Objectif atteint { PV Muffy )

Lyoree arriva enfin devant la forteresse grise . Épuisée , elle se laissa tomber paresseusement sur le sol dur et sale . Elle avait dû trainer le cadavre de Jiao jusque là . Ça avait été très pénible , d'autant qu'elle n'avait pas utilisé sa magie , craignant de ne pas tenir jusqu'au bout . Elle avait compté uniquement sur sa force de loup-garou . Finalement , elle avait bien fait . Mais ça l'avait beaucoup fatigué . Le voyage n'avait rien eu d'agréable . Bien qu'elle n'ai rencontré personne sur sa route – ce qui , admettons le , fut une surprise pour elle qui s'attendait à ce que les Sangraves qui avaient pourchassés le traitre revienne récupérer le corps - , elle avait dû faire beaucoup de tours pour ne pas attirer l'attention . Transporter un cadavre , qui plus est d'un ex-Sangrave , ne devait sans doute pas être une super pub pour elle . Elle avait eu un peu de mal a trouver l'emplacement de la forteresse . Mais avec les instructions de Mike , elle avait réussit à s'y rendre sans embrouilles . Après une petite explication à propos d'une proie qu'elle ramenait au Maître et quelques coups partit en l'air , on l'avait laissé passer . Même si elle aurait nettement préféré ne pas se salir les mains .

Elle avança distraitement dans les couloirs , portant toujours le corps inanimé de Jiao sur les épaules . Le traître s'était enfuit et elle comptait bien gagner la confiance de Magister en lui rendant son cadavre . Surtout pour montrer son efficacité , en fait . Quand elle y repensait , elle sentait toujours une pointe de regret se former au fond d'elle . Jiao l'avait beaucoup amusée , mais elle avait été contrainte a le tuer . Elle savait que c'était quelqu'un de bien . Elle n'avait pourtant pas eu le choix . Non , elle ne regrettait pas . Cela en valait la peine . Mais elle était consciente que sans Jiao et Alya , elle finirait toute seule . A moins qu'elle ne rencontre des gens intéressants parmi les Sangraves . Enfin , ce n'était pas vraiment un problème si important . Après tout , elle avait l'habitude .

C'est là que Lyoree s'arrêta . Où avait – elle attérit encore ? Manquait plus que ça . Se perdre dans la forteresse n'était pas super-super pour une première impression . Enfin , ça lui ressemblait bien . Elle avait beau être une demi-lycanne , elle se perdait souvent en intérieur . Avec un peu de chance , quelqu'un arriverait , là , maintenant . Quelqu'un de sympathique qui lui montrerai gentiment le chemin . Parce que Jiao , il commençait sérieusement a peser lourd sur son dos et elle sentait sa colonne vertébrale craquer . Quoi qu'en fait , c'était peu probable ; On était chez les Sangraves ici . Elle doutait fort que quelqu'un lui offre la route . Aussi fit elle vivement demi tour et tenta – t – elle de retrouver le chemin . Il lui fallut un bon moment de marche avant d'arriver devant une porte . Une grande porte . Elle jeta un œil discret pour savoir ce qu'il s'y passait et conclut avec soulagement qu'il s'agissait d'un bureau . Vide . Sans doute le bureau du maître des Sangraves , en vu de la décoration . Lyoree déposa le corps de Jiao contre un des murs du couloir et s'assit à côté de celui – ci , attendant patiemment l'arrivée de quelqu'un . Hors de question d'y retourner pour se perdre une seconde fois . . .

« Hopeless. Breathless. Lifeless. Can’t stop dying for you »

