Quoique je me trompais peut-être. Un éclat de prunelle verte me surpris, et relevant le menton, brièvement surpris, je continuais à faire comme si de rien n'étaut. Elle surveillait que je la suivais ? Mes lèvres s'étirèrent en un sourire pointu.

Apparut la silhouette d'une taverne. Grosse et vieille bicoque perdue au milieu des arbres, elle respirait le bois mort, l'humidité, et la peinture caillée. Posant mon regard sur l'enseigne qui ne se balançait même plus, au vu de la rouille, j'en étudiais les graphes trop vieux pour que je puisse déchiffrer le nom de l'endroit. Comment et quand Tiva avait-elle découvert cet endroit ? Même moi qui était né sur cet univers n'avait jamais entendu parler d'ici. Je soulevais un sourcil dubitatif, tandis que mes lèvres étiré en une moue boudeuse témoignaient de ma brève crise de caprice. L'endroit était froid, le moins du monde accueuillant, et particulièrement silencieux. Loin des tavernes que je fréquentais, où le bruit était roi, et où tout cliquetait, explosait, riait, dansait. Ici, le silence des lieux vieux et inconnus du grand public. Je pénétrais à la suite de Tiva, ne la lâchant pas du regard, quoique mon champ de vision se concentra sur tout ce qui pouvait se tapir dans l'ombre de la salle poussièreuse. LE décor n'était pas sensass', mais typique d'un lieu supposé acceuillir des gens. Je projetais mon attention sur le verre laiteur de l'ampoule au plafond, avant de balayer du regard les tables, les tabourets, les murs et étagères. Pour un peu, on dirait les décors de ces vieux films sur la guerre froide. Cette pensée me fit m'impressionner moi même et je tus le rire qui menaçait d'exploser hors de mes lèvres. J'avais bien envie de foutre le bordel ici. Mais pas pour le moment.
Merci pour les barmans.

Le seul client du lieu était une créature, assise à sa table, esseulée, qui avec un peu d'attention, se révéla un hybride ; un triton. Je le vis croiser mon regard, à l'instant où j'achevais de dévisager son corps atypique, et baissant brièvement les yeux, je le saluais dans un manque certain de motivation. Il n'avait pas particulièrement l'air dangereux, quoique la carapace solide de ses écailles se révèlerait un atout à son avantage s'il fallait le combattre. Quoique mes pensées se perdaient certainement trop dans la paranoïa. Laissant Tiva étudier le triton, je balayais des yeux la salle, à la recherche d'un garçon, ou du barman. N'y avait t-il personne ? Mes prunelles se dardèrent sur les deux objets posés devant le client, et je me questionnais vaguement sur comment il les avaient eu. Bah... ça se trouve, c'était lui le barman ? Un ricanement me prit, tandis que Tiva, près de moi, secouait la tête. Mon attention se reporta aussitôt sur elle, et cherchant à deviner ses pensées, je laissais Teufel venir effleurer mes jambes, dans un long frottement contre mes doigts.

Tiva attrapa ma manche, et m'emmenant dans un coin de la pièce, je me questionnais sur le fait qu'elle sache ou non le pourquoi j'étais là. Je la laissais s'asseoir, et l'imitais, m'installant en face d'elle. J'ôtais la veste légère que j'avais enfilé avant de partir à sa recherche, et laissant Teufel venir se coucher à ma gauche, près de la table, je venais poser mes coudes sur la table, plaçant mon menton sur mes doigts refermés entre eux, mon regard soudé aux gestes de Tiva. Comme une enfant, elle étudiait les textures de ces choses qui l'entouraient. En soi, cela n'avait rien de grave. Au contraire... cet automatisme de la compréhension de ce qu'il y avait autour de nous semblait disparaître, une fois adulte. Comme si l'on considérait qu'un simple regard nous permettait désormais de comprendre. Alors qu'il était pourtant tellement plus efficace de toucher, parfois. De frôler, de caresser. Le regard pouvait devenir une véritable barrière. Alors je regardais, en silence, les doigts de Tiva venir ramasser des morceaux de peinture, les briser, et les laisser s'envoler, dans leur structure atomique devenue terriblement plus volatile. Mes prunelles accrochèrent leurs danses aériennes ; lentes et fragiles, jusqu'à ce qu'avec une certaine fatalité, la poussière de peinture ne vienne retomber sur la surface de la table, si proche de moi. Je laissais mon regard se perdre dans l'assombrissement de mes souvenirs, puis le manège répété de Tiva m'arracha un sourire mental ; un sourire presque nostalgique. Quel étrange effet que la présence de la jeune fille en face de moi. Elle se confondait dans l'image d'une enfant, quoiqu'étrangement plus mature que moi. Une simple impression, songeais-je.

« 'est comme la vie d'un humain, en fait. Ça part de rien... »

La voix de Tiva me surpris quelque peu. Comme si, en cet endroit, en cet instant, il eut été étrange que moi, ou quelqu'un d'autre qu'elle parle en premier. Il fallait que ce soit elle qui brise le silence. Je ne savais pas pourquoi, mais j'en étais persuadé. Mes prunelles accrochées aux morceaux de peinture qu'elle venait de saisir, j'en observais les reflets vieillis par le temps.