Il en avait marre. Plus que marre. C’était inadmissible ! Pourquoi le monde était aussi stupide ? Non, « stupide » n’était pas assez fort : le monde était con, voilà ! Et ceux qui étaient à son service plus que les autres ! Leur peur éprouvée envers lui était-elle la cause de toutes ces dernières missions ratées ? Pourtant, l’objectif de ces missions n’était pas si compliquée : tuer ceux qui gênaient les Sangraves. Des traîtres, surtout. Et des gens assez bêtes pour s’être mêlés d’affaires qui ne les regardaient même pas. Pfft. Monde merdique. Gens merdiques. Vie merdique. Il en avait marre. Quand il repensait à la veille, ce qui s’était passé… La jeune Sangrave qui devait avoir… quoi ? Quinze ans ? Bref, elle était arrivée à la Forteresse Grise, la peau moite. La sueur se mélangeant au sang vermeil. Et elle avait les mains vides. Elle avait… omis d’apporter les documents compromettants. Documents qui, entre de mauvaises mains, pouvaient incriminer pas mal de Sangraves travaillant dans le dos de l’Impératrice d’Omois. Et cela, il fallait l’éviter à tout prix ! Cela lui plaisait, de se mêler des affaires de la tante de Tara Duncan. Il apprenait des choses… vraiment intéressantes. Or, si ses complices étaient enfermés, voire tués, ses sources d’informations s’éteindraient d’un coup. Enfin, pour en revenir à la pauvre conn… la pauvre Sangrave, elle s’était agenouillée devant lui, pleurant comme un bébé, les mains jointes comme si elle priait. Elle l’avait imploré, oh oui, elle l’avait imploré ! D’une voix suppliante, désolée, peureuse. « Je vous en prie, Maître, des gardes s’approchaient, ils avaient été alertés par les cris de la victime, un traître, vous savez bien ! Je n’ai eu le temps d’emporter les documents ! » Ce à quoi il avait sèchement répliqué : « Pauvre sotte ! Tu n’avais pas à le faire souffrir, juste à l’éliminer. Rapidement. Et à prendre les documents avec toi. Mais non, il a fallu que tu le fasses souffrir, qu’il crie comme un possédé et qu’ainsi, tu n’aies le temps d’accomplir à 100 % ta mission ! » La jeune fille s’était alors recroquevillée. Sa sentence à lui tomba : « Crève donc, tu m’es inutile ! » Et, d’un coup violent de magie noire, telle la lame d’une épée, il lui avait coupé la tête. Ensuite de quoi, deux Sangraves s'étaient occupé du corps.

Et aujourd’hui, Magister était furieux. Comme les documents étaient restés à Omois, et étaient sans doute passés dans les mains de l’Impératrice, il allait perdre cette manche contre celle-ci. Entre eux, il y avait toujours une guerre sans merci. Quand il s’attaquait à Tara, l’Impératrice n’était pas contente. Quand celle-ci capturait des Sangraves, Magister n’était pas content. Et en ce chaud matin, il n’était pas content. Pas du tout content. Il marchait rapidement, avec de grandes enjambées. À toutes les cinq secondes, il laissait échapper une kyrielle de jurons aussi exotiques les uns des autres et il soupirait d’exaspération. Pour faire passer sa colère grandissante, il donna un bon coup de poing contre le mur de pierre. BANG ! Et d’autres jurons sortirent. Incohérents, surtout. Mêlés de « Ahhhhhh ! » douloureux. Parce que les murs de la Forteresse Grise étaient très résistants. Il venait de le constater. Secouant sa main endolorie, l’homme masqué sentit son masque noircir davantage. Il soupira calmement, reprenant son calme. Il ne fallait pas s’énerver. Oh, non, surtout pas ! Omois détenait de bons Sangraves, mais, mais, mais ! Il fallait voir la vie du bon côté ! Il grommela :

« Y’a pas de bon côté ! Je me demande qui est l’imbécile qui a dit cette phrase idiote ! »

Il se retint son poing de repartir derechef, mais cette fois contre le visage d’un Sangrave non masqué qui l’avait regardé étrangement en passant près de lui. Grr. Es-ce qu’il allait bien ? Oh oui, tellement qu’il avait envie de tout casser autour de lui. Parce que, il l’avouait, il était mauvais perdant. Il détestait perdre. Et c’était une défaite de savoir que Omois gagnait un point contre lui. Il se passa la main dans les cheveux et reprit son chemin vers son bureau.

Et, à sa grande surprise, il vit un Sangrave (enfin, un ex-Sangrave) et une jeune femme avec lui. Tous deux étaient assis contre le mur, à côté de la grande porte – entrouverte – de son bureau. En s’approchant, Magister s’aperçut qu’il s’agissait de… Jiao. Son… cadavre. Ahah ! Tant mieux, c’était du bon travail. Enfin, une bonne nouvelle. Et l’autre brunette, là… ? Ses beaux grands yeux ne lui disaient rien. Il ne la connaissait pas, enfin, il pensait. Peut-être s’était-il déjà trouvé en sa présence, c’était assez mélangeant, de rencontrer tout plein de gens… Mais, bon. Il s’arrêta, légèrement méfiant. Son masque était gris. Sa mauvaise humeur n’était pas disparue, mais elle était à présent engloutie sous une vague de curiosité. Il mit ses mains contre ses hanches, impatient, et demanda brusquement :

« Eh bien, que fais-tu là avec ce cadavre ? »

Il arriva . Enfin . Au bout de quelques minutes , elle remarqua une ombre passer dans le couloir adjacent . Elle comprit bien vite de qui il s’agissait , mais ne se donna pas la peine de se lever . Enfin , en tout cas , pas tout de suite . Et comme elle s’y attendait , il était exactement comme le décrivait les personnes qui l’avait croisé et qu’elle avait rencontré . Grand . Impressionnant , vêtu d’une longue cape noire , un cercle rouge se détachant sur son torse , symbolisant le pacte avec les démons . Et un masque miroitant , grisâtre – Arf , il ne devait pas être de bonne humeur - . Qui devait faire peur à pas mal de gens , en fait . Mais elle avait beau chercher , elle ne comprenait pas pourquoi . Certes , il était puissant . Certes , il pouvait inspirer la crainte . Mais derrière ce masque se tenait un homme comme les autres . En quoi était-il différent ? Parce qu’il a le pouvoir ? Tout le monde aurait pu en avoir . C’était de la magie démoniaque , rien de plus . Un tour dans les Limbes et vous pourriez l’égaler . Du moins , c’est ce qu’elle pensait . Elle , elle n'avait pas peur de lui . Mais elle le respectait . Il était sans doute le seul , d'ailleurs . . .

« Eh bien, que fais-tu là avec ce cadavre ? »

Question simple . Qui avait pourtant toute son importance . Mais la réponse n’était-elle pas évidente ? Quoi que oui , tout le monde campait devant son bureau avec le cadavre d’un ex-sangrave . Super évident comme situation , franchement . Lyoree jeta un rapide coup d’œil au corps du traître , légèrement nerveuse , et se releva – Enfin - . Il fallait qu’elle réfléchisse bien a ce qu’elle disait . Les mots jouaient sans doute énormement . S’efforçant de se calmer , elle afficha un délicieux sourire et répondit d’une voix paisible ;

'' Je suis venue proposer ma “ candidature “ . Et j’en ai profité pour ramener le cadavre de ce bon vieil ami , puisque , visiblement , vous le cherchiez , et je n’ai vu aucun Sangrave s’en approcher durant sa fuite . Je me suis donc permise de me charger moi-même de le tuer et de vous le rendre . ''

Elle poussa impatiemment le corps sur le sol avec son pied et remarqua quelque chose . La plaie dans son dos attira son regard . Elle avait tué Jiao avec un poignard . Ce dernier n'y était plus . Quand avait -il disparut? Et peut-être même , qui l'a récupéré ? La jeune femme pesta intérieurement et se promit de mettre tout ça au clair un peu plus tard . Puisque pour l'instant , elle avait autre chose à faire . De bien plus important . Car enfin , elle avait atteint son objectif . Dans sa poitrine , son coeur battait a tout rompre . Il était là . Devant elle . Et elle se sentit soudain misérable face à lui . Et pourtant , pourtant , elle venait de se débarasser d'un lourd fardeau .