« Ça naît, puis ça se transforme, petit à petit... »

La métaphore qu'elle annonçait se révélait lentement, sous la forme de quelque chose qui je le devinerais, se terminerait de manière triste. Mes lèvres closes, si proches de mes doigts, j'aurais presque eu envie de venir cacher mon visage, pour ne pas montrer avec quelle peine j'affrontais le long cycle d'une existence. La naissance, la vie... la mort, la disparition... Les doigts de Tiva vinrent craqueler les écailles de peinture.

« Et ça grandit vite, d'un seul coup! »

Je ne pouvais le nier ; son jeu me fascinait.
Trop, pour que je parle, trop pour je détourne les yeux, mais peut-être pas assez pour que je n'en devine pas la fin. Je voyais s'approcher les prémices d'une imminente adversité. Un destin sans pareil, qui même sous la forme d'un petit jeu au coin de l'ombre, se révélait tragique. Sombre. Comme une comédie de mauvais goût, dont on ne peut se plaindre auprès de personne, malgré l'émoi qu'elle a bouleversé en vous. Vous assistez, simplement, à ce décompte lent des choses qui arrivent, que vous observez, mais que vous ne pouvez contrôler. Alors vous vous taisez, puisque c'est finalement bien la seule chose à faire. Et vous observez. En vous disant que vous ne changerez pas le monde, que vous êtes faible. C'est triste, mais c'est comme ça. Et quelque part, c'est peut-être même mieux de cette manière. Un éclat vint allumer mon regard, insondable.

« Et puis ça décline, lentement. »

Je les regardais, ces minuscules choses de couleur, qui pendant tout un instant, avait captivé mon attention la plus complète. Ces petites choses minuscules qui m'avaient transportés dans un futur inventé, dans lequel je serais peut-être vieux et désarmé, et malheureux de constater que je n'avais rien pu faire pour changer le cours du temps. On naissait, on mourrait... avec un point de vue pareil, la vie semblait ne pas avoir de réelle saveur. Mes doigts se crispèrent.


« Et puis, la descente fini, il disparaisse définitivement dans le néant de l'oubli. »


La descente finie... La chute est froide : à la manière d'une averse glacée venant heurter chaque fibre de mon corps nu. Comme un électrochoc, qui aussi puissant soit-il, ne trouble pas une seconde le masque silencieux de mon visage. Seules mes prunelles semblent animées par cette étincelle, qui vient noyer le ressentiment de mon être. Je n'ai pas lâché du regard les paillettes, et quand la voix de Tiva s'élève, c'est comme pour casser un enchantement qui m'aurait enchaîné dans la folie taciturne du savoir.

« Dis, sais-tu parler Français ? C'est une langue Terrienne, et si tu ne la connais pas, je peux lancer un Traductus. »

Je ne relève pas la proposition, et pendant quelques huit secondes lourdes de mon absence de réaction, je continue à guetter les paillettes. Entreposées sur elles-mêmes, rétablies contre la surface boisée d'une table se faisant leur support à l'interaction de la gravité, elles ressemblent quelques secondes à des cadavres nus, des cadavres réalistes de la condition humaine. Je cille.

« Tu as raison. »

Ma voix, aux mots francophone, appris la semaine auparavant par l'initiative d'un Teufel empressé, s'élève comme un ronronnement de chat. Discret, mais tellement réconfortant pour l'Autre que l'attention se concentre sur chaque modulation de son. Je détache mes doigts entre eux, et doucement, abaisse mes avant-bras. Ma main vient effleurer les paillettes, et doucement, des flammes rouges viennent lécher la surface des dermes. Les paillettes, avec douceur, quittent la surface de la table et viennent évoluer en silence devant le visage de Tiva, en suspens par ma magie.
« On pourrait comparer cela au parcours biologique des humains. Seulement, il y a une différence entre des paillettes et des humains. Je pense que c'est cette simple différence qui rend la chose absolument énorme. »

Mon vent magique fit onduler les paillettes, qui doucement, se mirent à retrouver leur éclat d'antan, se faisant plus vives, plus intenses. L'une d'elle s'enflamma ; minuscule combustion de méthane au milieu des autres. Concentrant mon flux de magie sur celle-là, je laissais retomber les autres, avec cette douceur typique de la gravité, laissant la paillette enflammée voler entre Tiva et moi. Maitrisant la structure atomique de cette dernière, je veillais à renouveler sans cesse la composition organique du morceau de peinture.

« Il faut mourir un jour, puisqu'on nait. C'est obligatoire. Seulement, nous possédons la capacité de faire en sorte de dénaturer ce qui est obligatoire. Je ne parle pas d'immortalité. Je parle plutôt du souvenir : si l'on cherche à rester en vie, même après la mort ; alors tout devient possible. Si l'objectif de notre vie devient celui de se démarquer, de profiter de ces secondes de suspension en l'air, alors il faut savoir que les efforts à fournir sont compliqués, cruels parfois. Mais ça vaut le coup. Parce que certaines personnes vont simplement glisser ; et leur existences va suivre le cours des choses. Alors que d'autres vont comprendre que, même si ce n'est pas important, même si ça ne change rien par rapport à la mort, il faut tout faire pour rester en vie. Pour profiter. Pour se démarquer. Parce que du moment où on fait cet effort... on existe aux yeux des autres. On se souvient de nous. Et alors on est parvenu à vaincre la simplicité des choses. »

Doucement, la paillette enflammée chuta jusqu'à la table. Lorsqu'elle en heurta, avec une terrible douceur, la surface, je glissais ma main par dessus, l'éteignant. Mes yeux se reportèrent sur Tiva. Cette dernière, comme mal à l'aise sous mon regard, se cala avec plus de confort dans son dossier, et son visage, étrangement s'assombrit. Mes paupières se baissèrent, dans le même rythme de mes prunelles qui vinrent accrocher un point indistinct de la table.

« As-tu découvert pourquoi tu ne savais pas être une hybride, avant de nous rencontrer ? »

Par nous, dans un étrange moment égocentrisme, j'entendais surtout « moi ». Quoique je ne me considérais pas vraiment comme la personne ayant fait se réaliser des miracles. J'avais posé une question, et l'instant d'après, affolé, j'avais assisté à l'évanouissement de la jeune fille. Mes deux autres accompagnatrices ne s'étaient-elles pas moqués de moi, considérant que j'étais absolument incapable de me tenir ? Il n'y avait pas de quoi, s'enticher d'une personne comme Tiva était facile, mais je n'avais pas la moindre envie de succomber à des états aussi précaires que ceux-ci. Pas pour le moment. Pas avec elle. Elle me paraissait terriblement plus intime pour cela. Mille fois plus importante. Je restais une seconde en suspens, mentalement, puis un simple mouvement, le battemant d'une paupière, et j'étais décidé. Convaincu et décidé que mon choix ne pouvait être que bon, et que le meilleur. Ce n'était pas possible qu'il y ait d'autres alternatives.

«Je vais t'avouer un petit truc. La première fois qu'on s'est vu, j'étais un humain, n'est-ce pas. »

Je me penchais au dessus de la table, emprisonnant son être dans l'univers de mes yeux. Un sourire se dessina sur mes lèvres, et du bout des doigts, je vins heurter son front.

« Je suis un hybride, aussi. Ce qu'on appelle une Chimère. »

Je l'attrapais par le poignet, et la forçais à se lever.

« Je n'ai pas d'explications à vraiment fournir quand au pourquoi du comment, mais il y a au moins une chose dont je suis absolument sûr. J'ai envie de te voir devenir plus forte que toi même. Je suis sûre que tu vaux le coup. Mais je vais te laisser le choix. Je vais franchir la porte de ce bar. Si tu me suis, alors tu deviens ma disciple, Tiva. Si, lorsque je me retournerais, tu n'es pas derrière moi...alors je suppose que nous resteront amis. Mais la vie pourra facilement nous séparer, alors. »

Je me levais. Puis sans ajouter un mot, sortais du bar.

(…)


Les bras croisés sur la poitrine, je laissais un simple sourire courir sur mon visage. Le fait qu'elle soit là prétendait quelque chose. Prétendait quelque chose dont je ne faisais qu'appercevoir un avenir se profilant, incertain, indécis.

« Suppose. »

Je décroisais mes bras, et m'approchais d'elle. Nous étions dans une clairière, à un kilomètre précis du bar. Un kilomètre de marche silencieuse durant laquelle je l'avais écouté, elle, son cœur, ses questions auxquelles je n'avais pas répondu, et les foulées attestant de son choix. Tout simplement. Et magistralement.

« … que dès ce soir, tu te fasse attaquer. Je veux que tu sois capable de te défendre. Mets toi en garde ! »

L'injonction avait fusé. Presque naturellement. J'allais vers elle, et attrapant ses bras, je pliais ses coudes.

« Bras gauche en avant, le droit en arrière, plié au niveau des côtes. Même chose pour les jambes, qui elles, ne doivent pas être sur la même ligne. Le genou fléchi vers l'avant, et l'autre tendu en arrière. »

Je me baissais légèrement, et posant mon genou au sol, déplaçais ses jambes et axais son bassin. Puis je me relevais.

« Tu dois avoir de l'équilibre et de la fermeté. Jamais l'un ou l'autre seulement. Les deux assemblés, toujours. Sans cela, ta survie ne peut pas être assurée. »

Je me plaçais à ses côtés, dans la même position, veillant à corriger ses positions.

« Il y a deux manières de frapper « pour de vrai ». Le kisami et le yakutsuki. Le kisami, c'est le coup de poing de la main gauche : tu fais un pas en avant, mais avec la jambe gauche : ça doit ressembler à un glissement sur le sol. »

Je m'effectuais.

« Le Yakutsuki, tu frappes avec la main droite. Tu avances d'un pas, et dans le même temps, tu ramènes ta main gauche, à ton côté gauche, et comme un système de poulie, tu dois avancer ton poing droit. Il faut que les bras bougent simultanément, cela permet d'acquérir plus de puissance de frappe. »

Je me relevais, et allais me placer devant elle.