Et elle se leva. Bon, c’était déjà ça. Si elle ne l’avait pas fait, cela aurait pu passer pour un manque de respect. D’un autre côté, qu’était-elle ? Qui était-elle ? Personne. Son visage ne lui disait rien… Mais il rencontrait des tas de gens chaque jour. Des gens vraiment cons. Qui ne le comprenaient pas. Qui ne savaient même pas qui il était vraiment. Eh bien, qu’ils aillent aux Limbes. Magister n’avait pas de temps à perdre, à penser à eux. Ils n’étaient pas importants. Rien que des pantins. Des jouets. Des soldats. Soldats qui, en passant, ne satisfaisaient pas leur Maître, expression signifiant ici : « n’arrivaient pas à accomplir leurs missions, bor… ! ». Il roula les yeux, chose que l’autre ne put évidemment pas voir. La jeune femme sourit, puis répondit placidement à la question posée. Placidement ? Nullement effrayée ? Yeah, miracle. C’était si rare. D’habitude, les gens le craignaient. Pas elle. Han ! Cela le faisait penser à Selena Duncan. Ouhhhhhh, Selena chérie d’amour de son cœur meurtri. Il fondait d’amour pour elle chaque jour. Et elle ne le voyait pas. Ha, ha : normal, elle n’était pas – plus – à la Forteresse Grise, elle ne pouvait donc pas le voir. Okay, elle était pas drôle, celle-là. En tout cas, tout ça pour dire que notre pauvre Maître des Sangraves souffrait encore de cet amour non réciproque. Mais là, ces pensées idylliques faisaient vraiment taches dans le décor. Donc, ouste !

La réponse de Miss X ne le surprit guère. Des gens qui venaient le voir dans l’espoir qu’il allait les prendre avec lui, il y en avait beaucoup. La plupart désirait le Pouvoir avec un grand P. Ils ne voulaient que ça. Ils croyaient lui ressembler. Ressembler au grand Magister. Pfft. Qu’ils crèvent donc. Ils ne lui ressemblaient pas du tout. Lui, au moins, avait un but. Se venger des dragons. Contrairement aux Autres. Les Autres. Bah, comme il l’avait déjà dit – pensé – ils étaient aussi importants que… Bon, il était en panne de comparaison. Tant pis. Bon. Il regarda derechef Jiao. Qui était mort. Un traître. Il n’était pas important. Il se tourna vers la jeune femme. Pourquoi s’était-elle chargée de lui ? Pour lui prouver qu’elle n’avait pas peur de tuer ? Eh bien, bravo, hein. L’homme au masque considérait son geste comme… intéressant. La fille pourrait se révéler utile. Mais aussi inutile. Comme l’autre conne qu’il avait éliminée hier. Bref. Il pouvait bien l’accepter dans ses rangs. Mais comment savoir si elle n’était pas une ennemie, au fond ? Après tout, des espions, il en avait partout. Il n’y avait pas que Mag’ pour en envoyer… Pas grave, il verrait plus tard.

La plaie, béante, dessinée avec adresse sur le dos du cadavre, attira son regard. L’arme devait être tranchante. Tuer avec une arme terrienne. Hum. Intéressant. Soupirant, l’ennemi juré des dragons répondit :

« Ta candidature, hein… Tu pourrais m’être utile. Ou pas »

Il s’arrêta, la jugeant. Elle n’avait pas menti, en tout cas. Sinon, il l’aurait senti. Chaque fois qu’on osait lui mentir, il avait comme une sorte… d’intuition. L’intuition sangravienne, peut-être ? Tsst. Il poursuit, plus doucement :

« Entendu, je veux bien de toi. Comment t’appelles-tu ? »

Eh oui, c’était une question de base, mais nécessaire. Il était plus utile – et poli – de s’adresser à un individu par son prénom que l’appeler, par exemple : « Hé, toi, là ! ». Enfin. Aucune importance, au fond. Ses pensées s’égaraient. Et son courroux semblait s’éloigner. Tant mieux. Le corps de Jiao, poussé par la fille, était maintenant plus près de lui. Et il le regardait, impassible. La main du traître, tout près, fut victime de son pied. Crac. Crac. Crac. Sa victime ne ressentait évidemment rien. Mais ce geste sadique le tentait. L’avait tenté, plutôt. Ouf, c’était pas de la nécrophilie, mais… De la nécrophilie mélangée à du sadisme. Ouah, très net, le mec, hein… Mais, encore là… C’qu’on s’en foutait. Comme toujours.