« Frappe. »

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Zwei Zéphirum

-Phoenix-

Zwei Zéphirum

Age du personnage : 22 ans

Familier : Aucun
Couleur de magie : Rouge grenade.
Niveau de magie :
  • Moyen
Niveau de combat :
  • Plutôt élevé


Métier : Malfrat underground aux aspirations anarchistes.
Résidence : ... Laquelle?
Dans le sac : De quoi hacker n'importe qui, de quoi tuer n'importe qui, de quoi effacer toutes les preuves.

Affinités : Affinité qu'elle veut croire strictement professionnelle et distractive: Aelys, associée, pion amusant semblant ne pas tenir dans une seule petite pièce d'échiquier.
Le reste du monde: Terrain de jeu à défoncer à grandes gerbes de lance-flamme.

MessageSujet: Re: ♠ Dubt and Trust ♠ ~ Tiva   ♠ Dubt and Trust ♠ ~ Tiva Icon_minitimeJeu 28 Mar 2013 - 1:24

[Oups. La moitié vient juste d'être écrite. Je revois ça demain.]

~Ich bin müde. Diese Welt, und diese Leute, sind langweilig. Ich langweile mich so, daß ich töten konnte. Ob es lustig war. Aber das ist nicht sehr unterhaltsam. Langweilich; immer. Deshalb brauche ich dich: du bist weiniger langweilich als die Welt des Theaters. Du bist der best Schauspieler.~


Elle marqua un temps.

Quelques dixièmes de secondes, c'était là la marge d'erreur qu'elle s'accordait pour ce décompte.

Elle se serina que de telles considérations était peut être superflue dans le contexte actuel, quand bien même elles pouvaient lui fournir...-elle dénombra deux secondes-... en détournant ses pensées de la gêne qu'elle éprouvait face à ce silence à présent un peu long, une échappatoire providentielle.
Trois secondes.
Cette lubie tendrait à rendre plus long l'égrenage du temps, alors qu'elle ressentait le besoin inapaisable de dessiner. Elle remarqua que ses mains s'étaient crispé sur la lanière de son sac, et les détendit doucement.
Quatre secondes.
Peut être cette extravagance était-elle dû à l'importance qu'elle attachait aux détails. Ils étaient en apparence inutile pour le commun des béotiens, mais elle leur trouvait toujours un sens particulier, souvent essentiel dans la compréhension qu'elle se faisait de son environnement.
Cinq secondes.
Cette aptitude était ineffable et irraisonnable, certes moins depuis qu'elle vivait dans un monde magique. Quand bien même, cela ne l'empêchait pas de déduire des... choses diverses et variées instinctivement, à partir de postures, d'attitudes, de paroles ou de... secondes.
Six secondes.
Son familier, à ses côtés, qui suivait ses pensées nébuleuses, se demandait pourquoi diable elle comptait ainsi. Elleborf s'allongea en soupirant, dépassée par la complexité et l'absurdité qui, selon elle, caractérisait les manies de T...
Tch!
Sept secondes.
Ellëborf croisa ses puissantes pattes croisées sous son menton blanc, comme l'eut fait un chien paresseux, boudeuse. Tiva, qui feignait de l'ignorer, releva ses yeux verts vifs promptement en direction du Camouflé, le regard guidé par une soudaine intuition.
Huit secondes.
"_Tu as raison"
Elle n'essaya pas de comprendre ce pourquoi il admettait qu'elle n'avait guère tort, sentant à son attitude toujours immuable qu'il n'en était pas à la fin de son raisonnement.
Enfin, un seul détail l'importa : il venait de s'exprimer en un français impeccable.
Elle était sincère en songeant que ce langage lui allait étrangement bien. Les intonations longues et plates de la langue rendait sa voix encore plus... ronronnante ?
Tout en sondant la personnalité qui lui faisait face, elle se remémora le jeu tragique dont elle avait été l'auteur quelques instants auparavant.
Elle revit les analogues de mortels chutant, par l'élan de sa main lâche, jusqu'à un sol de ténèbres sur lequel les écailles de peintures s'étaient solennellement couchées, comme des hommes l'auraient fait sur leur lit de mort.
Sa vision capta de nouveau le moment présent lorsque Will fit mine d'avancer ses avant-bras vers les paillettes dorées. Ce mouvement intriguant accapara entièrement l'attention de Tiva, qui, fascinée, sentait déjà autour d'eux affluer un vent magique.
C'était drôle comme l'on peut être surpris d'un événement que l'on avait prédit. Une gaie voltige avait commencé sans que Tiva ne puisse réagir, soutenue par quelques soutiens invisibles, composée des mêmes paillettes qui subissaient tout à l'heure une gravité tragédienne,. Elles en faisaient fi, présentement, et elles s'envolèrent, sans nul peine, jusqu'à hauteur de ses yeux inhumains.

Nées de la déliquescence d'une banquette sur laquelle la demi-elfe était assise, les éclats furent traversés d'une onde revigorante, qui les délaissa de leur ancien et piteux état de peinture vieillissante et craquelée. Hors de portée de l'immuabilité insupportable du naturel, elles étaient soudain sublimées par la notion d'un impossible proscris, parées des atours d'un surnaturel salvateur.

Will continua, brisant son silence contemplatif.

« _On pourrait comparer cela au parcours biologique des humains. Seulement, il y a une différence entre des paillettes et des humains. »

Elle lui sourit d'un air vaguement coupable, amusée que la logique du jeune homme devienne un peu plus sienne au fur et à mesure que ses mots coulaient en elle.

«Je pense que c'est cette simple différence qui rend la chose absolument énorme. »

Oui. Absolument énorme.
Elle en était certaine, à cet instant, et en l'entendant de sa bouche.
La vue qu'elle avait exprimée de l'existence n'insistait que sur une lassitude et un désespoir au moins aussi fade que son envie de vivre qu'elle surjouait depuis la nuit qui l'avait vu naître.

Toujours en proie au silence, qu'elle ne savait originaire de son respect ou de son émotivité, elle contempla avec fascination ce qui suivit.
Au milieu d'autres paillettes, devenues étincelles, leur éclat renforcé, leur matière magnifiée, une curieuse combustion se produisait devant le visage de la demi-elfe. Un morceau de peinture enflammé demeura en face d'elle, et les autres churent jusque sur la table qui séparaient Tiva de Will. Les flammes n'était jamais privé de combustible
Son âme troublée, elle considéra de ses iris embrasés la peinture or, qui s'évertuant toujours à flétrir sous la langue des flammes, se reconstituait invariablement, n'ayant de cesse que de s'affranchir de la piteuse disparition que lui promettait le feu.

La voix de Will s'éleva, accompagnant telle une musique envoûtante, le bûcher fascinant et impossible.

« Il faut mourir un jour, puisqu'on nait. C'est obligatoire. Seulement, nous possédons la capacité de faire en sorte de dénaturer ce qui est obligatoire. Je ne parle pas d'immortalité. Je parle plutôt du souvenir : si l'on cherche à rester en vie, même après la mort ; alors tout devient possible. Si l'objectif de notre vie devient celui de se démarquer, de profiter de ces secondes de suspension en l'air, alors il faut savoir que les efforts à fournir sont compliqués, cruels parfois. Mais ça vaut le coup. Parce que certaines personnes vont simplement glisser ; et leur existences va suivre le cours des choses. Alors que d'autres vont comprendre que, même si ce n'est pas important, même si ça ne change rien par rapport à la mort, il faut tout faire pour rester en vie. Pour profiter. Pour se démarquer. Parce que du moment où on fait cet effort... on existe aux yeux des autres. On se souvient de nous. Et alors on est parvenu à vaincre la simplicité des choses. »

La paillette qui brûlait fut emportée avec une douceur infinie jusque sur la table, où Will éteignit de ses doigts nus l'étincelle.
Elle se sentit un peu mal à l'aise, hagarde comme si elle sortait brusquement d'un rêve. Elle se cala plus confortablement sur son siège, rendue un peu nerveuse, n'aimant guère perdre quelques moyens que ce soit devant quelques personnes que ce soit. Si elle avait été incline à démontrer son sentiment, elle se serait ostensiblement racler la gorge.
Ah... Zut. C'était drôlement bien... ou, elle l'admettait de bon aloi, mieux dit. Si mystique, si troublant, et d'une justesse telle! Elle n'aurait sû dire plus sur ce qu'elle venait de voir. Elle sentait seulement que, maintenant, et enfin, se trouvait devant elle un être capable de la sortir de sa passivité émotionnelle et de lui apprendre des choses. Des choses utiles.
Elle se rembrunit néanmoins de nouveau. Comme chaque fois qu'elle était confrontée à des êtres forts, elle se demanda comment s'était-il fait. Quelle vie avait-il pu avoir, quelle expérience, quel contexte, quel subtile alliage avait pu créé un être aussi fabuleux. Elle craignit surtout que la supériorité de son esprit fût né de cendres. Elle n'osa imaginer la force de flammes insatiables, engloutissant confusément son passé dans l'incompréhension et l'horreur. Du feu... De la chaleur... un désert?
Elle battit nerveusement des paupières.
«Je vais t'avouer un petit truc. La première fois qu'on s'est vu, j'étais un humain, n'est-ce pas. »
Elle ne voyait pas où il voulait en venir, encore préoccupée par les images violentes qui l'avaient prise de cours, un instant auparavant. Elle se força pour se concentrer sur ses mots, les repassant dans sa tête pour tenter d'en comprendre le sens. Il était bien humain, n'est ce pas? Il en avait du moins la physionomie, certes pas l'aura, qui elle, était infiniment plus impressionante que celle d'un homme quelconque.
Elle lui adressa un froncement de sourcil perplexe, en se demandant si, peut être, comme elle, qui ressemblait à une humaine, il était...
« Je suis un hybride, aussi. Ce qu'on appelle une Chimère. »
Elle lui offrit un énorme sourire. Elle était heureuse qu'il fût un peu comme elle, bien qu'elle n'est pas la moindre idée de ce que put être une Chimère. Cela ne lui rappelait rien de plus qu'un poème qu'elle avait autrefois écrit, intitulé comme le nom de la race hybride dont il disait faire partie; une angoisse sourde la troubla, alors qu'elle se souvenait que le texte peignait des apparitions chimériques, idéals mais éphémères. Lui vint alors la crainte irraisonnable de le voir disparaître tout d'un coup devant elle, sans qu'elle n'y puisse rien.
Il lui fit sortir la tête malgré lui de l'eau trouble dans laquelle elle avait plongé lorsqu'il l'attrapa par le poignet. Il la fit se lever, et prononça ces mots, ces mots pour lesquels,-elle le savait superbement-, elle s'était aventurée seule au Château du Lancovit plus tôt dans la matinée, guidée par une clairvoyance inexplicable, errant jusqu'à sa rencontre. Ses mots, elle les entendit si clairement qu'ils lui semblèrent résonner dans la taverne miteuse et sombre:

« Je n'ai pas d'explications à vraiment fournir quant au pourquoi du comment, mais il y a au moins une chose dont je suis absolument sûr. J'ai envie de te voir devenir plus forte que toi même. Je suis sûre que tu vaux le coup. Mais je vais te laisser le choix. Je vais franchir la porte de ce bar. Si tu me suis, alors tu deviens ma disciple, Tiva. Si, lorsque je me retournerais, tu n'es pas derrière moi...alors je suppose que nous resteront amis. Mais la vie pourra facilement nous séparer, alors. »

Arrivé à la fin de sa tirade, il se leva lui aussi, et sans plus rien ajouter, sortit.
Une bouffée d'un indescriptible jenesaisquoi d'agréable envahit tout l'être de Tiva, la laissant indécise, figée et muette comme une carpe. Une carpe heureuse, au demeurant.
Lorsqu'elle fut seule, elle marqua un temps, les joues curieusement empourprée. En effet, il ne lui semblait n'avoir jamais entendue pareil compliment. Elle se sentait... importante, soudain. Plus que le simulacre d'importance amer qu'elle s'octroyait pour être légitime de se foutre du peuple.
Elle explosa d'un rire gai et un peu fou. Will, Will, Will... Pourquoi croyait-il que le destin l'avait irrésistiblement attiré sur son chemin si ce n'était pour enfin donner à Tiva la chance salutaire de s'épanouir, de se surpasser, d'obtenir les armes à la fin de conquérir sa liberté? N'était-ce donc pas évident?
Elle avait confiance en l'instinct qui l'avait poussé jusqu'au Château du Lancovit pour l'y rencontrer de nouveau; elle avait confiance en celui qui lui offrait de nouveau de lui sauver la vie; elle avait confiance en ce jour, équidistant de sept jours de deux autres tout aussi capitales.
Elle jeta un dernier regard à l'homme poisson, toujours aussi apathique en dépit de l'hilarité de Tiva, et fixant -semblait-il- irrémédiablement son verre. Vide, très certainement, mais aussi très probablement empli de regrets.
Et bien, elle ne se figurait pas de fournir un jour un spectacle aussi pathétique.
Elle se détourna de cette scène déplorable, résolue. Ainsi, à partir de maintenant, elle ne demeurerait sur cette terre plus seulement pour elle, pour son ennui et pour sa dangereuse et malsaine passivité, mais pour ses rêves. Pour faire plus que survivre: exister réellement, pleinement,...
... Et vaincre ainsi la simplicité des choses.
Elle dépassa précipitamment la table, et avec la fougue d'une jeunesse et d'une vitalité qu'elle commençait tout juste à apprécier, elle se précipita dehors, à la suite de sa chance et de son avenir, en criant à qui voulut bien l'entendre:

_Aufwiedersehen, langweilig Welt!

Enfin.