Il avait accepté . Et elle n'arrivait pas à y croire . Il avait dit oui , il voulait bien d'elle comme Sangrave ! Lyoree se sentit tout de suite de bien meilleure humeur . Presque . . . joyeuse , chose qui n'était pas arrivé depuis trèèèès longtemps . Enfin elle pourrait agir et non plus se contenter de regarder . Enfin , oui , ça , c'était le moins qu'on puisse dire , depuis le temps qu'elle attendait ce moment . Encore heureux pour elle qu'il ait accepté . Sinon , . . . elle ne serait sans doute pas sortie d'ici vivante . Mais rien que ça , c'était une victoire pour elle . Maintenant , encore fallait-il être digne d'être Sangrave . . . Et ça , c'était moins facile , apparement .
La jeune femme tenta de se calmer , même si elle avait du mal à rester neutre . Elle ne pouvait pas s'empêcher de sourire . En fait , elle était à la fois heureuse et troublée . Pourquoi , ça , par contre , ça restait un mystère . Sans doute cette impression soudaine d'être . . . inférieure . C'était intimidant pour elle qui avait l'habitude de tromper les autres et de jouer avec leurs vies . Là , les rôles étaient inversés , et ça ne lui plaisait pas beaucoup . Mais après tout , il fallait bien qu'elle s'y fasse .

< On me nomme Lyoree Di Sielle . Ravie de vous rencontrer . > répondit-elle d'une voix doucereuse qu'elle-même ne se connaissait pas , s'inclinant un peu .

Bon , peut-être en faisait-elle un peu trop . Mais c'était vrai , elle était absolument ravie , la Lyoree . Elle avait fait tellement d'efforts pour en arriver là qu'elle était presque fière d'être ici , debout , devant lui . Même si ça ne signifiait pas grand chose , elle s'en réjouissait . Elle ne regrettait rien . Absolument rien .

Dès qu’il eut prononcé les mots la déclarant officiellement Sangrave – enfin, façon de parler – la jeune recrue sembla… heureuse. Parce qu’elle avait été acceptée ? Ah bon. Quelle joie pouvait-on éprouver à obéir à quelqu’un sous peine de crever ? Car telle était la loi sangravienne. Magister ne pardonnait pas l’erreur. Et de son point de vue, obéir aveuglément sous peine de crever était une véritable torture. Il préférait nettement mieux commander. Et c’était d’ailleurs ce qu’il faisait. Donc, il n’arrivait tout simplement pas à comprendre… l’enthousiasme de Lyoree. C’était son rêve d’être du côté du Mal, ou quoi ? Eh bah, tant mieux, hein. Ce n’était pas lui qui allait se plaindre d’avoir un aussi fidèle… jouet ? Ah non, mauvais mot. Soldat convenait bien mieux. Alors voilà, cette Lyoree serait un nouveau soldat sous ses ordres. Parfait. Espérons seulement qu’elle soit à la hauteur. Sinon, elle irait rejoindre assez vite ses ancêtres, rien de moins que cela… En tout cas, elle était optimiste et déterminée. Son sourire joyeux le prouvait. Et elle se présenta ensuite. Lyoree Di Sielle. Une sortcelière anonyme d’AutreMonde, quoi. Une Sangrave. La classe. Il répondit, avec une petite grimace qu’elle ne put voir :

« Et moi ravi qu’on se donne la peine de me respecter. Hem, bref. Bienvenue à la Forteresse… »

Heu ! Enlevez-lui un doute : il lui a souhaité la BIENVENUE ? Ouhh. Il n’allait pas bien, le « Maître ». La couleur du masque vira orange. Il était stupéfait et… oui, curieux de la raison pour laquelle il avait dit ça. Maintenant, trop tard, il l’avait dit. C’était bien trop amical ! Lui, amical ? Quand les cochons auront des dents, oui ! Et pourquoi utilisait-il une expression terrienne ? Les Terriens sont nuls. Ils n’étaient pas puissants. Et ils étaient inutiles. Mais bon. Voilà qu’il s’égarait encore. Bravo, le grand. Il se gratta le derrière de la tête, mal à l’aise. Que dire ? « Oublie ce que j’ai dit » ? Inutile. Tant pis, hein. Il n’allait pas jeter un sort à la fille rien que… pour… ÇA. Bon, bon. D’un geste brusque de la main, il précisa, quasi embarrassé (mais POURQUOI, là était la question) :

« Les chambres des autres Sangraves se trouvent dans cette direction. Et si tu ne trouves pas, cherche, encore. J’ai des choses importantes à faire »