~Bist du dir ganz sicher?~

Ce fut long. Compter les secondes n'avait pas suffit à la distraire de ces raisonnables pensées de Terriennes, cette fois-ci.
Résumé de la situation: il y a ... deux semaines, déjà? elle était allé au zoo, et un lynx était devenu son familier, pour une raison d'abord très flou. On (les grand-parents) lui avait ensuite expliqué qu'elle n'était pas une Terrienne à l'origine (elle ignorait encore à quel point), et que ses pouvoirs étant visiblement latent depuis un bouts de temps (on se demande: la faute à qui?...), il serait bien pour elle de s'imprégner de magie chez sa tante Autremondienne. En cherchant la Porte de Transfert, elle avait rencontré des tas d'Autre-Mondiens plus ou moins et plus moins que plus sympathiques, dont un vampyr aux manières approximatives, et Will. Le vampyr s'était fait zigouillé, et s'en était suivi une joyeuse débandade où l'on trimbalait gaiement une tête coupée en descendant une pente douce. Bref, le schéma idyllique dans un terrain bucolique où des rires était la seule musique, complétant dans avec une bonne humeur ravissante ce délicieux tableau. Après cela, dans un coin d'un couloir, dans le château qui abritait la porte de Transfert de Tagon, Will lui avait parlé, et les étranges demandes qu'il lui avait faite quant à ses origines avaient brisés un sort Mintus. Il avait été posé sur son esprit par sa mère pour lui faire oublier que son père biologique n'était pas le Nonsos avec qui elle avait vécu mais un elfe séduisant qui connaissait visiblement un sacré succès étant donné qu'elle avait découvert puis rencontrer une demi-soeur dès sa première semaine dans le monde magique, Clio.
Et finalement, elle avait revu son "chevalier servant", qui lui proposait de devenir son disciple.
Euh.
Sa vie avait légèrement... changé, depuis le temps où elle allait tout les jours en cours et croquaient des portraits macabres sur ses cahiers.
Elle avait changé pour le mieux, espérait-elle néanmoins. Mais il était vrai qu'avec un compagnon de route aussi loquace que Will, il était complexe de se changer les idées, et ainsi d'éloigner quelques sujets propices au doute.
Des tas de questions très techniques lui venaient:
_"Où va t'on, au juste?"
_"As tu une langue, un palais, des dents, des poumons et des cordes vocales?"

Pour la première, il aurait pu daigner répondre. Pour la seconde... Soit, elle comprenait. Et puis, il n'était pas tout à fait humain, qu'est ce qui prouvait alors à la jeune demi-elfe qu'il posséda des poumons?...
L'attitude satisfaite de Will lui donnait un air impérial assez jouissif au goût de Tiva, qui aimait que les gens l'entourant dégage une confiance inébranlable. Il semblait l'ignorer royalement, un sourire content aux lèvres, alors qu'elle avait le sentiment qu'il était au contraire extrêmement attentif au cheminement qu'elle suivait, tant physique que psychique, tandis qu'elle le talonnait de près.
Elle accepta finalement de se taire, et se fit elle aussi plus attentive. Elle lui jeta quelques coups d’œils inquisiteurs à la dérobée, et se rendit mieux compte à quel point il était grand, et sa démarche silencieuse, par rapport à la petite taille qu'elle défendait et aux pas patauds qu'elle effectuait.
Elle mit un point d'honneur à se déplacer aux même pas feutrés, et découvrit avec joie qu'elle y parvenait sans mal. Lui vint l'idée que cela provenait certainement de son ascendance elfique, hypothèse qu'elle rejeta d'une main lasse passée dans ses cheveux de jais; il était inutile de s'encombrer de sujet fâcheux pour le moment.
Elle ne fit guère attention au paysage, dont elle ne retint qu'une ambiance forestière clairsemée de très nombreuses prairies. Elle était trop concentrée sur Will et sur elle-même,étudiant discrètement ce dernier, dont le sourire semblait éternel et qui garda les bras croisés sur sa poitrine tout au long de leur route. Elle calquait ses mouvements sur les siens, et se surprit même à sourire bêtement, se disant alors que ce schéma dans un environnement bucolique était digne d'une comédie romantique. Un gros navet, autant le dire franchement. Quelle pensée idiote! L'absurdité de cette comparaison l'avait fait sourire encore plus, et elle avait du se retenir de rire, ce qui eut été vraiment curieux dans une atmosphère aussi... studieuse?
Elle n'avait pas regarder de près son environnement, elle avait senti que l'air se réchauffait; le soleil était bien plus haut dans le ciel que lorsqu'elle était au Château.
Elle se demanda avec angoisse combien de temps avait pu passer depuis lors; elle se laissait souvent surprendre par ce dernier et devait alors subir les inquiétudes maternelles. Elle jeta un très rapide coup d’œil à son accréditation, en grimaçant comme si elle venait de s'arracher un pansement. Zut. L'heure était plus avancée qu'elle ne l'avait cru. Il était neuf heures. Deux heures étaient donc déjà passées, depuis le Château? Cela était étonnant, les événements lui avaient semblé bien plus rapides que ce que prétendait sa montre. Enfin, peu lui importait: on pouvait s'inquiéter tant qu'on le voulait à son sujet, elle s'en foutait magistralement.

Arrivé dans une clairière, il se stoppa, et lui adressa enfin la parole. Entendre sa voix l'étonna, après qu'il se soit si longtemps abstenu de parler:

« Suppose. »

Il s'approcha d'elle, et continua, tandis qu'elle adoptait une attitude à l'écoute et concentrée, écartant d'une main assuré de ses yeux une mèche de cheveux corbeaux.

« … que dès ce soir, tu te fasse attaquer. Je veux que tu sois capable de te défendre. Mets toi en garde ! »

Elle l'avait regardé avec des yeux... des yeux aussi ronds que des billes, naturellement. Cette injonction lui était venu si naturellement, malgré qu'elle paraisse si étrange aux oreilles pointus de Tiva! Cependant, cette ordre l'avait fait se redresser en un sursaut -elle ignorait si elle pouvait être plus droite que cela-, et, bien consciente que cette posture crispée de la petite soldate au garde à vous avait quelque chose de ridicule, elle aurait ri, si Will n'eut pas l'air à ce point sérieux.
Il s'avança plus encore, et plia ses coudes, la faisant se mouver en même temps qu'il lui expliquait:
« Bras gauche en avant, le droit en arrière, plié au niveau des côtes. Même chose pour les jambes, qui elles, ne doivent pas être sur la même ligne. Le genou fléchi vers l'avant, et l'autre tendu en arrière. »

Elle se répéta ses directives dans sa tête pour s’exécuter au mieux qu'elle le pouvait, tandis que Will corrigeait ses positions, posant un genou sur l'herbe fournie pour placer ses jambes et bien axer son bassin. Elle ferma une seconde les yeux, mémorisant son exacte pose, et quand elle les eut rouverts, vit la personne qu'elle devait semblait-il présentement nommé... quoi, Maître?, placé de manière identique en face d'elle. On se serait cru dans Star Wars. Enfin, tant mieux, elle adorait la Guerre Des Etoiles. Il n'empêchait que Will était terriblement impressionnant, ainsi positionné, et avait tout du guerrier qu'il était véritablement, comme lui rappelait le jour de leur rencontre.
Perfectionniste comme il faut l'être pour réussir, il revit la position de Tiva jusqu'à ce que cette dernière fut parfaite.

« Il y a deux manières de frapper « pour de vrai ». Le kisami et le yakutsuki. Le kisami, c'est le coup de poing de la main gauche : tu fais un pas en avant, mais avec la jambe gauche : ça doit ressembler à un glissement sur le sol. »

Il s’exécuta, la laissant pantoise. Elle espérait réussir à reproduire la même chose, mais devait admettre qu'elle n'avait pas une confiance absolue en ses capacités.

« Le Yakutsuki, tu frappes avec la main droite. Tu avances d'un pas, et dans le même temps, tu ramènes ta main gauche, à ton côté gauche, et comme un système de poulie, tu dois avancer ton poing droit. Il faut que les bras bougent simultanément, cela permet d'acquérir plus de puissance de frappe. »

Elle buvait ces mots comme s'il eut s'agit de sermons prophétiques. Il se relevait, allait se placer devant elle, et ordonna.


« Frappe. »

... Nyah?... Ouha. Elle bugais? Elle accordait tout les points de la partie à Will. Il avait gagné. Elle ne savait pas du tout quoi faire. Se réduire à lui obéir sans réfléchir? Elle était certaine qu'il adviendrait un jour prochain où elle lui ferait une confiance aveugle, mais elle avait le vague pressentiment que cette séance d'entraînement improvisée allait tourner à la séance de torture si elle ne trouvait pas une remarque d'esprit à sortir.
Sa réflexion fut vive, et elle rétorqua du tac au tac, avec un ennui feint:

"_Par tous les saints! Ma personnalité de Terrienne paranoïaque reprend le dessus. ... Je ne te frapperais pas. Pas sans gants de boxes, du moins. J'ai remarqué, lors de notre dernière et première entrevue, que tu étais couvert de... métal, d'armes, de chose dur, pour faire bref. Ainsi, pour ne pas me casser les doigts, il me faudrait viser ton visage. Or, en dehors du fait qu'il me serait contraignant de l’abimer, je ne suis pas assuré qu'il soit de la même consistance que celui d'un humain. Donc, pour m'épargner toutes casses et souffrances inutiles, il me serait aviser, de, non pas te frapper, mais de te déséquilibrer. N'ayant pas une force équivalente, il me faudrait quelques temps pour étudier tes points forts et tes points faibles-sans prétendre que tu en ais de fâcheux-, et ainsi élaborer quelques plans ou stratégies guerrières m'assurant une défaite légèrement moins risible et écrasante que celle à laquelle j'aurais eu droit en fonçant tête baissée."

N'ayant pas pris la peine de respirer lors de sa tirade, elle prit une grande goulée d'air, et le regarda d'un air contrit. Fit mine de se pencher du côté gauche, se séparant de sa position d'origine en conservant des appuis similaires.
Et fonça comme elle l'avait sur le vampyr en roulade avant, en tendant les jambes vers Will et en donna l'impulsion nécessaire avec ces bras pour renverser son poids et ainsi appuyer sur le poitrail de son adversaire. Comptant avec un espoir fou sur la vitesse de son action, elle ferma les yeux comme une autruche plante sa tête dans la terre face au danger et croisa très fort les doigts pour ne pas se casser des os au passage.
Ressentant une résistance trop forte lorsque ses pieds percutèrent (par quelle miracle?) le torse de Will, elle s'y appuya pour donner de l'impulsion et sa démarche de retour. Lorsque cette tentative ratée et piteuse fut bouclée par une Tiva dépitée et retournée à sa posture d'origine, elle se dit que, peut être, à présent, il serait intéressant qu'elle ne lui fasse plus perdre son temps.
Tiva attendit avec quelques angoisses honteuse si son essai n'avait pas été aux yeux du jeune pas aussi foireux qu'il n'en avait eu l'air... sans trop d'espoir, néanmoins.
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