Ouais, genre inventer un plan démoniaque pour capturer la petite Duncan et… la mère de celle-ci avec, pourquoi pas ? Mwa haha ! Une pierre, deux coups ! Géant ! Bon. Il allait laisser Lyoree s’installer, hein. Il n’allait pas la suivre… Heu, pour… Pour quoi, d’ailleurs ? Hum, aucun rapport. Il loucha sur le cadavre, soupira et ordonna à son nouveau jou… soldat de se débarrasser de… ça. Aucune utilité. Elle l’avait apporté, qu’elle s’en débarrasse, quoi. Il n’avait guère envie de se charger du corps. Qu’on le brûle, qu’on l’enterre, mais qu’il disparaisse de sa vue ! Il fouilla dans sa poche de sortcelier – quasiment noire – et trouva ce qu’il cherchait. Une copie de sa propre amulette, celle-là même qui créait son masque. Chaque Sangrave en avait une, alors.

Puis, le Maître des sortceliers gris dirigea son propre masque miroitant, redevenu gris, en direction de son interlocutrice. Un examen visuel prolongé. Dans quel but ? Bonne question. Il la regardait, c’était tout. Hum, si elle était autant enjouée, cette fille… Et si elle souriait ainsi… Était-ce parce qu’elle avait un plan en tête ? Était-elle une amie ou une ennemie ? Quoique, des amis, Magister n’en avait guère. Et il s’en passait remarquablement bien. Ou bien, si elle était aussi contente… Peut-être avait-elle l’intention de voir quelqu’un ici. Ha, ah, mais ouiiiiiii. Parce que, un tel bonheur, c’était louche, Bon, mais qui était-elle venue voir ? Et pourquoi prendre la peine de venir jusqu’à lui, de demander à être Sangrave rien que pour voir quelqu’un ? Dommage, l’hypothèse s’écroulait. Et pourtant… Il décida de garder le silence. Il était curieux, mais sans plus. Des tas de gens, comme il se l’était dit à l’instant, venaient régulièrement le voir pour être recruté. Certains étaient acceptés parce qu’ils intéressaient Magister. Certains étaient refusés et mouraient bêtement. Alors pourquoi en faire toute une histoire ? Cette Lyoree avait tué un traître, un ex-Sangrave et l’avait mené ici. Pour l’amadouer ? Ouais, étrange… C’était le début de la carrière de Lyoree Di Sielle dans le monde des Méchants Masqués. Que deviendrait-elle avec le temps ?

[ HJ : Bon, pas si intéressant que ça, le RP, désolée ! Le prochain sera plus… prometteur ! Enfin, j’essaierai ! ]

Son sourire disparut . Il paraissait gêné . Elle ne se serait pas attendue à une telle réaction . Cela l'intriguait . D'ailleurs , elle aussi se sentait un peu gênée . Enfin , elle se sentait . . . troublée , quoi . Le dérangeait-elle ? Elle n'en avait aucune envie . Et puis , si elle dérangeait , elle allait partir , hein . Il ne fallait pas qu'elle traine et de toute façon , comme il l'avait dit , il avait sans doute autre chose à faire . Bon , certes , elle n'avait aucunement besoin d'aller déposer des quelconques affaires étant donné qu'elle n'en avait pas . Et elle n'avait pas grand chose à faire . Mais elle voulait rendre visite à certaines personnes avant la tombée de la nuit , donc elle devrait plutôt se dépêcher . Elle n'allait pas le retenir plus longtemps . Aussi se retourna – t – elle vers le cadavre . La jeune femme le fixa un court instant , mélancolique , puis le chargea sur son dos afin de le conduire ailleurs et de s'en débarrasser , comme on le lui avait demandé . Elle remercia son maître , poliment et brièvement , et s'avança dans le couloir vers la direction qu'il lui avait indiqué . Enfin , heureusement qu'il lui avait montré le chemin , sinon , se connaissant , elle se serait encore une fois perdue et ça n'aurait sans doute pas fait bonne impression . Et elle n'avait pas l'intention de tourner en rond une seconde fois . Une fois lui avait amplement suffit pour qu'elle comprenne . Elle s'en alla donc en direction des chambres , avec l'intention de se débarasser du corps de Jiao sur le chemin . Elle regrettait un peu , oui . . .

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